Hi! J'espère que vous allez bien?

IMPORTANT: Je l'ai modifié dans le dernier chapitre mais pour ceux qui auraient lu mon erreur avant la correction: Louis et Harry ont déjà leur marque qui a atteint leurs torses au moment où ils ont fait l'amour pour la première fois. Leurs torses où se sont dessinées une nouvelle marque là où se trouve le coeur. Seulement, ils n'ont eu encore aucun changement dans leurs comportements ou leurs capacités par rapport à ça.

Merci infiniment pour vos retours sur le dernier chapitre et même sur l'histoire toute entière. On est entré dans la phase finale de l'histoire mais surtout dans la phase où tout va se jouer! J'espère que vous êtes prêts?

Encore merci pour tout!

J'espère que ce chapitre très intense à écrire pour moi vous plaira !
...

CHAPITRE 20

« On dit que dans les moments d'émotion intense une fraction de seconde équivaut à une éternité. » -Jonathan Coe

♠

(Waiting Game_BANKS)

Louis Tomlinson

Ça y est. Nous y sommes. En plein coeur de cette première ville que nous devons traverser avant d'atteindre un chemin désert qui nous mènera à ce fameux garage abandonné qui sera notre refuge pour la nuit.

Enfin, si nous arrivons à l'atteindre.

Plusieurs émotions se mélangent en moi. Je découvre la ville de jour pour la première fois de ma vie. Je trouve ça fascinant et effrayant à la fois. Je dois garder la tête baissée mais je ne peux m'empêcher de tourner légèrement la tête à chaque nouveau son qui me parvient. Harry marche à mes côtés et je peux sentir les mêmes émotions qu'il ressent.

On se sent comme des inconnus au milieu des scènes qui se déroulent autour de nous. Des parents se promenant juste avec leurs enfants. Des jeunes qui dansent au milieu de la rue, applaudit par plusieurs passants. Des groupes de jeunes de notre âges qui s'éclatent en allant faire les magasins ensemble.

Puis il y a nous. Nous qui sommes divisés en plusieurs groupes marchant dans la même direction en espérant un jour arriver à destination.

C'est comme entrer dans l'arène mais sans barrières pour te protéger si ça devait mal tourner. Alors tu sais qu'au moindre obstacle t'es mort. Et c'est pas une expression, non. T'es littéralement mort.

-« Pour l'instant, tout le monde avance assez rapidement. » M'informe Harry qui relève la tête pour regarder les autres groupes. « Si on continue à ce rythme, on sera au garage avant la tombée de la nuit. Et demain on sera à InfoBase. »

Je hoche la tête, me retenant d'ajouter que ça c'est juste si tout se passe exactement comme on l'avait prévu. Mais, évidemment, je n'ai pas besoins de le dire pour que Harry l'entende. Et c'est dans ces moments-là que j'aimerai qu'on ne puisse pas lire dans les pensées de l'autre. Parce que je ne veux pas lui faire subir mon angoisse en plus de la sienne qu'il tente de cacher.

-« Plus on se rapprochera de New-York, plus on sera en danger. » Commence Harry en baissant légèrement la tête. « Les contrôles se font plus fréquents dans les villes proches de New-York donc proches de la Base. Mais ici, ils ne contrôlent pas automatiquement. Je suis confiant. »

Je soupire et hoche encore une fois la tête. Je ne préfère rien dire. Parce que ce serait mentir de dire que je suis confiant moi aussi.

-« Tu as survécu toutes ces années dans une cave puis dans les égouts, Louis. » Rajoute Harry. « Tu es le mieux placé pour savoir que ça peut marcher. Qu'on peut y arriver.

-Je suis aussi le mieux placé pour savoir ce que c'est que d'être pointé par une arme ou un couteau. » Je le coupe, parlant plus doucement lorsque des gens passent à côté de nous sur le trottoir.

Et je sais qu'à ma phrase, Harry repense automatiquement à ce sans-abris qui a réussi à entrer dans le magasin l'autre jour et qui avait pointé son arme sur moi. J'étais seul. Et j'étais persuadé que le jour où j'allais mourrir était arrivé. Sauf que par miracle Harry m'a retrouvé et l'a tué avant.

