quatre-vingt-neuf

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Isis est la première à ouvrir la porte de leur appartement lors de leur retour de Côme, elle maintient cette dernière en position ouverte pour permettre à Pierre d'y rentrer. Il porte la golden retriever qui est emmitouflée dans un plaid, elle reste fatiguée depuis son opération et elle doit se reposer.

- Je la dépose dans notre chambre, lance Pierre en se dirigeant vers le couloir.

Arrivé dans la chambre, il dépose délicatement Joyce sur le lit. Il embrasse son crâne avant de positionner le plaid sur son corps sous les yeux attendris d'Isis qui les observe depuis l'encadrement de la porte. 

- Tu joues toujours le dur à cuire alors qu'en réalité t'es tout le contraire, souffle-t-elle lorsqu'il arrive à sa hauteur pour quémander une étreinte. 

- Arrête de te moquer de moi, soupire Pierre.

Il entoure son corps de ses bras et Isis vient nouer les siens autour de sa nuque. Un petit sourire étire ses lèvres lorsqu'elle embrasse chastement ses lèvres rosées, elle glisse d'une voix mielleuse :

- J'me moque pas de toi, j'aime beaucoup ton côté de mec attentionné.

- C'est vrai ? 

- Très vrai, ça te rend encore plus mignon, avoue-t-elle

Les lèvres de Pierre s'étirent en un large sourire, son cœur bat un peu plus vite face à ce compliment qui ne le laisse pas indifférent. 

- T'es sûre que c'est bien toi ? lance-t-il sur un ton moqueur. J'ai pas l'habitude de recevoir des compliments de ta part.

- C'est les hormones et c'est aussi parce que tu vas me manquer, se justifie Isis alors que ses joues prennent une teinte rosée. J'ai pas eu le temps de profiter de toi comme je le voulais.

- J'suis pas encore parti, tu sais.

Elle effectue une petit moue, elle n'aime pas les longues séparations avec le pilote. Dans la soirée, il partira pour rejoindre Enstone et il y restera du trente-et-un mai au quatre juin avant de décoller en direction du Canada avec son équipe.

- Allez, chat. T'as encore toute l'après-midi avec moi, encourage Pierre en embrassant sa joue.

Elle parvient à esquisser un faible sourire qu'elle perd bien vite lorsqu'elle se retrouve assise sur leur lit en début de soirée. Ses lèvres sont pincées alors qu'elle caresse la golden retriever allongée à ses côtés. Pierre est en train de préparer sa valise sous le regards attentifs des deux filles.

Isis veille à ce que le pilote n'oublie rien. Il a cette fâcheuse habitude de préparer sa valise à la dernière minute, c'est à dire trente minutes avant de partir pour l'aéroport. Elle s'agace en le voyant mettre ses vêtements en boule dans sa valise et elle finit par craquer alors qu'il s'apprête à froisser l'une de ses chemises :

- Tiens passe moi ta chemise et ton polo aussi...

Pierre s'effectue et la brune prend le soin de plier les deux vêtements sur le lit avant de faire à signe a son compagnon qu'il peut maintenant les ranger.

- T'as pas vu mon jean ?

- Lequel ?

- Le bleu marine, celui qu'on a acheté ensemble à Melbourne, précise Pierre en ayant le nez dans sa valise. Impossible de le trouver dans le dressing, est-ce que tu l'as mis à laver ?

- J'ai pas fait de machine.

- Alors, tu l'as vu ?

Elle se pince les lèvres en baissant les yeux sur le vêtement qu'elle porte sur elle. Face à son absence de réponse, Pierre suit son regard et il lâche :

- Ah, ça vole mes jeans maintenant.

- Je voulais mettre un jean et je peux mettre que des tailles basses avec mon bidou sauf que j'en ai pas alors...

- Tu t'es décidée de voler le mien, complète Pierre.

- Je l'ai emprunté à l'homme de ma vie.

- Tu essayes de m'amadouer par des surnoms.

