Chapitre 14
Alors que Jake venait d'ouvrir la porte, nous nous figeâmes sur place. Ses yeux plongés dans les miens, nos corps s'étaient mis sur pause. Mais avant même qu'il puisse ouvrir la bouche, je dévalai les escaliers. Il était hors de question que je reste ici, j'attrapai mon sac et les clefs d'Angie. Je sortis immédiatement de la maison et l'air frais ne m'apaisa aucunement. Je zizaguai entre les étudiants déjà bien alcoolisés pour atteindre la voiture, qui se trouvait à deux rues de la fraternité. Je savais, au fond de moi, que j'avais beaucoup trop bu pour conduire, mais je ne pouvais pas rester ici. Angie allait me tuer, mais tant pis, je devais partir...
Les larmes commencèrent à monter, mais hors de question de craquer. Je n'avais pas pour habitude de pleurer et surtout pas pour un garçon mais là, c'était trop. Je pense que malheureusement je m'étais déjà accrochée à lui et je n'aurai pas du. Depuis des années, j'avais évité tout vrai sentiment amoureux, je m'étais déjà attachée mais je ne voulais pas plus, de peur de souffrir et là j'avais baisser la garde, à tort... En arrivant au niveau du véhicule, je fis tomber les clefs à cause de la précipitation et du trop plein d'émotions. Je sentis soudain une présence derrière moi. Je me retournai afin de voir qui m'avait suivi dehors. C'était lui. Il se tenait là devant moi. Il était d'un calme olympien, alors que moi je bouillais intérieurement. La première chose que je fus capable de faire fut de le gifler et je pus remarquer qu'il ne s'y attendait pas.
– Qu'as tu entendu ? grogna-t-il en se tenant la joue.
– T'es sérieux ?! Tu as pas autre chose à me dire ? répondis-je quelque peu abasourdie par sa remarque.
Un silence s'installa, un silence de plomb sur ce parking complètement vide... Deux choix s'offraient à moi, partir sans un mot ou répondre à sa question. Partir était quelque chose que j'avais fait bien trop souvent. Depuis déjà plus de trois ans, je fuyais ma vie, mes souvenirs, mes démons avec tant de douleurs et de difficultés. Ce masque me permettait de survivre, mais ce soir, j'étais fatiguée. Je décidai donc de laisser parler mes émotions, peut-être à tort, je ne savais pas quoi faire. Soudainement je pris mon courage à deux mains.
– Je cite ce qu'a dit Tom : il y a encore une semaine tu me disais que c'était une traînée qui passe son temps à sauter sur tout ce qui bouge, elle rentre pourtant dans tes critères sauf que ce qui te fait chier c'est que tu n'as pas pu la baiser. Tu as autre chose à rajouter ? fulminai-je en tentant de rentrer dans la voiture.
– N'y songe même pas ! déclara-t-il en m'agrippant fermement le bras, tu ne prendras pas le volant en ayant bu, tandis que son autre main maintenait la porte fermée.
– Qu'est ce que ça peut te faire ? Tu m'as pas comment tu dis déjà... sauté ! Ah non baisé ! Alors lâche moi ! hurlai-je.
– Si tu pars, je monte avec toi ! affirma-t-il droit dans les yeux.
– Je ne veux pas de toi, laisse moi tranquille ! Trouve toi une autre idiote à torturer, je pensais que ... en faite je ne sais pas ce que je pensais. Je pensais compter pour toi qu'on était au moins devenu ami...
Les larmes dévalèrent mes joues, je ne pouvais plus les retenir, j'explosai. Mais d'un coup, tout se passa très vite, en quelques secondes, il posa ses mains sur ma taille et me repoussa contre la portière. Une fois coincée entre lui et la voiture, il prit mon visage en coupe et pressa ses lèvres contre les miennes.
Mes poings tambourinaient aussitôt sur son torse, je refusai son baiser. Non pas parce que je ne voulais pas de ce contact, mais parce qu'il m'avait profondément blessé et ça c'était trop pour moi. Il se détacha alors de moi et recula...
– Pardonne moi, murmura-t-il en baissant les yeux.
– Non c'est trop facile, tu dis les pires horreurs sur moi et je devrais passer l'éponge avec un baiser.
– Emily, s'il te plaît laisse moi t'expliquer. J'ai vécu des choses difficiles et tu ne cesses de me les rappeler à chaque fois que je te vois. J'ai fait tout ce que je pouvais pour rester aussi loin possible de toi, j'essaie de me convaincre et de convaincre les autres. J'essaie de me dire que tu es la pire des garces, que tu n'en vaux pas la peine. Je me dis qu'à force de me le répéter je finirai par y croire et par m'éloigner de toi. Mais dès que je te vois, je sais plus ce que je veux, je voudrais te fuir parce que c'est trop dur mais j'ai aussi envie de t'embrasser, de te prendre dans mes bras, d'être près de toi, de te protéger de tout... Je me sens irrémédiablement attiré vers toi, c'est plus fort que moi... Mais j'ai du mal à gérer tout ça...
Il semblait abattu, mais je n'arrivais pas à comprendre et encore moins décolérer.
– Alors je fais quoi moi ? Je t'évite pour pas te rappeler une ex qui t'a plaqué ou je ne sais quelle autre pétasse que tu as rencontré ?