Mais, depuis, je sais que lui comme moi ne pouvons nous empêcher d'imaginer le scénario si Harry était arrivé trop tard.

Mon regard tombe sur les poings d'Harry qui se serrent et je comprends qu'il y pense lui aussi en ce moment-même. Alors, discrètement, je viens frôler son poing avec mes doigts. Harry se calme instinctivement à mon touché avant de murmurer:

-« Je donnerais tout pour te prendre dans mes bras là maintenant. »

Je me pince les lèvres, sentant mon coeur se serrer, alors qu'il rajoute:

-« Et rien que parce qu'ils m'en empêchent, je leur ferais encore plus payer. »

A ce moment-là, je ressens toute la haine qui traverse le corps de Harry. Parce qu'on risque nos vies chaque jours. Parce qu'on sait pas comment tout ça va se passer. Aujourd'hui pourrait être notre dernier jour ensemble et on l'aura passé à se cacher. Au lieu de se tenir fièrement la main et de s'embrasser dès que l'envie nous traverse.

Je soupire et ressens le besoins de relever la tête, comme pour reprendre de l'air, sauf que c'est tout l'inverse qui se produit. Mon souffle se coupe et l'angoisse vient lacérer mon estomac qui se retourne. Mon coeur, lui, semble s'arrêter de battre en même temps que mes jambes s'arrêtent de marcher.

Harry relève la tête, ne comprenant pas ma réaction, puis son regard suit le mien et je peux sentir son coeur rater plusieurs battements lui aussi.

Sur chaque poteau présent sur le prochain trottoir sont accrochées des affiches avec ma tête. Des immenses affiches avec une photo de moi prise sur une caméra de surveillance. Je reconnais immédiatement la jour où elle a été prise. C'est le jour où un homme me courait après pour me tuer et que je me suis réfugié dans les égouts, tombant alors sur Niall, Zayn et Sarah.

En plus de cette photo se trouve un portrait robot.

Avec écrit juste en dessous:

LOUIS TOMLINSON. MEURTRIER RECHERCHÉ. UN MILLION D'EUROS REVERSÉ A CELUI QUI NOUS LE RAMENE MORT OU VIVANT.

-« Louis.. » Murmure Harry sans me regarder. « Continue d'avancer. »

Mais je n'arrive pas à bouger, complètement figé. Mes yeux restent bloqués sur cette photo de moi et sur le portrait robot qu'ils ont reconstitués. Et ces mots dans la même phrase. Louis Tomlinson, recherché, mort.

Et meurtrier. Ils me font passer pour un meurtrier. Ce sont ceux qui veulent me voir mort qui me font passer pour un meurtrier. Ce sont eux les meurtriers mais c'est moi que les gens voudront tuer. Pourquoi? Parce que dans cette société, c'est les plus hauts élevés qui ont le droit de décider qui est meurtrier ou non. Et c'est eux que les gens écouteront pour ne pas mourrir à leur tour.

Je repense aux rats que je voyais passer dans les égouts près de moi.

Et je réalise que je suis encore plus pris au piège qu'eux.

-« Louis.. » Insiste Harry sans me regarder, la peur se mettant à couler dans ses veines. « Continue d'avancer où on sera foutu.. »

Ma respiration se fait de plus en plus forte. J'ai du mal à respirer comme j'ai du mal à lâcher ces affiches du regard. Je sens mes jambes se mettent à trembler et..

-« VOUS! » On entend soudainement.

Instinctivement, Harry attrape violemment ma main, alors que je tourne rapidement la tête vers cette voix que l'on a entendue. Je remarque au même moment que tous nos groupes se sont arrêtés d'avancer. En fait, tous les passants présents dans la rue ont arrêtés d'avancer.

Parce que nous regardons tous ce soldat attraper par la manche un homme mal habillé et au visage pâle.

-« Contrôle de marque. » Lâche durement le soldat.

Je fronce les sourcils et lance un regard à Harry qui baisse les yeux en se pinçant les lèvres. Puis je tourne la tête vers Zayn et Liam qui sont quelques mètres derrière nous et qui font la même tête. Ils ont été soldats pour la base. Et ils semblent très bien savoir ce qui est en train de se passer..

-« P-Pourquoi? » Tremble l'homme.

-« Contrôle de marque! » Hurle cette fois le soldat en remontant lui même la manche de l'homme pour voir son poignet.

