16. La véritable amitié
Je me regarde une nouvelle fois dans le miroir en essayant de cacher le résultat de mon insomnie, mais peine perdue. Je ressemble à un zombie en pleine apocalypse. J'attache mes cheveux puis enfile mon pull le plus confortable avant de sortir de la salle de bains. J'ai eu le droit à un délicieux petit-déjeuner même si je n'ai pas réussi à tout terminer. Pour le moment, je n'ai plus besoin de me balader avec une perfusion la journée, mais mon médecin souhaite en poser une chaque soir. Cela ne m'enchante pas, mais c'est une professionnelle de la santé alors je ne remets pas en doute ses capacités.
― Emy ?
Des voix proviennent de ma chambre, ce qui ne me laisse pas de temps supplémentaire pour soigner mon allure. J'éteins la lumière puis sors de la pièce en souriant aux nouveaux arrivants. Alex est en compagnie de sa grande sœur qui dépose un énorme bouquet de fleurs sur la commode.
― Je reviens te chercher dans deux heures, d'accord ?
― Je préfère prendre le bus.
Addy lève les yeux au ciel.
― On doit faire des courses alors inutile de chercher des excuses pour te défiler.
― Merci beaucoup d'être passée, Addy.
Elle sourit.
― Tout le plaisir est pour moi.
La grande sœur de mon meilleur ami quitte la chambre en me lançant un nouveau sourire. Je me retrouve seule avec un Alex étrangement silencieux. Il arpente la pièce en regardant mes affaires éparpillées. Maman m'a apporté mon carnet de croquis et mes crayons pour que je puisse dessiner. Nous ne savons pas encore combien de temps je vais rester à l'hôpital, mais suffisamment de temps pour me permettre de virer la saloperie qui occupe mon corps.
Il remarque les coussins par terre près de la fenêtre, ce qui le fait sourire.
― Tu as regardé les étoiles ?
― J'ai dû anticiper en m'installant près de la fenêtre pour les regarder.
Cette remarque le fait rire.
― Je sais qu'il se passe quelque chose de grave, je n'ai jamais vu mon père aussi gentil.
― J'attendais le bon moment pour expliquer la situation, mais je ne pense que le bon moment existe. On m'a diagnostiqué un cancer du poumon gauche il y a bientôt deux mois. Je prenais un traitement, mais celui-ci ne fonctionne pas très bien alors nous avons pris la décision de débuter une chimiothérapie avant que le cancer ne se propage ailleurs.
Alex écarquille les yeux, la bouche ouverte.
― Mon médecin affirme que la chimiothérapie est la première étape vers la guérison. Je n'arrive pas toujours à garder le moral parce que j'ai la crainte de ne pas être suffisamment forte pour combattre la maladie.
― Pourquoi n'as-tu rien dit ?
Je m'allonge dans mon lit en fixant le plafond.
― J'avais peur que notre relation change et que je devienne une inquiétude au lieu d'une amie. Je suis peut-être malade, mais je reste la même Emy. J'ai besoin d'avoir un équilibre de vie sinon je vais devenir folle.
― Tu m'as menti droit dans les yeux lors de la soirée pyjama.
J'avale difficilement ma salive.
― Je ne sais pas pourquoi j'ai menti... mais aujourd'hui j'affronte les conséquences de mes actes. La situation ne va pas bien à la maison non plus, mon père a eu un enfant avec sa maîtresse, ce qui pousse ma mère à travailler deux fois plus pour combler son absence. Ma mère me demande de ne pas m'impliquer dans ces histoires car je suis encore une enfant, mais... je ne sais pas si j'arriverais à pardonner à mon père.
― Je n'imaginais pas que ça allait si mal.
Il prend ma main avec douceur en me regardant avec ce même sourire lorsque nous étions enfants. Ce gamin sociable que personne ne voulait approcher parce qu'il était nouveau et étrange. Il n'y a aucune trace de pitié dans son regard, mais rien d'autre que l'amitié.
― Tu es la personne la plus chiante que je connaisse et je changerais pas ma façon de parler uniquement parce que tu es souffrante. Emy, j'ai l'honneur de t'annoncer que je continuerai de te casser les pieds aussi longtemps que possible.
― C'est un tel honneur, mon cher Alexander.
08.10.2023
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