40-Un vent de changement...
Harry
–
Petite note : jardin d'enfants = crèche, nursery, garderie, service de garde, je ne sais pas comment vous dites en France donc voilà 😉 la petite ne fréquente pas un endroit où l'on cultive les enfants 😂😂
Trois ans ont passé.
Oui trois ans et je suis certain que vous vous demandez ce qu'est advenu de ma vie. Vous allez voir, elle a pris un sacré tournant. Une direction inattendue, certes. Désagréable... je ne peux pas la qualifier ainsi, je dirais plutôt... parfois compliqué.
C'est encore une fois, à la presse, que j'ai pris le volant de ma voiture. Cette fois, je dois me rendre au jardin d'enfant, où, Destiny passe ses journées. Destiny, c'est une petite boule d'énergie de presque trois ans. Elle me fait beaucoup penser à Abygaïl par son comportement explosif, parfois têtu, elle est énormément curieuse, attachante et par moments, elle me donne envie de m'arracher les cheveux de la tête. Destiny, c'est la fille à mon père. Une petite fille en quelque sorte délaissée par sa mère et éduquée par un père à moitié présent et beaucoup trop âgé pour l'énergie qu'elle réclame.
— Bordel, ronchonné-je, en cherchant un stationnement.
Lorsque je réussi à trouver un espace libre, je m'autorise à respirer un bref instant avant de me diriger à pas de course à l'intérieur. Le temps de réajuster ma cravate et je grimpe les escaliers qui mène au bureau de la responsable. Les couloirs sans bruits, aux teintes sombres, n'ont rien d'enfantin. Aucune affiche avec des lettres de l'alphabet ou des chiffres, pas de jouet qui traîne ou de saleté au sol. Il devrait y en avoir pourtant. L'endroit est froid et me donne des frisons.
En arrivant devant la porte, je l'entends discuter avec une autre dame et le ton aigu de sa voix m'agace déjà. Je zieute la pièce rapidement, il y a de grandes fenêtres qui apportent beaucoup de luminosité et tout est rangé à la perfection, si froid et dirigé.
— Je suis contente que vous ayez enfin trouvé le temps de venir nous rencontrer, s'exclame-t-elle.
La femme n'a pas l'air d'être une méchante personne, mais le timbre et l'accent qu'elle met sur les mots « enfin » et « temps » montre à quel point l'encadrement de la petite est désorganisé et que d'éventuelles décisions devront être prises.
— Vous savez Destiny ce n'est pas ma fille...
— Je sais c'est votre sœur, me coupe-t-elle.
— Oui ma sœur et je fais ce que je peux pour aider mon père, mais j'ai aussi une vie madame.
— Je comprends monsieur Styles, mais la petite manque de stabilité, elle m'a confié ne pas avoir vu sa mère depuis des semaines et elle m'a aussi dit qu'elle dormait presque toujours chez vous.
— Oui, c'est vrai qu'elle passe beaucoup de temps avec moi et...
Je n'ai pas le temps de poursuivre que la dame m'explique que Destiny est une jeune fille brillante, qu'elle s'intéresse à beaucoup de choses et qu'elle est très avancée pour son âge. C'est lorsque je lui ai demandé, où était le problème, que la dame m'a répondu :
— Le problème, débute-t-elle, Destiny c'est une enfant très difficile à suivre, elle est dure d'approche, elle ne fait pas confiance aux gens facilement et même qu'elle est parfois brusque avec les autres enfants.
— Avez-vous mis en place un système de conséquences, je ne sais pas moi, quelque chose d'adapter à son âge.
— Oui monsieur... rien n'a fonctionné et..
— Et où voulez-vous en venir ? la coupé-je.
— On ne peut plus la garder, les autres parents se sont plaints et nous ne savons plus comment agir avec elle. Je suis désolé, termine-t-elle.