Le temps semble s'arrêter dans toute la rue. Je n'arrive pas à lâcher cet homme du regard. Cet homme qui se met à trembler en suppliant le soldat du regard.

-« Votre marque est en train de s'effacer. » Remarque le soldat.

-« Louis, ne regarde pas. » Murmure Harry derrière moi.

-« Vous perdez votre contrôle. » Conclu le soldat. « Vous êtes un hors-la-loi.

-Non! Je n'ai pas choisi de le perdre! » Tremble l'homme, les larmes aux yeux. « Je vous en supplie, j'ai des enfants qui m'attendent à la maison et... »

L'homme n'a pas le temps de terminer sa phrase que le soldat sort rapidement son arme et lui met une balle dans la tête. Mon corps sursaute en même temps que le tir retenti et les larmes me montent aux yeux en voyant le corps de l'homme retomber violemment sur le sol, dans une marre de sang..

-« Circulez! » Ordonne le soldat.

Et là, comme si de rien n'était, comme si le monde se remettait à tourner, tous les passants se remettent à marcher. Les jeunes se remettent à rire en faisant les magasins. Les enfants se remettent à sautiller en suivant leurs parents.

Là, je réalise dans quel monde on vit.

Rapidement, Harry me pousse discrètement et m'oblige à me remettre à marcher moi aussi. Et je sais qu'il le fait parce qu'on est censé être discret, ressembler à tous ces gens.. Mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi une certaine violence dans son geste. Mais pas une violence contre moi.

-« C'est ce qu'on vous demandez de faire lorsque vous étiez soldats? » Je lui demande d'une voix tremblante, essayant de marcher correctement.

Harry garde le regard fixe devant lui, la mâchoire serrée.

-« Combien de gens as-tu tués comme ça? » Je ne peux m'empêcher de rajouter, encore horrifié par la scène que je viens de voir.

Harry ne répond pas pendant quelques secondes. Et je m'en veux d'avance pour la honte qu'il va ressentir en comprenant à quel point je suis horrifié par cet acte.

-« Assez pour mériter une balle moi aussi. » Il finit par me répondre.

Sa réponse me glace le sang. Puis plus aucun de nous ne parle. Mais dans ma tête, la scène à laquelle on vient d'assister se joue en boucle. Je revois le visage apeuré de cet homme en s'accrochant à une dernière chance que le soldat en face ait pitié de lui.

Combien de soldat comme ça ont été formés à la base? Des milliers. Des millions. Et c'est pourtant eux que l'on espère faire changer d'avis et ranger de notre côté? Selon Harry, Zayn et Liam, ses soldats sont aliénés par la base et ne souhaite pas faire ce qu'on les oblige à faire. Mais après avoir vu cette scène, je me demande s'il n'est pas trop tard?

Il a tué cet homme qui le suppliait en disant que ses enfants l'attendaient.

Alors est-ce que ce n'est pas trop tard pour sauver ses soldats aussi? Et j'ai beau me répéter les paroles de Harry, Zayn et Liam, la haine est si forte que je me mets à ne plus vouloir sauver ses soldats. Combien d'innocents ils ont tués? Combien de supplications ils ont entendu avant de tirer une balle sans scrupule?

Tout est en train de se remettre en question au fond de moi. Je regarde discrètement Zayn et Liam par dessus mon épaule puis regarde Harry qui marche tête baissée. Je n'arrive pas à m'imaginer qu'ils ont été comme ce soldat. Pourtant c'est le cas.

-« Tu ne me fait plus confiance. » Dit Harry d'une voix dure mais brisée, comprenant mes pensées.

Je sens mon coeur se serrer et soupire, ne sachant plus quoi penser. Est-ce que je remets en question notre relation avec Harry? Non. Avec Zayn et Liam? Non. Est-ce que je remets ma confiance en question? Non plus.

Mais je ne peux pas nier mon air horrifié en les imaginant encore à la place de ce soldat..

J'ai l'image d'un Harry avec son uniforme, face à un homme en pleurs qui ne demande qu'à revoir ses enfants. Je vois Harry tendre son bras avec son arme au bout avant de tirer une balle dans la tête de ce même homme, un air neutre et imperturbable sur le visage.

