-Tu te fais appeler Zero, non ? Je ne sais pas quoi penser de toi, tu sais ? Alors que...

Emma ne termine pas sa phrase. Elle sent la présence de Zero, reconnaît celle qui occupe son mari depuis quelques temps.

- Pourquoi tu ne me parle pas, à moi ? J'espère que tu ne me fais pas la tête, parce qu'on va passer un bon bout de temps ensemble, chou.

La présence disparaît, Emma se décide à rentrer.

Sora réagit assez mal quand il apprend que sa femme a prit une décision sans lui en parler, mais quand elle lui révèle tout ce qui s'est passé, il la prend dans ses bras.

- Cantara est passée de leur côté ?

- Ouais, apparemment.

Sa voix est étouffée, enfouie qu'elle est dans le torse de son conjoint. Elle murmure :

-Tout s'accélère, Sora.

- Emma ?

-Mh ?

- Si...si tu voulais faire quelque chose de très grave, tu m'en parlerai ?

- Je t'ai dit que ni moi ni Yun n'étions en état de rentrer ensemble. Je suis désolée.

Sora s'apprête à lui dire, que non ce n'est pas de ça qu'il parle, qu'il veut savoir ce qu'elle prépare, mais il ne dit rien. Il la lâche, sort du hall.

- Je t'aime, Emma.

Sa femme n'a pas le coeur à répondre à cet aveu si plein de tristesse. Le mensonge s'empare d'elle, l'enlève à son époux. Soudain, une idée lui vient. Dangereuse, Sora n'aurait pas aimé le savoir. Mais c'est la seule solution qui lui permette de dire adieu au mensonge. Elle rejoint son mari, et en passant devant lui elle lui souffle :

-Je t'aime aussi, Sora. Si tu savais comme je t'aime...

*

- Gaënya, ta fille prépare un truc, non ?

-Mon chéri, les Elfes préparent toujours 'un truc'.

- Oui, mais c'est ta fille, tu devrais t'inquiéter un minimum.

- Haruo enfin ! Elle est assez grande !

- Assez grande pout aller dire à Aika ce qu'elle pense de ses méthodes, oui. Assez grande pour se jeter seule dans la gueule du loup. Assez grande pour ne pas se mettre le maximum de personnes de son côté.

-J'ai compris, j'appelle Samantha. Quoique...non.

Gaënya prend son téléphone portable, appuie sur une touche. Voyant la tête surprise de son mari, elle lui lance avant de répondre :

- Fabrication Elfique. Oui Allô ? C'est Gaënya. Dis-moi, il serait possible que je voie Aru d'ici demain ? Je n'ai pas de Ans. IB, il faudra qu'il fasse le déplacement. Ne t'en fais pas, personne ne saura rien. Tu es chou. Merci, Mura. Surtout ne dis rien à Aika. Merci. Merci. Voilà une bonne chose de faite, Haruo. Demain, s'il te plaît, tu pourras me laisser ? Tu pourras aller voir Yuichi, je suis sûre qu'il sera content de te voir.

Haruo s'inclina devant la détermination de sa femme. Il se méfiait de la Fée qui devait venir voir sa femme. Il avait toujours considéré Aru comme un rival, même si ni sa femme ni lui ne l'avait revu depuis l'exil de Gaënya.

*

Aru se transporte dans le salon de son ancienne amie, qui l'attendait, une tasse de thé à la main, l'autre sur la table basse.

- Gaënya. Ça fait si longtemps.

-Aru, tu n'as pas changé d'un pouce.

- Toi non plus.

Gaënya rit, incrédule.

- Je suis peut être une Elfe, mais la vie sur Terre be me réussit pas.

- Je trouve au contraire que c'est la meilleure chose qui te soit arrivée.

Un petit silence sépara un instant les deux créatures magiques, puis Gaënya tendit la main en direction du ruban entouré autour du visage de la Fée.

-Tu ne t'es pas encore débarrassé de ce truc ?

