Chapitre 4 : Eletrochoc (Partie II)
Dust se replia sur lui-même pendant trois jours, convaincu que le monde entier était contre lui. Il se persuada qu'il avait été séparé de son petit frère délibérément et songea même à la complicité de ses codétenus. Ces derniers furent d'une part soulagés pendant les heures de labeur, le poussiéreux s'étant relativement calmé, mais d'autre part inquiets. Red par exemple dormit peu de peur d'être étouffé pendant son sommeil et ce malgré la présence d'Horror qui veillait au grain. En effet, malgré le silence de Dust, ils n'étaient pas à l'abri d'une pulsion meurtrière.
Pendant ce temps Color savourait ces jours paisibles sans regard en croix ou remarques acerbes de la part de son protégé. Il n'eut qu'à le reprendre de temps à autre lorsqu'il abandonnait son poste pour marmonner dans sa barbe contre une paroi. Dust avait perdu en concentration mais cela ne l'empêchait pas de réfléchir intensément. Lorsque personne ne l'épiait il passait son temps à s'imaginer mille et un scénarios, cherchant à expliquer le départ précipité de son frère. L'on pouvait dire qu'il était paranoïaque et plus que de coutume ! Ses hypothèses étaient globalement des plus farfelues et dès qu'il le pouvait, le poussiéreux démêlait le vrai du faux en fonction des rares moyens disposés.
Et puis l'une d'elle s'avéra au dépend d'un camarade totalement insouciant des plans du poussiéreux.
- Bordel !
Red n'avait cessé de geindre en ce jour. Son côté sanguin le poussa à jeter sa pioche par terre. Horror soupira.
- Tu veux bien nous dire ce qui te tracasse ?
- Cette roche ne daigne pas se décrocher, ça fait trente putains de minutes que j'y suis dessus !
- Laisse tomber et change de paroi, lui répondit l'autre en haussant les épaules.
- Faut bien que cela soit fait et quelqu'un le fasse ! Grogna l'ex guerrier rouge.
Horror abandonna sa paroi et se leva en se frottant les mains.
- Bon calme-toi et fait une pause, tu vas te fatiguer pour rien. Si tu veux on a qu'à échanger de poste tout à l'heure. Ce n'est pas tout ça mais je meurt de soif.
Il prit sa gourde et prit goulûment une grosse gorgée. Red fit de même sous le regard étrangement intéressé de Dust.
- Kesta ?
Le poussiéreux lui sourit en coin un brin mesquin.
- Rien du tout, rien du tout, lui répondit-il feignant l'innocence.
Red lui darda un regard empli de mépris que Dust ignora comme si de rien n'était. Puis, Horror prit la place de Red comme promis et tous ensemble ils reprirent le travail avec discipline, à l'exception du poussiéreux qui, en faisant semblant, ne lâcha pas l'ex guerrier rouge d'une semelle.
Après un bon quart d'heure, Horror et Killer furent surpris par un son de fer heurtant le sol rocailleux qui les firent se tourner vers Red. Il avait laissé sa pioche lui glisser des mains et n'avait pas cherché à la ramasser. Il était là, immobile face à la paroi, ne faisant plus rien. Le boucher en eut assez.
- Qu'est-ce qu'il se passe encore ?
L'ex guerrier rouge ne répondit pas.
- Red ? Appela Killer.
Pas de plaintes ni de rages, Horror s'en inquiéta. Il lâcha sa pioche et vint auprès de lui.
- Red on te cause ! Re-
Le squelette soupe au lait était stoïque et l'ensemble de ses os vacillaient.
- Assis toi ! Ordonna Horror en le prenant manu militari.
Le mutilé le prit en charge tentant de le stimuler, Killer vint également et Dust dans l'ombre souriait satisfait.
- Hey Red tu es là ? Fit Horror en claquant ses phalanges sous le nez de Red.