Puis.. Je vois cet homme au sol dont le visage devient le mien. Parce que, chaque nouvelle seconde qui passe, le prochain mort peut être moi. Je peux devenir cet homme.

Debout et vivant la seconde d'avant.

Mort et allongé la seconde d'après.

♠

Nous avons aucun moment de répit. Nous marchons encore et encore, le coeur battant toujours un peu plus fort. Nos nerfs ne peuvent jamais se relâcher. Et pourtant, malgré tout, Harry avait raison. Le soleil est en train de se coucher et nous arrivons au bout de la ville pour emprunter la route déserte qui nous mènera au garage.

Nous n'avons pas assisté à d'autre contrôles durant la journée. Comme l'avait dit Harry encore une fois, c'est plutôt les prochaines villes que nous devrons parcourir qui devraient nous inquiéter. Et je n'arrive pas à m'imaginer pire que cette journée que nous avons tous passé à angoisser en se lançant plusieurs regards.

Quant à Harry et moi, nous ne nous sommes plus adressés un mot depuis notre courte discussion sur son passé de soldat. Et si marcher en angoissant me rend fou, ne pas pouvoir parler à Harry en plus de ça me donne juste envie de craquer et de m'arrêter. Parce que, putain, déjà qu'avec lui j'ai toujours peur de ce qui nous attend, sans lui pour me rassurer je suis complètement terrifié.

Mais je crois que lui-même a besoins d'être rassuré sur ce que je pense de lui après ses aveux.

Sauf que ce n'est pas le moment. Ce n'est pas le moment parce que nous arrivons devant cette route déserte. Même si c'est une route pratiquement abandonnée normalement pas utilisée, nous décidons d'avancer dans les fossés qui la longent histoire de rester cacher.

-« Chaque groupe est là? » Lance Zayn maintenant que nous sommes tous regroupés le long du fossé.

Chaque groupe répond présent et nous soupirons de soulagement avant de nous remettre à avancer. Rapidement, Harry s'éloigne de moi pour rejoindre Gemma qui a mal aux jambes après toute une journée à avoir marché dans son état. Et ça aussi ça nous inquiète. Sa grossesse. Parce que c'est un gros point d'interrogation. Même elle ne sait pas ce qu'on lui a fait. Selon elle, elle doit être à cinq ou six mois de grossesse.

-« Quelque chose ne va pas avec Harry? » Me demande Zayn qui se retrouve à côté de moi.

Je soupire et tourne la tête vers Zayn, hésitant quelques secondes avant de lui dire:

-« Je lui ai demandé si ,vous aussi, lorsque vous étiez soldats, vous avez dû faire ce que ce monstre a fait à cet homme. »

Je n'arrive pas à contrôler la colère dans ma voix. Je crois que je craque complètement après cette journée. Et, putain, c'est censé être la journée la plus facile de notre plan. Vouloir sauver le monde, mais à quel prix?

Mentalement, à quel prix?

Le regard de Zayn se voile et il me répond directement, d'une voix froide:

-« Oui. Parce que nous n'avions pas le choix.

-Mais jamais l'idée de se révolter vous est venue à force de tuer des putains d'innocents! » Je m'exclame sans me contrôler. « Niall a vu sa mère et son frère partir de la maison sans jamais revenir. Eux aussi vous les avez assassinés? Avec ce putain de regard imperturbable comme si on me l'a demandé suffisait comme raison? »

Cette fois, je m'arrête d'avancer et Zayn aussi qui serre les poings en se mettant face à moi.

-« Ce soldat que tu surnommes de monstre, et bien moi j'ai eu autant de peine pour lui que pour l'homme qu'il a dû assassiner. Parce que MOI je sais comment il en est arrivé là alors que TOI tu ne sais RIEN Louis. Tu ne sais putain de rien!

-Je sais que vous avez tué ma mère.

-Vous? » Zayn rit nerveusement alors que la tension commence à monter. « Alors ça y est? Tu nous met tous dans le même panier?

-Comment vous pouvez tuer des innocents?! » Je crache presque à Zayn. « COMMENT vous pouvez gâcher la vie d'innocents?! Les enfants que tu as fait orphelins, tu y a pensé?!

