27-Le sexe est le plus illogique des besoins...
Harry
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Une journée, deux semaines et puis trois... Les jours défilent à pas de tortues. Le souvenir de mon Aby si souriante et si joviale me revient sans cesse en mémoire, gâché par la honte de mes derniers ébats avec Romy. Comme un lâche, j'ai sauté la clôture afin de diminuer la douleur de son départ. Et j'avais espoir qu'elle revienne, que j'ouvre les yeux et qu'elle soit à mes côtés à me regarder comme elle seule savait le faire. Avez-vous déjà survécu avec l'espoir, seulement ça et que finalement rien n'arrive. Par contre aujourd'hui en ouvrant mon ordi, j'ai bien cru que la fin de mon martyre était tout près.
« Salut Harry,
J'espère que tout va bien pour toi. Hey tu sais quoi ?? Je suis toujours en vie Harry 😝. Je vais même très bien.
J'ai réussi à me connecter à un réseau internet dans un petit café de Cap Town, j'attends pour prendre un vol. Je suis désolé de ne pas avoir donné de nouvelles avant mais, les moyens de communication étaient très limités dans les villages.
J'ai tellement hâte de te raconter tout ce que j'ai vécu ici. J'ai pris tout plein de belles photos, je vais t'en envoyer quelques-unes et pour le reste... si tu veux bien, nous les regarderons ensemble quand je serai rentré. À propos de ça, je n'ai aucune idée de la date de mon retour. J'ai vraiment eu la piqûre et je m'aventure en Asie cette fois.
J'espère que l'expérience sera tout aussi enrichissante et que mon aide sera autant apprécié. J'ai vraiment l'impression d'avoir fait une différence dans la vie des gens et j'aime, j'aime, j'aime, tu n'as pas idée. J'ai rencontré des enfants incroyables. J'ai réussi à apprendre à compter à une petite fille de huit ans, avec des allumettes, elle était tellement contente.
J'ai habité dans une maison avec trois autres bénévoles, nous partagions la chambre à nous trois. Je te jure Harry, si un jour tu viens en Afrique n'oublie jamais de mettre la moustiquaire avant de dormir. Conseil d'amie😉.
Ah et les douches à l'extérieur avec l'eau du puits, ça commence à être désagréable. J'ai bien hâte de prendre un bon bain avec de la mousse et de l'eau chaude. Et surtout avec toi.
Je reviens tout juste de deux semaines dans un hôpital et sans exagération, c'est sans aucun doute les journées les plus difficiles que j'ai vécue de ma vie. Et d'un autre côté, probablement les deux plus belles aussi.
C'est tellement vrai ici. Imagine au service de maternité, il n'y a même pas de biberon, la question ne se pose même pas, tout est offert naturellement par la vie et eux ils ont compris. Bizarrement, les femmes ont l'air de beaucoup moins souffrir que celle qui ont le choix d'utiliser les antidouleurs. Elles accueillent la douleur de manière si forte.
J'ai aussi rencontré une jeune femme de 21 ans. Elle m'a marqué cette fille. Elle venait tout juste de recevoir un diagnostic de VIH, cette femme a été victime d'un viol et... elle restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Cette mission humanitaire m'a ouvert l'esprit sur le monde et sur la vie. Un monde bien différent du n'autre. Je sais que ce n'est pas partout pareil, mais ici, c'est particulier. D'ailleurs après la mort d'une vieille femme au village, je fusse surprise de voir qu'eux célébraient la mort avec une fête. Dès le lendemain les gens n'ont pas cessé de chanter et de danser, durant trois jours. Pour eux, après la mort, il y a le commencement d'une autre vie. Une vie heureuse, alors pourquoi pleurer? Ils vivent complètement le contraire de notre vie, le mariage passe presque inaperçu, pas de cérémonie, mais pour la mort, oui.
La chaleur n'est pas seulement due aux 35 degrés, non, il vient surtout des habitants. Être aimé pour ce que tu es et non pas pour ce que les gens veulent que tu sois, ouais, ici, j'ai eu l'impression d'être apprécié pour moi.
Je dois te quitter, je dois rentrer. Demain, j'ai un vol à destination du Vietnam qui m'attend. Je crois bien que les communications seront plus faciles dans cette région, je vais tenter de te téléphoner à mon arrivée. Sur ça, j'espère que tu te portes bien je pense beaucoup à toi, tu me manques.
À bientôt.
Abygaïl »
L'Asie... putain de merde, pensé-je à haute voix. Je m'empresse de lui retourner le courriel dans l'espoir qu'elle soit là à attendre un retour.
