13. Punition calamiteuse
— Alors, comme ça, je suis sodomite ? tonna Louis. Première nouvelle de la journée !
Il n'était vraiment pas content. Mais alors, pas du tout du tout. Dire qu'il se repentait de s'être laissé aller et d'avoir presque failli à son honneur de chevalier. Eh bien, maintenant, ses remords étaient envolés !
Marie, incapable de dire quoi que ce soit, baissa ses yeux pour regarder le sol. Soutenir le regard du guerrier était au-dessus de ses forces.
— Si tu as des doutes, on peut reprendre ce que nous étions en train de faire dans la cave, reprit-il.
La damoiselle blonde tiqua et répondit vivement :
— Vous m'avez eu une fois, mais pas deux ! Cela n'arrivera plus !
— Tu avais l'air d'apprécier pourtant, dit-il en s'approchant. Si ma mémoire est bonne, c'est même toi qui m'as embrassé.
Elle recula en même temps qu'il avançait. Elle tremblait à l'idée que le Sénonais veuille terminer ce qu'ils avaient commencés.
Elle remarqua dans la panique, que son vêtement au niveau de l'épaule était déchiré et coloré par des traces de sang. La jeune femme comprit alors l'objet initial de sa visite.
Sauvée ! Elle était sauvée ! Elle allait le soigner, de cette façon, il la laisserait tranquille comme il lui serait redevable.
En théorie.
— Vous êtes blessé, messire Louis ! Comment cela est-il arrivé ? Et d'ailleurs comment le malfaiteur a réussi à s'échapper ?
— Il m'a semé, très vite à cause de ... mon manque de réactivité, on va dire. Et concernant cette blessure, je ne sais point. J'ai dû m'égratigner à quelque chose en courant après cet arsouille. Mais ce n'est point le sujet, n'essaye p...
— Oh, mais il faut soigner cela ! Vous pourriez attraper la fièvre ! C'est Guenièvre, la guérisseuse, habituellement mais je peux m'en charger ! J'ai quelques notions.
Elle l'attrapa par l'autre bras non blessé et le força à s'assoir sur le tabouret près de l'âtre. Le blond était stupéfait par ce revirement de situation.
Marie se déplaça dans la pièce à la recherche de tout le nécessaire et revint vers lui, munie d'une bassine d'eau et de linges propres.
— Enlevez votre surcot, messire. Il sera plus aisé de vous soigner de cette façon.
Louis n'en revenait pas. Au départ, c'était lui, qui avait l'intention de la déshabiller. Pas l'inverse !
— Tu caches bien ton jeu, sous tes airs de sainte nitouche.
— Mufle ! J'essaye simplement de vous aider. Dépêchez-vous, je ne vais point attendre la saint glin-glin !
Il s'exécuta avec lenteur pour enlever ses deux couches, d'abord le surcot* puis la cotte*. Marie détourna le regard mais ses yeux, attirés comme des aimants, revirent très vite vers le torse musclé du blessé. Cet homme était une véritable œuvre d'art, à faire pâlir toutes les statues de l'Antiquité.
— Quant tu auras fini de te rincer le gosier, l'enquiquina-t-il, tu pourras t'y mettre ?
Elle rougit sous le coup de la colère mais ne dit rien.
« Marie, reste calme, surtout, ne t'énerve pas. »
La jouvencelle se concentra et examina l'épaule de l'autre.Il avait une belle estafilade mais elle n'était pas très profonde. Ça ne saignait même plus.
— Il n'y a pas de besoin de recoudre. Il faut juste nettoyer la plaie et la bander. Vous n'aurez pas de cicatrice.
Il fit un petit hochement de tête et la laissa faire, silencieux. Avec un linge imbibé d'eau, elle s'appliqua à laver le sang, tout autour de la blessure.
Comme Louis était perturbé par ces attouchements, il rompit le silence :
— Hum... Comment va ton frère ?
— Ce n'est point la grande forme mais il s'en remettra. Il est solide.
— J'avais remarqué, ironisa-t-il.
Il fut surpris lorsque Marie passa le linge sur sa figure pour le débarbouiller. Le coup reçu par William avait transformé son nez en fontaine, le peinturlurant bien comme il fallait. Un petit nettoyage ne pouvait pas faire de mal.
