21
Sora observe du coin de l'oeil les chiffres défiler sur son réveil digital. Il n'arrive pas à se calmer et s'endormir, alors qu'à ses côtés sa précieuse épouse est déjà dans les bras de Morphée. Il se cale sur son coude, et écarte une mèche de cheveux d'Emma de sa bouche légèrement entrouverte. Elle a l'air paisible, contrairement à lorsqu'elle est rentrée, quelques heures auparavant. Elle tenait fermement par le bras Kyousuke et Sora avait eu du mal à se contrôler.
*
-Je peux savoir d'où tu viens jeune homme ?
Mon fils ne détourna pas les yeux, il n'avait pas honte ? Emma paraissait épuisée, préoccupée et un peu en colère aussi. Je pris Kyousuke par le coude, il chercha à se défaire de la poigne mais n'y parvint pas.
- Réponds ! Que faisais-tu ?
- J'étais allé chercher maman. Et si je ne l'avais pas fait tu ne l'aurais jamais revue !
Je ne m'attendais pas à une telle réponse. J'étais en tort mais trop sur les nerfs. Mon fils m'avait menti, ça m'était insupportable. Encore plus le fait qu'il ne semblait pas le regretter, et me fixait insolemment. Ma femme commençait à vaciller, les effets secondaires liés à la fatigue et au stress, et sa respiration se hachait. Je fis un signe de tête à mon fils.
- Dans ta chambre on reprendra ça plus tard !
- Mais...
Je haussai le ton comme je ne l'avais pas fait depuis longtemps.
-Allez !
Il obéit et disparut de mon champ de vision et je cueillis ma femme au moment où elle heurtait le meuble à chaussures.
- Doucement, doucement. Viens avec moi, tu vas te reposer.
- Sora, tu as été un peu dur avec lui.
- Plus tard les reproches. Pour l'instant tu es la priorité.
- Arrête un peu.
Je la pris dans mes bras et l'installai dans le lit après l'avoir mise à l'aise. Elle s'endormit immédiatement.
*
Sora avait réfléchi depuis, et n'avait pas trouvé de réponse. Pour lui sa femme était prioritaire, et elle lui assurait le contraire. Il articula silencieusement :
-Tu en penses quoi, toi ?
De quoi ?
- Ne fais pas l'innocente...
Je...je ne peux pas répondre. Je suis désolée.
Sora fronça les sourcils, se tournant dans le lit de manière à tourner le dos à son épouse.
- Tu as la voix de l'échec, pourquoi ?
J'en ai donné l'impression ? Je ne voulais pas.
- Tu as l'air triste, Zero.
C'est parce que tu l'es aussi. Nous partageons le même esprit je te rappelle.
- Non ce n'est pas ça, l'influence de mon humeur est moindre. Quelque chose d'autre te bloque. Mais pourquoi tu ne peux pas répondre ? Qu'est ce qui t'en empêche ?
S'il te plaît ne me force pas la main.
- OK, OK.
...
-...
Tu es fâché ?
- Non. Si. Je ne sais pas. Du coup je suis-
Suis...?
-Non rien. Laisse tomber. Tu peux me laisser ?
Zero ne répond pas, sa présence disparaît. Sora se redresse sur le lit, enfouit son visage dans ses mains, se lève doucement. Emma bouge légèrement, sans s'éveiller. Il lui jette à peine un regard et sort de la chambre. Comme il le pensait, une seule pièce est allumée. Son pied fait grincer une latte du plancher, la lumière s'éteint précipitamment. Il sourit, et toque à la porte.
- Je sais que tu es réveillé. Je peux entrer ?
La lumière se rallume, Sora pénètre dans la pièce. La chambre de son fils est relativement bien rangée, quelques vêtements sont sortis, un jogging de sport et un T-Shirt, un ballon au pied de la chaise de bureau. En tailleur sur le lit, en pyjama, Kyousuke fixe son père, lèvres closes. Yeux dorés dans yeux dorés, un duel de regards s'enclenche, sans agressivité. L'homme est gêné, le jeune homme déstabilisé. Sora ouvre la bouche, la referme, se lance :
-Je m'excuse, pour tout à l'heure. Sincèrement.
- C'est bon....
