71) Silence d'or
Sora
Je n'avais pas échangé plus de trois mots avec Emma. Non pas que j'étais gêné, je m'étais bien gardé de le montrer, mais il semblait que nous n'avions rien à nous dire. Je ne pouvais pas discerner ses sentiments, comme son frère jumeau le faisait, mais je l'observai avec tant d'attention, depuis que je la connaissais, que je néné n'avais plus besoin. Elle ne se cachait plus, elle ne se montrait juste pas. Elle passait du temps dans sa chambre, et quand ma mère ou moi venions pour l'appeler, elle rangeait précipitamment son ordinateur. Elle y passait tout son temps libre, sans rechigner pour autant aux travaux et à l'aide qu'elle apportait à ma mère. Parfois même je la surprenais les yeux dans le vague, à me regarder sans me voir. Alors je savais qu'elle réfléchissait à ce qu'elle allait écrire dans son ordinateur.
Elle passait ses matinées avec maman à travailler sur ses pouvoirs, et une partie de ses après midi sur l'ordinateur, l'autre était consacrée aux tâches ménagères. Le soir, elle retournait avec ma mère, deux heures environ, et quand elle rentrait, elle tenait à peine debout. Elle était épuisée, mais elle ne craqua plus comme le premier jour. J'étais content, et déçu en même temps. Ma mère le savait, et quand nous étions seuls elle prenait plaisir à me taquiner. Elle s'était prise d'affection pour Emma, qui petit à petit reprenait confiance en sa nature profonde. Mais si elle semblait accepter ses pouvoirs, elle rechignait à les utiliser, les voyant comme des imprévus gênants plutôt que comme des auxiliaires utiles et bénéfiques. Je le fis un jour remarquer à ma mère, je me souviens c'était au bout de six jours d'entraînement intensif. Elle me répondit avec indifférence que ce n'était pas son rôle, de faire qu'Emma apprécie ses pouvoirs.
-Je veux juste qu'elle ne soit pas un danger pour elle ou les autres, à commencer par toi. Qu'elle en soit heureuse ou dégoûtée n'a aucune importance.
- Tu es sûre ?
- Il est vrai qu'elle est à part. Peu de Types 3 ne sont pas heureux de maîtriser leurs pouvoirs, mais ça arrive. Et je ne dois pas modifier la vision qu'ils ont de leur magie. Je dois leur apprendre à la maîtriser.
- Tu l'a faite souffrir plus que les autres, pourtant. Ne veux-tu pas qu'elle soit heureuse ?
Elle détourne la tête en souriant, ce sourire énigmatique qui la fit ressembler de manière frappante à Janis son fils.
-Qui sait... fais toi ton avis.
Et je n'étais pas parvenu à savoir ce qu'elle voulait dire. Ayame Tsurugi était une étrangère, je ne connaissais qu'une infime part d'elle. Celle qui s'occupait de moi, celle qui me soutenait et me conseillait. Je ne m'étais jamais intéressé à son travail, j'en payais les frais. Ça m'aurait aidé, à comprendre ses inclinations, surtout. J'avais compris que Emma était à part, et d'après l'attitude de ma mère, c'était mon rôle de la soutenir elle. Elle était seule ici après tout.
Emma
Ma remise en forme était lente, d'autant plus que l'hiver approchait. En France la météo jouait au yoyo, mais était plus clémente, ce qui m'aidait un peu. Rien qu'un peu. J'avais un peu de température constamment, je toussais régulièrement, mais je ne faisais presque plus de crises. Mes cauchemars étaient plus rares aussi. Depuis que Sora m'avait...aidée, je me sentais un peu mieux mentalement. Je compris enfin ce que signifiait la mention "instabilité" sur ma carte elfique, et je faisais avec. Je pensais à ma mère sans trembler. L'idée de la voir me titillait, mais c'était trop ténu pour que je m'en préoccupe. Ayame était dure avec moi, et je n'aimais pas trop cette façon de faire. Mais j'endurais, et d'un autre côté je l'appréciais. Je fis part de mes sentiments à Nathan, un soir que j'étais dans mon lit, mon ordinateur en charge. Notre contact était plus fort que jamais.
On dirait que tu t'attache à elle, ce n'est pas plus mal.
- Oui,mais c'est bizarre ce sentiment. Ce n'est pas le même que ce que j'éprouvais pour Cantara.
Parce que Ayame est maman, elle. Elle sait y faire, même si elle n'a eu que des garçons. Et comme tu as été élevée par Akira, ça te fais bizarre, mais c'est normal.
-Tu penses que je pourrais ressentir ça pour la bonne personne un jour ?
La bonne ?
-Tu sais, ma...notre vraie...mère.
...
- Nathan ?
Oui. Je pense que oui.
Je m'endormis sur ces paroles pleines d'espoir. J'étais presque sûre qu'Ayame m'écoutait et hochait la tête, ce soir là.
Les jours passaient. Je pianotais sur mon ordinateur tous les jours, cachant mes actions à tous, même à mon jumeau. C'était mon secret, ça avançait bien, j'en étais contente. Quelques zones d'ombre subsistaient, et j'allais devoir demander des précisions à Ayame. Je sentais obscurément que je devais me taire, tout garder pour moi, mais je ne le pouvais pas. Le lendemain, alors que nous faisions une pause durant mon entraînement, je lui avouai tout. Elle ne dit rien, et quand j'eus fini, elle éclata de rire.
- Tu es vachement culottée, toi !
- Je sais. Qu'en pensez-vous ?
- Si tu veux mon silence, tu l'auras. Si tu veux de l'aide, demande-la.
- Je prends ça pour un oui. Merci, Ayame.
- De rien, je dois avouer que je suis assez impatiente de voir comment tout cela tournera.
- Ce n'est pas pour tout de suite !
-Je sais, ne t'en fais pas. Mais, préviens moi quand tu seras au point. Allez, remballe tes affaires on rentre.
Elle me passa le bras autour des épaules, et me guida jusqu'à chez elle. Sora tenta de savoir ce que nous nous étions dit, mais Ayame et moi n'avons rien lâché. Il abandonna après avoir levé les yeux au ciel. Ayame alla faire à manger, et il me confia :
- Je suis soulagé, que tu t'entende bien avec ma mère.
-Elle est gentille, et m'aide beaucoup.
Nous nous sommes tus jusqu'à ce que sa mère nous appelle. Le silence était vraiment ce que j'aimais le plus, chez lui. En peu de mots, tout passait. Vraiment, c'était un silence magnifique.
~~~
Heyo !
Commentez, appréciez, et attendez la suite !
Vous sentez le bonus qui arrive ? Vous le sentez ?
Moi je le sens. Il s'appellera 100 abonnés, et sera sûrement un trailer. Trailer de quoi ? 😏 suspense...
Enjoy ! ♡
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top