- Je... je ne me sens pas très bien... réagit enfin ce dernier.
- Ok, ok, on va chercher Color pour t'emmener à l'infirme-
Au moment des plus inopportun Dust ricana, attirant toute l'attention sur lui. Horror, très irrité, fronça les arcades.
- Tu trouves ça drôle ?
Dust rit plus fort encore gorge déployée, décontenançant aussi bien Horror, Red et Killer au naturel impassible. C'était un cri de gaieté effroyable même pour le tueur dont le front suintait froid. Ils avaient devant eux l'expression pure du sadisme. L'un des siens se sentait mal et Dust ne trouva rien d'autre que l'esclaffement qui n'était guère partagé. Le regard d'Horror porté sur lui en disait long sur ce qu'il pensait. Il se visualisa lui-même encastrant son meilleur ami contre le mur, furieux. Mais il fut rattrapé en action par Red et vit trop tard qu'il était sur le point d'atteindre le manche de sa pioche.
- Killer sa pioche !
Killer put saisir la pointe de fer mais le mal était déjà fait. Red, qui avait regagné en vitalité, se faufila avec fourberie et s'abattit armé sur Dust, écorchant par mégarde la paume du tueur à l'âme ciblée qui avait tenté de l'en empêcher.
- Enfoiré ! Je vais te buter !
Heureusement pour lui, le poussiéreux décala son crâne, cible de Red, au bon moment, évitant par ce fait d'être fracassé. L'arme blanche s'enfonça profondément dans la paroi à la place, derrière lui.
- Mais il est malade l'autre clébard enragé ! S'indigna Dust.
A défaut de le fendre Red sauta sur lui venant le plaquer au sol et s'apprêta à le défigurer en un déferlement de poing. Horror le retint de justesse en saisissant ses poignets.
- Arrête !
- Lâche-moi Horror il n'a que ce qu'il mérite !
- Si vous ne cessez pas c'est moi qui vous fracasse l'un contre l'autre !
Dust croulant sous le poids de l'ex guerrier rouge leva le petit doigt.
- Tu devrais l'écouter si je puis me permettre.
- Toi la ferme ! S'écuma Horror.
Color arriva, Killer s'en était allé le chercher.
- Ça suffit !
L'arrivée du contremaître fut l'effet d'une douche froide pour les apparents dissidents à qui l'on ordonna de se séparer et de s'expliquer. Horror lâcha Red, Red libéra Dust et Dust se leva.
- Il m'a attaqué contremaître ! Lança le poussiéreux en désignant son agresseur.
- Il m'a provoqué le premier ! Renchérit l'ex guerrier rouge.
- Je confirme ! Ajouta factuellement le boucher.
Color les dévisagea, circonspect.
- C'est quoi ces salades ?
Les concernés, confus, s'étaient eux même demandés comment ils en étaient arrivé à se mettre l'un sur l'autre. Killer, qui était derrière Color, rapporta ce qu'il avait vu et entendu, portant à peine attention à sa plaie ouverte le long de sa paume gauche. Ce détail n'avait pas échappé au contremaître qui l'avait regardé avec un ennui marqué. Au cours du récit, Red se remit à frémir et Dust esquissa un rictus.
- Si j'ai bien compris, reprit Color en s'avançant, vous comptiez m'appeler pour m'occuper du cas de Red ?
Horror opina tandis que le contremaître examina de plus près l'ex guerrier rouge qui peinait à tenir debout pris de vertige. Dust, lui, regarda faire du coin de ses orbites intéressées.
- Red, lui adressa Color, vous allez venir avec moi à l'infirmerie.
Il se tourna vers Killer.
- Vous aussi Killer, votre plaie risque de s'infecter si elle n'est pas traitée à temps. Quant à vous deux, dit-il à Dust et Horror, retournez à vos postes. Nous reparlerons de cet incident plus tard à notre retour.
Le poussiéreux eût choisi le bon moment pour entrer en scène.
