soixante-dix-huit

- Faites attention sur la route, lance Pascale en embrassant sa belle-fille puis son fils. Et surtout, faites des pauses ! Il est hors de question que tu conduises plus de deux heures et demi de suite.

Elle pointe un index réprobateur sur le torse de Pierre qui ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel, sans toutefois répondre qu'il ne le fera. Il embrasse une dernière fois ses parents, son père ne manque pas de rajouter une énième fois qu'il est heureux que le couple soit passé pour leur annoncer la nouvelle.

Isis sourit en regagnant la voiture, elle ouvre le coffre de leur voiture de location pour permettre à Joyce de rejoindre sa large cage de transport. Elle y sera plus à l'aise pour ce long trajet en voiture qu'assise devant entre les jambes de la brune.

Elle dépose un baiser sur le sommet de crâne de la golden avant de s'assurer qu'elle ne manque de rien. Elle replace soigneusement le plaid sur lequel se trouve Joyce, elle s'assure qu'elle ait bien son bois de cerf à mastiquer ainsi qu'une peluche pour lui tenir compagnie.

- T'inquiètes on fera des pauses pour elle, rassure Pierre lorsque la brune le rejoint à l'avant du véhicule. Puis pour toi, t'es une véritable pisseuse.

- Et ça ne va pas aller en s'arrangeant, dit-elle en grimaçant.

Elle tape l'adresse sur le tableau de bord, puis attache sa ceinture signe qu'elle est prête à partir. Pierre démarre leur véhicule de location, il n'oublie pas de baisser sa vitre pour saluer ses parents tout en faisant sa manœuvre en marche arrière. Il lance un dernier signe de main à sa mère en s'écriant qu'il lui enverra un message une fois qu'ils seront arrivés en Dordogne.

Une fois que l'angle de la rue est passé, Pierre remonte la vitre. Il se tourne vers la brune pour lui donner son téléphone portable en lui disant de mettre la musique de son choix. Elle déverrouille l'écran avant de lancer une playlist de musique qu'elle avait créée un jour sur le compte de Pierre.

Comme à chaque fois qu'elle se retrouve avec le téléphone de Pierre entre les mains, Isis ne peut s'empêcher de trouver la situation étrange. Elle se souvient du jour de l'accident de son père où elle avait cassé son propre téléphone. Pierre lui avait laissé son téléphone avant son départ pour l'étranger sans aucune hésitation.

- C'est drôle que t'es autant confiance en moi pour me laisser ton téléphone, soulève-t-elle.

- Tu portes mon nom de famille quand même.

- Même avant, tu me laissais ton téléphone alors que...

- J'ai rien à cacher, souffle Pierre. Tiens, tu peux me passer mes lunettes de soleil ?

Isis sort le boîtier de son sac à main, elle tend les lunettes au jeune homme qui les enfile sans attendre. Les verres teintés viennent cacher son regard bleuté fixé sur l'autoroute sur laquelle il vient de s'insérer.

- Mathieu ne faisait jamais ça, lâche soudainement la brune.

- Quoi donc ?

Elle montre le téléphone qu'elle tient dans sa main et Pierre semble comprendre ses interrogations silencieuses puisqu'il rajoute :

- Je ne pense pas que c'était un manque de confiance en toi ou que Mathieu avait des choses à cacher, t'as juste des gens comme ça qui sont dérangés qu'on puisse voir des messages lambda qu'ils échangent avec d'autres gens comme leurs potes. 

- T'es sûr ?

- Oui, dit-il en déposant sa main droite sur sa cuisse. Tu vas tout surinterpréter si tu commences à trop y réfléchir. 

- Des fois, j'ai l'impression que je me souviens que de ses mauvais côtés et que l'image que je garde de lui change, raconte Isis d'une petite voix. Quand Alexis me parle de lui, ça m'arrive d'apprendre des choses... c'est peut-être des choses sans importance mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que je le connaissais pas aussi bien que ce que je pensais.

- J'ai ce même sentiment pour Anthoine, avoue Pierre en déglutissant péniblement. C'est un truc bizarre mais je pense que c'est normal, on ne peut pas tout connaître d'une personne.

- T'as raison, finit par dire la brune en entrelaçant ses doigts à ceux de Pierre.