-Mais fermes ta gueule Louis! » S'énerve Zayn en me plaquant contre le mur de terre derrière moi. « Ils nous enlèvent petits pour nous menacer toute notre vie! Si on tue pas ces innocents, alors c'est notre famille qu'ils tueront. Si on laisse la pitié prendre le dessus, c'est cent coups de fouets qui nous attendront. Si on ose pleurer ou s'excuser auprès des personnes que l'on doit tuer, c'est des jours d'isolement dans une chambre sans fenêtres, sans nourriture et les mains et pieds noués qui nous sera destiné. »

Les mains de Zayn tremblent contre mon col qu'il tient fermement alors que des larmes de rages se mettent à perler aux coins de ses yeux.

-« Alors, non, ce n'est pas nous les putains de monstres. On est juste ceux qui font le sale boulot pour les monstres qui restent cachés. »

Les nerfs lâchent complètement. J'ai à la fois envie de prendre Zayn dans mes bras et à la fois envie de le pousser à mon tour. Nos regards ne se lâchent plus. Je crois que nous avons tous les deux les larmes aux yeux. De la tristesse mélangé à de la haine.

Je sais que, en ce moment même, Zayn me hais pour le faire culpabiliser d'une réalité qu'il ne pourra jamais nier.

Tout comme je le hais pour me faire réaliser que je me suis toujours trompé sur les gens à détester dans ce monde.

A cet instant, nous réalisons tous les deux que nous sommes les mêmes victimes de cette dictature. Et c'est pour ça que la Base forment les soldats pour nous tuer. Parce qu'ils savent que si devait arriver ce moment ,qui est justement en train de se produire, où nous réalisons que nous devons nous battre ensemble et non pas l'un contre l'autre, ils seraient foutus.

Ils nous font nous détester pour nous faire oublier que c'est eux que l'on doit détester.

-« Zayn, lâches le. »

La voix d'Harry nous ramène sur Terre et je déglutis difficilement lorsque Zayn me lâche. Ce dernier avance alors sans se retourner pour rejoindre Sarah qui nous regardait l'air apeuré. Je respire difficilement, me sentant comme une merde après ce qu'il vient de se passer.

Lorsque je relève la tête, je crois le regard de Harry et mon coeur se serre en comprenant qu'il a sûrement entendu tout ce que j'ai dit sur les soldats et donc sur lui.

-« Je suis désolé.. » Je souffle.

-« Je sais. » Il me répond simplement.

Je ressens toute sa peine, toute sa colère et toute sa déception avant qu'il me tourne le dos à son tour pour se remettre à marcher.

Sans pouvoir le contrôler, je frappe violemment la terre et tente de contrôler les larmes de rage qui menacent de couler. Puis, je me remets à avancer parce que j'en suis putain d'obligé. Je reste derrière tout le monde, coincé dans mes pensées. Je regrette ce que j'ai dit à Zayn mais mes nerfs ont complètement lâchés sans que je ne puisse le contrôler. Je suis juste putain de terrifier à l'idée que le prochain corps au sol soit l'un d'entre nous.

-« C'est là! » J'entends après plus de deux heures de marche.

Lorsque je relève la tête, je vois le garage abandonné au bout de la route.

-« Zayn, Liam et Ezequiel avec moi. » Lance Harry. « On va vérifier s'il y a des caméras de sécurité. Les autres, vous restez dans le fossé.

-Je viens aussi. » J'interviens en m'approchant d'eux.

Harry croise mon regard et n'ajoute rien. Zayn m'ignore et seuls Liam et Ezequiel hochent la tête pour me dire que c'est ok. On sort alors tous les cinq du fossé puis traversons rapidement la route complètement déserte pour arriver devant le vieux garage.

On se divise naturellement en deux groupes: Zayn, Harry et Ezequiel d'un côté et Liam et moi de l'autre. Nous avons tous nos armes contre nous en même temps que nous avançons lentement dans le vieux garage.

-« Rien de notre côté. » Dit Zayn.

-« Rien du nôtre non plus. » Répond Liam. « Ça m'a l'air bien trop vieux pour qu'il y ait des cameras de sécurité.

-Faut vérifier s'il n'y a personne. » Continue Ezequiel.

Nous hochons tous la tête puis nous nous dispersons dans cet immense garage.

-« Certaines voitures ont l'air fonctionnelles.. » J'entends Harry dire.

