17-L'attachement est une bombe à retardement que l'on garde dans ses mains...

Abygaïl

Votre demande est refusée...

  — Je peux savoir la raison du refus, Monsieur.
  — Vous ne remplissez pas les critères, mademoiselle Watson.
  — Les critères ? Pourtant, je n'ai jamais raté un paiement, j'ai un travail stable, que faut-il de plus.
  — Du crédit... Vous n'avez jamais obtenu de prêt et celui que vous demander est assez important.
  — Justement, je n'ai jamais emprunté, comment vous pouvez prétendre que je ne remboursais pas ce prêt, répliqué-je.
  — Madame, votre crédit est A-1, mais il ne contient rien. Commencer par emprunter pour une voiture, des meubles ou n'importe quoi d'autre qui soit plus facile à obtenir et revenez me voir quelques mois plus tard.
  — Ouais ! dis-je visiblement déçu.

[...]

Putain de merde ! Pensé-je à l'instant où j'ouvre les yeux. Un énorme mal de tête c'est accaparé de ma boîte crânienne, rien d'étonnant avec la nuit que je viens de passer.

En revenant de mon quart de travail hier, j'ai immédiatement entrepris des recherches pour trouver une alternative pour mon prêt bancaire. Résultat, nulle.

Bonjour la déception !

  — Putain, quelle est bonne cette cigarette, dis-je en redonnant le bâton de tabac à Lauraly.
  — Je croyais que tu avais arrêté de fumer, s'étonne-t-elle.
  — J'avais arrêté, mais j'ai recommencé, avoué-je.
  — Et on peut savoir pourquoi...
  — Parce que ! je réponds simplement.
  — Dit-moi ce qui te tracasse ma jolie ?
  — Juste une petite déception.

Mensonge.

Évidemment, parce que ma déception est suffisamment importante pour me donner des envies de meurtre ou de suicide, à vous de choisir. Bon, peut-être pas...

Je me console en me disant que ce n'est peut-être pas le bon moment. Projet repoussé et non annulé.

Le positivisme n'a jamais été ma tassé de thé, mais quand c'est la seule chose qui te rattache à ton rêve...

[...]

J'enchaîne l'essuyage de verre à cocktail les uns après les autres, nous sommes mercredi soir et il ne reste que vingt-cinq minutes avec la fermeture du bar.

Ce soir différent des autres puisque le patron m'a affecté au service du bar plutôt qu'au service aux tables c qui me permet d'avoir le plus d'heure possible.

Je suis exténué et j'ai très hâte de rentrer chez moi, l'ajout des heures supplémentaires m'épuise. Je n'ai aucun autre choix si je veux amasser le plus d'argent possible. Dorénavant, mon horaire sera du lundi au vendredi et en plus de faire les soupers et les soirées, j'ai fait ajouter les dîners.

Seulement quelques habitués traînent encore au bar. Des hommes qui adorent venir prendre leur digestif en se racontant des conneries sur leur investissement, placement, gain et j'en passe. Mais bon, ils sont somme toute assez sympa et le pourboire plutôt bien, je ne vais pas m'en plaindre.

Tandis que je m'apprête à ranger les derniers verres, le bruit de la porte attire mon attention.

Dans un soupir, je lève les yeux à la rencontre de la personne qui est évidemment ici que pour me faire chier. À quelques minutes de la fermeture, celui ou celle qui ose venir me retarder mérite, la peine de mort. Et j'exagère à peine.

J'ai mis plusieurs secondes et quelques clignements des yeux pour reconnaître celui qui s'avance avec une démarche chancelante.

Même au loin, j'ai immédiatement remarqué qu'il était totalement ivre. Ivre et heureux. Il sourit à pleine dent. Il ne porte que sa chemise, son éternel veston n'est pas de la partie et le noeud de sa cravate est desserré. Il est accompagné par deux hommes. Je reconnais l'un des deux, mais le second ne m'est pas familier, je ne crois pas l'avoir déjà vue ici.