Un petit sourire triste étire les lèvres du pilote, conscient que les pensées de Isis sont embrouillées par cette discussion. Il presse tendrement ses doigts entre les siens pour la rassurer, elle reporte son regard sur la playlist affichée sur le téléphone de Pierre.

- J'ai une musique à te faire écouter, tu veux ?

Il acquiesce tout en étant concentré sur la route, Isis clique sur son écran et I Think I'm In Love de Kat Dahlia se lance dans l'enceinte du véhicule. Elle tourne la tête vers Pierre afin d'observer ses réactions tandis que la musique défile.

But I crave us hugging

Yeah I stay stubborn

Cause I can't admit that you got all the strings

And know just how tug 'em

Un petit sourire étire les lèvres de Pierre à l'entente des paroles qu'il comprend. Son pouce caresse distraitement le dos de la main de la brune, il est réellement touché par les paroles puisqu'à la fin de la musique, il soupire :

- J'ai envie de t'embrasser, j'en meurs d'envie.

- Ne te déconcentre pas, prévient Isis.

La plus jeune se redresse sur son siège, elle se penche par dessus le levier de vitesse pour déposer un chaste baiser sur la joue barbue de Pierre qui sourit en la remerciant.

Après deux heures et demie de route, le couple effectue une pause pour se dégourdir les jambes. Pierre promène la golden retriever avec son harnais sur l'aire d'autoroute aménagée tandis que la jeune femme est partie aux toilettes.

Lorsqu'Isis réapparait, Pierre faut monter la golden à l'arrière du véhicule avant de reprendre le volant sous le regard réprobateur de la brune. Elle proteste pour conduire un peu mais elle ne parvient pas à faire céder le pilote qui a déjà quitté l'air d'autoroute.

- Arrête de bouder, ça ne me dérange pas de conduire, murmure Pierre en tendant une main.

Isis esquive sa main avant qu'il ne réussisse à pincer sa pomette. Pierre soupire en laissant tomber sa main sur sa cuisse, il observe la brune croiser les bras sur sa poitrine pour montrer son mécontentement. Elle s'enfonce un peu plus dans le cuir de son siège.

- J'ai faim, maugrée-t-elle.

- Tu pouvais pas le dire quand on était encore sur l'aire de repos ? s'exclame son conjoint. Je m'arrête pas tout de suite, t'abuses sérieux.

- Mais Pierre, j'ai faim...

- Mange ta main et garde l'autre pour demain.

- D'accord, je mange la tienne dans ce cas, dit-il en attrapant la main de Pierre posée sur sa cuisse.

Elle fait mine d'amener sa main jusqu'à hauteur de son visage mais Pierre retire brusquement son bras qu'il ramène sur le volant en s'écriant :

- Si tu fais ça, j'ouvre la portière et je te pousse !

- J'ai toujours faim, dit-elle d'une voix innocente. Tu ne vas pas nous laisser mourir de faim, hein ?

Un soupir s'échappe des lèvres de Pierre, il enclenche son clignotant et il se rabat sur la voie de droite après avoir contrôlé son angle mort. Il prend la prochaine sortie et il ne faut que quelques minutes pour que la voiture soit garée devant l'espace restauration d'une autre aire de repos.

Pierre lève les yeux au ciel en récupérant la golden retriever à l'arrière, ses doigts trouvent ceux de la jeune femme lorsqu'ils se dirigent tous les deux vers l'intérieur pour manger un bout. Isis ressort avec un paquet de petits écoliers.

- T'es sûre que tu ne veux rien d'autre ? s'assure le rouennais. Si t'as d'autres pulsions, faut le dire maintenant.

- Ce n'est pas des pulsions.

- Comme la glace à la myrtille d'hier soir ?

- C'est super bon ! D'ailleurs Myrtille, c'est une bonne idée de prénom pour...

- Et le deuxième, on va l'appeler kiwi pendant qu'on y est ?

- T'es nul et t'es pas drôle, Pierre.

Il lève les yeux au ciel avant de l'encourager à se dépêcher de monter dans le véhicule pour reprendre la route. Le couple arrive en Dordogne en début de soirée, aux alentours de dix-neuf heures trente. Ils sont accueillis par Rachel qui explique que son mari et ses deux fils ne sont pas encore rentrés d'un entraînement de rugby.

