4-En dessous de chaque enveloppe corporelle se cache une âme...

Abygaïl

Quand j'étais petite, je voulais passer ma vie à voyager, faire le tour du monde avec rien d'autre qu'un sac à dos. Je voulais parcourir des kilomètres sans destination précise, sans savoir ce que je mangerai et encore moins où je passerai la nuit.

Je veux goûter les trésors du monde.

Mais je veux aussi toucher à la détresse humaine. Je veux visiter des orphelinats et lire la joie sur le visage des enfants quand je leur apporterai de petits cadeaux. Je veux parcourir, sous le regard d'hommes armés, les cartiers détruits par la guerre et y laisser une trace de mon passage. J'aimerais participer à des manifestations contre les injustices et essayer de faire une différence.

Je n'ai pas de grande ambition, point de vue carrière, je ne prévois pas de fonder de famille et encore moins me marier. Je n'ai pas les mêmes buts que les gens " normaux". Je vous rassure, je ne suis pas troublé psychologiquement, je suis juste différente. Non, conventionnel. Le rêve Américain n'a pas réussi avec moi.

Le vin hors de prix m'a fait perdre toute inhibition. Je me suis donc laissé aller dans les récits de ma vie, mes projets futurs et actuels. À mon grand étonnement, il semble plutôt intéressé. Il n'a pas l'air de s'ennuyer une seule seconde.

  — Et toi maintenant, qu'as-tu à m'apprendre, demandé-je intrigué.
  — Moi, après ce que je viens d'entendre, je te dirais, pas grand-chose, blague-t-il.
— Parfois, en creusant un peu, nous pouvons rester surpris par ce que l'on découvre, si je suis assise ici, c'est que j'ai cru en ton potentiel, dis-je en souriant.
— Bon alors, par où commencer, je suis originaire de l'Angleterre, j'ai vécu presque toute mon enfance à Londres.
  — Vois-tu juste le fait que tu ne sois pas un Américain, de sang, tu viens déjà de gagner des points, plaisanté-je.
  — Tu as d'autre origine toi aussi, si je ne me trompe pas.
  — T'as l'œil... Mon père est Américain et ma mère Brésilienne.
  — Ah ! Je vois d'où il vient ton teint parfait et tes cheveux soyeux.
  — Voilà !
  — As-tu vécu au Brésil ?
  — Non, je suis née à San Francisco et j'ai déménagé ici à New York, il y a un peu moins de deux ans.
  — Avec ta famille ?
  — Non, ils sont toujours en Californie et toi ta famille est-elle restée à Londres.
  — Ma famille vit ici tout près, mon père a fondé son propre cabinet d'avocats, ici, et nous avons tous déménagé quand j'avais quinze ans.
  — Donc, c'est ce que tu fais dans la vie, avocat ?
  — Oui, je ne suis ni banquier et pas encore PDG, rigolé-je.
  — Mais avoue que je n'étais pas loin
  — J'avoue !
  — Tu exerces dans quel secteur ?
  — Les droits de la famille : divorce, garde d'enfant, pension alimentaire et tout le reste.
  — Mon Dieu, quelle tristesse, blagué-je, et tu n'es pas devenu dépressif après coup.
  — Non, j'ai seulement appris énormément des choses très utiles, comme ne jamais me marier, rigole-t-il.
  — Tu n'as donc personne pour partager cet incroyable appartement, dis-je en me dirigeant vers la baie vitrée.
  — Non, dit-il en sélectionnant une playlist.

Les premières notes résonnent dans la pièce. Time, de Pink Floyd me déconnecte presque du monde dans lequel je me trouve. Je continue à siroter mon verre en me laissant bercer par la douce mélodie presque hallucinogène.

***

Les portes coulissantes s'ouvrent laissant place à une humidité et à une odeur de chlore. La piscine est magnifique. Plus étroite que longue, elle est entourée de faisceaux lumineux projetant une lumière tamisée. L'eau d'un bleu paradisiaque brille dans le bassin de pierre sombre.

  — On dorait un lagon perdu au cœur de New York, dis-je.

Harry m'observe fier de l'effet qu'elle me procure. Parce que honnêtement, elle donne envie d'y plonger.

  — Tu peux toujours changer d'idée, ajoute le jeune avocat.

Sans attendre ma réponse, il retire sa cravate et sa chemise qu'il dépose sur un des transats. Je suppose que tout ce qui concerne la "question maillot de bain" ne s'applique pas ici. Non, un bain de minuit, c'est inhabituel et spontané.

Après hésitation, je commence par enlever mes ballerines. Le contact de la pierre chaude sous mes pieds est assez agréable.

Je vais le regretter.

Il affiche un énorme sourire. Mon regard s'égare un instant, un bref instant, sur son torse. Parfait.

Mes yeux se perdent ensuite dans la fumée qui se dégage de la piscine avant de se disperser dans la pénombre.

Un bruit, celui de la boucle de sa ceinture, résonne, puis son pantalon tombe au sol. Un bruit d'eau me fait relever la tête : il vient de sauter à l'eau.

  — Elle est bonne, s'écrit-il.

Je retire l'élastique à cheveux de mon poignet et j'empoigne mes cheveux pour en faire un chignon désordonné, je prends ensuite mon courage à deux mains et je fais passer ma robe par-dessus ma tête avant de la jeter sur sa chemise.

Heureusement que j'ai des sous-vêtements potables. Un ensemble noir et simple en coton. Presque un maillot de bain, je tente de me convaincre.

Je m'empresse de descendre les quelques marches qui mènent à la piscine. Mon corps est presque complètement immergé et je me sens déjà mieux.

La température de l'eau est parfaite.

Toujours accroché au rebord du bassin, Harry s'approche devant moi et pose sa main près de la mienne.

  — La température est à ton goût ? me demande-t-il.

Son regard plutôt joueur, laisse place au celui du désir. Mon cœur s'emballe dans ma poitrine. J'ouvre la bouche pour bafouiller un truc, mais Harry ne m'en laisse pas le temps.

Dans un geste rapide, il s'avance encore plus près et pose sa main sur ma nuque. Son corps se plaque contre le mien. La fermeté de ses pectoraux contre ma poitrine, la chaleur de sa peau contre, moi me procure d'incommensurables frissons. Mes yeux se lèvent vers lui et ses lèvres se posent sur les miennes. Son baiser pressant me laisse à bout de souffle.

  — J'en avais envie depuis que je t'ai vu ramasser le verre éclaté, murmure-t-il à mon oreille.

Tout mon corps est tendu. Mes pensées oscillent entre la satisfaction et le sentiment de ne pas être à ma place.

Mais le regard du beau bouclé me donne tellement envie de me laisser entraîner.

***

  — Abygaïl, réveille-toi !
  — Quoi ? demandé-je en essayant de trouver un point de repère.
  — Tu t'es endormie, il sourit tendrement.
  — Où, demandé-je mélangé.
  — Sur mon sofa, rigole-t-il.
  — Je suis vraiment désolé, Harry, c'est vraiment nul de ma part.
  — Ce n'est pas grave ma belle, il se fait tard, je vais te raccompagner, il conclut.
  — Merci, c'est gentil.

Et voilà ! J'ai terminé ma soirée à dormir sur le canapé d'un avocat sexy, sûrement déçu d'avoir mi autant d'effort pour récolter... rien.

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