  — T'es conscients que là, maintenant, je ne pense qu'à une seule chose, lui demandé-je.
  — Sûrement la même que moi, ricane Harry.
  — Laisse-moi réfléchir... certainement pas.

Putain ! Cet homme pourrait réveiller une libido endormie depuis des décennies tellement, il est attirant.

  — Moi j'ai plutôt envie de t'étriper, avoué-je en retenant un rire.
  — Et pourquoi ? bafouille-t-il.
  — Pourquoi ! Peut-être parce que je m'apprête à fermer et que ma caisse est comptée et qu'un idiot vient de débarquer ivre mort avec deux autres, j'hésite un instant prenant soin de bien choisir le bon qualificatif.
  — Deux quoi ? s'amuse-t-il, si vous, vous apprêtez à les qualifier de séduisants, je vous prierais de bien vouloir vous abstenir, mademoiselle, je suis assez jaloux lorsque j'ai consommé une bonne quantité d'alcool, me murmure Harry à l'oreille.
  — Ils sont séduisants, mais j'avais plutôt en tête, éméché.

Harry dépose un doigt sur sa bouche l'air de réfléchir avant d'ajouter :

  — Éméché ! C'est beaucoup mieux que séduisant, je parle pour eux bien sûr, parce que pour moi "séduisant" me va à ravir, déclare-t-il.
  — Je suis quand même curieuse de savoir ce qui t'amène ici dans cet état ? l'interrogé-je.
  — La victoire ma chérie ! Ouais la victoire, déclare-t-il.

Harry fait sûrement allusion à l'important procès qu'il préparait, depuis un moment, avec son ami Louis. Si la vie leur souris, je suis bien heureuse pour eux, je ne peux pas en dire autant de la mienne.

  — Je suis bien contente pour toi, nous n'avons pas tous la même chance apparemment, marmonné-je, bon, je vous serre quoi pour célébrer cette belle réussite ?
  — Une tournée ou encore mieux, deux tournées, s'exclame un homme, dont je ne connais pas l'identité encore.
  — Tequila, s'exclame Louis.

Sans perdre de temps, je me tourne vers le comptoir ou son placé les bouteilles d'alcool forte. L'immense miroir placé derrière celui-ci me donne une vue complète sur mes joyeux gais lurons. Les deux amis rigolent et festoient sans ménagement, quant à Harry quand il rentre enfin dans mon champ de vision, je l'aperçois s'approcher. Non, sans difficulté, il contourne les boîtes éparpillées au sol, manquant à plusieurs reprises de trébucher. Je ne pense pas l'avoir déjà vue si "animal".

J'adore.

  — Qu'est qui ne va pas ma belle ? me chuchote-t-il à l'oreille en prenant soin de laisser son nez chatouiller mon cou.
  — Tout va bien, lui mentis-je.
  — Nah nah nah ! On n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. T'as dit et je cite : ce n'est pas tout le monde qui a de la chance, ou un truc du genre, ajoute-t-il.
  — J'ai dit cela moi ? répliqué-je en affichant un visage incertain.
  — Oh que si, tu as dit ça Aby, sérieusement, dis-moi ce qui te tourmente, insiste-t-il.
  — Juste une mauvaise nouvelle, mais je t'assure, rien de grave, affirmé-je, bon, on la fête cette victoire, ajouté-je en me retournant.

J'affiche mon plus beau sourire avant de tendre les shooter aux deux hommes plantés devant moi.

  — Tu prends un verre avec nous ? Je suis Liam en passant, si l'on attend après lui pour faire les présentations, on risque de s'appeler, monsieur, et madame longtemps, rigole le brun.
  — Abygaïl, dis-je en lui tendant la main, j'en bois, qu'un seul et je retourne à mes occupations, mais vous pouvez rester ici sans problème le temps que je ferme.