— Merci de lui avoir sauvé la vie. Sans votre intervention, il ne serait plus là, murmura l'Anglaise.
Elle délaissa le linge pour prendre un flacon de vinaigre de vin.
— J'ose espérer qu'il n'essaiera plus de me mortir à l'avenir. Mais c'est certainement présomptueux de ma part.
—Il ne faut point lui en vouloir. Il pensait que vous étiez en train de me violenter.
— Qu'il se tranquillise, sa sœur est parfaitement capable de se défendre toute seule, dit-il aigrement. Je pense qu'il serait surpris d'apprendre que JE SUIS, le plus souvent, victime de tes sautes d'humeur
La sœur en question s'immobilisa net.
Mais cet âne bâté était, bel et bien, en train de la provoquer ! Il allait lui montrer à cet hurluberlu de quel bois elle se chauffait.
Elle débouchonna le flacon et aspergea la moitié de son contenu sur l'entaillade.
Il hurla à se casser les tympans et fusilla Marie du regard.
— Ça, c'est pour m'avoir détruit ma robe et souillée ma peau par vos marques! beugla-t-elle.
— TU VAS ME LE PAYER, ARRIÈRE-FAIX DE TRUIE LADRE* !
— Vous n'êtes qu'un ingrat ! Je regrette de vous avoir sauvé la vie, l'autrefois !
Il se leva d'un bond et essaya de l'attraper mais celle-ci l'évita avec souplesse, ce qui l'énerva encore plus.
Elle courut se réfugier derrière un buffet, en chopant un tisonnier au passage pour s'armer, et nargua son ennemi.
— Au moins , votre « égratignure » a bien été soignée!
Il se plaça de l'autre côté du buffet à une distance raisonnable pour ne pas se faire embrocher.
— On devrait t'enfermer à l'asile avec les fous !aboya Louis.
Pour faire taire ce rustre, elle lança une attaque avec sa « lance » en fer improvisée, mais rata son coup. Par contre, Louis saisit sa chance et réussit à saisir l'autre extrémité du tisonnier et lui arracha des mains. La fille du seigneur eut un frisson en voyant le sourire malsain de son persécuteur.
— Je daignerais peut-être, épargner ta misérable vie si tu me supplies à genoux.
Elle le toisa avec toute sa haine possible.
Elle eut toutefois une soudaine idée ( plus ou moins valable ) et se radoucit soudainement.
— C'est vrai, messire ?
— Oui-da. Je veux des excuses, à genoux.
— Et vous jurez que vous me laisserez la vie sauve ?
Il opina.
—Comme vous voudrez, sourit-elle.
La jeune damoiselle sortit de derrière le buffet pour se placer devant le chevalier, et tout en faisant mine de fléchir les genoux, elle agrippa son châle qu'elle lui balança sur la tête pour l'aveugler et elle s'enfuit en hurlant :
— Jamais je ne me prosternerai devant vous, morue !
Elle avait presque atteint la porte lorsqu'elle sentit une poigne ferme se refermer sur le haut de son bras droit, qui la força à se retourner.
Elle n'avait pas été assez rapide.
— Tu n'es vraiment qu'une sottarde ! Je t'avais pourtant laissée une chance.
— Qu'allez-vous me faire ? trembla-t-elle.
Il passa son index sur sa joue et persifla :
— Je vais te faire la démonstration que je ne suis point un sodomite, ma belle. Je suis légèrement rancunier, vois-tu.
Sur ce, il l'entraîna de force vers une table assez large, la contraignit brutalement à se coucher dessus, et lui-même, monta ensuite pour s'affaler de tout son poids sur la blonde. Celle-ci se sentit comprimée au niveau du thorax et manqua d'air. Elle paniqua d'autant plus.
Elle se débattit comme une furie en le griffant et en faisant des ruades avec son bassin.
Hélas, ses gesticulations n'eurent aucun effet sur Louis, qui ne bougea pas d'un iota.
Il immobilisa simplement ses bras délicats d'une main, au dessus de la tête de la prisonnière, pour être sûr de ne pas recevoir de claques intempestives.
— Je vous en prie ! le supplia Marie. Ne me ... Humpfffff...