- Sauf votre respect contremaître, si mon ami à l'âme apparente a besoin de soin, je crois que pour l'autre cela ne sera pas nécessaire...
On darda sur lui des regards interloqués. Color leva une arcade.
- Qu'en savez-vous ? Étiez vous médecin dans une vie antérieure ?
- Non, répondit le poussiéreux en ricanant, je sais juste quel mal le trouble.
- Dans ce cas expliquez-vous... répondit le contremaître visiblement peu convaincu.
Dust ouvrit grand sa mâchoire en levant l'index et figea ses traits, l'air de dire qu'un détail manquait.
- Vous vouliez dire que vous comptiez m'expliquer ce que vous avez mis dans ma gourde et mon petit-déjeuner que j'ai scrupuleusement subtilisés avec les affaires de Red.
Color eut un spasme le trahissant.
- C'est quoi ces histoires ? Demanda sérieusement Horror au codétenu.
- Mon frère ne serait jamais partie du jour au lendemain sans l'intervention d'un tiers, je le sais mieux que personne. Alors j'ai cru bon d'explorer toutes les pistes. Et il s'est avéré que Red, en consommant ce qui m'étais destiné, a été pris des mêmes symptômes que moi en début de semaine.
Horror dévisagea Color qui tentait comme il pouvait de rester de marbre. Il marqua tout de même un signe de nervosité en se pinçant le coin de la mandibule.
- Mec, tu es entrain de dire que tu m'as drogué !? Paniqua l'ex guerrier rouge.
- Non. IL a voulu ME droguer. Lança accusateur Dust à l'encontre du contremaître.
- Ce... ce sont des sornettes ! Répliqua Color.
- Vous avez l'air si peu sûr de vous, contremaître... Dit sombrement Horror. Je conçois que mon camarade n'est pas facile tous les jours mais il a raison de s'interroger. Il a le droit de savoir ce que vous magouillez à son insu.
Color essaya de sauver la face en prenant soin de ne rien laisser transparaître. Il sembla chercher une issue en faisant plusieurs fois le tour sur lui-même, croisant à plusieurs reprises le regard médisant de ses détenus. Seul Killer se montra plus indulgent. Il le regardait simplement, tête penchée et sans arrière pensée, n'attendant qu'un ordre en bon soldat qu'il était. Color n'avait pas une fois baissé le sien sauf devant celui à l'âme apparente qui ne montra pourtant aucun mépris à son égard. Le contremaître fut malgré lui déstabilisé par l'attitude du tueur sans pouvoir se l'expliquer. Il s'arrêta sur cette vision et finit par claquer sa langue, un peu perdu.
- Je vous suspend jusqu'à demain matin, dit-il monotone, laissez vos affaires ici. Je m'en vais vous chercher une escorte. Je vous enverrai un médecin ausculter quiconque dans le besoin plus tard.
Puis il s'en alla sans se retourner, ne voyant pas derrière lui Dust s'extasier de sa petite victoire.
Les quatre forçats furent envoyés se doucher, puis escortés jusqu'à leur baraque. Un médecin accompagné d'une escorte arriva comme convenu. Il désinfecta et pansa la blessure de Killer et donna à Red quelques morceaux de sucre en lui recommandant le repos. L'ex-guerrier rouge s'était allongé dans son lit, Horror s'assit sur le sien en face de lui et de même pour les deux autres au dessus. Ils tuèrent le temps à discuter de choses et d'autres, ils n'avaient que ça à faire. Dust était fier et insouciant, il s'attribua les mérites de ce congé anticipé et le fait d'avoir réussi à faire taire le contremaître. Horror et Red étaient plus partagés. Pour eux, la décision de Color avait été faite dans la précipitation et, probablement, il aurait cherché à gagner du temps pour convenir à une sanction davantage pénible qu'un simple arrêt. Dust se ficha d'eux, décrédibilisant à souhait l'autorité de Color. Il fit remarquer par la même occasion à quel point il semblait bien apprécier Killer. Le tueur se contenta de lever une arcade, accordant peu de crédit à son voisin de lit.