- J'ai décidé d'arrêter de voir, tout ce qui s'offrait à ma vue n'était qu'hypocrisie. Autant devenir aveugle. La magie que je possède me permets de "voir" d'une certaine manière, je ne me plains pas.

- Oh Aru, je sais que tu as fait ça pour moi, mais tu peux arrêter.

- Mon rôle est fini ?

L'Elfe secoue la tête en buvant une gorgée de thé.

- Non, mais il se plursuivra dans longtemps. Le maître du jeu va bientôt entrer en scène. Je veux que tu protège ma fille. Et l'autre aussi.

-L'autre...Comment la reconnaitrais-je ?

-Elle sera la digne héritière d'Emma.

- Je vois. Et pour Emma ?

- Elle compte faire comme moi. Sauf qu'elle, elle a une chance de réussir.

- Réussir ? Face à Aika ? Cette femme a avalé plus de pouvoirs que Janis lui - même ! Elle est quasiment invincible !

Gaënya prend le temps de réfléchir à ce qu'Ary vient de lui révéler. Aika G. Gematos. Cette Reine avait plus d'un tour dans son sac, et une seconde, la défaite d'Emma se présente à l'esprit de l'Elfe. Mais cela ne dure qu'une seconde. Elle répond :

- Certes. Emma ne tuera pas Aika, elle le sait. Mais tu connais le proverbe, jamais deux sans trois. J'ai porté le premier coup, Emma le deuxième. Nous avons ouvert le chemin, le troisième coup sera fatal.

- Pourquoi Emma ne peut pas achever Aika ? Je vois ce qu'elle veut faire, elle a juste besoin de-

-Aru, tu ne prends pas une chose en tête. Emma, ma fille...ne peut pas. Elle n'est pas...parfaite.

- Je le sais, mais toi non plus ! Et moi non plus ! Et l'autre ne le sera pas plus ! Alors pourquoi-

-Aru.

Pour la deuxième fois, Gaënya interrompt son ami. Ce dernier croise ses bras dans son kimono blanc comme ses cheveux. Sa boucle d'oreille turquoise tinte, Gaënya reprend :

- Je veux dire qu'Emma a choisi de ne pas porter le coup fatal. Ni toi ni moi ne pouvons nous interposer. Elle...elle est trop...faible. L'autre en sera capable.

Aru comprend à ce moment le plan, ce qu'Emma fera, et il secoue la tête.

- Tu n'as vraiment pas changé. Appeler ta fille faible parce qu'elle choisit son humanité, franchement, Gaënya V. Virtutea, il n'y en n'a pas deux comme toi.

-Je sais. Tu vas l'aider ?

- Je n'ai jamais dit que je ne le ferait pas.

Il se lève, prêt à repartir. Mais avant de passer le portail, il lève sa main en direction de son ruban. Gaënya ne le quitte pas des yeux, les ouvre grand quand elle voit le visage de son ami. Aru rentre chez lui, laissant Gaënya atterrée, face à la tasse de thé pleine de la Fée.

*

- Zero, répond moi, s'il te plaît !

Sora, je ne vais plus pouvoir te parler pendant un certain temps, je suis désolée.

- Pourquoi ?

Les choses bougent. L'adversaire a joué, je prépare mon tour. Toute ma concentration est nécessaire pour cela.

- Zero...

Emma ne t'abandonnera pas. C'est tout ce que je peux te dire. Adieu, Sora.

Sora médite sur ces phrases, se cramponne à la promesse de Zero, chérissant ces mots. Sa femme ne l'abandonnera pas. La mère de ses enfants ne le laissera pas tomber. L'adversaire a joué. L'adversaire, c'est Cantara ? Non, c'est plus important. Aika ? Les Elfes ? Les Trois Pays ? Alors, si Zero prépare son tour, cela signifie qu'elle est...

Le jeune homme soupire, laissant les réflexions à ses nuits sans sommeil.

***