trente-neuf
Pierre cherche la brune parmi les personnes présentes dans le parc fermé mais il ne l'aperçoit pas entre les membres de son équipe et ses parents. Les félicitations n'en finissent plus entre ses mécaniciens qui lui assènent de puissantes tapes dans le dos et sa mère qui l'étouffe presque dans une étreinte.
- Maman, t'as pas vu Isis ?
Sa mère fronce les sourcils en jetant un coup d'œil autour d'elle tandis que Pierre relève sa visière pour dévoiler son regard inquiet. Son paternel intervient en murmurant qu'elle était encore avec eux lorsqu'ils étaient dans le garage.
- Peut-être qu'elle est restée là-bas, souligne-t-il pour rassurer son fils.
Pierre se pince les lèvres, il n'a pas le temps de s'attarder plus sur cette absence qu'il se retrouve avec un microphone dans les mains. Un présentateur le félicite pour sa troisième place lors de cette course sprint et Pierre répond par automatisme alors que ses pensées sont tournées vers Isis.
En retournant vers le garage de Alpine, Pierre fait un tour rapide des locaux mais il ne l'aperçoit pas. Il n'a pas le temps de poursuivre ses recherches, ni de récupérer son téléphone pour l'appeler. Son équipe l'attend pour prendre des photographies avec son trophée, il se fait immédiatement arrosé d'eau une fois que les clichés sont pris.
Pierre n'échappe pas à la zone médiatique, il est obligé de se rendre devant chaque chaîne de télévision avant d'être enfin libéré de ses obligations, après une dernière réunion visant à préparer la course du lendemain. Il s'empresse de rejoindre sa moterhome située sur les bordures du paddock et dès qu'il passe la porte, il est soulagé d'apercevoir la paire de Dr. Martens traînant dans le salon.
Ses pas le portent vers l'une des deux petites chambres et il entrouve précautionneusement la porte pour apercevoir Isis allongée sur le lit, les volets sont fermés. Elle se trouve en position fœtale, sa tête repose sur un oreiller, elle tient fermement un autre oreiller dans ses bras tandis qu'elle dort avec Joyce à ses pieds.
Pierre s'assoit sur le matelas tout doucement et ce simple geste suffit à ce qu'elle papillonne des yeux. Isis finit par les ouvrir complètement pour se perdre dans le regard bleuté du jeune homme. Un petit sourire étire ses lèvres lorsqu'il caresse sa joue, encore humide par les larmes, mais il ne relève paz. et Isis s'excuse tout bas :
- Désolée d'être partie, s'excuse-t-elle tout bas.
- Ce n'est rien.
- Ça fait beaucoup pour un week-end.
Pierre acquiesce, son cœur fait les montagnes russes depuis jeudi, entre la course en l'honneur de Anthoine et cette troisième place inespérée. Il s'allonge à son tour sur le lit pour faire face à Isis, l'un de ses bras se dépose sur la taille de la brune. Il sourit en voyant l'oreiller qui sépare leurs deux corps.
- Tu fais barrage parce que je ne te plais plus ? questionne-t-il avec une petite moue.
Elle secoue la tête en lâchant l'oreiller, ses bras étaient bien trop crispés sur ce dernier si bien qu'elle a mal aux triceps. Pierre prend soin de retirer le coussin qu'il glisse sous sa joue tout en observant la brune. Il peut enfin s'approcher d'elle pour l'étreindre avec douceur et il remarque bien vite que son corps est tendu contre sa propre volonté. La fatigue s'est emparée d'elle avec intensité et Isis se sent paralysée.
- Désolée, répète-t-elle. J'ai raté un podium.
- Techniquement je ne suis monté sur aucun podium, ce n'était qu'une course sprint.
- Ça n'empêche pas que je suis fière de toi.
Ses mots réchauffent son cœur et il l'embrasse tendrement sur la joue, tout en caressant son dos pour la rassurer. Il ne s'attendait pas à ce qu'elle encadre son visage de ses doigts fins pour ajouter :
- J'espère que tu es fier de toi pour tout ce que tu as accompli ce week-end.
Il acquiesce sans savoir quoi répondre, il comprend qu'elle ne parle pas seulement de cette course sprint et Pierre embrasse de nouveau sa joue pour la remercier d'être le soutien qu'il cherchait depuis des années. Il ne pensait pas qu'elle occuperait une place si importante en la rencontrant plusieurs mois plus tôt.
Le jeune couple reste dans cette étreinte affectueuse jusqu'à l'arrivée des proches de Pierre dans la moterhome se caractérisant par un bruit de portes, puis des bruits de pas et de voix résonnant dans le petit salon. Le pilote se redresse en plantant un dernier baiser sur le coin des lèvres de la parisienne, il glisse tout bas :
- Prends le temps dont tu as besoin, je vais voir s'ils ont besoin d'aide pour préparer à manger.
Elle hoche la tête et Pierre ne tarde pas à quitter la petite chambre pour rejoindre la pièce centrale. L'organisation y est primordiale pour tenir à six dans un si petit espace mais tous sont habitués de se côtoyer ainsi. Tout se déroule correctement en agissant minutieusement, notamment pour déplier la table et mettre les couverts.
En rejoignant le petit salon, Isis aperçoit le trophée remporté par le numéro dix. La plaque de bronze est disposée dans un socle de verre, le tout est posé sur la table. Un sourire vient prendre place sur ses lèvres lorsque Pierre s'en saisit afin de lui donner ce trophée. Elle le tient dans ses mains tout en l'observant avec précaution, elle a bien trop peur de le laisser tomber par terre.