- Je suis contente de vous voir, soulève la mère de famille en les embrassant à tour de rôle. Ça ne fait pas si longtemps depuis le mariage mais c'est toujours un plaisir de vous accueillir ici.

- Merci Rachel, murmure Pierre en posant leurs sacs dans l'entrée.

- Ça a été la route ?

Il acquiesce en ajoutant qu'il aurait aimé rester plus longtemps que deux jours. Son emploi du temps est un peu chargé, ils n'arrivent que le dimanche soir et Pierre devra déjà repartir le mardi soir pour se rendre avant en Angleterre pour une séance sur le simulateur avant son départ en Chine.

- J'ai trouvé un vol qui part de Bordeaux pour arriver à Londres, c'est plus pratique, explique-t-il.

- Et toi, tu repars quand ? demande Rachel en s'adressant à sa nièce.

La brune répond qu'elle partira en fin de semaine, ce n'était pas prévu qu'elle reste aussi longtemps mais elle sait que cela ne dérange ni Rachel, ni Julien. Elle détache le harnais de la golden retriever et elle ne tarde pas à retirer ses chaussures.

- Je monte les affaires en haut, je reviens. Reste ici, déclare Isis en lançant un coup d'œil à la chienne.

- Je m'en occupe, l'arrête immédiatement Pierre . Vas-te poser et boire un peu.

- C'est bon, je ne suis pas en sucre, rétorque-t-elle lorsqu'il se saisit doucement de son bras.

- Non, t'es enceinte. C'est pire !

Il ne comprend pas immédiatement les raisons qui poussent Isis à s'arrêter au milieu de l'escalier pour le fixer avec de gros yeux. Une exclamation s'échappe de ses lèvres lorsqu'il constate son erreur, il se tourne aussitôt vers la tante de Isis qui est stoïque.

Pas de doute, Rachel a tout entendu et le pilote veut éviter de s'attirer les foudres de la brune. Il attrape leurs sacs et il s'engage dans les escaliers pour aller déposer leurs affaires dans la chambre située au deuxième étage. Il fuit la discussion qui se profile, il entend simplement la voix de Rachel dire :

- Toi et moi, nous allons discuter ma grande.

Pierre retient un rire nerveux en arrivant dans la chambre mansardée. Il se laisse tomber sur le lit, il y reste de longues minutes préférant fuir les discussions et rester sur son téléphone. Il appréhende le moment où il devra redescendre pour croiser sa brune et son regard sombre.

Quand il prend son courage à deux mains, Julien et les cousins de Isis sont rentrés. Il les salue avant que la brune ne l'attire dans la cuisine pour qu'ils se retrouvent seuls. Son prétexte est qu'ils doivent mettre la table et Pierre n'est pas surpris que cette dernière ait déjà été mise par Isis qui pointe un doigt réprobateur sur son torse.

- Toi, t'es un homme mort.

- Désolé, je te jure que j'ai pas fait exprès, chuchote-t-il tout bas pour ne pas se faire entendre.

- T'as fait la gaffe du siècle et en plus, tu m'as abandonné, p'tit con.

- Je suis désolé, mon chat.

- Ça sert à rien de m'appeler comme ça, raille la brune. Je t'ai pas lâché comme une merde quand on l'a annoncé à ta famille hier, alors t'as pas intérêt de me lâcher quand on va le dire à mes deux abrutis qui me servent de cousins. T'avais des couilles pour me mettre enceinte, t'as intérêt de les avoir encore dans cinq minutes.

- Je...

- Je te jure que si tu me lâches encore, t'auras plus le droit de me toucher jusqu'à la fin de ta vie.

Pierre l'observe stoïque, il n'arrive pas à placer un seul mot en se faisant menacer par la jeune femme qui pointe un index menaçant dans sa direction. Il l'observe en se rappelant qu'en ce moment c'est plutôt elle qui a dû mal à lui résister et cela suffit à le rassurer que la grève du sexe n'est qu'une fausse menace.

- Tu t'y tiendras jamais à cause des hormones alors j'ai pas besoin de m'inquiéter de ce côté-là, lâche Pierre.

- Si je t'attrape...

- Cours toujours ! lance-t-il en disparaissant vers le salon.

