XII - 27 mai 2011, 18h54.
XII - 27 mai 2011, 18h54.
« Et puis après, je peux aussi le lui dire directement, ne pas tourner autour du pot ? Ça peut être assez délicat mais au moins ce sera fait. Roh.. et puis m*rde ! »
Je claquai la porte de l'armoire et stoppai mon monologue. J'essayais de trouver un moyen de dire ce que j'avais à dire à Sath. Je ne l'avais pas vu de la journée puisque je n'étais pas allé en cours, à cause de ce qui s'était passé la veille. J'avais eu mal au ventre toute la nuit. Je n'en avais pas parlé à mon père, craignant qu'il comprît que j'étais en danger. Oui, je mentais encore une fois à mon père, mais je ne voulais pas l'inquiéter pour.. rien ? J'espérais qu'après cette histoire, tout se terminerait.
« Tu vas où ? »
Ça, c'était mon père qui venait de m'apercevoir traverser le couloir, sournoisement, mais pas assez. Je me retournai doucement vers lui et commençai à bredouiller une excuse improvisée :
« Bah.. y'a Marie qui voulait que je l'aide à.. euh..
- Nathan, je ne suis pas idiot. Je vois bien que tu grandis et que tu as besoin de sortir avec tes amis. Je peux très bien comprendre que tu veux t'amuser, mais s'il te plaît, dis-le moi.
- Excuse-moi, commençai-je, je pensais que tu ne voudrais pas que je sorte à cette heure-ci.
- Tu n'as plus dix ans, et il n'est que 19 heures. Je suppose que tu ne manges pas ici alors ?
- Tu es d'accord ? demandai-je.
- Bien sûr, rit-il. Amuse-toi bien. Mais ne rentre pas trop tard, hein ?
- Merci ! m'exclamai-je de joie. Tu es le meilleur des pères. »
Je déposai un baiser sur sa joue avant de sortir de la maison. Certes, ma réaction était quelque peu bizarre, mais je ne m'attendais pas du tout à ce qu'il acceptât.
Suite à ce dialogue, je sortis de la maison et marchai durant plusieurs minutes. La fête dans laquelle tout le lycée était invité se passait à dix minutes de chez moi. Je savais où habitait Mehdi car il m'avait ramené une fois, un soir. Nous étions dans la même classe de cinquième et étions délégués de classe. Mon père ne pouvait pas me reprendre ce jour-là alors Mehdi m'avait proposé. Malheureusement, ils avaient eu une urgence chez eux alors ils ont du me ramener devant leur maison et j'avais du rentré tout seul chez moi, à huit heures du matin.
J'arrivai enfin au niveau de la maison de Mehdi. Les lumières étaient allumées et la musique commençait à se faire entendre. Il n'était que 19 heures et des poussières et je sentais déjà que l'ambiance chauffait. J'espérais néanmoins que les événements ne tournassent pas au vinaigre.
J'ouvris la portière qui menait au jardin puis fermai derrière moi. Il n'y avait personne dehors, ils devaient tous être à l'intérieur. Je montai les trois seuls escaliers qui menaient à la porte d'entrée puis toquai à quatre reprises à la porte.
« Mais quel abruti.. m'insultai-je. »
Il n'y avait aucune chance que l'on m'entendît frapper vue la musique qui tambourinait dans -j'imaginais- le salon. J'ouvris par conséquent la porte et entrai par moi-même. La première personne que j'aperçus fut une jeune fille qui était en train de servir de la bière à une dizaine d'autres adolescents qui faisaient la queue. Elle servait la boisson alcoolisée dans des verres en plastique. Chose assez logique dans ce genre de soirée.
Je les contournai et allai en direction de Sath que j'avais aperçu directement vu son look assez "déjanté", comme elle aimait dire.
« Hey Nathan ! Tu n'es pas venu en cours, j'étais toute seule ! se plaignit-elle. Ça va ? Tu n'es pas malade ?
- Non non.. ça va mieux, essayai-je de lui répondre en souriant.
- Il y a quelque chose qui ne va pas ? »
Elle arrêta de se déhancher au rythme de la musique pour m'écouter plus attentivement. Malgré le fait que le son était fort, nous arrivions quand même à nous entendre.
« Je dois te parler d'un truc.. commençai-je. Ce n'est pas très..
- Qu'est-ce qu'il y a ? Toi aussi tu me kiffes ? rit-elle, faisant référence évidemment au fait que Tom la dévorait du regard depuis quelques temps. »
Je ris nerveusement avant de regarder autour de nous. J'aperçus quelques adolescents qui commençaient à boire en quantité dans le coin de la pièce tandis que d'autres étaient assis sur le canapé, en train de discuter. Seules quelques personnes dansaient au centre de la pièce tamisée.
« Ne dis pas n'importe quoi. Je veux juste... juste que tu m'expliques après t'avoir expliqué.
- Expliqué quoi ? me questionna-t-elle, arquant un sourcil.
- Des gars sont venus me voir. »
Je m'arrêtai dans mes explications; des images apparaissaient dans ma tête, celles des trois hommes qui me frappaient. J'avais été tellement impuissant et soumis à ce moment ! Je m'en voulais terriblement de ne pas avoir tenté une quelconque feinte. Sath continuait de me regarder, attendant que je donnasse davantage de précision.
« Ils m'ont frappé, commençai-je. Ils étaient venus pour me parler de toi.
- Ils t'ont frappé ? s'écria-t-elle, interloquée. Qu'est-ce qu'ils voulaient ? A quoi ressemblaient-ils ?
- Je n'en ai aucune idée, je n'ai pas fait gaffe. Ils voulaient simplement que je te dise un truc du genre "les prunes doivent être mangées avant qu'elles ne pourrissent", complètement incompréhensible et absurde.
- Oh merde.. paniqua-t-elle.
- Quoi ? Qui sont ces gars ?
- Rien, laisse. Je leur dois quelque chose. Il faut que j'accomplisse ma part du contrat, finit-elle, remontant sa bretelle et commençant à partir.
- Sath ! » Je l'attrapai par le bras et la retournai face à moi. « Quel contrat ? De quoi tu parles ? m'inquiétai-je.
- Reste en dehors de tout ça, vaut mieux pour toi. »
Elle me lança un dernier regard qui me montrait qu'elle était sincère avant de s'extirper de ma pression sur son bras et partir. Au même moment, une fille vint me demander à l'oreille où allait Sath. Je la regardais, ne sachant pas de qui il s'agissait puis partis sans même lui répondre. Je me devais de rejoindre Sath. Je ne pouvais pas la laisser seule avec ces gars et ça allait sûrement être pour moi une façon de montrer que je ne me laissais pas abattre, même après plusieurs coups.
Je sortis de la maison de Mehdi et aperçus Sath marcher en direction de la rue voisine. Je me sentais dans un film d'espionnage. Malheureusement, je jouais le rôle de l'ami un peu trop protecteur qui suivait la petite fille sans défense, bien que celle là savait bien se débrouiller. J'avais vu ses capacités sportives en classe, lorsqu'elle devait se battre contre les autres filles en lutte. Elle savait très bien s'y prendre.
Les minutes passaient et je continuais de la suivre. Le soleil commençait déjà à se coucher et j'essayais tant bien que mal de me cacher, afin que Sath ne m'aperçût pas. Je savais très bien qu'elle refuserait mon aide. Je voulais et j'allais l'aider, quoi qu'il en coûterait.
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