Kyousuke rougit légèrement et se penche en arrière. Son père se détend, mais Kyousuke reste sur la réserve. Sora s'en rend compte,et demande avec autant de tact que possible :
- Ça ne va pas ?
- Si si.
- Kyou-Kyousuke, qu'est ce qui se passe ?
- Il se passe des trucs louches, et je ne sais rien du tout, c'est assez énervant.
- Dans quel domaine ?
- Avec maman. Elle était en prison, papa, en prison ! Elle était blessée, traitée comme une criminelle, dénigrée par tous ! Ils n'ont pas le droit de lui faire ça, elle n'a rien fait de mal !
- Chut...je sais je sais.
-Bah alors pourquoi tu dis rien ?
Sora se mords la lèvre, repense à Emma, sa fragile Emma, aimante, mais distante, plisse les yeux.
-Ta mère pense...qu'elle peut agir toute seule.
- Mais ce n'est pas le cas ! On peut pas agir seul !
Sora sourit. Son fils a grandi, il est beaucoup plus ouvert qu'avant, et ça le rend fier. Il sait qu'il a raison, et répond :
-Tu as raison, et je n'ai pas l'intention de la laisser faire. Mais on est une famille, et on doit tous s'entraider, tous. Toi, Yun, maman et moi, on doit rester unis.
Un silence méditatif succède aux paroles calmes de Sora.
- Papa ?
- Hm ?
- Tu dis ça parce que ce n'était pas le cas, quand tu avais mon âge ?
Le père hésite un peu, l'image pesante de Janis lui revient.
- C'était différent, je ne me suis jamais entendu avec mon frère, mais j'avais tort. Les évènements auraient pu tourner différemment je pense, mais ça dépendait de beaucoup de choses, et je ne les maîtrisaient pas toutes.
- Tu penses que je le rencontrerai un jour ?
- Qui, Janis ? Je ne sais pas, Kyou. Je ne sais vraiment pas.
- Tu le connaissais bien ?
À nouveau, le visage de son demi frère apparaît à Sora. Un visage dont il n'a jamais su déchiffrer les expressions, jamais compris les pensées.
-Ça m'attriste de le dire, mais non, je ne le connaissait pas.
-Alors...
Kyousuke prend un air réfléchi en regardant droit dans les yeux son géniteur :
-Alors on le verra. Les grands frères n'aiment pas laisser leurs petits frères seuls. Même Janis.
Sora sourit et secoue la tête gentiment.
- Je vais te croire alors...essaye de te reposer un peu.
-Dans 5 heures je dois me lever tu sais...
- Haha...moi aussi...j'y vais alors.
- Au fait papa ? Merci d'être venu.
Sora essaye de voir l'expression de son fils mais celui ci s'est déjà précipité sous sez couvertures dans un large mouvement de bras. La lumière s'éteint, Sora retourne se coucher. Alors qu'il se glisse sous les draps, des bras fins se faufilent autour de son cou, des lèvres se collent à sa nuque.
- Tu devrais dormir, Emma.
- Tu es le meilleur, tu sais...
Il sourit dans le noir en comprenant les paroles murmurées de son épouse.
- Je sais.
*
-Pourquoi ?
-Pardon ?
-Pourquoi cette arrestation stupide ?
-Samantha, Samantha tu es intelligente et déterminée, mais tu es encore trop jeune pour tout comprendre.
- Aika, tu vas trop loin !
-J'évite des débordements futurs, c'est tout.
-Tu parles ! Et avec Sarël, c'est ce que tu as fait aussi ? Hein ? Réponds ! RÉPONDS !
Les deux éclairs de magie partent quasiment simultanément. Samantha recule d'un pas, Aika remet la mèche de cheveux sortie de son chignon. Le mur derrière la Reine et la porte fument encore, aucune des deux femmes ne bouge. Enfin, Aika prend la parole :
- L'entrevue est terminée.
Arrivée à la porte, la Fée se retourne.
- C'était ma cousine. C'était ta soeur !
- Sors d'ici, Samantha.
Aika reste seule, le seul bruit qu'elle perçoit est celui, rageur, des talons de sa jeune protégée. Elle gémit en ôtant sa couronneet la contemplant.
- Personne ne me comprendra jamais...
***
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