Chapitre 8

Daëri

Au milieu du chaos éclairé par le soleil couchant et les flammes des appareils neutralisés, Daëri jauge celui qui l'immobilise. Avec ses grands yeux noirs trop doux pour être ici, au milieu du sang, le jeune homme lance à Daëri un regard moqueur. Malgré tout, celle-ci se demande s'il compte la violer, il n'y a que cela qui clignote dans son cerveau en surchauffe. Les informations de la base de données disaient que Les rebelles ne faisaient pas ça, mais elle a tout de même peur. Elle préfèrerait qu'on lui tranche la gorge que de revivre ce genre de choses. Elle n'avait pas quitté ce monde pour y revenir.
Au lieu de se terrer dans ce champ qu'elle n'avait pas vu, depuis maintenant 11 ans, elle laisse la colère et la douleur la submerger. Elle hurle:
-Mon père va tuer chacun d'entre vous jusqu'au dernier! Il ne restera que de la poussière! Toi aussi tu vas crever!

Zy la maintenant au sol éclate de rire. Un autre homme au visage encore plus tâché de sang et aux cheveux entre le roux et le blond approche. C'est une couleur que Daëri essaie de distinguer sous les flammes, pour se distraire du fait qu'il vienne de mettre son fusil de côté et de sortir un poignard laser, d'une teinte violette lumineuse. Il la couvre d'un regard dur couleur froid en attrapant sa chevelure sombre, quand une voix fluette crie:
-Stop!

L'homme regarde une femme aux cheveux teints en ce qui semble être du violet. Elle a l'air un peu âgée donc sa présence surprend Daëri dont le cœur cogne toujours autant. Après un signe de tête entre eux, l'homme au poignard utilise son oreillette pour dire:
-On a trouvé quelque chose. Aigle prend ma place, tuez-les jusqu'au dernier.

Daëri est irritée par la façon dont son escadron va finir. Ils avaient du potentiel. Puis elle se dit qu'elle-même n'aurait pas dû survivre jusque-là. Toutes ses victoires étaient dues à la chance, enfin...
Ses ravisseurs finissent par la jeter dans une chose qu'elle a à peine pu distinguer. Ça ressemblait à une sphère flottante. Dans l'engin inconnu, elle se relève un peu et tâtonne pour s'asseoir sur un des sièges. Dans l'obscurité, elle s'empêche de trop penser pour ne pas se noyer dans sa peur de rencontrer les chefs du camp adverse comme elle s'y attend d'après ses réflexions.

Dans l'obscurité ayant enfin recouvert le ciel et plus loin du champ de bataille, les sphères s'arrêtent. Ils trainent Daëri hors de la sienne malgré ses pathétiques tentatives d'échappatoire lui valant des secousses violentes. Ils l'emmènent plus loin avant la jeter au milieu du sable. Chute lui faisant surprenamment plus mal qu'elle le pensait à cause des chocs qu'ont subis son corps. Elle retient pourtant la douleur au milieu de ses dents. Elle entend soudain quelque chose se faire planter dans le sol non loin d'elle et son sang se glace. Seulement d'un coup, une lumière aveuglante éclaire les alentours.

Quand elle s'habitue enfin au faisceau brûlant ses yeux, elle reconnait d'abord l'homme ayant failli l'égorger à sa chevelure rousse claire en bataille. Daëri décide d''utiliser une technique de son père pour se calmer et détaille ses ennemis. L'homme roux n'a pas l'air trop vieux ni trop jeune selon elle, mais est trop recouvert de sang pour en être sûr. Au milieu de tout ça, seuls ses yeux clairs et piquants ressortent. Il y a aussi une femme svelte à la chevelure noire attachée qui avai pris la peine d'essuyer le sang sur son visage. Elle a un nez fin, et des lèvres épaisses boudeuses. Elle semble également venir de l'est-asiatique. Daëri ne pense pas qu'elle soit si vielle mais pas jeune non plus, comme le roux.

Elle analyse les deux autres du regard. Il y a la vieille dame intacte à première vue, mais maintenant elle peut voir ses manches sable et sang. À côté d'elle c'est une femme à la peau sombre contrastant avec les éléments argentés sur certaines parties de son corps. Elle, elle a l'air nette, mais ses sûrement parce qu'elle porte du noir. Tous ces gens lui lancent des regards allant de l'observation d'une "chose" à l'animosité, voire la haine. Soudain, une jeune femme à la joue et une partie des cheveux maculés de rouge arrive. Elle demande de sa voix naturellement chantante aussi claire que ses yeux:
-Qu'est-ce qu'il se passe? C'est qui, ça?

La femme à la chevelure noire attachée lui répond sur un ton réprimandeur:
-Qu'est-ce que vous faites là vous 5?

L'homme aux yeux clairs lui répond:
-Détends-toi Moya. Je les ai laissés venir, ils peuvent être utiles.

La vieille femme aux cheveux violets et au visage ayant la forme d'un radis selon Daëri s'accroupit près d'elle. La femme demande sur un ton faisant passer son envie de rire à Daëri:
-Qui est ton père?

