29-Si... les regrets débutent toujours avec des si...

Harry

Il est tout près d'une heure du matin lorsque, je rejoins enfin l'immeuble où m'attend, son amie Lauraly. J'ai rarement vu une personne aussi blanche et cerné. Combiné à son discours incohérent et à son hystérie, j'ai l'impression de m'être perdu dans un hôpital psychiatre.

— ...tu dois te calmer, si tu veux que je comprenne.
— Aby, elle...
— Quoi, Aby, dis-je en haussant la voix.
— Ce n'était pas clair, elle s'est fait arrêter par la police, elle est détenu dans une prison à quelque part en Afrique.
— Eh merde, dis-je en pianotant sur mon téléphone.

Je tente malgré l'énervement, de tout mettre en place dans ma tête. Il me faut d'abord en apprendre plus. Lauraly sera, je l'espère bien, en mesure de m'aider. Mais discuter avec elle sera sans doute l'un de mes plus gros défis.

— Elle s'est fait arrêter pour quelle raison ?
— Une histoire de drogue, je crois. Elle n'a rien à voir là-dedans, Aby ne prend pas de drogue.
— Je savais qu'elle ne devait pas aller là-bas, je le savais tellement, crié-je.
— Pourquoi tu dis ça, réplique Lauraly, en plus, tu es avocat, tu dois être capable de la sortir de là, se fâche-t-elle.
— Je vais faire tout ce que je peux, mais pour ton information faire libérer un détenu d'un pays étranger, ce n'est pas un jeu d'enfant.

Ma voix fêlée, résonne d'entre les quatre murs du petit salon. Entre deux sermons, je ne peux m'empêcher de soupirer d'inquiétude.

Lauraly éclate en pleure. J'hésite entre la rassurer ou m'énerver. Je suis en colère, je me retiens jusqu'à en avoir mal à la gorge. Puis soudain, quelque chose retiens mon attention sur le canapé. Un chandail. Abygaïl le portait presque chaque soir quand elle avait froid. Je m'approche, mes doigts le soulève doucement et je le rapproche de mon nez. Son odeur me frappe de plein fouet. Elle me manque tellement, je suis terrassé de douleur et de peur.

Je lève les yeux en direction de Lauraly, toujours installée sur un petit fauteuil. Elle me regarde l'air de ne plus savoir quoi dire ou quoi penser. À chaque mot qu'elle s'apprête à prononcer, elle hésite et s'arrête.

— Je vais la ramener, finis-je.

__À Monica__
J'ai besoin d'un vol pour l'Afrique du Sud, peux-tu me trouver des billets ?

__De Monica__
L'Afrique ?!?

__À Monica__
S'il te plaît trouve-moi un vol Monica.

__De Monica
Oui, toute suite.

[...]

L'aube pointe tranquillement le bout de son nez dans le ciel, sans doute, africain. J'ai perdu toute notion du temps, je suis littéralement épuisé, pourtant que n'arrive pas à fermer l'œil ne serait-ce qu'une seule minute.

Je me retourne vers le hublot pour faire face à ma voisine qui dort paisiblement. Une boule de culpabilité prend naissance dans mon estomac. Je me sens mal d'avoir embarqué Monica dans cette histoire. Et si ça se passe mal. Monica est une femme très importante à mes yeux, elle travaille depuis plusieurs années au cabinet de mon père. Je vous rassure, il n'a jamais rien eu entre elle et moi, quoique, je l'avoue à une certaine époque elle faisait partie de mes fantasmes de jeunes adultes, mais depuis que j'ai retrouvé le contrôle de mon membre et de ma tête, j'ai mis de côté les femmes matures.

— Ton père à contacter l'ambassade, m'informe Monica.
— Et puis ? Dis-moi que ce n'est pas si grave.
— C'est moins pire que ça l'air, me rassure-t-elle, tu devrais te reposer un peu trésors, me recommande-t-elle en glissant sa main dans mes cheveux.
— J'ai pas le temps pour ça, je me reposerai après, quand tout sera fini.
— Tu n'es pas le fils à ton père pour rien, sourie-t-elle.

[...]