La brune rumine en le rejoignant pourtant elle ne peut pas en vouloir à Pierre, encore plus après la nouvelle qu'ils annoncent encore. Rachel fait semblant d'être surprise mais elle ne manque pas de féliciter le français qui s'était réfugié à l'étage au moment où elle l'a appris.

Après un copieux repas, Pierre s'est porté volontaire pour débarrasser la table tandis que les autres sont partis discuter dans le salon. Il empile la vaisselle sale qu'il dépose au dessus du lave-vaisselle qu'il remplira plus tard. En premier temps, il préfère nettoyer la surface de la table avec une éponge.

- Dis Pierre, tu m'aimes toujours ?

Il relève la tête pour faire face à la brune qui vient de faire irruption dans la cuisine avec la golden retriever qui la suit comme son ombre.

- C'est quoi cette question ?

- Je sais pas, tu ne m'as pas dit que tu m'aimes aujourd'hui.

Pierre aurait rigolé si la voix de la brune ne s'était pas faite aussi petite signe qu'elle est affectée par la situation. A la place, une petite exclamation s'échappe de ses lèvres en comprenant que ce sont les hormones de Isis qui lui jouent des tours. Elle sur-interprète tout et il voit bien qu'elle a besoin d'être rassurée.

Il arrête de nettoyer la table de la cuisine, il jette l'éponge dans l'évier avant de se rincer les mains qu'il s'essuie sur un torchon. Il se tourne vers la jeune femme pour l'enlacer tendrement, ses lèvres se déposent sur sa tempe et il la rassure en disant doucement :

- Bien sûr que je t'aime, chat.

- D'accord, bredouille-t-elle d'une petite voix en entourant son corps de ses bras.

- Qu'est-ce qui t'a fait croire le contraire ?

- Rien, c'est ça le pire... en y réfléchissant, t'étais normal aujourd'hui.

- Je pense que c'est les hormones, rassure Pierre en s'éloignant pour caresser sa joue. Ce n'est pas grave, t'as le droit de me le demander tous les jours même si la réponse sera toujours oui.

- J'avais pas envie de t'embêter, chuchote-t-elle face à son regard bleuté. C'était une question stupide.

- J'pense pas que ce soit une question stupide si ça te fait cogiter comme ça, souligne Pierre avec bienveillance. Puis tu ne me déranges jamais, d'accord ?

Elle acquiesce en se hissant sur la pointe des pieds pour déposer un chaste baiser sur les lèvres de Pierre. Elle s'éloigne pour l'aider à terminer de ranger. Tandis qu'il termine de nettoyer la table avec l'éponge, Isis range les derniers couverts dans le lave-vaisselle avant de s'appuyer sir le plan de travail en soupirant.

- T'es fatiguée, toi.

- Un peu, reconnait Isis en relevant la tête vers le pilote. Mais je sais pas pourquoi...

Pierre fait les gros yeux tout en fixant son ventre caché par le sweat-shirt qu'elle porte, comme pour lui signifier que la raison de sa fatigue se trouve devant elle. Elle lève les yeux au ciel en rajoutant :

- Tout de suite, c'est ça...

- Ça joue beaucoup, rit Pierre en s'approchant pour passer un bras autour de ses épaules afin de l'attirer vers elle. Tu ne te rends pas encore compte.

- Je pense que c'est l'euphorie de la journée d'aujourd'hui, ça vient de retomber... et aussi je suis soulagée de l'avoir dit à presque tout le monde, continue la brune. Mine de rien, ça me rendait anxieuse.

Elle dépose sa tête contre l'épaule de Pierre qui l'enlace un peu plus. Ses lèvres se déposent une nouvelle fois sur le sommet de son crâne. Le couple reste de longues minutes dans la cuisine dans un silence apaisant, Isis ne souhaite pas briser ce petit moment d'affection traduit par cette simple étreinte. Elle se détend si bien qu'un bâillement s'échappe de ses lèvres.

- C'est l'heure d'aller dodo, soulève Pierre.

- Je voulais regarder un film avec les autres, il n'est que vingt-et-une heures... c'est injuste que je doive aller me coucher et pas eux, dit-elle en croisant ses bras sur sa poitrine signe qu'elle est d'humeur boudeuse.