- Pourtant cela se voit comme le nez au milieu de la figure, ajouta le poussiéreux en se balançant, d'ailleurs il paraît que tu l'as connu avant non ? Il s'est passé quelque chose entre vous ?
- Vite fait, répondit le tueur, je l'ai croisé, on a un peu discuté et c'est tout.
- Vite fait !? S'interloqua Red. C'est pas ce qu'il avait dit à l'audience, t'étais porté disparu plusieurs jours et il me semble qu'il t'avait trouvé à moitié mort dans la rivière.
La mémoire de Killer resta dans le flou.
- Ah oui, peut-être que cela s'est passé comme ça...
- Ce que je retiens surtout, remarqua Horror, c'est que tu lui as quand même remis ton plus beau poignard en signe de reconnaissance. Tu y tenais beaucoup, c'était un cadeau de Night-
Le sang de Killer ne fit qu'un tour. Il recouvra des bribes de souvenirs qu'il aurait préféré effacer. Il se souvint du visage de Color le recueillant au bord de l'eau, la roulotte, la clairière, les adieux, le poignard et...
BAM !
Il frappa violemment le mur par réflexe.
- TAIS-TOI !
Dust manqua de tomber du lit, Red sursauta et Horror bondit du sien.
- Killer, excuse moi je ne voulais pas...
Le tueur se pencha vers lui, menaçant, les pommettes dégoulinantes de goudron.
- N'en parle plus jamais ! Tu entends ? Plus jamais ! Et vous non plus ! Est ce que c'est clair ?
Red et Dust opinèrent sans discuter. Horror tendit sa main et vint doucement estomper les souillures présente sur la face du tueur.
- D'accord Kills, nous n'en reparlerons plus, je te le promets.
Le boucher avait agi presque en mère, chose qui adoucit le tueur et son âme tourmentée. Killer laissa Horror le soulager en fermant les orbites et fit tomber son crâne dans les grosse mains du soit-disant cannibale. L'incident fut oublié en une fraction de seconde et le tueur redevint docile.
L'instant d'après, Color rappliqua avec une escorte.
- Chaussez-vous et venez avec moi !
Les quatre forçats furent conduits à quelques pas du campement barbelé, sous une gigantesque tente marabout servant d'infirmerie. Elle était organisée ainsi : Six rangées de lits sommaires à chaque côté de l'allée centrale, séparées entre elles par des rideaux, et au fond du corridor une autre séparation où se trouvait la pharmacie et le matériel médical. Ce fut non loin de cette deuxième entrée, face à un lit où reposait un mannequin, qu'on les poussa à s'avancer. En chemin ils croisèrent un autre détenu salement amoché et brûlé au visage, alité, plaintif et recevant des soins, ce qui ne manqua pas de répugner Dust et Red.
Ils s'arrêtèrent au signal de Color qui salua un médecin qui calibrait une curieuse machine. Cela faisait partie de cette étrange mise en scène. En effet, il y avait à droite du lit un coffre imposant serti de boutons et d'un levier. Des électrodes y étaient reliées par des câbles. Les bagnards se regardèrent, confus. Dust ne put s'empêcher de fixer l'engin avec anxiété, une petite voix l'avertit d'un mauvais présage, si bien qu'il aurait préféré redescendre dans la mine à ce moment là. Après un bref échange avec le médecin Color s'adressa à ses détenus.
- Je suppose que vous vous demandiez la raison de cette sortie un peu spécial non ? Ne vous inquiétez pas, le mystère sera vite levé. Je vous présente Dr Xyz, il nous fait l'honneur d'être avec nous pour une petite démonstration. Docteur, je vous en prie prenez le relai.
