37L'aveu des fautes ne coûte guère à ceux qui sentent en eux de quoi les réparer

Abygaïl

Je me souviens d'une chose en particulier de la nuit de mon viol. Une chose à laquelle j'ai pensé, « je suis puni pour tout mes péchés ». Après réflexion, j'ai une vision peu différente, mais reste que j'ai envie de débuter ma nouvelle vie avec la tête complètement vide. Pour ce faire, je me devais en premier lieu de rendre visite à mes parents. Tout paressait si facile lorsque j'ai pris cette décision, mais en réalité je ne savais même pas comment lui dire bonjour lorsqu'elle a ouvert la porte.

— Ma belle chérie, je suis si contente de te voir.

Ma mère a commis des erreurs elle aussi, mais ça reste ma mère et l'opinion qu'elle a de moi, même si je tente de me faire croire le contraire, compte beaucoup.

La femme qui se trouve devant moi semble encore plus âgée que la dernière fois que je l'ai vu et j'ai peur que la déception n'empire son état. Ses cheveux autrefois noir comme un corbeau étaient maintenant parsemés de gris et son visage lise et sans défaut compte à présent plusieurs rides. Pour certain, mon aveu peut paraître anodin, mais je sais que pour elle se sera un grand coup a encaisser.

— Aller vient ma chérie, laisse-moi te prendre dans mes bras, ma mère passe ses bras autour de mes épaules et me serre fort contre elle.

Ses mains caressent mon dos de manière réconfortante et soudainement, je me sens apaisé. Peut-être que je devrais laisser tomber et seulement lui parler d'Harry. Elle serait tellement contente de me savoir avec un homme tel que lui.

Elle me fait signe d'entrée à l'intérieur et rapidement les bras fort et réconfortant de mon papa prennent la relève. Mon papa. Je l'aime tant. Aimant, doux, compréhensif, mais surtout contrôlé par la mère supérieure.

Après plusieurs anecdotes et un récit de nos vies, mon père, déjà endormi depuis quelques minutes sur le sofa, décide d'aller au lit. Me voilà seule avec ma mère et c'est le moment où jamais de lui parler. Son instinct de mère doit sûrement s'être éveillé à cet instant puisqu'elle me regarde avec les mêmes yeux que lorsque je lui apportait mon relevé de notes.

— Qu'est-ce qui se passe Abygaïl ? Tu n'es pas ici pour rien.
— Maman, je suis venu ici pour t'apprendre une bonne nouvelle, mais aussi pour une moins bonne. Tu préfères que je commence par laquelle, dis-je d'une voix étranglée.

Ma mère soupire et me dit qu'elle préfère que je commence par la bonne avant de se lever pour faire bouillir de l'eau.

Je débute en lui expliquant que j'ai revu Harry, le brillant avocat que j'ai rencontré avant de quitter pour l'Afrique. Je poursuis ensuite en lui annonçant que je vais re-déménager à New York pour le rejoindre, et même que je vais aller vivre avec lui parce que je l'aime énormément.

— Il m'a même offert un job dans son cabinet.
— C'est super ma chérie, dit-elle en s'approchant avec deux tasse en main, maintenant dis-moi ce qui te tracasse.

Nous y voilà.

— Maman, il y a quelques années, j'ai fait une connerie et maintenant, j'en paye le prix, avoué-je avant de me mettre à pleurer.
— Tiens, dit-elle en m'offrant une bouteille d'eau.

Après plusieurs gorgée, mon étreinte sur la bouteille se fait de plus en plus forte, au point où je sens le plastique s'écraser contre la paume de ma main.

— Un peu, avant de quitter pour New York, j'ai eu une liaison avec un homme, un homme plus vieux que moi et marié. Un homme que tu connais.

Indigné, ma mère place sa main contre sa bouche. Visiblement déçue de mon comportement, elle reste sans mots.

— C'est qui ? Qui est cet homme, crie-t-elle.

Les yeux fermés, je prends plusieurs respirations avant de me lancer.

— C'est Mark.
— Quoi ? Non-non, j'ai sûrement mal entendu.
— Non ! Merde, tu as bien entendu, crié-je à mon tour, papa ne doit pas savoir, maman, je t'en supplie.

Mark est un associé à mon père. Vingt ans nous séparaient lui et moi à l'époque de notre relation. J'ai été la maîtresse d'un ami à mon père pendant plusieurs mois, jusqu'à ce que je me retrouve enceinte par accident.

— Maman, je me suis fait avorter de Mark, il y a eu des complications après et...
— Et ?
— Je ne peux plus avoir d'enfant, jamais, dis-je en éclatant en sanglots.

Des larmes prennent naissance dans les yeux de ma mère et la voir ainsi me brise le cœur.

— Je ne voulais pas te faire de peine maman, pardonne-moi.

Ma mère me prend dans ses bras et nous laisse lentement balancer au même rythme que nos pleurs. Quelle libération. J'ai tellement de fois voulu lui dire, mais je préférais repousser le moment. Je n'étais jamais prête.

Après une bonne bouffée d'air, je me recule pour voir les dégâts dans son regard. Mais rien. Elle caresse mes cheveux et continu de m'offrir le réconfort que j'ai si longtemps désiré.

— Maman, j'ai gâché..., m'arrêté-je, ça fait mal. Pourquoi est-ce que tout fait mal dans la vie. Papa, il ne doit...
— Abygaïl, regarde ta mère, dit-elle en serrant mes épaules pour me ressaisir.
— Papa, il ne doit pas savoir.
— Je vais lui parler, mais je vais lui cacher la vérité sur l'identité du père du bébé, en retour promets-moi de ne pas tout gâcher avec ce beau Harry.

Elle a raison, j'ai tendance à fuir lorsque plus rien ne va.

— Maman est-ce que je peux rester ici cette nuit ?
— Tu peux rester le temps que tu veux Abygaïl, ce n'est pas moi qui t'es mise à la porte, c'est toi qui es partie, me fait-elle remarquer.

Et soudainement, je suis prise d'un éclat de rire.

— Putain, ça c'est mieux passé que je le pensais, dis-je en reniflant.
— Les gros mots Abygaïl, me gronde-t-elle, avant de rire à son tour.

Je me sens légère, la conscience libre et le cœur en paix.

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