huit
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Bonne lecture !
Pierre est resté jusqu'à la fin de la soirée, il a préparé un repas tandis que Isis prenait une douche. Elle a été un peu déçue par son départ avant minuit, mais elle ne l'a pas montré. Elle aurait pensé qu'il serait restée pour la nuit après être resté dans son lit toute l'après-midi.
Il faut dire qu'elle aurait aimé qu'il reste.
La dernière nuit où ils étaient rentrés ensemble avait été une de ses meilleures. Isis avait bien dormi, sans cauchemars, sans insomnies, seulement son habituel sursaut l'avait réveillée. Elle se sent un peu égoïste de vouloir le retenir lorsqu'il récupère ses affaires après avoir passé toute la soirée à parler avec elle, de tout et de rien.
- Est-ce que tu viendras à l'anniversaire d'Alexis, début décembre ? questionne-t-elle soudainement.
- Je ne suis pas sûr d'être invité, il ne m'en a pas parlé.
- J'ai vu la liste, avoue-t-elle.
Elle se refuse d'avouer que Alexis lui a montré la liste pour qu'elle puisse se préparer à l'événement et surtout aux personnes présentes, qu'elle a pris le soin de dénombrer avec attention.
- Tu viendras ? rétorque-t-il.
- Je ne sors pas vraiment, se doit de rappeler Isis.
- Mais tu viendras.
Son regard azur est brûlant, tandis qu'il récupère son portable sur la table de la cuisine. Il observe un court instant les nombreux messages venus s'échouer sur son écran en se pinçant les lèvres avant de soupirer. Il n'a pas envie de partir, il a eu l'impression que le temps s'était arrêté durant cette journée passée ici. Pourtant il doit. Il a une saison à terminer. Un dernier grand-prix à effectuer.
- J'espère que tu viendras, se corrige Pierre. Sinon, j'ai peur de m'ennuyer.
Isis acquiesce, sans toutefois promettre. Elle observe le pilote s'approcher d'elle, appuyée contre le plan de travail. Il paraît hésitant dans la manière de l'aborder et il se résigne à déposer un baiser sur sa joue rosée.
Sa barbe vient piquer la peau de son visage et Isis trouve cette sensation agréable. Elle est prise d'un vide incommensurable lorsqu'il s'éloigne pour de bon. Ils s'offrent un dernier sourire, un dernier regard avant que Pierre ne quitte cet appartement.
Deux semaines plus tard, Isis se trouve dans les toilettes de ce restaurant. Elle se change à l'abri des regards, quittant ses vêtements noirs pour revêtir une robe bleutée maintenant qu'elle a regagné l'intérieur du bâtiment, en toute discrétion.
Elle doit désormais passer la porte menant à la salle où se déroule la fête. Isis n'aime pas les soirées, elle ne les aime plus malgré que Alexis ait tout mis en œuvre pour qu'elle se sente à sa place. La petite salle n'est pas bien grande, il n'y a qu'une seule fenêtre, minuscule. Elle est loin d'être menaçante, seules des lumières tamisées éclairent la pièce où la petite douzaine d'invités est attablée.
Isis est restée allongée dans son lit durant une demi-heure en essayant de se convaincre de venir. La voici, en retard. Elle a repoussé le moment de sa venue durant une grande partie de l'après-midi, ne se préparant qu'à la toute dernière minutes.
Tous sont déjà présents.
Isis avance avec timidité dans la pièce, elle ne connaît que très peu de monde. Seulement deux ou trois personnes qui la scrutent comme une parfaite étrangère, une once de pitié traînant au fond de leur regard. Elle aurait préféré ne connaître personne, elle n'aime pas leurs regards consternés où elle ne peut lire que de la pitié.
Elle tente de les ignorer.
Ses yeux balayent la pièce à la recherche d'une chaise libre. Elle est soulagée que Alexis n'en ait pas gardée une près de lui. Elle ne veut pas gâcher sa soirée d'anniversaire en étant rongée par ses mauvais pressentiments. Elle ne veut pas qu'il puisse s'inquiéter lorsqu'elle se laissera bouffer par son anxiété.
Seul un regard azur attire son attention, Pierre désigne simplement la dernière chaise libre à côté de la sienne. Isis s'approche aussitôt du jeune homme dont le visage s'est illuminé depuis qu'elle est rentrée dans la pièce.
Il détaille sa tenue bleutée tandis qu'elle s'approche sur ses hauts talons, elle est habillée d'une robe bleu royal. Une veste de tailleur noire complète sa tenue, elle vient recouvrir ses épaules et Pierre ne peut s'empêcher de la trouver ravissante.
- Tu m'as gardée une place, murmure-t-elle reconnaissante. Et si je n'étais pas venue ?
- Elle serait restée vacante et moi, j'aurais été un peu déçu.
Isis lui adresse un sourire en s'installant à ses côtés, elle ne semble pas se renfrogner et Pierre en est soulagé. Elle n'oublie pas de déposer son sac à ses pieds, son regard se porte sur les personnes assises autour de la table.