Le médecin s'avança et se présenta non sans fierté, exposant tout son parcours scolaire et ses nombreux certificats de spécialisations dans des termes inintelligibles. Les plus attentifs avaient cru comprendre les notions de neuromachin et psychiatruc. Les trois quarts décrochèrent.
- Et aujourd'hui j'ai le plaisir de vous présenter une simulation d'électroconvulsivothérapie.
Le dernier quart décrocha lui aussi et parut aussi benêt que le reste.
- Je crois que vous les avez perdus, plaisanta Color.
- Au temps pour moi, j'ai conscience qu'on ne peut pas attendre des gens de leur condition une finesse d'esprit que requiert la médecine, répondit le médecin en se frottant le menton.
- Le jour où je sors je me le fait, pesta Red intérieurement.
- L'électroconvusivothérapie, reprit le médecin, ou traitement par électrochoc, consiste à délivrer un courant électrique d'intensité variable déclenchant une crise d'épilepsie permettant de soigner certaines tares mentales.
Horror tourna son crâne vers Dust puis vers la machine au fond puis vers le médecin. Il se mordit la mandibule.
- Dîtes bonjour à Billy ! Recommanda Docteur Xyz en désignant le mannequin.
- Bonjour Billy... dirent-ils tous sans entrain sauf Color qui y mit plus de cœur.
- Ce cher Billy aurait mérité plus d'enthousiasme ! Mais passons, laissez-moi vous exposer le cas de notre cobaye du jour. Notre cher se fait depuis un bon moment importuner par des voix et des visions terrifiantes. Et puis un jour il comprit qu'il était le seul à les entendre et les voir, alors soucieux de son bien-être il est allé consulté un médecin qualifié qui lui recommanda un traitement médicamenteux.
A nouveau, Horror fit d'incessants allez retour entre Dust et l'orateur. Il commença à comprendre pourquoi on les avait amené. Le poussiéreux, lui, vit ses phalanges gesticuler de manière incontrôlable.
- Malgré le respect de son ordonnance et une amélioration non négligeable, Billy entend toujours et voit. Les crises sont plus rares mais pas moins violentes, les médicaments perdent en efficacité et notre patient souhaite plus que tout en finir avec tout ça. Alors sur conseil de son médecin il a accepté de se soumettre au traitement par électrochoc. Regardez plutôt.
Docteur Xyz se retourna et s'empara des électrodes qu'il plaça sur front du mannequin.
- Le patient est évidemment endormi, il ne ressentira rien durant toute l'opération.
Il recula et vint se placer auprès de la machine. Dust tremblait ainsi que ses pupilles contractées.
- Je vais dès à présent enclencher le générateur qui va, par voie des électrodes, impulser du courant dans la boîte crânienne de Billy, en continu, pendant trois petites minutes. Vous êtes prêts ? Demanda-t-il conventionnellement en attrapant le levier. Je compte jusqu'à trois ! Un...
Dust tenta de prendre ses jambes à son cou mais fut stoppé par l'escorte. Un des matons lui fit une clé de bras, le retourna et releva son menton pour le forcer à regarder.
- Deux...
Horror voulut s'interposer mais fut attraper à son tour par deux matons qui l'immobilisèrent.
- Trois !
Le médecin actionna le levier et Billy prit la décharge sous les regards stupéfiés des bagnards. Le mannequin convulsa terriblement. Il gigota et rebondit à même le lit provoquant des tremblements sous les pieds des témoins. Pendant les dix premières secondes Dust se pétrifia et on entendit un horrible cri. Il cria et se tortilla comme un ver comme si sa vie en dépendait, rendant la scène plus effroyable. D'autres matons l'encerclèrent pour le maintenir autant que sa force se décuplait.
- Non ! Non ! Pitié ! Je ne veux pas ! Ne me mettez pas là dedans ! Pitié ! Non ! Non !