Je me tiens devant le miroir ; à demi vêtu, d'un costume noir, hors de prix, dont la foutue braguette refuse de coopérer. Monica à mes côtés, examine minutieusement le dossier que mon père a réussi à obtenir de l'ambassade.

— Putain de merde !
— Qu'est-ce qu'il y a ? me demande-t-elle sans quitter le portable des yeux.
— Payer aussi cher pour une merde pareille.
— Enlève-le, je vais te l'arranger.

Je prends s'est quelques instants pour m'effondrer sur le lit et revoir de A à Z  mon plan de match. Et s'il fallait que rien ne fonctionne et s'il fallait qu'elle soit incarcérée ici pendant une longue période...

[...]

À mon arrivée au poste de police, c'est un homme de grande taille, assez costaud et affichant un visage sévère qui m'accueille. Je me sens soudainement intimidé et surtout très nerveux, car j'ignore complètement ce qui va se passer.

— Nom et prénom ? me demande-t-il d'une voix grave.
— Harry Edward Styles.
— Lien avec la personne détenu ?

J'hésite... Comment définir notre relation.

— Je... je suis son avocat, répondis-je, hésitant à savoir si je dois ajouter autre chose.

Finalement, j'en suis resté là.

Dans la pièce, le fort éclairage des néons qui scintillent, rend l'endroit encore plus froid. Les rayons du soleil qui pénètre à travers les déchirures de la toile m'aveuglent. Pour calmer la sensation de brûlure, je baisse les yeux sur mes doigts rongés. Partout, autour de mes ongles, la peau est rouge et enflée.

— Vous avez fait la route depuis l'Amérique pour votre cliente, s'étonne-t-il.

J'acquiesce d'un signe de tête et l'homme s'empresse de signer un document, il retourne ensuite la feuille vers moi en m'indiquant de signer à mon tour, ce que je fais en essayant de calmer les tremblements de ma main.

— Attendez-moi ici, m'ordonne l'homme en refermant la porte de la petite pièce.

Quelque chose dans mon ventre se serre à l'idée qu'elle soit si près de moi.

Rapidement, mes angoisses s'envolent. La porte s'ouvre laissant apparaître le visage de ma belle, un visage blessé et un regard marqué.

Abygaïl prend place devant moi, présente de corps, mais vide d'esprit. Elle me fixe sans toutefois me voir. Elle me parle sans vraiment parler.

— Nous n'avons pas beaucoup de temps Aby, tu dois vite me raconter.
— Il faut que tu me sortes d'ici, je veux rentrer Harry.

Ses bras se resserre autour d'elle. Son petit corps tremble et ses yeux sont suppliant.

— Je vais te sortir de là, mais laisse moi un peu de temps Abygaïl.

Elle me raconte en détail sa rencontre avec Luka, la petite soirée à laquelle elle s'est rendu en sa compagnie et ensuite le moment où les constables sont débarqué.

— Tu n'avais aucune drogue sur toi.
— Rien !
— Je vais vérifier certaines choses concernant les lois du pays, mais j'ai espoir que tu puisses, du moins, recevoir une promesse de comparaître.

Je me force à rester professionnel, ma voix sonne comme l'un de ses avocats véreux. Mais au fond de moi, je craque de plus en plus à chaque fois que ses yeux voilés et son visage meurtri me supplie de la prendre dans mes bras.

— As-tu reçu mon courriel ?

Déstabilisé par sa question. Honteux de mon éventuelle réponse, je baisse les yeux en direction du dossier.

— Je n'ai pas eu le temps d'envoyer le courriel, quelqu'un à cogner à ma porte avant que je l'envoie. Mais, j'allais le faire.

Si j'avais répondu à se courriel, elle n'aurait peut-être pas écrit à se Luka et rien de tout ça ne serait arrivé. J'essaye de recycler cette pensée, mais depuis qu'elle m'a raconté ce qui s'est produit, je n'arrête pas refaire le file des événements et je tente de voir où j'aurais pu changer le destin.

— Je suis...

Je ne suis quand pas pour lui dire qu'au fond de moi, je ressens une infime joie qu'elle soit devant moi et que bientôt tout cela sera derrière nous et que nous reprendrons notre vie telle qu'elle était il y a un mois.