« Salut Abygaïl
L'Asie ?!? C'est une putain de blague, avoue... Et après ça va être quoi ? La Chine, l'Australie et le Kosovo. Ça fait déjà un mois que tu es partie, tu me manques tellement Aby, je suis en train de devenir fou ici. Je ne sais pas ce que tu cherches en voulant t'éloigner de tout, je ne sais pas ce que tu veux combler, mais, reviens près de moi et laisse-moi te prouver que j'ai assez d'amour pour... »
Putain. Quelqu'un cogne à la porte. Un porte qui laisse place sans attendre à Romy, debout avec une pile de dossier.
— Oui ! soupiré-je.
— Bonjour à toi aussi.
— Bonjour ! me suis-je repris.
— Je te rapporte les dossiers.
— Ils sont classés ? demandé-en relevant mon regard vers elle.
— J'ai oublié qu'une seule fois Harry.
— Merci Romy, tu peux les déposer ici, dis-je en refermant mon portable.
Après tout, on n'est jamais mieux servie que par soi-même.
— Ça te dit de venir prendre un verre ce soir avec Monica et Liam ?
— Heu... ouais pourquoi pas, ce serait bien de me changer les idées, avoué-je.
— T'as des soucis ?
— Non, rien de trop grave.
— On se rejoint tous chez moi à dix-neuf heures, tu te souviens de l'adresse, me questionne-t-elle avec des yeux brillants.
Un regard qui semblent fouiller mon visage comme pour valider mon acceptation inattendue.
J'acquiesce d'un signe de tête et lance un bref regard vers Romy, qui quitte mon bureau le sourire aux lèvres.
Pourquoi rester chez moi à voir tout en noir ou à écouter les mêmes films ennuyant que j'ai déjà vu des dizaines de fois. Par moments, je m'efforce à penser à autre chose et j'y arrive, ce qui me donne un bref répit pour respirer librement, mais ce n'est que de courte durée avant que je replonge dans l'ennui. Et là pour me redonner un semblant de bonheur j'espère... j'espère que ce soit elle qui cogne à la porte de mon bureau pour me faire une surprise ou bien qu'elle soit devant mon immeuble pour me surprendre. Je m'amuse à me provoquer un brin d'excitation de cette façon. Je ne vis que d'espoir... pathétique quand on n'y pense bien. Et lorsque finalement, je me retrouve seul à la maison le soir, je réalise que rien de tout ça ne s'est produit, et malgré tout je continue à espérer.
[...]
La question qui tue, est-ce que j'ai revu Romy après notre moment d'égarement. La réponse : oui.
Le plaisir sexuel se distingue par sa capacité à bien s'intégrer avec le désespoir. Baiser, reste essentiel, aussi longtemps qu'on en a la force, aussi longtemps que l'on peut pousser notre corps et nos sens à oublier. Pourquoi les démunis ont autant d'enfants? C'est simple, baiser c'est gratuit, c'est bon et ça permet de décrocher l'espace d'un instant.
J'ai essayé de résister, mais j'ai fini par en avoir marre et j'ai cédé. Le pire, c'est que sexuellement ce n'est pas déplaisant. C'est l'après qui cause problème. Rien à se dire, pas de moment de tendresse, pas de rire, chacun se tourne de son côté et ça se termine ainsi. Avant j'appréciais, c'était ma vie, alors que maintenant je suis pris avec le putain de besoin d'amour.
L'amour... c'est aussi tenace qu'une crotte de chien collée à une chaussure.
Je n'ai jamais eu comme habitude de regarder au-delà du moment présent et ce soir ne fais pas exception. Vous commencez à me connaître n'est-ce pas ? Mais parfois je le regrette et à l'instant même, je sais que je vais regretter. Maintenant que j'ai eu des nouvelles d'Abygaïl ...
Les verres s'enchaînent et les discussions dégénèrent. Monica qui se trouve face à moi me fait signe depuis un moment déjà de baisser le coude, ça manière à elle de me faire comprendre que je dois freiner ma consommation d'alcool. Je fais semblant de ne pas la remarquer et accepte les uns après les autres, les verres de vin rouge offert par Romy. Après tout, je n'ai rien à perdre et personne à qui déplaire.
C'est évident que l'effet de l'alcool combiné à la lueur des chandelles qui vacillent sur la table, donne une odeur de sensualité. Mes sens s'éveillent et j'ai putain trop envie de chaleur humaine. Quand mes yeux se ferment c'est plus fort que moi, son visage se dessine dans mes paupières et s'étampe dans mes yeux. Et lorsqu'ils s'ouvrent, l'image reste bien imprégnée, un peu comme quand l'on regarde trop longtemps une lumière.
