14. La vérité éclate

⚠️ Ce chapitre évoque des sujets très sensibles ⚠️

Le bruit des machines est la première que je discerne en ouvrant les yeux. Je prends conscience que je ne suis pas dans ma chambre. Il me faut quelques secondes pour reconnaître une chambre d'hôpital. La section enfants pour être précise. Je doute que cela soit aussi chaleureux dans la section adultes.

— Ma chérie ! Comment tu te sens ?

Je tourne difficilement la tête en direction de ma mère. Elle semble épuisée, ses cheveux naturellement bien coiffés sont retenues dans une espèce de queue de cheval rapide et les cernes ne trompent pas sur son état de fatigue.

— Qu'est-ce que je fais ici ?

— Tu ne te souviens pas ?

Je secoue la tête.

— Tu avais oublié ta peluche chez les Price. Max est venue te la rendre, mais elle t'a trouvé allongée au sol avec la main pleine de sang. Nous avons immédiatement appelé les pompiers.

— MAX M'A VU ?!

Mon hurlement surprend ma mère qui baisse les yeux. C'est la dernière chose dont j'avais besoin en ce moment.

— Est-elle au courant ?

— Non. Je lui ai dit que tu expliquerais les détails par toi-même et je ne compte pas trahir ta confiance, mais j'attends des explications. Depuis quand craches-tu du sang ?

Je détourne le regard.

— Seulement depuis la soirée pyjama.

— Combien de fois t'ai-je demandé de ne rien cacher au sujet de tes symptômes ? Ce n'est pas en te cachant derrière un masque de normalité que tu arriveras à guérir.

— J'en ai conscience.

Elle passe une main sur mon visage en soupirant. J'aimerais la rassurer et lui dire que tout se passera bien, mais nous n'avons aucune garantie.

— Ton père est venu te voir à deux reprises depuis ton hospitalisation. Tu as également reçu la visite des Price et les Watters.

— J'ai dormi combien de temps ?

— Les médecins t'ont placé dans un coma artificiel à cause de ta mauvaise respiration pendant quatre jours. Ton état est stable, mais ce n'est pas la guérison que tu espérais.

Mes deux meilleurs amis connaissent désormais ce que je redoutais. Ils ne savent pas la gravité de la maladie, mais ce ne sont pas des imbéciles. Max s'est certainement précipitée sur Internet pour faire ses propres recherches tout comme Alex. Je n'imagine pas l'état psychologique dans lequel ils se trouvent actuellement.

Notre conversation est interrompue par l'arrivée d'une femme en blouse blanche. Elle a un sourire amical, mais c'est une fois de plus un médecin. Quelque chose me dit que je n'ai pas terminé de vivre cet enfer.

— Heureuse de te revoir auprès de nous, Emy. Je vais faire un rapide bilan de la situation. Les médicaments ne semblent plus être suffisamment puissants pour apaiser la douleur et combattre. Ce que je propose est de mettre en place la chimiothérapie le plus rapidement possible avant que ton état ne s'aggrave.

Je tire sur la couverture.

— Mais... cela prouvera à tout le monde ma maladie.

— Je comprends que tu veuilles vivre une adolescence normale néanmoins il n'est pas trop tard pour traiter la maladie et obtenir de bons résultats.

— Êtes-vous en mesure de me guérir ?

— Nous allons tout faire pour y parvenir.

Ma mère et cette nouvelle médecin prennent le temps de discuter de choses plus complexes. Je remarque mon portable posée sur la table de chevet, je m'empresse de le prendre dans mes mains. Une quarantaine de messages de mes amis apparaissent sur mon écran, des notifications des réseaux sociaux et des appels de mes grands-parents paternels.

Je prends soin de lire chaque message, les larmes aux yeux. Alex et Max ne sont pas du tout en colère contre moi, mais très inquiet de mon état. J'ai assez reculé le moment où nous devrions parler. Je retrouve suffisamment de force pour avaler un yaourt complet et une pomme. C'est rien à côté de ce que je mangeais avant, mais c'est déjà bien.

Maman parvient à me convaincre de me rendre dans la salle avec les autres jeunes de mon âge pour me changer les idées. Elle m'aide à marcher avec ma perfusion, ce qui n'est pas le plus agréable. Mes pas sont douloureux, mais je ne me sens pas comme une bête de foire.

— Sofia !

Une voix essoufflée attire notre attention. Nous nous retournons pour faire face à monsieur Price. Il est en compagnie de Max, celle-ci tremble comme une feuille les joues baignées de larmes.

— Noah ? Que se passe-t-il ?

— Je peux vous laisser Maxine ? Je dois impérativement rejoindre les médecins, il s'est passé quelque chose avec... Samantha.

— Bien sûr, ne vous inquiétez pas.

— Merci infiniment.

Monsieur Price dévale l'hôpital à grande vitesse en nous laissant seules avec ma meilleure amie. Elle se précipite vers moi en pleurant.

— Que se passe-t-il, Max ? demande ma mère d'une voix douce.

— Sam a...

Sa voix est tremblante.

— Elle a fait une tentative de suicide. Je l'ai retrouvé dans la baignoire, je ne comprends pas ce qui se passe et... j'ai l'impression d'être coupable de ne pas avoir décelé les signes.

— Retournons dans la chambre pour discuter au calme.

C'est la première fois que je vois ma meilleure amie dans un état état. Je suis choquée par la tournure des événements. Sam semblait en pleine santé lorsque nous nous sommes vues à la soirée pyjama. Que s'est-il passé ? Ma mère aide Max à se calmer avec des exercices de respiration. Trop choquée pour parler, je sens les larmes couler.

— C'est ma faute...

— Non, tu lui as certainement sauvé la vie.

Ma réponse est catégorique.

— J'aurais dû savoir qu'elle allait...

— Non mon trésor, certaines personnes jouent la comédie pour duper leur entourage. Ta soeur ne voulait certainement pas causer de l'inquiétude au sein de votre famille.

Je serre la main de Max en souriant faiblement.

— Elle n'est pas morte, c'est une battante.

01.10.2023

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