- Et ça marche ? s'enquiert la brune en arquant un sourcil dans sa direction.

Pierre se relève en levant les yeux au ciel, un sourire amusé étire ses lèvres avant qu'il ne s'approche de la plus jeune. Il s'assoit à ses côtés sur le bord du lit, ses grandes mains viennent encadrer le visage d'Isis. Il dépose un baiser sur le bout de son nez en avouant :

- Ça marche plutôt bien, tu sais que je suis un homme faible face à toi.

- Merci de me le laisser, souffle-t-elle en embrassant à son tour son nez. Allez, te déconcentre pas, faut terminer ta valise sinon tu vas rater ton avion.

- T'aimerais bien que je le rate pour que je puisse rester avec toi, hein ?

Elle le repousse légèrement puis elle lui tend les vêtements qu'elle vient de plier soigneusement. Pierre se résigne à continuer de remplir sa valise alors que la brune consulte son téléphone.

- Tu devrais prendre des vestes imperméables et un peu plus chaudes. Il risque de pleuvoir d'après la météo, soulève-t-elle.

- C'est vrai ? s'enquiert Pierre en relevant la tête dans sa direction.

- Tiens regarde.

Elle lui tend son téléphone comme pour lui prouver qu'elle ne ment pas. Pierre paraît ravi de cette information, lui qui préfère conduire sur un terrain humide où ses qualités de pilotage peuvent compenser le fait que sa voiture est bien inférieure aux autres monoplaces.

- T'as oublié ta switch, chuchote-t-elle en lui tendant sa console. Ça serait dommage que tu t'ennuies pendant le vol pour aller à Montréal.

- Retourne le couteau dans la plaie.

- Mardi prochain, je suis avec toi.

- C'est long, en plus je vais rater ta fashion week, gémit Pierre. Et je rate le rendez-vous chez la gynéco.

- Je pensais que t'étais content de rater le rendez-vous, tu m'as même dit que c'était bien car tu seras au Canada, lance Isis en le citant.

- J'étais con à l'époque.

- C'était il y a deux semaines, rit la brune.

- J'étais con, c'est ce que j'ai dit.

Il referme sa valise qu'il vient de terminer avant de s'asseoir près d'Isis sur le bord du lit. Il replace une mèche rebelle derrière son oreille et il embrasse sa joue en ajoutant :

- Tu m'appelleras, hein ?

- Évidemment, doudou. J'peux pas rester douze jours sans te parler.

Un sourire niais étire les lèvres de Pierre, il vient pincer les joues de la brune tout en frottant son nez contre le sien pour lui dire au revoir. Le lundi, alors qu'il est toujours à Enstone, attendant le départ de son vol pour le Canada qui a lieu le lendemain matin, Pierre appelle la brune. Il a besoin de parler.

- J'ai vu l'annonce, soulève-t-elle. C'est pour ça qu'ils t'ont fait venir autant de temps à Enstone ?

Il acquiesce.

- C'est vraiment des cons d'annoncer ça avant le grand-prix, ajoute Isis. Pauvre Esteban...

- Le pire, c'est que la décision a été prise depuis plusieurs semaines... révèle Pierre. Il aurait pu attendre que l'accident à Monaco se tasse un peu, maintenant tout le monde va croire que c'est pour ça qu'ils ne l'ont pas prolongé.

- Un timing, t'as peur.

- C'est Alpine. L'histoire avec Piastri c'était déjà spécial mais depuis que je suis dans cette équipe, je vois des dingueries tous les jours. Je viens d'apprendre qu'il y a des gps dans nos voitures et qu'on nous suit, dit Pierre avec un rire nerveux.

- C'est quoi cette histoire ?

- Nos voitures de fonction, les A110. Celle qu'on a Milan et celle que j'ai quand j'arrive en Angleterre, précise Pierre. La voiture d'Este a été suivie, il est resté plus de cinq heures sur le parking de Williams, c'est à environ une heure d'Enstone et c'est comme ça qu'ils ont su.