Elle se sent étrangère. Il y a certaines personnes qu'elle ne connaît pas, excepté les jeunes hommes accompagnant Pierre, qu'elle a déjà vu auparavant, mais elle ne peut se souvenir de leur non. Elle ne connaît que les deux jeunes femmes venant de son école si ses souvenirs sont exacts.
Elle se sent mal à l'aise en constatant qu'Alexis ne parle pas vraiment de lui. Il ne parle plus des nouvelles amitiés qu'il forge au cours des années et Isis s'en veut. Elle aimerait savoir, elle aurait dû s'y intéresser si bien qu'elle n'a plus l'impression de connaître son meilleur ami comme elle le devrait.
- Tu connais tout le monde ?
Cette question s'échappe de ses lèvres, elle sent son anxiété monter d'un cran. Elle se méfie instinctivement de tous ces gens l'entourant.
- Presque, souffle Pierre en parcourant du regard la table. Sauf les deux filles à droite.
- Elles étaient dans mon école de commerce et dans mon lycée, avoue Isis.
Volontairement, elle ne s'attarde pas plus longtemps sur ce sujet. Elle se tourne vers Pierre qui laisse échapper un sifflement admiratif de ses lèvres et Isis rétorque :
- Qu'est-ce que j'ai dit ?
- Excusez-moi, madame a fait une école de commerce.
- Je n'ai même pas terminé la première année, pas besoin de s'enflammer.
Un rire s'échappe mutuellement de leurs lèvres et pour la première fois depuis longtemps, Isis arrive à plaisanter de son échec scolaire cuisant. Chose qu'elle ne peut jamais faire en la présence de ses parents, elle ne s'arrête plus de rire. Elle dédramatise sa situation qu'elle a mis des années à accepter.
Elle remarque bien tardivement que Pierre s'est arrêté de rire et que son regard bleuté s'est posé sur elle, avec un sourire bienveillant. Il l'observe avec attention, il détaille chaque trait de son visage et ses mots s'échappent de ses lèvres :
- Ça te va bien le bleu.
- Il paraît que c'est une couleur pour symboliser la sérénité et la confiance, murmure-t-elle.
- T'y crois ?
Son regard azur s'ancre dans le sien, Isis se sent défaillir face à l'intensité luisant dans ses iris. Bien sûr qu'elle y croit, il suffit qu'elle se perde dans un océan azur qui ne transmet qu'une bienveillance inégalable. Elle n'a pas besoin de plus pour confirmer cette signification. Elle perd les mots, elle se contente d'acquiescer d'un petit mouvement de la tête avant de détourner le regard.
Pierre ne la quitte pas des yeux pour autant, il constate que ses traits sont moins marqués. Elle est, sans aucun doute, plus reposée que la dernière fois qu'ils se sont vus. Il ne peut s'empêcher de s'inquiéter en constatant que son genou tremble toujours autant, peut-être qu'il la met mal à l'aise sans le vouloir.
Sa main s'empresse de se poser sur son genou, sous la nappe de la table et il attend quelques secondes que la brune le repousse. Elle n'en fait rien. Il est même surpris lorsqu'elle pose sa main sur la sienne, liant ses doigts aux siens. Elle le remercie silencieusement d'être présent alors qu'elle est submergée par les discussions autour d'eux, qu'elle ne parvient pas à suivre.
Tout va bien trop vite.
Tout cela dépasse sa limite.
Pierre remarque qu'elle n'interfère dans aucune conversation, elle se contente simplement d'écouter, ou du moins elle essaye. Elle est perturbée par les regards des deux jeunes femmes sur elles et ses épaules se soulagent quand tout le monde quitte la table pour aller danser.
- Pierre !
Ce dernier se détache à regrets de la brune, elle l'observe s'éloigner. Elle croise son regard navré tandis qu'il rejoint l'un de ses amis, ne pouvant résister à cet appel.
Isis observe les gens discuter, sans vraiment y prendre part et si Jade aurait pu se libérer, elle serait sûre que sa soirée se serait mieux dérouler. Elle n'aurait pas besoin d'observer, elle n'aurait pas besoin de vouloir disparaître et quand Pierre finit par se libérer de l'emprise d'une de ses connaissances de lycée.
- Je crois que tu plais à Garance.
- J'avais remarqué, souffle-t-il.
- C'était une fille gentille dans mes souvenirs, souligne Isis.
- Je n'en doute pas.
- Tu pourrais montrer un peu plus d'intérêt, j'ai l'impression qu'elle est à deux doigts de pleurer.
Un rictus amusé étire les lèvres de Pierre tandis que leurs regards se croisent une nouvelle fois, comme depuis le début de cette soirée. Il répond tout bas :
- J'aurais pu mais le problème c'est qu'une certaine Isis à éliminer toutes la concurrence.
- Il se pourrait aussi qu'un certain Pierre ait éliminé toute la concurrence, murmure-t-elle.
Pierre n'a pas le temps de rétorquer, elle s'est déjà levée pour se diriger vers les toilettes. Il comprend que c'était son erreur de choisir un emplacement sur cette table aussi proche d'un endroit où elle peut s'éclipser. Il ne peut s'en vouloir qu'à lui-même malgré qu'un sourire satisfait étire ses lèvres.
bonjour, j'espère que tout le monde va bien !
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