Pierre n'est absolument pas déstabilisé par sa petite moue, cela le fait même sourire d'amusement. Il trouve la brune parfaitement adorable et il ne peut s'empêcher de venir venir pincer ses deux petites joues en rajoutant :

- Tes cousins n'ont pas fait six heures de route et ils n'ont pas deux bébés dans le bidou.

- D'accord je vais aller dodo, concède la brune. Mais, tu viens avec moi.

Pierre fait une drôle de tête qui n'échappe pas à Isis, elle donne un petit coup sur son torse en le rouspétant :

- T'as peut-être pas un utérus mais toi aussi t'as fait six heures de route.

- Touché, lâche-t-il en se pinçant les lèvres avec amusement.

- Touché coulé, corrige Isis. Alors, tu viens ?

La dernière partie de sa phrase est un murmure auquel Pierre ne peut résister. Il s'empresse d'acquiescer en déposant ses lèvres sur la joue de Isis qui lui offre un sourire. Elle s'extirpe aussitôt de son étreinte pour rejoindre le salon où elle annonce qu'elle monte se coucher avec Pierre. Elle n'oublie pas de leur souhaiter une bonne nuit avant de revenir dans la cuisine où Pierre l'attend patiemment.

Le couple rejoint le premier étage où se trouvent les chambres de ses cousins et de leurs parents. La chambre de Isis, quant à elle, se trouve dans le grenier qui a été aménagé. Il faut monter un second escalier dont les marches sont irrégulières et particulièrement hautes pour Joyce qui ne peut pas les monter sans s'abîmer les hanches.

- Il n'est pas question que tu la portes, je peux le faire.

- Je ne comptais pas le faire, rassure la brune en montant l'escalier la première.

Pierre se penche pour porter la golden retriever le temps de monter jusque dans la chambre mansardée. Il ne veut surtout pas que Isis chute ou qu'elle se fasse mal au dos en prenant Joyce dans ses bras.

- Vous êtes trop mignons, s'exclame Isis en les observant.

Pierre lève les yeux au ciel. Une fois qu'il est arrivé en haut, il repose la golden au sol sans oublier de la féliciter. Isis plante un baiser sur sa joue pour le remercier et Pierre se retrouve à sourire comme un idiot. Il n'a pas fait grand chose mais il ne refuse pas les petits gestes d'affection de la brune qui s'éloigne vers leurs affaires.

- J'aurais dû allumer le radiateur électrique avant, constate Pierre en branchant ce dernier.

- Erreur de débutant...

- Ça te servira d'excuse pour dormir collée à moi.

- Pas faux, rit Isis en ouvrant la valise du pilote.

Elle sort un t-shirt appartenant à Pierre ainsi qu'un de ses hoodies de leurs bagages, elle retire ses propres vêtements sans manquer de frissonner à cause de la température faible de la pièce non chauffée depuis plusieurs semaines. Elle jette le short de Pierre dans sa direction pour qu'il puisse se changer, chose qu'il fait sans attendre.

- Putain c'est horrible, gémit Pierre en se glissant dans les draps froids. Allez, fais-vite. Je meurs de froid.

- Finalement, c'est toi qui va venir te coller à moi ? questionne la brune en terminant de tresser ses cheveux.

Pierre ne répond rien, visiblement beaucoup trop fier pour l'avouer. A la place, un sourire discret étire ses lèvres lorsqu'il relève la couverture pour accueillir Isis dans ses bras. Il embrasse tendrement sa joue alors que la brune frictionne légèrement le corps de Pierre pour tenter de le réchauffer un peu plus.

- Pierre, murmure-t-elle en venant poser sa tête sur son torse. Est-ce que je pourrais être ton plan lorsque tu reviendras de Shanghai ?

- Tu me poses vraiment des questions bizarre, toi.

Elle entend sa voix par résonance à travers sa cage thoracique, la sensation est toujours étrange lorsqu'elle se trouve appuyée ainsi.

- Tu n'as pas répondu.

- Parce que les autres soirs je ne le suis pas peut-être ? Promis je rentre du grand-prix, je vais au match et après tout ça, je m'occupe de toi comme une princesse, déclare Pierre en glissant ses doigts sur son ventre. Faut juste m'attendre mais seulement si t'es pas fatiguée, rajoute-t-il.

