22. Direction Awan

— Awan ? Non, pas Awan, trop dangereux.

Tox regardait Zéas, ses petits yeux écarquillés, les mains en avant.

— Je dois y aller, Tox. Si tu as trop peur pour me suivre, tu n'as qu'à rester ici et dire adieu à ton vœu.

Le félin s'élança alors en direction des portes, bientôt rejoint par son acolyte.

— Pourquoi ? demanda le colosse, hésitant.

— J'ai besoin qu'on me défasse d'un sort, être un chat n'est pas le seul maléfice que m'a jeté Zade, lança-t-il amèrement. Awan est le seul qui peut m'aider. De plus, c'est le dernier passage qu'il nous reste pour rejoindre Nebuli, les portes de Nouve et Verkaj sont fermées.

À court d'arguments, et trop attaché à son vœu pour le laisser tomber, Tox se résigna à suivre le blond, en direction de la nation bannie.

°°°

Zade avançait dans les rues, les yeux clos, à la recherche de l'aura de Zéas. Kaly avait une main sur son épaule, l'empêchant parfois de rentrer dans des obstacles sur leur chemin ; la sorcière était si concentrée sur sa cible qu'elle négligeait les murs ou les bâtiments, avançant en une ligne droite parfois corrigée par sa financée. Colombe les suivait, un peu plus loin, aux côtés du sorcier et un silence planait entre les deux. Lay l'intimidait. Il était imposant, moins à cause de sa grande carrure que par son air sérieux et son visage toujours fermé. Elle avait l'impression qu'il la méprisait, il ne posait jamais son regard sur elle et pas une fois il n'avait prononcé son prénom, il l'avait toujours appelé l'humaine.

— Tu me sembles bien calme pour quelqu'un qui vient d'arriver dans un lieu inconnu et qui est en danger de mort, s'étonna soudain le sorcier tout en continuant de fixer droit devant lui.

— J'essaie de ne pas trop m'inquiéter, répondit la jeune femme en souriant. Jusque là, je suis plutôt confiante, je sais que j'ai une chance de rentrer chez moi et je suis bien entourée, c'est tout ce qui compte. Je ne veux pas me laisser affaiblir par la peur.

Lay sourit à son tour, puis reprit en dirigeant ses iris azurés sur elle :

— Colombe, c'est ça ? Naïveté ou courage, tu fais bien de penser comme ça.

Il fit une pause, observant les deux femmes devant lui.

— Tu sais, je pense que ce serait mieux si après avoir capturé Zéas, on les laisse profiter du peu de temps qu'elles ont ensemble. Je te propose de venir à Nouve avec moi, dans mon cabinet, en attendant l'éclipse de lunes.

Colombe fut surprise par cette proposition. Surprise et effrayée. Même si la sorcière était beaucoup moins recommandable que le brun, elle préférait sa compagnie, sans pouvoir se l'expliquer. Mais il fallait reconnaître qu'il avait raison, les priver de ce moment serait égoïste de sa part.

— Et qu'est-ce qui me dit que vous n'en profiterez pas pour me dénoncer ? demanda-t-elle, méfiante.

Le sorcier la regarda en haussant les sourcils.

— Je suis un peu vexé que tu me demandes, mais je comprends. Sache que...

Il avait relevé les yeux sur les rues étrangement vides et les habitations de pierre abandonnées, le faisant s'arrêter net. Sa connaissance de Klervis, bien que partielle, lui suffisait pour deviner où ils se trouvaient.

— Zade, stop ! cria-t-il à l'intention de la sorcière, qui continuait d'avancer.

— On y est presque, il est juste devant, insista la rousse, alors que sa compagne s'était arrêtée.

— Non, Zade on fonce droit sur Awan, arrête-toi !

La sorcière ouvrit les yeux. À la vue des vieilles maisons et des rues sans habitants, elle confirma les dires de Lay.

— Zéas est à Awan, affirma-t-elle en se rapprochant d'eux.

— Mais qu'est-ce qu'il va y faire ? demanda Kaly, perplexe. C'est absurde, personne n'irait là-bas de son plein gré...