-« Quelqu'un doit forcément s'en occuper. » Répond Zayn. « Regardez bien autour de vous. »

En même temps que Zayn dit cette phrase, je remarque une petite pièce avec une porte entrouverte. Je fronce les sourcils et décide de m'en approcher doucement. Plus je m'approche, plus une certaine odeur commence à se faire sentir.

Une odeur nauséabonde que j'ai appris à reconnaitre.

N'ayant plus aucun doute, je baisse mon arme et me rapproche plus rapidement de la salle.

-« Louis! » J'entends Liam s'exclamer. « Qu'est-ce que tu fais?! Il y a sûrement quelqu'un! »

Je sens Harry s'inquiéter sans même le regarder mais, moi, je n'ai aucune inquiétude. J'ai déjà deviné ce qu'il se cachait dans cette pièce.

Puis, en même temps que j'ouvre violemment la porte, je me tourne vers les gars pour leur dire:

-« Il y avait quelqu'un. »

Leurs regards tombent alors sur le cadavre en décomposition du vieil homme allongé au sol.

L'odeur me donne envie de vomir et je referme rapidement la porte en posant une main sur ma bouche.

J'en ai assez de tous ces morts.

♠

(Wait_M83)

La nuit tombe en même temps que les bouts de terre sur le corps de ce vieil homme maintenant entouré d'un drap. Je me suis proposé pour l'enterrer pendant que tout le monde se réunit dans le garage où nous allons donc passer la nuit. Après avoir creusé un trou avec une pelle trouvé dans le garage, je suis maintenant en train de recouvrir le corps avec la terre.

Cet homme n'avait aucune trace de balle sur lui. Il est mort de vieillesse dans ce garage qu'il a dû tenir toute sa vie. Il n'avait apparemment aucune famille pour remarquer sa mort. Alors il est mort seul, dans son coin, sans que personne ne s'en aperçoive jusqu'au jour où un groupe considérés comme hors-la-loi viennent s'y réfugier.

Et je sais que je ne connaissais pas cet homme et qu'il est sûrement trop tard pour lui dire, mais pourtant je murmure un:

-« Merci.. »

Merci de nous offrir ton garage pour nous cacher cette nuit. Je prends une grande inspiration puis part cueillir quelques fleurs que je viens ensuite déposé sur le tas de terre. Puis je m'assois juste en face, regardant les étoiles au dessus de ma tête. C'est peut-être la première fois que j'ai autant le temps de les regarder.

Tout en les regardant, je ne peux m'empêcher de penser aux enfants de cet homme qui ne verront jamais leur père rentrer à la maison. J'aimerais qu'ils soient en face de moi. J'aimerais leur dire de ce souvenir de chaque bons moments passer avec leur père et de s'y accrocher. Parce que, lorsque la nuit tombe et qu'on se retrouve tout seul, les souvenirs sont tout ce qu'il nous reste.

Et, surtout, j'aimerai leur dire à quel point je suis désolé. Désolé de la haine qu'ils vont ressentir chaque jour pour le monde dans lequel ils vivent. Désolé pour la tristesse qu'ils ressentiront à chaque fois qu'ils lèveront la tête en direction des étoiles..

Une larme coule lentement sur ma joue et je renifle doucement avant de sursauter lorsque j'entends un bruit derrière moi.

Mais je soupire instinctivement en voyant Harry qui avance vers moi.

Je déglutis tristement alors qu'il vient s'asseoir à mes côtés, posant son regard sur le tas de terre en face de nous.

-« J'aurais tout fait pour être enterré à la place de tous ces gens que j'ai dû tuer. » Il murmure sans lâcher le tas de terre du regard.

-« Harry..

-Chaque soir, avant de m'endormir, je pense à eux. Je pense à chaque dernier regard qu'ils m'ont accordés. Je pense aux parents ou aux enfants qu'ils devaient avoir et qui sont encore aujourd'hui en train de les pleurer. J'entends chacune de leur supplications. J'entends leurs pleurs. Parfois c'était des insultes. Les derniers mots d'une femme pour moi ont été: Vous méritez tous de souffrir avant de crever. »

Les yeux de Harry se font plus brillants puis il renifle légèrement avant de reprendre:

-« Et j'étais d'accord avec elle. Tellement que lorsque Gemma nous a appris que nos parents avaient été assassinés, je me suis directement dit que c'était de ma faute. Parce que je l'avais mérité. Mes parents ne méritaient pas de mourrir, parce que personne ne le mérite, mais moi je méritais qu'on me les arrache et que je culpabilise jusqu'à la fin de ma vie.