- Je vais repréciser ma question, est-ce que je peux être ton plan en venant avec toi au match ?

Pierre arque un sourcil dans la direction de la jeune femme. La stupéfaction se lit dans ses yeux bleutés, il est troublé. Bien que son cœur soit submergé de joie et d'excitation par cette demande, il se rappelle soudainement que tout est plus compliqué pour la brune et qu'il ne doit surtout pas se faire de faux espoirs. Son anxiété peut lui faire changer d'avis à tout moment, même au dernier moment.

- Si tu veux bien de moi, rajoute-t-elle d'une petite voix face à l'absence de réaction de Pierre. Je... tu n'es pas obligé d'accepter parce que c'est moi.

- Raconte pas de bêtises, bien sûr que je veux bien de toi. Je veux toujours de toi, souffle Pierre avec un petit sourire. Je m'attendais pas à ça... t'es sûre que tu veux venir ?

- Faut pas trop me poser la question sinon je risque de changer d'avis, explique-t-elle d'une voix frêle. Ça me fait un peu flipper, carrément même, mais j'aimerais bien y aller depuis le temps que tu me parles de ce match. C'est quand même l'Inter contre l'AC, est-ce que tu te rends compte ?

- J'ai l'impression que tu te moques, constate Pierre face à l'imitation de la brune lors de sa derniere phrase.

- Pas du tout !

- Moqueuse et menteuse, je suis servi, raille-t-il.

- Moi aussi, je suis servie avec ta calvitie.

La bouche de Pierre s'entrouve de stupeur. Il ne trouve rien à répondre tellement il est sous le choc. A la place, il éloigne Isis de lui en la repoussant légèrement. Une fois qu'il est libéré de ses bras, il se tourne dans le lit pour lui montrer son dos.

- C'est pas grave d'être dans le déni, tu sais, susurre-t-elle à son oreille en se rapprochant de lui. Tu peux toujours aller en Turquie...

- Vas te faire voir.

- Je t'aime ?

Il ne prend pas la peine de répondre, Isis s'aventure un peu plus près. Ses bras s'enroulent autour du bassin de son mari, elle se colle contre son dos dénudé et elle vient nicher son nez dans le creux de son épaule pour y respirer son odeur suave. Elle sait pertinemment que Pierre ne lui en veut pas. Il n'est pas rancunier, ni même blessé. Il a l'habitude que ses proches le charrie là-dessus.

- Par contre faudra quand même couper un peu, tu commences à ressembler à Robinson Crusoé.

- C'est prévu, rassure Pierre. J'avais la flemme d'y aller entre deux courses...

- Après tu peux garder cette longueur si tu veux, j'aime bien dans tous les cas. C'est juste les contours, faut que ça fasse un peu plus propre surtout au niveau de la barbe, glisse-t-elle en embrassant son omoplate. 

Elle ne peut pas voir Pierre sourire, elle s'apprête à s'éloigner pour se replacer sur son oreiller mais les mains de Pierre s'agrippent aux siennes, l'empêchant de bouger. Elle comprend qu'elle doit rester dans cette position, en entourant le corps du jeune homme de ses bras.

- Je note que c'est toi qui veut des câlins, pas moi.

- J'aime bien être comme ça, avoue Pierre.

Isis comprend qu'il aime bien être dans la position de la petite cuillère, elle ne pensait pas qu'il aimait être étreint ainsi mais il faut croire qu'elle découvre de nouvelles facettes de Pierre tous les jours.

- Profite alors, chuchote-t-elle en glissant ses ongles sur ses abdominaux, ce qui le fait frissonner. Après, j'aurais un bidou trop gros bidou pour les câlins...

- Et pour autre chose, rajoute Pierre.

- Tu vas t'en remettre ?

- Jamais, gémit-il.

- Heureusement que l'un d'entre nous a dit que notre relation ne se résumait pas qu'à du sexe.

Pierre lâche un grognement pour montrer sa frustration ce qui fait rire la brune. Elle embrasse une nouvelle fois sa joue tout en laissant ses doigts glisser le long de ses flancs tout en rajoutant :

- T'inquiètes pas, je suis toujours apte.

Oops pour mon absence

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