Elle relève la tête afin d'observer Pierre mais ce dernier est caché derrière son téléphone. Elle n'a aucun doute sur le fait qu'il la prend en photographie et ses joues prennent immédiatement une teinte rosée. Elle baisse les yeux en étant affreusement gênée d'être le centre de l'attention devant les proches de Pierre, encore plus quand sa mère s'interpose :
- Mettez-vous tous les deux, je vais vous prendre !
Pierre n'a pas d'autre choix, il se fait dépasser de son téléphone par sa mère. Il offre un faible sourire à Isis pour s'excuser tandis qu'elle ne cesse de rougir. Le jeune homme se positionne à ses côtés, sa main gauche vient se poser dans le bas de son dos.
Par ce geste, il l'attire un peu contre lui pour que leurs épaules se touchent. Son autre main prend place sur le socle du trophée qu'il tient avec la brune, leurs doigts se frôlent et ils ne peuvent s'empêcher de se lancer un regard complice avant de tourner pour sourire face au smartphone.
Une fois la photographie prise, Isis s'installe autour de la petite table, ils sont sept autour de cette dernière et elle se demande sérieusement comment ils arrivent à tout faire tenir sur la surface plane. Elle n'a pas le temps de s'y attarder bien longtemps, le repas passe à la vitesse de la lumière jusqu'au moment où tous se séparent, prenant la salle de bain à tour de rôle.
Les parents de Pierre sont les premiers à s'y rendre avant de regagner l'une des deux petites chambres, tandis que Ben, Ilies et Guillaume sont occupés à mettre en place le canapé lit et un matelas gonflable dans le petit salon de la moterhome.
Isis se retrouve aux côtés du pilote lorsqu'ils décident de sortir la golden retriever dehors. Il s'agit d'une des rares fois où elle se retrouve en la présence de Pierre depuis le début du week-end et cet instant dure plus que quelques secondes volées. Tout est paisible lors de leur marche, Pierre n'est pas bien bavard contrairement à son habitude et Isis finit par briser le silence.
- J'ai vu qu'il y avait un zoo à deux heures de route d'ici, j'aurais bien aimé y aller, explique-t-elle. C'est l'un des plus grands d'Europe...
- Est-ce qu'il y a des pandas ?
Pierre la questionne subitement, prenant la brune au dépourvu. Elle s'arrête dans sa marche pour se tourner vers lui, ses épaules se haussent.
- Je suppose que oui, je peux vérifier si tu veux.
- C'est mon animal préféré, avoue Pierre.
- Je vais vérifier dans ce cas, sourit Isis en sortant son téléphone de sa veste.
Elle tape rapidement le nom du parc animalier dans la barre de recherche avant de répondre au jeune homme. Effectivement, il y a bien cinq pandas géants dont deux faux jumeaux, un sourire vient immédiatement étirer les lèvres du pilote et Isis est sûre qu'il est encore plus grand que celui qu'il a eu plus tôt dans la journée en reportant son trophée.
- Et pourquoi ne pas y aller lundi ?
- Il fallait prévenir quarante-huit heures à l'avance pour les chiens d'assistance, avoue-t-elle en désignant Joyce.
Pierre se pince les lèvres en comprenant qu'ils s'y prennent trop tard, il n'ose pas proposer l'idée de se séparer de la golden retriever pour une journée. Il ne peut se permettre une telle réflexion, alors il ne dit rien d'autre que ceci :
- L'année prochaine, on s'y prendra en avance et on ira là-bas.
Isis acquiesce tandis qu'ils font demi-tour pour rejoindre la moterhome. Avant d'entrer à l'intérieur, elle est retenue doucement par le poignet par Pierre. Il l'observe de ses yeux bleutés avant de se pencher pour déposer un tendre baiser sur sa joue.
- Merci d'être mon porte-bonheur, murmure-t-il en s'éloignant.
Isis rougit face à l'intensité de son regard et elle ne peut s'empêcher d'étreindre le pilote qui rit face à tant d'engouement de sa part. Elle le serre avec puissance contre son petit corps, elle est tellement reconnaissante d'entendre qu'elle n'est pas que synonyme de malchance qu'elle en a presque les larmes aux yeux.
Elle est incapable de le remercier sous le coup de l'émotion, elle se contente de le suivre jusqu'à l'intérieur de leur chambre. Isis ne tarde pas à sombrer dans un profond sommeil dès que ses anxiolytiques agissent.
Lorsqu'elle se réveille, il n'y a plus personne dans la moterhome et Isis n'a pas la force de se lever pour ce dimanche de course. Elle préfère rester dans son lit à dessiner sur son cahier de croquis jusqu'au retour de Pierre qui ne dit rien de la voir encore au milieu des draps. Il se contente de l'embrasser sur le front.
- T'as rien raté de fou, onzième c'est pas grandiose, soupire-t-il.
Elle se pince les lèvres face à sa déception qui disparaît bien vite quand le pilote s'exclame en souriant :
- Mais j'espère que tu es prête à partir pour les meilleurs vacances de ta vie.
- Et toi, tu es prêt ?
- Toujours, je vais être rien qu'avec toi et ça, ça vaut tous les trophées du monde.
Isis lève les yeux au ciel quand il se laisse tomber sur le lit. Son corps écrase le sien et elle ne peut s'empêcher de rire à gorge déployée, il fait exprès de frotter sa barbe piquante contre la peau de son visage lorsqu'il la couvre de baisers.
- Les disquettes des pilotes, ça va devoir cesser, murmure-t-elle en riant.
- J'en ai jamais faites avant que t'aies la pôle position de mon cœur, râle Pierre.
Et Isis ne cesse de rire en comprenant que ses vacances seont les meilleures de toute sa vie, sans aucun doute.
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