C'est ainsi que je retrouvai ma petite vie tranquille. Dortoir, cours, discussions avec Angie...

Elle n'était d'ailleurs toujours pas convaincue par mon mensonge. Selon elle, cela avait avoir avec Tom. Elle était même prête à aller lui refaire le portrait, si elle apprenait qu'il m'avait fait un quelconque mal. À vrai dire, j'avais chassé cet imbécile de mes pensées. Il était hors de question que je lui accorde quoi que ce soit. Il ne pouvait pas gagner, ma carapace était de nouveau prête à tout affronter.

Mais à la place, je ne pouvais oublier le baiser de Jake, j'essayais de ne pas me poser de questions pourtant j'avais toujours la sensation de son baiser sur mes lèvres, son odeur, la douceur de sa peau, je ne pouvais donc pas l'oublier même si je le voulais.

C'est à partir de ce moment là que j'ai décidé de m'investir un peu plus dans mes cours, je devais trouver quelque chose pour occuper mon esprit. J'avais fini par apprécier ceux de théâtre, mais mon vrai coup de cœur était celui de musique, un cours consacré à l'écoute et sa critique, j'avais cette sensation de m'évader durant ces instants-là, c'était passionnant... A chaque nouvel apprentissage, je participais davantage prenant plaisir à découvrir des concepts que je ne connaissais pas. J'aimais la musique, mais je ne l'avais jamais vu comme un moyen de se vider l'esprit, de vibrer, de ressentir de nouvelles émotions...

Chaque morceau apportait son lot de sentiments, d'évasion et certains mêmes de souvenirs. Un jour, je m'étais laissée emporter par ma sensibilité. J'avais l'impression de retrouver mes treize ans, quand Julie et moi jouions dans ma chambre à Paris. Ce jour là, nous avions débattu sur le charme de l'un de nos amis. Il s'en était suivi un fou rire, lorsque nous avions vite compris que nous n'avions quoi qu'il arrive aucune chance avec lui. Ce moment de plénitude ne m'avait pas quitté durant plusieurs jours. Ce fut un véritable déclic.

Grâce à ces cours là, j'étais beaucoup plus détendue qu'en début d'année. Je me sentais prête à passer les examens qui avaient lieu dans quelques semaines. Mes résultats étaient très bons et l'ambiance au sein de mon groupe de travail était au beau fixe. Ma relation avec Matt était devenue plus simple, on avait décidé de maintenir notre amitié et de passer au delà de ce que nous avions pu traverser quand nous étions en couple. Je n'avais pour ma part pas de regret sur ce que nous avions vécu, c'est aussi pour ça que je l'acceptais plus facilement que lui. À partir du moment où nous mîmes les choses au clair, nous passions plus de temps ensemble notamment pour réviser les cours que nous avions en commun, il m'aidait en théâtre et je l'aidais en art moderne, ce n'était clairement pas quelque chose avec lequel il était à l'aise alors je tentai de lui transmettre ne serait ce qu'un peu de ce qui pouvait me passionner dans cette matière. Il avait presque fini par s'y intéresser et y prendre plaisir, ce qui me mettait de bonne humeur et j'en avais besoin... J'avais tout fait pour m'occuper et me vider l'esprit, mais cela avait malheureusement ses limites.

Avec notre groupe de travail, nous avions même prévu une sortie au Art Institute of Chicago, que je connaissais déjà par coeur, pour pouvoir étayer notre documentation sur les impressionnistes. Kirsten avait choisi ce thème seulement parce que j'étais française et que selon elle, cela faisait partie de ma culture.

Durant cet après-midi là, j'avais découvert une autre facette de mes camarades et en rentrant à la coloc, je m'étais promise de renouveler l'expérience.

Le lendemain, assise sur mon lit, perdue dans mes réflexions sur Jake, plus rien n'existait, seulement lui et moi. Il s'était passé dix jours depuis ce fichu baiser...

– Emy ! Emy !

Je relevai soudainement les yeux vers Angie, l'interrrogeant du regard.

– Avant que Jessy arrive, dis-moi ce qui te tracasse. Depuis ton retour, tu sembles ailleurs. Quand tu n'as pas le nez plongé dans les livres, tu es dans tes pensées. Je m'inquiète...

– Pardonne moi, ne t'inquiète pas pour moi. C'est juste, tu vois tous les cours, les exams qui arrivent, je me mets beaucoup de pression. Je veux tellement réussir....

