Chapitre 3 : Bousculement
Tant de téléphones qu'on n'en voit pas le bout de cette salle. Je souffle à tout bout de champ.
Mon dieu que c'est long !
Liam est avec moi. Il ne voulait pas que je prenne une "daube" m'a-t-il dit. C'est vrai qu'il s'y connaît beaucoup mieux que moi. Je le laisse donc choisir à ma place, tout en donnant mon avis. Mon esprit n'est pourtant pas trop dans cette salle. À vrai dire, je me demande si l'inconnu arrivera quand même à me retrouver. Peut-être que ce changement le fera partir à tout jamais ? Tyler me manque. Je sais qu'il a mérité que je le quitte. Après avoir reçu ce message un bon matin dans son lit, je ne pouvais pas faire autrement que le quitter. Quand mon téléphone à vibré, je n'ai reçu qu'une photo. J'ai retenu toutes mes larmes en attendant qu'il sorte de la douche. Pour tout dire, ma colère n'était pas belle à voir.
- Enola ? Celui-ci?
- Excusez-moi, oui parfait.
- Alors parfait, on vous prend celui-ci.
Je laisse Liam voir les papiers avec la vendeuse pendant que je regarde par la vitrine les passants. Je suis peut-être à cet instant surveillé pas mon inconnu. À présent, je sais qu'il ne pourra plus m'envoyer de message. C'est un soulagement pour moi. J'ai changé l'intégralité de mon téléphone, donc je n'aurai plus de problèmes avec lui. Mes yeux glissent le long de la vitrine, regardant les gouttes couler jusqu'à atterrir au sol. Soudain, mon regard se fixe au loin. Cette silhouette reste figée. Il m'observe au loin, sans pour autant bouger. Pourquoi me regarder et ne pas venir me voir pour m'expliquer ce qu'il a à me dire ? Un souvenir me vient alors en tête.
"- Est-ce que ceci te donne des frissons ?
Tyler m'embrasse tendrement le cou. Ses lèvres chaude me donne une sensation des plus agréable. Sa main gauche descend sur ma peau nue, englobant mon sein gauche. Des milliards de frissons me parcourent le corps. Sa bouche s'ouvre, tandis que ses dents mordillent mon cou. Au tout début avec douceur, puis de plus en plus fort, sans pour autant me faire mal. Il sait à quel point je raffole de ça. Un petit gémissement sort de ma bouche pendant qu'il continue d'embrasser mon cou avec énormément de désir.
- Tyler, dis-je tout bas"
- On y va demoiselle ?
Le cœur battant à cent à l'heure. J'étais tellement concentré sur Tyler au loin, que j'en ai totalement oublié Liam qui réglé les papiers.
- Je t'ai fait peur à ce point ?
- Euh... Non, excuse-moi. On y va ?
Il fronce légèrement les sourcilles, l'air incompris. Nous sortons tranquillement, quand Liam s'aperçoit de la présence de Tyler.
- Que fait-il ici celui-là ?
On se regarde, quand ma main viens se poser sur son bras afin de l'emmener à sa voiture. Je n'ai aucune envie d'un conflit entre eux deux. Je veux l'oublier et ne plus jamais le revoir. Liam l'a jamais vraiment aimé. Alors quand je lui ai expliqué qu'il m'avait trompé, j'ai vu dans son regard une rage monter en lui. Je sais pertinemment qu'il ne veut qu'aucun mal ne m'arrive. Malgré tout, il ne pourra pas toujours me protéger, tout comme l'inconnu. Enfin si on peut appeler ça « protéger ». Liam m'a toujours pris comme une petite sœur, et jamais il n'acceptera qu'on me fasse le moindre mal.