— Tu ?
— Je suis content que...
— Que ?
— Que tu rentres avec moi, finis-je par avouer.

Le voile qui habillait ses yeux un peu plus tôt, inonde maintenant ses joues. Ses mains tremblent et cherchent à trouver les miennes qui jouent nerveusement avec les feuilles placées devant moi.

— Tu n'as pas idée de ce que j'ai vécu depuis les dernier vingt-quatre heure.
— Je sais que les conditions carcérales ne sont pas super ici, mais...
— Non-non-non, me coupe-t-elle paniqué, tu ne peux pas t'imaginer, finit-elle en s'approchant.

Je la repousse un peu plus brusquement que je l'aurai souhaité, avant de lui lancer :

— Tu ne peux pas Aby, je suis ici en tant qu'avocat, je voudrais te serrer dans mes bras, mais ça risquerait de tout gâcher.

Le bruit de la porte qui s'ouvre met fin à un moment devenu beaucoup trop intense. L'homme qui était présent quelques minutes plus tôt, dévisage Abygaïl avec un air répugné, je n'ai qu'une seule envie, lui foutre un bon coup par la tête question de lui replacer les esprits et qu'il voit à quel point la fille devant lui ne mérite pas ce regard de dégoût.

— Bien mademoiselle, je fais quelques vérifications à votre dossier et j'entame les démarches pour une éventuelle libération, dis-je avec le plus de professionnalisme qu'il m'est possible d'avoir.
— Quand ? s'inquiète-t-elle.
— Je fais le plus vite que je peux, la rassuré-je.

Après avoir pris mon veston sur le dossier de la chaise, je suis le garde de sécurité qui m'escorte jusqu'à la sortie. J'ai tout juste le temps de mettre les deux pieds à l'extérieur qu'il claque la porte derrière moi.

Sympa.

Il fait un soleil incroyable dehors, je me demande comment, c'est possible qu'il fasse aussi beau dans de pareilles circonstances. J'ai mal au cœur, l'air semble à peine rentrer à l'intérieur de mes poumons.

«Salut, c'est moi. Il faut que tu me rappelles aussitôt que tu as mon message, tu dois demander à mon père d'appeler l'ambassade et leur transmettre ce que j'ai reçu par Abygaïl. Heu..., m'arrêté-je lorsqu'une sonnerie résonne dans mon portable m'indiquant un second appel, j'attends ton appel sinon on se voit à l'hôtel. Bye. »

Immédiatement, je prends l'appel, mais la réception est si mauvaise qu'aussitôt, je la perds. Mon écran affiche le numéro à Monica. Je m'empresse d'appuyer sur le numéro pour la seconde fois, mais rien.

— Fait chier putain, dis-je.

Enfin, je réussis à monter à l'intérieur d'une voiture taxi, comme une âme torturée, sur le point d'éclater.. La tête pleine d'inquiète, je me laisse conduire vers mon établissement hôtelier

À peine ai-je le temps de mettre un pied dans le hall que Monica débarque a pas de course.

— Harry, pourquoi tu ne réponds pas à ton téléphone, j'ai essayé de t'appeler plusieurs fois, s'impatiente Monica.
— Je n'avais pas de réseau, mais qu'est qu'il y a, demandé-je inquiète.
— J'ai eu ton père au téléphone, il vient de parler avec le représentant de l'ambassade américaine et elle sera libérée en fin de journée.
— Hein ? C'est impossible.
— Mais si, le garçon qui l'accompagnait à plaider coupable à plusieurs chefs d'accusation, dont celui d'avoir drogué Abygaïl. Donc, elle est blanchie de tout.

Je sais très bien que tout cela est faux, Aby m'a tout raconté, au détail près. Elle n'a pas été droguée, à moins qu'elle m'aurait menti ce qui me semble impossible la connaissant. Peut être l'a-t-elle été à son insu?

— Quand sera-t-elle libérée ?
— En fin de journée, il faut laisser le temps à un juge de signer le refus d'accusation. Harry, ne t'emballe pas trop, ils ont laissé tomber les accusations en échange de leur silence a tous les deux.
— Pourquoi leur silence, demandé-je intrigué.
— Juste prend soin d'elle...

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