Elle acquiesça sans grande conviction et enchaîna.

– Je sais que tu veux y arriver. Je n'oublie pas à quel point, tes parents aussi loin soient-ils, attendent que tu te plantes. Mais je veux que tu saches que je suis là pour toi. Je sais que je te le dis peu mais je tiens à toi vraiment. Même si je passe beaucoup de temps avec Alex, tu seras toujours mon amie, ma grande sœur...

Sans un mot de plus, je la pris dans mes bras... Nous avions beau être différentes sur bien des points, elle était là quoi qu'il arrive veillant sur moi...

Soudainement, quelqu'un frappa à la porte et rien qu'à la façon de faire, je savais de qui il s'agissait.

– Entre Jessy, criai-je depuis le lit d'Angie.

Et la tempête débarqua en furie, sans prendre la peine de nous saluer vraiment.

– Les filles, j'hallucine ! J'étais chez le tatoueur et vous ne devinerez jamais qui j'ai vu!!

– Le père Noël ? s'amusa Angie.

– Non, la vierge Marie !

Venant d'elles, cela ne m'étonnait pas. Angie aimait se moquer gentiment du côté folle de Jessy. Quant à ma brune, elle titillait la pudeur exacerbée de ma coloc. Les voir ensemble était comme assister à un combat de joutes verbales.

– Et sinon ? dis-je histoire de calmer le jeu.

– J'attendais chez le tatoueur et au travers de la vitre, j'ai aperçu Tom et Jake. Au moment où j'ai voulu sortir pour aller leur dire bonjour, je les ai vu en train de se disputer. Franchement, je n'avais aucune idée de ce qu'ils se disaient mais Jake avait l'air tellement énervé...

Jake. Mon cœur se serra à l'entente de son prénom. Même si, Tom était un mec abjecte, je ne voulais pas briser leur amitié. Je ne voulais pas lui infliger cette souffrance.

– Il a plaqué Tom contre le mur avec une telle violence que si je les connaissais pas, on aurait pu croire à un début de bagarre.

Et merde... Voilà ce que je redoutais.

– Emy, ça va ? m'interrogea immédiatement Angie.

Malgré mes efforts pour camoufler mes sentiments, je crois que mes mains triturant mes ongles m'avaient trahi. Je hochai la tête vigoureusement et me levai pour enfiler mes boots.

– Si ca vous dérange pas les filles, soit on y va, soit je file à la bibliothèque pour bosser...

– Ok, Emy, mais ne fais pas comme si ça ne te faisait rien. Tom est ton ex... rétorqua Jessy.

D'un revers de la main, je balayai le reste de la conversation et retournai me préparer pour sortir.

– Je pars, qui m'aime me suive, lâchai-je en ouvrant la porte.

J'avais prévu d'aider Jessy à trouver un boulot. Depuis que son unique parent, son père, avait décidé de refaire officiellement sa vie avec une véritable vipère, elle n'était plus la bienvenue. C'est donc tout naturellement que son géniteur, comme elle le disait, lui avait coupé les vivres.

Elle était prête à prendre n'importe quel travail, c'est pour ça que j'avais proposé de l'accompagner. Il était hors de question qu'elle s'abaisse à n'importe quel job.

Nous passions l'après-midi à distribuer ces CV sans grand succès... Tout était prétexte pour un refus, trop jeune, trop inexpérimentée, trop fille... Ma présence a au moins évité qu'elle se présente comme serveuse dans un club de strip-teaseuse. Je ne comprenais pas qu'elle ait pu envisager, ne serait-ce que quelques secondes, de prendre cet emploi. Malgré les échecs, cet après-midi avait eu le mérite de me vider l'esprit.

Le douzième jour, je craquai... J'attendis qu'Angie parte chez elle, pour sortir mon carnet. Écouteurs dans les oreilles, je me mis à griffonner sur les pages blanches. À l'aide de mes souvenirs, je redessinais chaque trait de son visage au moment de notre baiser. Garder en mémoire était une chose, le retranscrire en était une autre. Mais j'avais besoin de le coucher sur papier pour me dire que cet instant était bel et bien arrivé. Je ne l'avais pas rêvé...

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Je suis actuellement en train de modifier/corriger tous les chapitres précédents :)
J'essaie d'en faire autant pour les suivants !

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Merci à tous et toutes pour vos conseils !
Des bisous