17. Un atelier presque enrichissant
― Est-ce quelqu'un souhaite prendre la parole aujourd'hui ?
Mademoiselle Rose est une bénévole au sein de l'hôpital, sa principale mission est de nous rassembler pour discuter et propose également des activités. Je ne voulais pas aller dans la salle, mais maman tient à ce que je garde une vie sociale même en étant hospitalisée. Impossible de négocier avec elle, c'était un ordre. J'ai réussi à emmener mon carnet de dessins pour me mettre dans un coin et ne pas participer à cette réunion.
― Il est important de ne pas tout garder pour soi et de parler de vos sentiments. Je ne peux que vous encourager à vous exprimer et parler de votre expérience personnelle surtout pour les nouveaux.
― Parler de notre expérience personnelle ? On est pas dans une putain de boîte professionnel, mais un hôpital. Je ne vois pas ce que ça changerait de parler de nos séances de chimio en bande.
Une fille à la chevelure violette lance cette remarque pertinente. Elle ne semble pas particulièrement ravie d'assister à cette espèce de réunion de soutien et contrairement à moi ne le cache pas. J'observe soigneusement ses cheveux pour déceler si c'est une perruque ou non, mais j'ai l'impression que c'est cent pour cent naturel.
― Je suis curieuse d'entendre ton avis sur la question, Zoey.
― Nous vivons la maladie de façon différente, ce n'est pas en nous mettant dans une pièce tous ensemble qu'on se sentira en confiance pour parler. Ma tante est obligée de me sortir les mots de la bouche pour que je lui parle de ma maladie.
― Tout le monde n'est pas comme toi, certains veulent peut-être partager...
La fameuse Zoey claque sa langue contre son palet en fronçant les sourcils.
― Est-ce que quelqu'un veut parler de ses sentiments et d'autres conneries du genre ?
― Zoey ! Je ne te permets pas d'être aussi vulgaire !
Je prends soin de l'observer en ne cachant pas ma curiosité. Elle est la première à dire ses véritables pensées, je suis impressionnée. Mademoiselle Rose tente de réprimander l'adolescente, mais celle-ci se contente de quitter la salle d'une démarche assurée.
― Je suis d'accord avec elle, assure une nouvelle voix.
― Moi aussi, ajoute un autre.
La salle se vide peu à peu ne laissant que mademoiselle Rose et moi. Je cesse mon dessin à la seconde où celle-ci s'installe à côté de moi. Je n'ai pas ouvert la bouche de la séance, mais elle m'a visiblement remarquée. Nous avons eu l'occasion de nous croiser sans prendre le temps de discuter.
― Qui a dit que c'était facile de gérer des adolescents ?
― Même si nous sommes malades, nous restons jeunes avant tout.
Je partage le point de vue de Zoey sur ces réunions organisées par le personnel soignant, mais ce n'est pas une raison pour manquer de respect envers cette bénévole qui prend de son temps libre pour venir discuter et mener différents ateliers.
― Certains ont beaucoup de colère et ne savent pas comment la gérer. Je connais cette phase, ma fille a vécu la même chose, mais je ne l'ai jamais abandonné. Séance après séance, je suis restée pour la guider et exprimer mon amour envers elle.
― Vous devriez partager votre histoire avec les autres.
La vieille dame me regarde, surprise.
― Personnellement, je vous trouve beaucoup plus attachante en connaissant cette parcelle de votre passé. Vous n'avez pas personnellement ressenti la douleur d'une maladie, mais cela ne vous empêche pas d'avoir traversé des épreuves.
― Tu es une jeune fille pleine de sagesse.
― J'essaie de ne pas rester dans mon coin et de me faire une place.
Mademoiselle Rose me lance un sourire.
― Il faut croire que je suis une meilleure professeur que bénévole.
― Ne dites pas ça, c'est une seule mauvaise séance.
Je remballe mes affaires puis me lève en saluant la bénévole. Nos familles respectives souffrent également de la situation, je le vois bien avec ma mère. Cette femme se donne du mal pour apporter une touche de bonheur dans un lieu sinistre. Je marche en direction de ma chambre lorsqu'une fille familière attire mon attention.
Je me cache immédiatement pour ne pas me faire remarquer. La fille en question est Cassie, la copine de Max. Que fait-elle à l'hôpital ? Et surtout que fait-elle en compagnie de Zoey ? Mon carnet serré contre ma poitrine, je tente de me calmer et de reprendre confiance en moi. Personne d'autre que mes proches ne sont au courant de ma situation, la présence de Cassie est un hasard. Je suis sur le point de reprendre mon chemin lorsque celle-ci m'interpelle d'une voix amicale.
― Tu te caches encore, Emy ?
― De quoi tu parles ?
― Tu n'as pas reçu de mots et messages ces derniers temps ?
Je recule d'un pas.
― C'était toi ?
― Oui.
― Pour quelle raison ? Tu veux me faire chanter, c'est ça ?
Cassie me dévisage sans rien dire.
― Je vais mettre Max au courant de toute cette histoire, elle enquêtait justement !
― Alexander et Maxine ne sont pas discrets lors d'une enquête. Je les ai entendu parler alors je suis venue de mon plein gré pour mettre les choses au clair. Je ne veux pas te faire chanter, tu crois que je suis méchante ?
― On ne peut pas dire que tu es un exemple de gentillesse.
― Je te l'accorde, mais laisse-moi t'expliquer.
14.10.2023
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