L'inconnu

- Il faut que je fasse quelque chose ! Ça ne peut pas se passer ainsi !!! Toute ma vie, j'ai cessé d'y renoncer ! Cette fille est pire qu'une drogue, elle est ma raison de vivre. Elle est celle que j'aime, celle que je désire, celle qui fait vibrer mon cœur à chaque fois que je la vois.

Mon passé est loin d'être jolie. Un père qui détestait ma "nature". C'était un homme sans cœur, un homme qui ne m'aimait pas pour ce que j'étais. Ma mère, une très belle femme, avec un cœur énorme. Elle est tout ce que j'ai de plus beau dans ce monde totalement dévasté par ces monstres. Son amour est d'une sincérité légendaire. Cependant, elle ne pouvait pas toujours me protéger, ni se protéger. Les blessures à son visage, à ses bras, à ses jambes, son corps tout entier, me prouve à chaque instant que cette femme est une personne avec une force inimaginable. Toute cette douleur ne devait en aucun cas venir jusqu'à elle.

- Cette fille me monte à la tête ! Je l'aime et pourtant, elle ne voit pas a qu'elle point chaque homme avec qui elle se met la font souffrir !

La souffrance de mon enfance je la garderai jusqu'à la fin de mes jours. Cet homme violent, sans aucun respect pour la femme qui l'aimait. Parfois quand j'entendais les cris de ma mère, je me faufiler sous mon lit d'une place. La peluche à la main et la voix de ma mère me dire :
"- Chuuuut, tout va bien. Ne pleure pas pour moi, je vais bien. Viens dans mes bras, vient là."
Sa main qui montait et descendait dans mon dos, avec sa voix toujours rassurante. J'aurai dû la défendre à chaque instant. J'aurai dû lui dire de partir, de quitter la vie de l'homme qui n'avait aucun cœur pour elle. Un homme qui ne méritait pas d'avoir son cœur entre les mains. Un homme infidèle avec la femme qui le nourri, qui l'aime, et qui vit avec.

- Pourquoi ne m'écoute-t-elle pas ? Je l'ai toujours mis en garde ! Toujours. Ces hommes qui ne mériteront jamais son cœur. Je suis la seule personne qui peut l'aimer et la combler. Un jour, je me montrerai à elle... Ce jour-là, elle m'aimera. Elle comprendra. Elle comprendra que je lui ai jamais voulu du mal. Je l'aime. Il faut que je lui dise... Je vais aller la voir. Je vais aller la voir, oui ! Je vais tout lui dire, je vais tout lui dire et elle m'aimera.

Ma mère m'a toujours dit de ne jamais m'inquiéter pour elle, pourtant jamais je n'aurai dû la laisser tomber. Lorsque j'étais à la maison, mon père venait seulement pour m'engueuler. Je n'ai jamais eu de compliment ni même d'amour venant de sa part. Il ne m'a jamais aimé. Il me regarde toujours de travers comme si j'étais le diable en personne. Mais je sais une chose, le diable, ce n'est pas moi, mais lui. Lors de mes dix-huit, j'ai dit à ma mère de partir de son emprise. Je lui ai dit qu'elle méritait beaucoup mieux que ça et qu'on devait partir ensemble et lâcher ce monstre une bonne fois pour toute. Je me rappelle de son visage comme si c'était hier. Elle était terrifiée. Morte de peur qu'il se fâche, qu'il la retrouve et qu'il la tape comme toujours. Après quelques jours, j'ai réussi à la convaincre qu'elle devait venir avec moi. Je lui ai aussi dit qu'il ne nous retrouverait jamais. Nous avons fait nos valises et nous sommes partis ensemble, le cœur léger. Depuis ce jour, je n'ai plus revu cet homme. Ce monstre qui hantait chacun de mes jours.   

  Je mets tellement de temps à arriver jusqu'à chez elle. Le bus est tellement long. Mon sang bouillonne dans mes veines. Mon cœur tambourine. Je l'aime, je le sais depuis le début. La chaleur me monte aux joues. Je me rappelle de chaque parcelle de son visage. De son magnifique visage. Ses yeux verts avec une pointe de jaune... Ses cheveux, ses mains, sa peau... Je me rappelle de son parfum qui envahit chacune des pièces après son passage. Elle est si magnifique, si parfaite. Il faut que je lui dise que je veux qu'elle soit à moi. Je veux lui dire qu'elle n'aura jamais mal avec moi, que nous pouvons partir, vivre, voyager ensemble, main dans la main.

