Au 17ème siècle
Paris pris un verre d'absinthe en le payant avec les pièces qui gisaient au fond de sa poche raccommodée. Il but son verre lentement, comme un cucurbitacée, les deux mains sur le verre, le dos rond, recroquevillé sur lui même.
Après un moment l'alcool lui brûla doucement la gorge, d'abord de petits picotements puis un feu comme s'il avait mangé du piment. Pourtant Paris trouvait ça agréable cela lui rappela qu'il était en vie.
Il fini son verre et attendit une dizaine de minutes pour enfin se décider à sortir. Le vent froid de la nuit le mordit dès qu'il mit un pied dehors. Il rentra la tête dans les épaules pour offrir le moins de place possible à cette brise glaciale. Paris commença à marcher, tranquillement en tanguant légèrement.
Il marchait en regardant ses pieds, la tête toute rouge à cause de la fraîcheur de la nuit et surtout grâce à l'alcool. Au bout d'un certain temps il entendit comme un écho de pas, c'était un bruit clair, limpide avec une régularité incertaine.
Paris leva les yeux et crut voir une silhouette familière s'engager dans une intersection. Son cœur bondit dans sa poitrine. Ce n'était pas possible, ses yeux lui avaient-il joué un tour? Pourtant il était certain d'avoir vu sa femme, Arte s'engager dans cette ruelle.
Dicté par son instinct, Paris se mit à courir pour voir s'il n'avait pas rêvé. Il revit cette ombre aller à gauche. Paris la suivait en courant à en perdre le souffle, tant pis s'il avait mal à cause de la pointe de côté qui enflait au fur et à mesure qu'il continuait cette course folle.
Plus il courait, plus il lui semblait que l'ombre s'éloignait, elle allait de plus en plus vite.
Paris ne fit pas attention, il trébucha et s'étala par terre. Ça aurait pu être une belle chute mais il s'était écorché le genou et la plaie saignait légèrement. Il lança une paire de jurons, c'était son dernier pantalon encore potable...
Il se releva, s'épousseta légèrement et regarda où il se trouvait. Paris était en face de l'hôpital où la maladie avait emporté son épouse. Le lieu, en plein jour n'était pas très accueillant mais de nuit c'était pire!
On aurait dit une maison hantée! Il entendait d'ici les échos des voix et des rires à glacer le sang. L'homme prit peur et pour toute réponse, son corps s'enfuit, essayant de l'emmener le plus loin possible de ce bâtiment horrible qui lui rappelait de mauvais souvenirs. Le visage de plus en plus pâle de son épouse, les pleurs de sa fille...
Puis la morgue, Arte avec son visage de porcelaine qui maintenant se retrouvait sous terre. Paris dû faire une pause dans son marathon de minuit, sa tête lui tournait et son genou le lancer. Il essaya de calmer son cœur qui tambourinait dans sa poitrine.
Peu à peu il retrouva une respiration lente et régulière. Il sortit de la ruelle pour se retrouver en face d'un hôtel. Paris connaissait très bien cet hôtel, c'était là où "travailler" sa fille à son insu.
Un beau jour, l'un de ses collèges de travail vint lui annoncer que sa fille était morte. Il n'avait pas pu y croire, la chair de sa chair, abattue comme une chienne, il ne voulait pas y croire!
Et pourtant, la réalité est parfois cruelle à accepter. Paris baissa les yeux, mit ses mains dans ses poches et se remit à marcher avec une cadence hypnotisante. Il erra un long moment dans ces rues vides. Il ne sut comment mais il rejoignit sa maison miteuse.
Il tâta tous son corps pour trouver ces satanées clés et ne les trouva point. Abattu, il s'assit en s'appuyant sur la porte. Il a dû les faire tomber quand il courait. Paris mit sa tête dans ses genoux, il devait paraître bien misérable de la rue où on pouvait l'apercevoir.
Son genou lui faisait mal. Il était abattu à chaque fois qu'il essayait d'oublier Arte et Colinne, elles revenaient tout de suite au galop pour érafler sa chair meurtrie.
Paris avait essayé de les rejoindre mais à chaque fois il lui manquait le courage pour passer à l'acte. Il voyait flou, était-ce à cause de l'alcool ou bien des larmes qui lui tombaient du visage? Doucement il se mit à pleuvoir. Ce qui lava ses larmes.
Paris n'ayant plus les forces de bouger resta là à se faire tremper jusqu'aux os. Il était fatigué et en avait marre de lutter seul face à son chagrin. Il ferma les yeux et vit sa fille lui souriant et lui tendant le bras et plus loin sa femme.Toujours aussi belles dans leur jeunesse éternelle. Paris les rejoignit et partit avec eux.
Le lendemain on retrouva un corps trempé, avec un genou éraflé, assis devant chez lui. Tout le monde eut pitié du pauvre homme mais tous furent étonnés de voir son visage, traversé d'un immense sourire.
Paris était mort et pourtant, il souriait.
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