- Comment t'as appris ça ? s'exclame Isis bouche-bée.

- Un ancien ingé vient de faire une déclaration, Marcin Budkowski... j'arrive pas à prononcer son nom mais on s'en fou.

Isis est incapable de répondre, elle est consternée en comprenant que les deux pilotes sont suivis sans en être informé ou peut-être que cela a été dit sans que les jeunes hommes aient relevé l'importance de ses paroles en étant noyés dans les informations lors de leur arrivée dans cette écurie.

- J'vais éviter les clubs échangistes, maintenant qu'on sait où je me rends, lance Pierre.

- P'tit con, dis que t'es pas satisfait aussi.

- J'aime quand tu montres les crocs.

- C'est pas ce que tu dis quand je te mords, tu râles tout le temps.

- Je râle qu'avec les gens que j'aime, rétorque-t-il.

- Je préfère entendre ça, souffle-t-elle avec un petit sourire.

Pierre finit par la questionner sur l'état de la golden retriever qui va beaucoup mieux. Elle a repris des forces et elle n'a plus aucun effet secondaire de l'anesthésie générale, il finit par dire :

- Tu m'appelleras demain après le rendez-vous ?

- J'aurais pas trop le temps, je prends directement l'avion pour aller à la fashion week-end.

- Alors tu m'appelles quand tu atterris à Capri, hein ?

- Bien sûr, chuchote-t-elle.

- Et surtout fais attention à toi là-bas. Il y a beaucoup de préparatifs mais vas-y tranquille, supplie Pierre. Ne fais pas tout toute seule, je sais que t'as du mal avec la délégation des tâches mais il y a aussi votre équipe qui sera présente pour tout installer, pour tout préparer et pour que tout soit parfait. Tu n'es plus toute seule dans ton enveloppe charnelle et la gynéco a bien assisté dessus, ok ?

- Je sais.

- De toute façon, j'ai vu avec Simon, avoue le pilote français.

- Pierre !

- J'ai rien dit !

- Tu l'as dit ! s'exclame-t-elle en se redressant sur son lit. T'es pas possible, occupe toi de tes fesses.

- C'est toi qui t'occupes de mes fesses, dit-il avec un sourire malicieux. Désolé chat mais Simon était d'accord avec moi.

Elle lâche un petit cri de frustration, elle est agacée puisqu'elle sait que Pierre a parfaitement raison et elle ne peut pas lui reprocher le fait de s'inquiéter pour elle, pour eux.

- Tu me pardonnes ?

- C'est bien parce que j'aime bien tes fesses, avoue-t-elle.

- Je savais que tu ne pouvais pas me résister !

- Je t'aime aussi, Pierre.

Il sourit avant de lui souhaiter une bonne nuit. En atterrissant à Montréal le mardi, Pierre part faire une séance de sport pour résister au décalage horaire avec Ben. Après une bonne douche, Pierre rejoint ses parents au bar de leur hôtel pour prendre un bon café. Il ne veut pas s'endormir en milieu d'après-midi et doit à tout prix rester actif pour s'habituer au décalage horaire. Alors que ses parents discutent, le jeune homme les écoute distraitement. Il ne fait que surveiller son téléphone portable, attendant l'appel de sa brune qui aurait du avoir lieu depuis longtemps désormais.

- Son avion a peut-être du retard, souligne sa mère en le voyant inquiet.

- Non, elle a atterri il y a trois heures, contredit Pierre. J'ai tracé son vol. 

- Laisse lui le temps de se poser à l'hôtel... et je suis sur qu'elle a du aller sur le site du show, la connaissant elle n'a pas pu résisté à l'idée d'aller jeter un coup d'œil, rassure son père.

- C'est vrai mais je vais quand même l'appeler, lâche Pierre en se levant pour sortir vers la terrasse extérieure.