Le temps file sous les murmures des gens présents dans la pièce. Lentement, ils se font de moins en moins perceptibles. Mes paupières sont lourdes, ma tête plus légèreté et mon corps peu réactif.
[...]
Le timbre strident de la sonnerie de mon téléphone me tire brutalement de mon demi-sommeil. La pièce est plongée dans l'obscurité et ma peau frisonne sous un délicat touché. Mais lorsque mes yeux réussissent à s'ouvrir, tous mes espoirs s'envolent ; Abygaïl a disparu et a laissé place à Romy étendue contre moi à me caresser. Et surtout, les boutons de ma chemise sont tous défaits. Elle ne manque pas d'air cette fille. Imaginez le contraire, que ce soit moi qui soit sur elle alors qu'elle est ivre. Ça sonne moins bien à vos oreilles. Pourtant ça reste la même chose.
— Laisse sonner ! m'implore-t-elle.
— Qu'est que tu fais Romy ?
— Tu n'es pas parti avec les autres, j'ai donc conclu que tu en avais envie.
— Les autres ? dis-je en cherchant du regard mes collègues.
— Ils sont partis depuis un moment, mais tu dormais déjà sur mon canapé.
Eh merde ! Le dernier souvenir qui me vient en tête est quand tout à commencer à disparaître autour de moi.
— Liam m'a parlé de cette fille, Abygaïl.
Ma mâchoire se contracte lorsque le nom d'Aby franchit ses lèvres. De quel droit, elle me parle d'elle. Putain de Liam.
— Elle doit être bien spéciale cette fille ? En tout cas, elle doit être très jolie.
— Elle l'est.
Abygaïl est pour moi, la plus belle chose que j'ai vue de ma vie. Une beauté pas comme les autres, une beauté que je pourrais regarder durant des heures et la trouver toujours de plus en plus belle.
— Et si j'essayais de te la faire oublier, me demande-t-elle en mordillant sa lèvre inférieure. Et si je t'embrassais qu'en dirais-tu ?
— Romy! Dis-je en jetant un coup d'œil à ma montre.
Je m'apprête à la repousser doucement, mais mon temps de réaction n'est pas assez rapide ce qui lui laisse amplement le temps de s'étendre sur moi.
— Tu veux peut-être boire un autre verre ?
— Écoute Romy, je veux juste rentrer chez moi, j'ai...
Alors que j'étais sur le point de lui faire comprendre que je n'avais pas du tout la tête à cela, la sonnerie de mon téléphone m'interrompt. Sauvé par la cloche!
— Il est à l'intérieur de ma poche de veston, tu peux me le donner s'il te plaît.
Romy récupère mon téléphone et le lance ensuite sur le sofa.
— C'est elle ?
— Non je ne crois pas, rigolé-je. Elle ne m'appellera pas.
Nous restons silencieux tous les deux quelques instants jusqu'à ce que Romy s'approche et capture mes lèvres dans les siennes. Je l'observe, muet, en cherchant à déterminer sur quel pied je dois danser. Mon téléphone sonne à nouveau ce qui fait soupirer Romy qui se recule et se laisse tomber sur le sofa.
— Désolé je dois le prendre.
Je décroche et je n'entends qu'une fille à bout de souffle me crier des mots incompréhensibles. Je ne comprends rien. Je n'arrive pas à placer un seul mot. Elle est si paniquée et je sais que je n'obtiendrais rien d'elle au téléphone. Je ne l'ai jamais vu dans cet état et si elle m'a appelé c'est que c'est grave. Je ne sais pas pourquoi elle est aussi inquiète, mais sa panique fonctionne sur moi. Je sais que quelque chose ne va pas. Le cœur battant à tout rompre, je boutonne difficilement ma chemise, le téléphone coincé entre mon épaule et mon oreille.
— Surtout reste chez toi, j'arrive.
Sans attendre, je ferme la ligne et m'empresse de mettre mes souliers. Je ne pense plus qu'à une chose, je dois partir. Je dois savoir ce qui se passe. Pourquoi je n'étais pas chez moi? Pourquoi suis-je ici? Je me flagelle intérieurement. La voix de mon hôte me tire de mes pensées.
— Qu'est-ce qui se passe ?
— Je ne sais pas trop, je dois aller la rejoindre.
— Rejoindre qui ?
— Merci pour la soirée c'était sympa, on se rappelle, dis-je rapidement en évitant de répondre à sa question.
— Sympa? C'était sympa?, crache-t-elle d'une voix plus aiguë.
Non je n'ai surtout pas le temps pour une crise de jalousie. Je me dirige vers la porte, l'ouvre à la volée et disparais dans la cage d'escalier en l'entend me crier toutes sortes d'insultes.
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