La lame a traversé mon corps et je glisse de ma branche.
Les yeux mi-clos, l'esprit embrumé par la douleur,
Je n'entends plus les rires de mes ennemis,
À quoi cela pourrait-il bien me servir ?

J'entre-aperçois les jeunes pouces sur l'arbre en face,
L'hiver est terminé, le printemps revient au galop,
Bientôt le parfum floral embaumera l'air,
Mettront-il des fleurs sur ma tombe ?

Le chant des oiseaux migrateur résonne dans mes tympans,
Mes ennemis les observent, suivent leur trajectoire,
Au fond, ils ne sont pas biens différents de moi,
Alors pourquoi est-ce moi qui perd ?

Une coccinelle se pose sur ma main, celle du futur cadavre,
Je prie comme une enfant pour qu'elle s'envole,
Comme si cela allait me porter chance,
Va-t-elle me porter bonheur ?

L'étendue du monde s'offre à moi, à mes yeux de mourante,
Et je prie pour y goûter une dernière fois, c'est si délicieux,
Mes ennemis me contemplent en silence,
Voient-ils ce que je vois ?

Mes ennemis et moi, que représentons-nous face à ce monde,
Mise à part quelques miettes, obsédées par leur laideur,
Leurs luttes de pouvoirs incessantes et leurs futiles de sentiments,
Réalisant trop tard, qu'elles ont perdu leur âme ?

[14 juillet 2023]