-C'est faux. Tu ne le méritais pas.

-Chaque jour je regrette et culpabilise. Et je déteste autant que toi la phrase je n'avais pas le choix. Parce que, au fond, j'avais le choix. Je pouvais laisser en vie un innocent, mais si je le faisais, c'est Liam qu'ils allaient tuer sous mes yeux. Alors, oui, je suis un monstre qui a dû faire un choix. J'ai choisi de sauver mon frère. Puis un jour on m'a envoyé vous tuer, Zayn, Sarah et toi. Et c'est une fois dehors de la base, avec toi comme miracle que j'ai vraiment eu un nouveau choix pour la première fois. »

Une nouvelle larme coule sur la joue de Harry en même temps qu'il tourne la tête pour ancrer son regard dans le mien.

-« Alors tu peux me voir comme un monstre, Louis. Tu peux tous nous voir comme des monstres qui ont dû faire un choix. Tu peux me détester pour toutes les vies que j'ai retirée. Tu peux me détester en me comparant au soldat qui a tué ta mère. Tu le peux, et je t'en voudrais pas. Mais saches que, moi, je te remercierai jamais assez de m'avoir offert ce nouveau choix de me battre. Parce que sans toi à mes côtés, sans ce lien entre nous, je ne sais pas si ce choix se serait un jour offert à moi. »

Cette fois, c'est sur mes joues que les larmes se mettent à couler. Et en même temps que Harry continue de me regarder, les yeux larmoyants, je m'approche de lui pour être cette fois assis en face de lui. Les mains tremblantes, j'attrape son visage entre mes mains.

-« Ils n'avaient pas le droit de vous faire subir ça. » Je murmure, regardant ses larmes atterrir sur mes doigts. « Et je suis désolé pour ces mots que j'ai pu dire. Parce que ce n'est pas pour que je déteste mais les chefs qui vous font subir ça. Et, ouais, aujourd'hui j'étais complètement terrifié mais je peux te jurer que là maintenant je n'ai qu'une hâte c'est avancer pour venger toutes les personnes qui sont aujourd'hui enterrées. Mais aussi pour sauver tous ces soldats qui sont enterrés vivants toute l'année. »

Nos larmes coulent comme elles n'avaient jamais coulées auparavant.

-« Et tu avais raison, Harry, lorsque tu disais que si j'avais survécu jusqu'ici, je pouvais espérer de continuer à survivre encore. Mais surtout, toutes ces années où j'ai survécu, j'étais séparé de toi. Alors je me dis que si j'ai survécu loin de toi, ce n'est pas survivre que je peux faire avec toi mais bien essayer de vivre. »

Un sourire triste naît sur le visage d'Harry qui n'arrive pas à se contrôler lorsqu'il vient entourer mon corps de ses bras pour me rapprocher encore plus de lui.

-« Je te déteste pas, Harry.. » Je murmure en caressant sa joue trempée.

Nos deux coeurs battent à la chamade et, avant que nos larmes et nos lèvres se joignent, je murmure:

-« Je t'aime. »

Et maintenant je sais que c'est peut-être ce je t'aime là qui nous sauvera.

...

J'espère que ce chapitre vous aura plu..?

Le début de la fin commence et les nerfs sont plus que tout mit à rudes épreuves..

Que pensez-vous des réactions de Louis?

De Zayn?

Parce que ce passage entre Zayn et Louis était très important pour moi et très symbolique. Je voulais montrer que cette haine entre eux qui arrive soudainement est en fait la haine que la Base et donc la société souhaite voir. Ils montrent aux gens comme Louis qui sont en danger de morts que c'est à cause des soldats tout ça alors que les soldats vivent un aussi triste sort qu'eux..

Et en les faisant se détester et se tuer, la Base sait qu'elle n'a personne directement contre elle..

Enfin, ça c'était avant..

..On se retrouve très vite pour la suite!

Encore merci pour tout et All The Love❤️