Une boule de stresse me prend direct à la gorge. Tout se complique maintenant, mon père est incapable de prendre soin d'elle, sa mère est à l'autre bout du monde, pour soi-disant se reposer, mais entre nous ça fait huit mois, elle doit être très reposée. Qu'est-ce que je suis supposé faire. Je ne peux pas demander à ma mère de m'aider à prendre soin de la fille de la maîtresse de son ex-mari.
— Il lui faut de la stabilité, je me répète, mais c'est ce qui lui manque à cette petite.
Ma mâchoire se serre lorsque je récupère les documents que la responsable me tend, « Guide pour parents épuisé ». Parents épuisés, me répété-je à moi-même. Je ne suis pas épuisé et pas son père non plus.
Après avoir récupéré les affaires de Destiny, je fais le tour de la cour extérieur et finis par la trouver dans le bac à sable.
— Destiny ! Viens ma belle, on rentre.
Elle se lève sans adresser un seul regard aux enfants qui l'entourent. Elle secoue sa petite robe et attrape ma main. Tout juste avant de sortir elle retire ses petites chaussures pour enlever le sable qui s'est accumulé à l'intérieur. Le problème s'est qu'elle le fait sur le beau plancher ciré, juste devant le bureau de la responsable.
Je t'emmerde. Pensé-je, en regardant la dame.
J'ai d'abord voulu aller reconduire Destiny chez mon père, mais une fois rendu, il m'a dit qu'il n'avait pas de temps ce soir et aucune gardienne. Je suis donc repartie avec elle en claquant la porte de rage, mais avant, j'ai tenté de lui faire comprendre que sa fille vivait des moments difficiles dus à sa vie instable et qu'il devait se ressaisir, pour elle.
Évidemment, ça n'a servi à rien. La seule solution qu'il m'a donnée, s'est de trouver une bonne nounou et qu'il payerait peu importe le prix. Il ne comprend absolument rien. Il est comme imperméable face à la vie de cet enfant. Et selon lui, tout est parfait et chaque décision qu'il prend pour Destiny est la meilleure et jamais il ne reconnaîtra ses erreurs. Non, monsieur Styles est beaucoup trop au-dessus de ses affaires par s'abaisser à paraître pour un faible. N'importe quoi... On parle d'une vie humaine ici, pas d'un dossier de trafiquants de drogue.
***
Une assiette de pâtes à la main, un linge à vaisselle sur l'épaule et le téléphone coincé entre mon autre épaule et mon oreille, c'est de ça que j'ai l'air quand je rejoins Destiny au salon. La petite est installée confortablement sur une chaise et la petite table devant elle est recouverte de petites figurines de princesse.
— Je sais m'man, mais qu'est-ce que tu voulais que je fasse d'autre, je réponds à ma mère, en tassant le plus de figurine pour faire de la place.
Je n'ai pas le temps de continuer à argumenter parce que toute suite, je remarque que Destiny pleure.
— Qu'est-ce qu'il y a ma belle ? demandé-je, avant d'expliquer à ma mère que je devais raccrocher.
— Un garçon m'a mis un chewing-gum dans mes cheveux, répond-elle en essuyant son petit nez.
En même temps que je m'apprête à regarder ce que le petit monstrueux a bien pu faire à ses beaux cheveux, la porte s'ouvre et c'est une Abygaïl souriante qui apparaît dans le salon.
— Coucou, dit-elle, souriante.
Immédiatement, elle remarque Destiny qui pleure et moi qui ne sais plus quoi faire.
— Qu'est-ce qui se passe ici, demande-t-elle en essuyant les larmes de la petite.
— Un petit, je garde pour moi le qualificatif que je m'apprêtais à lui attribuer, a mis un chewing-gum dans ses cheveux.
— Ne pleure pas pour ça ma chérie, viens Aby va arranger ça.
Elle quitte avec la petite en direction de la salle de bain et revient quelques minutes plus tard avec en main une bonne mèche de cheveux. Elle me regarde l'air désolé.