Sa détresse épouvanta ses camarades plus que la démonstration en elle même. Red et Killer se crurent au seuil de l'Enfer. Il fallait que cela cesse. Horror lança un regard désespéré à Color.
- Contremaître, arrêtez ça je vous en supplie !
Color ne l'entendit pas, droit comme un i et croisant les bras, aussi froid que l'ancien empereur.
- Contremaître ! Hurla le boucher plus fort.
Color ne bougea pas. Alors, Horror essaya de se défaire mais en vain. Son corps s'était usé et fatigué depuis son incarcération et se débattre davantage le fit haleter. Il se concentra, essayant de ne pas entendre les appels déchirants de son meilleur ami, inspira profondément et dépensa ses dernières forces pour relever la tête.
- Il est terrorisé !
Color se détacha d'Horror et vint Dust donner du fil à retordre à ses collègues. Il soupira et ordonna au médecin de stopper la manœuvre. Il commanda au reste de relâcher les prisonniers. Dust tomba et fut pris de convulsion à l'image de Billy. Killer et Red le regardèrent, démunis. Horror rampa à lui, écartant au passage les matons telle une chatte défendant ses petits, et il le prit contre lui.
- C'est bon, c'est fini... lui dit-il en le maternant.
Le poussiéreux était en état de choc, il n'arrivait pas à se calmer. Le boucher le compressa davantage pour le rassurer.
- Calme ! Shh ! Shh ! C'est moi Horror, il ne va rien t'arriver !
- Horror ? Souffla une faible voix.
- C'est ça, respire, je suis avec toi.
- Ho... Horror, sanglota le poussiéreux, s'il te plaît ne les laisse pas me mettre là-dedans. Je ferais des efforts... tout ce que tu voudras.
- Pour l'instant je veux que tu te calmes okay ?
Le médecin s'y mêla.
- Laissez passer ! Je sais quoi faire après une crise d'hystérie !
Horror lui jeta un regard noir et sentit Dust lui tirer la manche.
- Horror... je... j'ai envie de vomir...
Ni une ni deux, Dust dégobilla sur les bottes fraîchement cirées du médecin.
- Charmant...
Horror lui tapota le dos, l'aidant à mieux reprendre son souffle. Killer vint auprès d'eux, suivi de Red, plus hésitant, mais qui n'avait pas été insensible au calvaire de son ami. Ils formèrent tous les trois et sans vraiment le vouloir une barrière protectrice autour du poussiéreux. Color s'approcha à son tour, méchamment dévisagé par Horror.
- Ne me regardez pas comme ça, vous ne m'avez pas donné le choix.
Le boucher était furieux.
- Ah oui ? Et vous, vous lui avez donné le choix de le droguer à son insu ? Si depuis le début vous aviez fait les choses proprement nous en serions pas...
- Nous en serions au même point et vous les savez ! Aboya Color. Parfaitement ! Vous ne croyez pas ce que vous dites ! Jamais il n'aurait eut notre aval ! Mais le fait est que votre camarade est malade et délirant et que cela pose problème aussi bien pour vous, pour nous mais bien plus pour lui-même. J'entends que mes méthodes soient fourbes et cruelles, mais si c'est le seul moyen pour qu'il comprenne que c'est dans son intérêt alors il n'y a rien à regretter ! Votre ami est prévenu désormais. Si il ne prend pas son traitement de lui-même il saura à quoi s'en tenir !
Il pointa du doigt le lit où reposait Billy. Instinctivement Horror positionna le crâne de Dust près de ses côtes.
- Ah et j'oubliais, ajouta le contremaître, tous les trois vous serez garant de ses soins. Si j'apprends qu'il fait semblant et recrache sa mixture avec votre complicité, ce sera d'une part un aller simple sur le billard pour monsieur et d'autre part un malus dans vos dossiers.
Il regarda par dessus l'épaule du boucher.