– Tu crois que tu me rappelles une ex ou une fille que je me suis tapé ? Tu te trompes, ça n'a rien à voir... Et je ne veux vraiment pas que tu m'évites...
– Je crois que c'est plus simple qu'on ne se voit plus. Je vais être honnête à mon tour, au début je détestais ton arrogance, ta façon de me juger. Puis d'un coup, tu as changé j'ai vu ton regard au bar quand je me suis blessée, ton côté protecteur et bienveillant après ce qui s'est passé avec Tom, la semaine où on était ensemble, les deux baisers, et bien je me suis attachée à toi. Je crois que sincèrement je commençais à avoir confiance et entendre ça sur moi, je peux pas, je ne veux pas souffrir, murmurai-je, épuisée par la situation.
– J'aimerais tellement t'expliquer mais tout comme toi je ne suis pas prêt. Mais j'aimerais vraiment qu'on essaie tous les deux, juste nous, sans en parler aux autres. J'ai juste besoin de temps avec toi et je ne veux pas que quelqu'un vienne tout gâcher... Ne dis pas non tout de suite s'il te plaît, réfléchis y...
– Je vais essayer... soupirai-je.
En fait, je savais ce que je voulais, je voulais essayer avec lui. Je le voulais mais pouvais-je vraiment lui faire confiance, surtout après ce que je venais d'entendre, j'avais peur de souffrir de nouveau... Il avait, sans le savoir, brisé la carapace que j'avais mis si longtemps à construire. Sans prévenir, il avait fissuré le mur que j'avais bâti entre moi et les hommes. Je le voulais mais à quel prix. Étais-je prête à perdre mon armure ? Je n'en avais aucune idée. Perdue dans les méandres de mes pensées, il s'approcha de nouveau et saisit ma main pour la poser sur sa joue, il fermait les yeux. Ce geste de tendresse eut un effet apaisant.
– Embrasse moi s'il te plaît, chuchota-t-il.
Je voyais dans son regard qu'il le désirait vraiment. Alors sans réfléchir, je l'embrassai comme si c'était la dernière fois, comme si ma vie en dépendait, j'avais peur qu'il change d'avis... J'aimais être dans ses bras, sentir ses mains sur mon corps, ses lèvres posées sur les miennes, la danse passionnée de nos bouches... Au bout de quelques instants, il s'écarta doucement. Son regard plongea intensément dans le mien, comme si c'était nous faisions nos adieux en silence.
– S'il te plaît réfléchis à ce que je viens de te dire, appelle moi quand tu auras pris ta décision, dit-t-il doucement. Par contre, c'est toujours hors de question que tu prennes le volant ce soir, ajouta-t-il en attrapant mes clefs, j'ai demandé à Ian tout à l'heure pour squatter ici et il m'a dit qu'il y avait des chambres de libre pour dormir si tu veux.
Ce changement de ton dans notre conversation me fit glousser. Même si cette discussion m'avait remis les idées au clair, mon taux d'alcoolémie était beaucoup trop élevé pour conduire. J'admettai donc sans aucune honte que ce n'était pas raisonnable.
– Je veux bien, je crois que je suis pas bonne pour prendre le volant... Je vais demander à Ian dans quelle chambre je peux m'installer.
– Et s'il te propose la sienne ?
– Je la refuserai, je ne veux pas de lui, je pensais avoir été assez claire dessus...
Je rougis et me décidai à rentrer en laissant Jake derrière moi, il voulait être discret et je respectais cela.
À peine entrée à l'intérieur de la maison, je vis Ian en pleine conversation avec Lucy. Après avoir récolté une regard noir de sa conquête et discuté avec lui, il m'autorisa à prendre une des chambres du haut et me fila les clefs. Je prévins Angie et Jessy que je restais dormir, d'ailleurs je n'étais surement pas la seule beaucoup de gens étaient déjà partis chez eux. Après de longues minutes à tergiverser, je récupérai mes affaires et essayai de trouver Jake. Dans un coin du salon, il était seul et sourit en me voyant approcher.
– Je suis prête à essayer si tu veux. Je suis dans la quatrième chambre à gauche au premier étage si tu veux en parler.
J'avais fait mon maximum pour paraître sûre de moi, mais aussi discrète pour ne pas éveiller les soupçons autour de nous. Au fond de moi, je stressais énormément dans quoi me lançais-je ? Étais-je prête à faire confiance ? Je n'avais absolument aucune réponse mais je prenais le risque. Je montais sans savoir s'il allait venir, j'attendis vingt minutes et ne le voyant pas arriver, je décidai de me mettre au lit. Il ne souhaitait certainement pas à ce qu'on soit aussi proche. Il me l'avait avoué, il était perdu. Je me déshabillai et fermai la porte à clefs quand quelqu'un toqua soudainement. Débardeur et petite culotte n'était pas vraiment la tenue la plus appropriée pour ouvrir, je tentai donc de me cacher avec la porte pour voir qui c'était.
Jake était là, il se tenait sur le pas de la porte avec un sourire à tomber à la renverse. Mon coeur tambourinait à une telle vitesse...
– Je peux entrer ? demanda-t-il à demi mot.
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Coucou :)
J'espère que ce petit chapitre vous a plu !
N'hésitez pas à me donner votre avis :)
Des bisous 🖤
L.
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