*
Il n'y a qu'à cet instant où je suis moi-même. Au calme. Respirant tranquillement, sereinement. Je n'ai plus à réfléchir, je laisse mes doigts faire le travail. Je laisse mon âme partir au loin de ce monde de fou. Un monde dont je veux m'enfuir. Le crayon sur la feuille blanche. Les traits qui commencent à se dessiner, et les courbes à se former. Une robe courte se dessine petit à petit. De la dentelle se forme en haut du corset, tandis que le bas ne sera qu'en « frou-frou ». Cela fait plus d'une semaine que je n'arrivais plus à dessiner quoi que ce soit. Pourtant, étant mon métier, cela devenait vraiment gênant. Être styliste n'est pas un métier facile, et je dois absolument garder ma place. J'ai mis toute mon énergie pour réussir où j'en suis arrivé aujourd'hui. Tout comme Liam. Nous avons fait une promesse des nôtres plus jeunes âges. Ne jamais baisser les bras, toujours foncer et réussir. Gagner ! Ne jamais perdre. Jamais. Tout fini par payer, il suffit d'attendre, d'être patient et de se battre pour sa place. Aujourd'hui, j'ai gagné contre mon inconnu. Je sais que plus jamais je ne verrai des messages de sa part. Tout ça est fini, pour toujours. Adieu mon inconnu ! Je me lève d'un bond, le sourire aux lèvres, je ramasse tous mes croquis et les mets dans une grande pochette. Je me prépare en vitesse, mais toutefois, avec classe. Après avoir fini par sortir au plus vite de chez-moi. Dans le couloir, les enfants sont assez bouillants. Il est déjà seize heures quarante et je dois vite filer pour attraper mon bus qui passe exactement dans cinq minutes. Mes pas résonnent dans l'escalier. Je descends un étage, deux étages. Quand soudain, sans prêter attention, je bouscule une personne ce qui laisse tous mes croquis s'éparpiller autour de nous.
- Oh, excusez-moi, je n'ai pas fait attention.
Je m'abaisse sans même prendre le temps de regarder la personne. Il faut que je me dépêche, sinon je n'aurai plus qu'à y aller à pied. Cette personne lève le pied voyant qu'il marche sur un de mes croquis.
- Non, ne vous excusez pas. Laissez-moi vous aider.
La voix de cette personne est vraiment grave, mais surtout, très sexy. Je relève avec douceur mon visage pour enfin le découvrir. Tête baissée, il porte une veste en cuir au-dessus d'un sweat noir. Ses mains doivent faire au moins le double des miennes. Je me remets à ramasser quand je l'aperçois lever le visage. Sans prendre le temps de détailler, je me lève, remets mes croquis en place et pars en lui disant un petit merci de passage. Je continue de descendre les escaliers et me précipite vers la sortie quand j'entends une voix au loin :
- Attendez !
Je n'ai pas de temps, il faut à tout prix que j'attrape ce bus. Il me reste quelques mètres à faire quand j'aperçois le bus tourner au bout de la rue. Je me mets à courir le plus vite possible en serrant la pochette pour ne rien perdre. Une nouvelle fois, j'entends :
- Attendez !
Je cours, à bout de souffle, me voilà enfin arrivé dans le bus. Les portes s'ouvrent et je monte sans prendre le temps de me retourner. Je m'installe tranquillement près de la vitrine et expire un bon coup. La pluie tombe toujours autant que ce matin et je regarde toujours les passants derrière cette vitre. Mais cette fois, mon regard ne s'arrête pas sur Tyler. Non. Il s'arrête sur cet homme à la veste en cuir ainsi que de son sweat noir. Cependant, je peux enfin le détailler. Un regard marron tellement foncé qu'on pourrait hésiter à dire qu'ils sont noirs. Complètement ensorcelant. Il a une barbe de quelques jours qui lui convient à la perfection. Une sensation que je reconnais se passe en moi, comme si j'étais gêné. Pourquoi m'a-t-il interpellé ? Il m'observe, comme je le fais actuellement quand le bus démarre et part au loin. Une seule question me vient en tête :
Qui est-il ?
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