En guise de réponse, l'interrogée plante un regard agressif dans les yeux verts de la femme âgée tout en serrant les dents. Cette dernière se relève et Daëri regarde au loin pensant à courir. Celle qui vient de l'interroger, ayant intercepté son idée, lui dit:
-Vas-y essaies. Si tu veux finir avec un trou dans la tête.

Daëri expire fort et n'ose même pas s'asseoir. La femme avec de nombreux piercings et ayant un teint un peu plus clair que le sien sort un couteau simple mais semblant bien aiguisé de sa ceinture puis se baisse. Le regard brun clair de la femme brûle Daëri quand elle la menace:
-Maintenant, on va pas parler pendant des jours. Tu l'ouvres ou je te coupe la gorge.

Daëri s'énerve à nouveau sous la menace à laquelle elle n'est pas habituée. Malgré la peur lui prenant les tripes, elle se retient de trembler et lance comme une insulte:
-Fais-le

La voix de Zy s'exclame:
-Hey attendez! Le sauveur est là. Il pourra peut-être aider.

À la confusion de Daëri, ils se sont tous tournés vers quelque chose dans le petit groupe formé près d'elle, ayant soudainement grandi. La femme aux piercings la force à s'asseoir un peu en disant:
-T'es peut-être chanceuse.

La femme, en partie d'argent, lâche Daëri violemment. Celle-ci manque de tomber dans le sable, mais se rattrape et s'assied. Elle lève la tête et regarde approcher un jeune homme. Il a la peau qu'elle distingue beige foncée. Une couche de soleil qu'il a la chance d'avoir en signe d'adaptation, contrairement à certaines personnes qui supportent malheureusement juste mal les rayons.
Ses cheveux sont comme la nuit les entourant. Sa tenue est bien sûr teintée de sang, comme celle de sûrement tout le monde sur ce terrain de mort. Pourtant quand il se baisse, Daëri arrive également à voir une partie de son visage, malgré les tâches et les éclaboussures de sang.

Elle ne sait pas pourquoi il la fixe aussi intensément de ses grands iris verts profond, contrastant avec la forme de ses yeux en amande, dominés par de longs sourcils. Ils sont plus droits que courbés, une forme entre la menace et la surprise. Daëri arrête de se perdre sur les angles durs de son visage qui sont adoucis par ses yeux, son nez, sa bouche et le reste. Elle soutient son regard qu'il ne quitte même pas au bruit d'une nouvelle explosion. Elle remarque soudain l'odeur alentour. Celle du sang et du métal brûlant. Mais elle ne se laisse pas distraire par cela trop longtemps, et se concentre à nouveau sur cet inconnu la défiant du regard.

Elle arrive même à distinguer des taches de rousseur non souillées par le sang sur ses pommettes hautes. Ses lèvres...l'une est comme deux monts et l'autre est un peu plus longue et plus charnue que celle au-dessus d'elle. Le cœur de Daëri accélère encore plus et s'emballe à sa panique. Elle pense qu'à force de la fixer il lui fait de plus en plus peur, même si ce n'est qu'un sale humain. Cela doit être tout ce sang.

Soudain, il ferme les yeux en ricanant et se lève. Daëri confuse fixe un point au loin, mais entend celui qu'elle considère toujours comme un inconnu dire d'une voix grave, mais posée:
-C'est sûr, elle a peur. Elle...

Elle regarde le jeune homme qui s'est arrêté. Il s'éloigne avec certains des autres sûrement pour continuer de parler, d'elle. Les pensées de Daëri se bousculent. Elle s'est laissée percer à jour. Pourtant il y a longtemps qu'elle a appris à cacher ses tourments. Peut-être qu'elle a perdu cette capacité. Elle touche la peau sous ses yeux. Elle n'en est pourtant pas encore à pleurer à son soulagement. Avant qu'elle ne puisse continuer ses réflexions, la voix de la femme aux piercings ordonne:
-On l'emmène avec nous, Blade tu la prends.

Un jeune homme se détache du groupe. Il a un teint brun foncé, mais toujours moins que celui de Daëri. Il a aussi l'air d'avoir des trains fins et coupants, bizarrement ça pourrait lui rappeler l'inconnu aux yeux verts. Le jeune homme s'approche et elle regarde ses locks noires presque courtes et attachées, le reste de son crâne est rasé sur les côtés. Il ne la laisse pas le jauger plus longtemps et la fait se lever comme un pantin. Il l'attache rapidement puis l'attrape. Il lui fait mal avec sa poigne trop forte, ce qui la pousse à commencer à résister, malgré ses bras attachés dans son dos. Cela ne fait que resserrer encore plus la pression de Blade, qui finit par la secouer violemment. Il enchaîne en disant doucement de sa voix grave menaçante:
-On va pas commencer avec ces conneries, t'avances ou je te coupe une partie de la jambe.

Daëri prise de court fronce les sourcils. Derrière elle, avec l'amusement éclairant sa voix grave qu'elle reconnaît, l'inconnu aux yeux verts la prévient:
-Il le fera.

Daëri s'arrête de résister et prend sur elle pendant que Blade lui broie le bras, jusqu'à ce qu'on la jette à nouveau dans une sphère qui se met à bouger bizarrement, avant de suivre les autres.

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