Ses parents ne le retiennent pas en voyant que ce dernier a besoin d'être rassuré, ils observent leur fils s'éloigner tout en composant cherchant son contact dans la liste de son téléphone. Les sonneries se succèdent et Isis finit par décrocher sans toutefois accepter sa demande d'appel vidéo.

- Dis donc tu ne peux plus te passer de moi ! lance Isis.

- T'as dit que tu m'appelais avant quinze heures...

- Il est... ah oui déjà vingt-trois heures ici donc dix-sept heures pour toi, réalise la brune. Mince désolée, je n'ai pas vu le temps passé. Je me suis installée à l'hôtel et après j'étais en train de... 

Elle s'arrête subitement.

- En train de ? 

- Rien, pas grand chose d'intéressant.

Pierre se pince les lèvres, il suspecte quelque chose qu'elle ne veut pas avouer à l'entente de sa voix inhabituellement aigue. Cependant il ne dit rien, il ne veut pas la brusquer. A la place, il la questionne sur le rendez-vous médical qu'elle a eu avec la gynécologue avant de prendre l'avion.

- Alors, comment vont nos crevettes ?

- Bien, dit-elle brièvement.

- Bien, bien ou bien bien ? 

- Bien, répète Isis.

- C'est tout ce qu'elle t'a dit ?

La brune ne répond pas sans doute parce qu'elle hoche la tête, Pierre ne peut pas savoir et il trouve qu'elle n'est pas très bavarde. Elle est sans doute fatiguée ou occupée à faire autre chose, Pierre ne veut pas la déranger plus longtemps en voyant bien qu'elle n'est pas réceptive et qu'elle n'est pas ouverte à la discussion.

- J'ai l'impression que je te dérange, on se rappellera demain si ça te va, propose-t-il en ne souhaitant pas à s'imposer.

- Non, je... maintenant c'est bien, bredouille-t-elle. C'est juste que... j'ai une tension élevée.

Pierre se pince les lèvres, il finit par s'assoit sur un fauteuil disposé sur le rooftop de son hôtel. Son cœur palpite fort dans sa poitrine lorsqu'il questionne :

- Combien ?

- 16/9, c'est beaucoup mais je suis stressée. La gynéco préfère me mettre en arrêt mais je... j'ai dit que je le ferai après le fashion week.

- Est-ce que tu vas vraiment respecter ce qu'elle t'a dit ?

- Oui, murmure-t-elle d'une voix tremblante. C'est de l'hypertension gravidique, ça va continuer d'augmenter, je dois faire un suivi de ma pression artérielle à la maison avec un tensiomètre... le truc c'est que ça me stresse encore plus, je fais que regarder l'appareil. J'ose pas trop me lever car quand je suis allongée sur le côté c'est la position où ma tension est la plus bassse.

- Chat, t'aurais du m'appeler en sortant, je... je suis tellement désolé de ne pas être avec toi.

- Je voulais même pas t'en parler avant ton week-end, dit-elle d'une voix étranglée. Je voulais attendre que tu sois rentré mais ça me stresse même si mon cycle tensionnel au repos et les résultats de la dernière protéinurie sont bons...

- Si c'est bon, il n'y a pas besoin de s'inquiéter, tente de la rassurer Pierre.

- Elle a fait une écho et elle a... elle.... elle a dit que le poids d'un des bébés est inférieur au premier percentile. Elle a pas semblé inquiète, elle m'a aussi donné un traitement anti hypertenseur. Elle m'a dit de revenir dans 10 jours et de faire ma vie normalement mais j'sais pas, j'ai peur qu'il se passe un truc, dit-elle d'une traite. Je pense qu'à ma tension et je... j'ai un bébé qui grandit en ne suivant plus les courbes de poids, articule-t-elle avant d'éclater en de violents sanglots.

Elle commence à pleurer dans le combiné. Elle se laisse retomber sur son oreiller en enfouissant son nez contre celui-ci pour tenter d'étouffer ses sanglots, qui viennent briser le cœur du pilote.

Pierre se sent tellement impuissant.

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