- Monsieur doit apprendre à penser collectif ! Vous m'avez bien compris ?
Horror n'eut d'autre choix que d'opiner à contre coeur.
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- Tenez-le !
- Non ! Non ! Vous m'attraperez pas ! Je la boirai pas votre sale drogue !
Dust avait regagné en vivacité, cherchant à fuir Red et Killer qui lui courraient après.
- Dust c'est pour ton bien tu le sais... insista le tueur à l'âme ciblée.
- Toi l'ex chienne du roi vas voir ailleurs sous le bureau du contremaître ! Lança le poussiéreux qui s'était réfugié sur le lit du haut.
- T'insinue quoi le briqueteur d'officier ?
Horror en eut assez et arracha violemment Dust de sa couche en le tirant par le bras. Le poussiéreux se laissa mollement tomber et refusa de relever. Le boucher ne se laissa pas surprendre et, avec l'aide des deux autres, le maintint à terre. Il ouvrit le petit flacon et tenta de forcer le patient à boire son contenu.
- Fais ce qu'on te dit et arrête de bouger !
- Je le savais ! Il vous a tous corrompu ! Vous êtes tous contre moi !
Horror l'attrapa brusquement par le col et fit comprendre que l'heure n'était plus à la rigolade.
- Tu veux y retourner !? Aboya-t-il. C'est ça que tu veux !? Tu veux qu'on t'attache et qu'on te lobotomise ? Le choix t'appartient Dusty, si tu veux VRAIMENT y aller je ne te retiendrai pas !
Dust se décontenança.
- Mais... Horror... je... je peux faire semblant et être plus sage pour ne pas éveiller les soupçons. Ça restera entre nous.
- Non ! Répliqua sèchement Horror.
- Mais Horror...
Le boucher hurla en pleine figure.
- DUST ! PUTAIN DE MERDE TU ES MALADE ! OUI TU AS BIEN ENTENDU, TU ES MALADE ! TON FRÈRE EST MORT ! TOUT CA C'EST DANS TA TÊTE ! ET SI TU Y MET PAS DU TIENS JE NE ME GÊNERAI PAS POUR TE LE RAPPELER A CHAQUE FOIS QUE TU FERAS OPPOSITION !
Le poussiéreux s'en retrouva bouche bée et choqué au point d'humidifier ses pupilles.
- Horror... tu ne m'as jamais parlé comme ça... Pas toi...
Horror feignit l'ignorance et tendit le flacon.
- Bois maintenant !
Dust n'osa rien faire sauf fixer la fiole hagard. Horror s'impatienta et le força à avaler en enfonçant le culot au fond de la gorge. Le poussiéreux toussa, manquant de s'étouffer et le remède fut pris. Il se dégagea et alla s'isoler dans son lit en sanglotant. Il ne toucha pas à son dîner et personne ne fit attention à ses plaintes étouffées.
Au beau milieu de la nuit, Killer fut pris d'insomnie. Dust ne dormait pas non plus, trop occupé à pleurer. Le tueur à l'âme ciblée ressentit de la peine. A pas de loup il descendit du lit, fit un pas et prit l'échelle menant au poussiéreux. Ce-dernier fut peu enchanté.
- Kesta ? Cracha-t-il sans prendre la peine de se retourner.
- Je n'arrive pas à dormir et toi non plus. Je me suis dit que tu voudrais un peu de compagnie...
Dust resta silencieux mais finit par se décaler laissant à Killer un peu de place. Pour ne pas tomber le tueur à l'âme ciblée s'accrocha au poussiéreux et le prit en étreinte provoquant chez lui un spasme. C'était trop envahissant à son goût, mais sans l'admettre c'était ce dont il avait besoin. Petit à petit il se laissa aller et pleura sans honte à chaude larme.
Minute culture : Le traitement par éléctrochoc existe et est encore pratiqué, voilà pour conclure sur une note joyeuse <3 !
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