Il écrasa sa bouche contre celle de la blonde qui se raidit encore plus. Il n'y avait auncune douceur contrairement à, tout à l'heure. Juste de la fureur à l'état pur.
Récalcitrante, elle le mordit férocement, en retour . Louis se détacha d'elle et passa sa langue sur sa lèvre blessée et sentit le goût âcre du sang.
Bonté divine, cette Anglaise ne lâchait rien et se battait jusqu'au sang, c'était le cas de le dire !
Marie eut la sensation que la bile lui montait à la bouche lorsqu'elle sentit les mains du chevalier se glisser sous sa robe et se balader sur ses jambes en remontant vers le haut de ses cuisses.
« Il va vraiment me violer. Je suis perdue ! »
Louis n'arrivait plus à se contrôler, en proie à la colère et à la frustration. Il comptait faire d'une pierre deux coups : lui infliger une bonne correction et se soulager en même temps car il n'en pouvait plus ,cette femme le rendait fou .
Les yeux noirs de désir, il était en train de lui écarter les cuisses quand il s'aperçut des tremblements incontrôlables de Marie. Il se souleva un peu, pour mieux la voir, et vit horrifié que ses joues étaient baignées de larmes.
La vue de la détresse de la jeune femme lui remit les idées en place et un frisson lui parcourut tout le corps. Tudieu ! Il avait failli commette l'irréparable !
Mort de honte, il caressa les cheveux blonds-roux de la belle et lui parla d'une voix douce :
— Chuuut.... Sèche tes larmes, Marie. Tu ne risques rien.
Elle ouvrit ses yeux et le regarda apeurée.
En la voyant ainsi, si fragile, Louis eut envie de s'immoler pour son comportement inqualifiable et impardonnable.
Il l'aida à se relever et lui donna son châle.
— Marie, je suis déso...
C'est à ce moment là que la porte s'ouvrit, sur Guenièvre, avec Paul dans les bras.
En voyant la scène : le chevalier torse nu et sa jeune maîtresse toute débraillée, elle plaqua sa mains sur les yeux du petit et cria un :
— Seigneur Jésus Marie Joseph !
Louis se passa la main sur le visage, exaspéré. Il ne manquait plus que ça !
— Messire Louis ! Ne me dites pas que vous avez compromis damoiselle Marie ?!
Il ne s'embarrassa pas d'un argumentaire développé et dit de façon lapidaire :
— Nenni Guenièvre. Il ne lui est rien arrivé. Peux-tu reconduire la damoiselle à ses quartiers ?
— Euh oui, messire, dit-elle mal assurée. Venez avec moi damoiselle .
Marie rejoignit sa servante sans un regard pour le blond et elles s'en allèrent prestement.
Le guerrier, qui se retrouva seul, se laissa choir sur une chaise, en se prenant la tête dans les mains, et s'apitoya sur son sort. Il se sentait en vrac. Plus jamais, il ne pourrait regarder Marie dans les yeux.
Il en avait plus que marre de cette situation inconfortable dans laquelle il était. Si seulement le Roi l'avait envoyé ailleurs ! Rien de tout cela, ne serait arrivé.
Finalement , il parvint à dompter son désespoir et se ressaisit. Puisqu'il allait rester encore un bout de temps, visiblement,le temps de la mission, il allait s'investir à calmer le jeu avec l'Anglaise et par extension, toute sa famille. Sinon, tout ça finirait très mal.
Première étape : se faire pardonner de Marie. Et heureusement, il avait déjà quelque chose en réserve.
*surcot : vêtement qui se pote au dessus du bliaud.
* cotte : synonyme de bliaud (différent de la cotte de maille )
* arrriere-faix de truie ladre : vilaine insulte, on dit ça quand on est vraiment furax. Signification : grosse truie infestée par la vermine
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Au final y'a eu un petit changement, le chapitre intitulé « Trêve » arrivera après celui-ci.
Sinon ....
Nous sommes tous d'accord pour dire que Mister Louis s'est vraiment comporté comme un idiot ! ( gros con, me diraient certaines ! (Je ne vise personne ))
En même temps Marie l'a un peu cherché, c'est vrai ( MAIS C'EST PAS UNE RAISON !)
Voilà donc il a intérêt à bien se rattraper
A bientôt pour d'autre ennuis 😂( ça sonne bizarre quand même )
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