trente

Quand la jeune femme émerge, elle retrouve Pierre parfaitement réveillé dans la cuisine. Il fredonne une chanson tout en préparant un copieux petit déjeuner. Isis s'approche pour venir se coller contre son dos dénudé, ses bras entourent son bassin et elle dépose un baiser humide sur l'une de ses épaules.

- Coucou toi, murmure-t-il.

- Salut.

Pierre se tourne afin de lui faire face et il l'étreint tendrement. La brune est soulagée qu'il ne pose pas les habituelles questions que toute personne poserait. Il ne la questionne pas sur sa nuit, ni sur son cauchemar. Il sait qu'elle en parlera le moment voulu si elle le souhaite.

Et peut-être qu'au fond, Pierre est soulagé qu'elle ne lui pose pas de questions vis-à-vis de ses aveux de cette nuit.

- Je vais prendre une douche, puis j'arrive pour le petit déjeuner, murmure-t-elle avant de l'embrasser.

Le jeune homme approfondit leur échange en déposant ses mains sur ses joues. Il sent son cœur battre avec affolement dans sa poitrine durant un court instant avant de s'éloigner. Il souffle tout bas :

- Je t'attends dans ce cas.

- Est-ce que je peux te piquer des vêtements vu que je n'ai rien pour m'habiller ?

- Pas besoin de s'habiller, dit-il avec un sourire narquois.

- Ça te plairait si je devenais nudiste ?

- Je ne m'en plaindrais pas.

Isis lève les yeux au ciel, sans toutefois s'éloigner de lui. Elle reste dans ses bras, ses mains posées sur ses épaules tandis qu'elle le regarde amoureusement. A cet instant, elle oublie que les volets sont grands ouverts. Il n'y a que Pierre qui compte et ses lèvres qui se déposent une nouvelle fois sur les siennes dans un doux baiser.

- Fais comme chez toi, prends ce que tu veux dans le dressing, chuchote-t-il. Allez file, je vais promener le fauve pendant ce temps.

Il se tourne pour appeler Joyce qui accourt à sa hauteur depuis la chambre où elle devait se trouver sur le lit, qu'elle n'a pas quitté depuis le cauchemar de Isis. Pierre attache son harnais avec soins avant de quitter son appartement laissant Isis seule.

Elle se pince les lèvres un court instant, elle résiste à cette tentation de baisser les stores en se dirigeant dans la cabine de douche. Ses pensées disparaissent sous l'eau chaude où elle se détend considérablement. Une fois sortie, elle observe le dressing s'étendant devant ses yeux sombres.

Isis attrape une chemise appartenant au pilote dans son placard. Le haut traîne sur des piles de vêtements désordonnées et Isis peut constater qu'il est loin d'être un jeune homme ordonné et organisé. Elle enfile la chemise blanche, elle vient nouer cette dernière pour la rendre plus courte.

Elle replie délicatement les manches jusqu'à mi-bras avant d'attraper un jean cargo de Pierre qui lui faisait de l'œil depuis bien longtemps. Elle n'est pas surprise de rentrer facilement à l'intérieur du tissu, mais elle est obligée de replier le bas du jean pour ne pas que ce dernier traine par terre.

Quand elle est prête, elle rejoint la cuisine où elle attend patiemment le pilote. Il ne tarde pas à rentrer avec Joyce sur ses talons, ses yeux bleutés s'arrêtent sur la brune et il s'exclame :

- Comment est-ce que tu peux porter ces vêtements mieux que moi ?

Isis ne peut s'empêcher de sourire face à l'expression de son petit ami. Il est ébahi tout en étant ravi de la voir ainsi, Isis ne peut s'empêcher de rougir en murmurant tout bas :

- Je pense que je viens de tomber amoureuse avec moi-même.

- Il y a de quoi, souffle-t-il. Tu es tout simplement incroyable.

Elle passe une main dans ses cheveux pour les replacer tandis que Pierre ne cesse de la fixer. Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres, elle rougit en constatant qu'il la dévore de ses yeux bleutés sans toutefois s'approcher.

- Je voulais savoir ce que ça faisait d'être Pierre Gasly pour une journée.

- Et est-ce que tu es déçue ?

- Non, dit-elle en secouant la tête. Je comprends comment j'ai pu tomber amoureuse de toi.

Le sourire de Pierre s'agrandit et son cœur tout entier brûle pour la jeune femme se tenant face à lui. Elle s'approche avec timidité de lui, pour venir se blottir contre son torse et immédiatement les bras de Pierre l'encerclent. Il embrasse tendrement son front en laissant ses mains glisser jusqu'à ses fesses qu'il presse un petit peu, la faisant glousser.

- T'es belle, glisse-t-il à son oreille.

- C'est parce que tu as bon goût.

- En matière de fille ou en matière de fringues ?

- J'espère bien des deux, rit Isis.