Ma mère avait enfin pu reprendre une vie correctement. Elle est devenue rayonnante, pleine de vie. De mon côté, j'ai eu beaucoup de mal à avoir des amis. Je m'étais tellement isolé afin que les gens ne voies pas toutes les marques que j'avais eu à cause de mon père. Les marques que j'avais sur mes bras, sur mon ventre, dans mon dos... Toutes ces marques sont parties depuis bien longtemps. Elles ne sont plus visibles. Cependant, pour moi, elles sont toujours présentes. Dans mon cœur...

Le bus s'arrête enfin. Le trajet était si long. Je meurs d'impatience de la voir. Lui dire tout ce que j'ai sur le cœur. Tout l'amour que je lui porte. Je marche vers chez elle à une vitesse folle. J'aperçois la porte de son immeuble, m'arrête une petite seconde. Ma respiration est totalement saccadée, je me concentre, et me mets à fermer les yeux et respirer calmement, doucement, et de plus en plus tranquillement. Un bruit me fait ouvrir les yeux à toute vitesse. La porte s'ouvre et je me précipite afin de me cacher. Enola ! Elle est là, tellement proche de moi. Soudain, les battements de mon cœur s'arrêtent. Rayan ? Mais, mais... Que fait-il avec... ? Ses lèvres se posent sur les siennes avec tellement d'amour. Comment peut-elle me faire ça ? Je lui avais dit qu'elle ne devait pas aller avec lui ! Ce n'est pas un homme bien. Je l'entends à peine parler, mais j'arrive à lire sur ses lèvres. Mes yeux grossissent de rage. Elle vient de lui affirmer qu'elle l'aimait ! Mon monde tout entier s'effondre, comment peut-elle me faire ça !

*

Ma rage est immense. Je ne dors plus la nuit. Je dois trouver quelque chose afin qu'elle puisse le quitter et ne plus le revoir. Il faut qu'elle me revienne !!! Je me lève d'un bond et repars à son appartement. Il faut que je lui prouve que ce n'est pas un homme pour elle. Après avoir pris le bus, je décide d'attendre devant qu'il arrive. Je pense qu'il ne devrait plus tarder. Soudain, je le vois sortir en compagnie d'Enola. Son visage est rayonnant. Comment peut-il la rendre heureuse ainsi ? Ils s'embrassent une nouvelle fois puis finissent par se lâcher. Enola rentre dans l'appartement tandis que Rayan part travailler. Sur mes gardes, je le suis. J'espère trouver une faille dans sa beauté et gentillesse pour montrer le véritable visage de Rayan à Enola.

*

Les jours ont passé, j'ai fait la même chose chaque jour durant une semaine. Ils ont l'air de s'aimer de plus en plus et Rayan ne montre aucun signe de tromperie. Je ne sais que faire. Aujourd'hui je le suis dans la rue, sauf que cette fois-ci, il part dans une autre direction que son travail. Mais où va-t-il ? Je le suis tel un chat. Je sors mon téléphone attendant la faille. Son visage est rempli d'incompréhension à l'approche d'une personne. J'active l'appareil photo sur mon téléphone et le prends en photo tandis qu'il sourit. J'observe la scène sans vraiment comprendre. Son sourire est loin d'être vrai. Il hurle sur la personne qui se tient devant lui. Je n'arrive pas à distinguer la personne qui lui parle. Toujours mon téléphone les fixant en attendant. Soudain, cette femme l'embrasse à pleine bouche. Je prends plusieurs photos et ne bouge plus d'un poil. Je savais qu'il était loin d'être bon. La scène qui se passe sous mes yeux me surprend. Rayan pousse cette femme et lui dit de ne jamais revenir. Tout à coup, j'aperçois Pauline. Oui ! C'est Pauline !!! Je cours dans la direction opposé et part loin d'elle. Au bout d'un certain temps, je m'arrête et attrape une nouvelle fois mon téléphone. Les photos défilent sous mes doigts et les photos s'envoient. Enola ne doit pas être avec lui ! Elle est à moi !

- Elle est à moi !!!