Je bois d'un trait le shoot de tequila et sans attendre je retourne à mon torchon, me demandant à cet instant précis ce qu'un homme comme Harry peut bien faire à traîner avec moi. Une pauvre serveuse, sans grande étude, sans projet d'avenir et même pas capable d'obtenir un prêt bancaire. Je serais prête à parier que lui, les banques, lui court après pour lui en prêter de l'argent.

N'importe quoi...

En même temps, il a l'air de tellement s'en foutre de la différence entre lui et moi. On dirait qu'il réalise à peine que les vêtements qu'il porte coûtent plus cher que ma pauvre semaine de salaire. J'ai l'impression d'être devant un homme qui n'a jamais pris conscience du contenu de son compte en banque. Comme s'il n'en avait rien à faire.

Évidemment, le gosse a été élevé dans de la ouate, avec des parents croulants dans une fortune. Le père à carrément bâti un empire dans le monde du droit. Et lui, il n'a eu qu'à suivre les traces. C'est la vie qu'il a choisie et je respecte son choix par contre, moi, pour rien au monde je voudrais vivre cloîtré dans un bureau de 9 à 5.

  — Tu termines bientôt, me demande Harry tout souriant.
  — Vous avez le temps de terminer votre verre et après, malheureusement, il faudra quitter, je réponds en affichant une fausse mine triste.
  — Tu veux venir chez moi après ?
  — Je croyais que tu ne passais que prendre un verre pour fêter ta réussite, dis-je, en levant un sourcil.

Harry croise les bras, l'air de chercher de quelle façon s'y prendre.

  — Je n'avais pas envie d'un verre, j'avais envie de te voir toi, Abygaïl, réussit-il à articuler.

J'ai vraiment envie de cet homme, j'ai envie d'oublier mes casse-tête et de profiter. Et je sais très bien qu'il peut me donner ce dont j'ai besoin.

  — Alors qu'est que tu attends ? le défié-je.

Mon index lui indique de s'approcher.

Quand ses bras s'enroulent et qu'il se décide enfin à me voler un baiser étourdissant, je fus complètement balayé. En l'espace d'un instant mes soucis envolés.

Son goût exquis est resté le même que la dernière fois, mais une saveur s'est ajouté. La tequila. Et aussi... le cigare ?

  — T'as fumé un cigare ? l'arrêté-je
  — Oui, tantôt avec les gars.
  — J'adore ! C'est un peu le mélange parfait : alcool et cigare.
  — Ah oui, murmure Harry dans mon cou.
  — C'est le goût de la dominance masculine, dis-je en retenant un rire.

Un rire que lui n'arrive pas à contrôler.

  — La dominance, reprend-il en rigolant.
  — Hum hum, soufflé-je contre sa bouche.

Harry s'éloigne un bref instant pour regarder où se trouvent ses deux camarades de travail et il revient sans attendre dès qu'il s'aperçoit que nous sommes maintenant seules à l'intérieur.

Sa langue explore avidement chaque recoin de ma bouche, ses mains s'agrippent à mes fesses pour m'attirer contre son bassin.

  — Tu n'as pas répondu à aucun de mes messages depuis que t'es partie de chez moi lundi, me lance-t-il entre deux baisés.
  — Je n'avais pas la tête à parler avec personne, ce n'est rien contre toi, je t'assure.
  — Tu me diras tantôt ce qui te préoccupe de la sorte.
  — T'es un peu trop curieux.
  — Curieux ! Non...
  — Si !
  — Je me soucie des gens qui comptent pour moi, c'est tout.

🦋

Deux ans aujourd'hui...

Il y a deux ans exactement, j'ai passé l'une des plus belles soirées de ma vie.

#Nostalgie #OTRA

😭😭😭😭

Mais...

Dans moins d'un petit mois, Harry me voilà !! Et putain que j'ai hâte 🤗🤗

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