Zade réalisa son but et écarquilla les yeux, se tournant vers Lay.

— Le sort... Il va lui demander d'enlever le sort !

Colombe était complètement perdue. Elle sentait l'urgence de la situation, sans pour autant la comprendre. Awan ? Le sort ? Qu'est-ce qu'il y avait de si dangereux ?

— Je ne comprends pas, dit-elle. On n'a qu'à le suivre pour l'en empêcher, qu'est-ce qu'on attend ?

Tous les yeux se tournèrent vers elle, prenant conscience qu'elle ne connaissait pas l'histoire de la nation bannie.

— Dans cette nation, expliqua Kaly, vit un petit garçon, éternellement jeune, nommé Awan. Il est né il y a une cinquantaine d'années avec des pouvoirs infinis et puissants et il est devenu incontrôlable. Les habitants ont dû fuir et la nation est maintenant isolée des autres, entourée par un sort qui empêche toute magie d'en sortir.

— Et c'est si dangereux que ça ?

— C'est bien plus dangereux que tu ne le penses, compléta Lay. C'est qu'un gamin insupportable, sans aucune limite. Il peut te faire disparaître en un claquement de doigts si ça lui chante ou t'enfermer à vie avec lui s'il s'ennuie. Zéas a sûrement un plan, mais moi je le suis pas là-dedans.

— Moi j'y vais, dit Kaly. J'ai rien à perdre, je suis déjà morte de toute façon.

— Moi aussi, s'exclama Zade. Mes pouvoirs pourront t'être utiles.

— Moi aussi, je vous suis, décida Colombe, les enfants m'aiment bien.

Lay les fixa, les sourcils froncés.

— Vous êtes complètement folles, finit-il par dire. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, ce gosse est enfermé seul depuis cinquante ans, il vous laissera jamais repartir. On a meilleur temps de le laisser s'occuper de Zéas.

— Mais s'il s'en sort, tu sais très bien ce qu'il va faire si le sort ne fait plus effet et il ressortira directement par la porte de Nebuli ! lui rappela Zade.

— Mais c'est quoi ce sort dont il veut se défaire ? demanda Colombe.

— Rien ! s'exclamèrent en cœur les deux sorciers.

Cette réponse intrigua encore plus Colombe, qui savait qu'elle ne connaîtrait sûrement jamais la réponse. Elle croisa les bras sur sa poitrine, légèrement vexée de toujours être laissée de côté.

— C'est pour ton bien qu'on te cache des choses, se justifia Zade, comme si elle avait lu dans ses pensées. Ou plutôt pour le nôtre en fait... Vu que tu ne sais pas cacher tes pensées, n'importe quel sorcier ayant des pouvoirs psychiques pourrait te soutirer des informations sans que tu n'aies dit un mot...

— Bon, coupa Lay, impatient. Vous allez juste vous jeter dans la nation bannie sans plan ?

Les trois femmes se regardèrent, avant que Zade ne réponde :

— Ouais.

Le sorcier leva les yeux au ciel, exaspéré.

— Enfin, se reprit la rousse, on va déjà trouver Zéas, il changera immédiatement de camp en voyant Kaly... j'espère. Ensuite, on ressortira comme on peut. On n'a pas vraiment le temps de faire autrement.

Lay soupira, puis finit par accepter.

— Allez-y, moi je reste ici. Si vous prenez trop de temps, je viendrai vous chercher. Bonne chance.

Les trois femmes se dirigèrent alors vers la nation bannie et disparurent bientôt dans l'épais nuage à son entrée.

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Au programme au prochain chapitre : la découverte d'Awan (la nation ? Le petit garçon qui porte le même nom ? Les deux ? Mystère).

Mais quel est ce sort dont veut se débarrasser Zéas (j'ai vraiment peur que ça devienne trop évident, mais j'espère pas, sinon ça gâche un peu tout...). Souvenez-vous, il a déjà été mentionné quelque part...

Sur ce point suspens, on se dit à bientôt pour la suite !

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