— Ce n'est pas si mal Destiny et demain, je vais aller avec toi, voir une amie, elle est coiffeuse, elle va s'occuper de te faire la plus belle des coupes de cheveux.
— Comme une princesse ?
— Comme une belle princesse.
Destiny sourit à pleine dent et c'est gagné. Ou presque.
***
Enfin, elle s'est endormi. L'heure du dodo reste le plus difficile.
— Quarante-cinq minutes, dis-je en arrêtant le chrono de mon téléphone.
— C'est dix de moins qu'hier, rigole Aby.
Nous somme tous les deux installés sur la terrasse de mon appartement, nous regardons la ville prendre vie. Le ciel a commencé à s'obscurcir et les fêtards commencent à déambuler dans les rues. Cela me prouve qu'après tout nous sommes devenu un couple normal. Je n'ai plus à passer mes soirées, un verre à la main, à nager dans la drague pour pêcher une fille à mettre dans mon lit. Soudainement, une petite inquiétude me traverse l'esprit, Abygaïl est encore jeune, belle, et débordante de vie, peut-être que notre routine de travail et de gardien d'enfants commence à l'ennuyer.
— C'est tellement bon.
Je ne peux m'empêcher de sourire en la regardant savourer sa glace au chocolat. Elle fait un excellent boulot avec Destiny et je tiens à la remercier. Bon évidemment que cette glace ce n'est pas mon cadeau de remerciement.
— Quoi ? me demande-t-elle.
Elle est habituée à me voir sourire comme un idiot en la regardant et à chaque fois elle me demande « quoi » avec un air timide et un joli sourire. Un sourire remplit de vie. Elle est si belle, fraîche et parfaite que la regarder sans la sentir contre moi, c'est presque douloureux.
— J'ai eu une idée, lancé-je, est-ce que tu aimerais que l'on parte un week-end.
— Oui ! se réjouit-elle, on pourrait amener Destiny.
Vous comprenez maintenant pourquoi je l'aime autant.
— J'ai une petite idée de l'endroit où l'on pourrait aller, ajouté-je.
Je veux que l'on profite de chaque minute de ce week-end. La dernière année, nous nous sommes un peu oublié, avec les nouveaux projets d'Abygaïl, ma surcharge de travail et la présence de Destiny, nous n'avons pas pris de vacance depuis une éternité. Abygaïl le mérite, elle ne calcule plus le nombre d'heures qu'elle investit dans son projet de centre d'aide pour adolescente enceinte. Elle donne énormément à la population, à moi avec Destiny et elle mérite ces journées de repos.
— Un week-end juste à nous trois, sans obligation et casse-tête.
— Juste à nous, répète-t-elle.
— Viens t'asseoir ici, dis-je en tapotant ma cuisse.
La noirceur de la nuit est complètement tombée. Abygaïl lève sa tête vers moi et donne la chance à nos lèvres de se rencontrer. Un baiser qui ne durera pas très longtemps, puisqu'elle se défait de mon emprise, se retourne face à moi pour déposer sa tête contre mon torse. Lové tendrement dans mes bras, je peux sentir que son affection est réelle et profonde.
— Ça fait tellement longtemps qu'on n'a pas fait l'amour que je ne sais plus comment faire, soupiré-je, en caressant délicatement chaque courbe de son corps.
Ma petite remarque ne manque pas de la faire rire.
— Ce n'est pas drôle, dis-je, faussement offusqué.
En effet, faire l'amour est toute qu'une expédition et demande presque un planning avec notre nouvelle vie.
— T'en penses quoi... d'aller se coller un peu dans notre chambre.
— Tu sais... parfois tu as d'excellentes idées, répond-elle, avant de déposer ses lèvres contre les miennes.
— Oui, et dire que toi, tu pensais que j'avais juste une belle gueule...
🦋
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top