Pierre ne peut que la suivre à l'entente de son rire qu'il adore entendre et il s'empresse de déposer un chaste baiser sur sa joue. Elle colle un peu plus son corps au sien en venant enrouler ses bras autour de sa nuque, elle le regarde tendrement lorsqu'il questionne :

- Qu'est-ce que tu veux faire de beau aujourd'hui ? Je suis tout à toi.

- Tout à moi, répète-t-elle en humidifiant malicieusement ses lèvres. C'est intéressant ça.

- Je ne parlais pas de ce côté-là, mais si tu veux oui, je le suis aussi.

- Je pensais qu'on ne devait pas se presser.

- En effet, mais j'ai quand même le droit de t'embrasser.

Isis ne se fait pas prier, elle laisse les lèvres rosées du jeune homme se poser sur les siennes. Elle vient caresser sa joue de ses doigts pour retrouver la sensation agréable de sa barbe piquant sa paume, elle ne changerait d'endroit pour rien au monde surtout en sentant les mains de Pierre se poser sur la partie dénudée entre son jean et sa chemise, la faisant incontestablement frissonner.

- Je ne me sens pas de visiter la ville, avoue-t-elle tout bas.

- Je ne te parle pas de visister le Duomo. Je connais un coin sympa où on pourrait se promener avec Joyce. Il n'y aura pas grand monde à cette période de l'année.

Elle hoche la tête pour montrer son accord et elle a passé deux jours incroyables à ses côtés jusqu'à son départ pour le Canada. Et comme depuis plusieurs grand-prix, Pierre ravale sa frustration en rejoignant son hôtel après les qualifications.

Il est particulièrement agacé mais il prend tout de même la peine d'observer les messages sur son portable. Ses parents l'encouragent pour demain, ses frères insultent l'espagnol qui l'a gêné en qualifications et seule Isis lui redonne un faible sourire en apercevant l'image accompagnant son message : câlin de Joyce. Il y a la grosse tête de la golden tirant la langue en photographie.

Ses yeux deviennent immédiatement humides par les larmes, il est sans doute un peu trop fatigué par la journée qu'il vient de passer, entre colère et frustration de ces qualifications. Il appuie immédiatement sur son écran pour appeler la jeune femme, elle décroche dans la seconde malgré l'heure tardive.

- Salut, murmure-t-elle d'une voix anormalement faible.

- Salut chat.

Un silence s'installe durant lequel Pierre se perd dans ses pensées. Un long soupir s'échappe de ses lèvres lorsqu'il se laisse tomber sur son lit à bout de force. Il est lessivé par cette journée. Il est épuisé et il sait qu'il ne parviendra pas à s'endormir tant qu'il sera encore énervé.

- Il est vingt-trois heures ici, soulève-t-il.

- Il est cinq heures du matin, gémit-elle.

- Et tu ne dors pas ?

Le pilote l'imagine parfaitement allongée au milieu des draps. Joyce doit se trouver non loin d'elle, sûrement aux pieds du lit ou même près d'elle en l'absence de Pierre.

- Je me suis endormie juste après les qualifications et Joyce m'a réveillée il y a trente minutes, avoue-t-elle tout bas.

- Tu veux en parler ?

- Ça va, bredouille Isis. C'était un petit cauchemar. Par contre ça se peut que Joyce soit dans le lit, à ta place.

Elle sait pertinemment que cela agace Pierre quand la golden retriever dort sur le lit, plus précisément dans le lit. De nombreuses fois, Pierre s'est mis à râler, acceptant seulement la chienne aux pieds du lit.

- Elle est sur mon oreiller ?

- Je te rappelle que c'est mon lit, tu te l'appropries un peu trop à mon goût.

Le numéro dix sourit, il se sent un peu mieux en parlant à la brune durant plus d'une demi-heure. Il oublie peu à peu ses qualifications désastreuses et Isis parvient à l'apaiser en parlant de tout autre chose.

- Je pensais mettre du violet, tu aimes bien le violet ?

- Oui mais ma couleur préférée reste le bleu.

- D'accord, note-t-elle.

Elle parle des quelques croquis qu'elle a dessiné aujourd'hui, elle explique les détails qu'elle pense rajouter avant de commencer les patrons. Il faudra d'abord qu'elle achète le nécessaire avec Jade, elle ne veut pas se rendre toute seule, dans la boutique de création, ce que Pierre comprend.

- Doudou...

- Doudou ?

Elle se pince les lèvres en observant le jeune homme qui sourit amusé. Il a parfaitement compris qu'elle vient de lui attribuer un surnom affectif et il prend un malin plaisir à se moquer d'elle tandis qu'elle explique d'une voix chevronnante :

- T'es un peu mon doudou, un petit nounours tout doux que j'aime bien avoir près de moi pour me sentir bien et dont je ne peux plus me passer, comme les dernières semaines sans toi me l'ont montrées.

- T'es mignonne.

- Pierre, murmure-t-elle d'une voix se faisant de plus en plus lointaine. Est-ce que tu restes jusqu'à ce que je me rendorme ?

- Bien sûr.

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