Chapitre 52
Daëri
Je me bats pour respirer après ce que je viens de faire, puis soudainement je suis entourée par des bras. La chaleur et l'odeur d'Atmos dont j'emplis mes poumons. Assez vite, je me calme puis vidée, je dis faiblement:
-C'est fini.
Atmos me berçant dans ses bras me demande doucement:
-Tu vas bien?
Je réponds:
-Oui, je sais pas. Je...
Il embrasse doucement ma joue puis je le regarde. Il me réconforte avec ses lèvres et murmure contre moi:
-Je t'aime.
Je réponds:
-Je t'aime.
J'inspire et dis:
-Je devrais pas pl...pleurer.
Atmos me dit doucement:
-Tu peux faire ce que tu veux, je serais là pour toi. T'aurais même pu laisser cette saloperie vivre, je m'en fous du moment que je sors d'ici avec toi.
Je l'embrasse à travers mes larmes.
Au bout d'un moment, je me lève avec l'aide d'Atmos qui va ensuite vérifier si la porte est ouverte. Elle l'est et il laisse échapper un soupir de soulagement avant de me dire:
-On doit aller soigner ta jambe.
La douleur était passée au second plan tout ce temps où je m'y suis habituée. Je ne sais pas si c'est bon. Je guide Atmos vers l'infirmerie. En m'aidant à m'asseoir sur le lit, il me dit:
-Reste ici.
Il se met à fouiller les placards et les tiroirs puis attrape ce dont il a besoin. Il continue, car il ne semble pas trouver ce qu'il cherche avant de me demander:
-Vous avez pas de gel?
Mon humeur reprend un peu d'éclat et je l'informe amusée:
-Vous avez créé ça, pas Nyx. Il n'en a pas créé, peut-être qu'il s'en fichait. Je guérissais à vitesse normale les rares fois où je me faisais mal.
Atmos regarde dans les nombreuses poches de son pantalon et finit par en sortir un petit sachet argenté. Il dit:
-Je savais que j'étais pas con de toujours en avoir, je pense qu'il y en aura assez.
Il tend ma jambe puis enlève mon bandage en tissu, ce qui me fait grimacer, tout comme la vue de ma chair malmenée et du sang sec et coagulé dessus. Malgré sa douceur, je ne peux pas m'empêcher de grimacer quand Atmos nettoie la morsure et que le produit irrite mes plaies. Le gel froid me fait frémir, mais calme mes blessures battantes et enflammées. Il fait un nouveau bandage puis me dit en souriant:
-Et voilà, Docteur Atmos a encore maîtrisé la situation.
Je me mets à rire à sa bêtise puis lui dis en descendant:
-Merci.
Il me demande:
-Tu veux déjà marcher?
-Je marche déjà plus facilement...je veux voir si c'est encore là. Là où je vivais, mes appartements.
Il me dit moqueur:
-J'avais oublié que t'étais une princesse.
Je ris et le tire dans l'ascenseur. Une fois arrivés, Atmos jette des coups d'œil aux différentes pièces, dont les portes coulissantes en verre, ont l'air d'avoir été ouvertes par l'arrêt du système. Il commente:
-Ah oui, je me trompais pas pour le truc de la royauté.
On entre dans ma chambre et il siffle avant de dire:
-Pas étonnant que tu voulais revenir.
-C'était pas pour là où je vivais...mais c'était stupide de toute façon.
Il m'enlace doucement par-derrière puis ses lèvres caressent mon cou. Je me retourne et mes lèvres entrainent les siennes avec elles. Nos vêtements tombent et la caresse de ses doigts autour de mon cou me fait frémir avant qu'il l'emprisonne de sa main. Il m'embrasse avec avidité puis s'amuse à tourmenter mes seins pendant que je caresse son entrejambe. Il me retourne plus lentement que je le voudrais.
Sûrement à cause de cette foutue blessure, mais il ne m'épargne pas avec sa fessée qui m'excite, encore plus, sans parler de sa langue chaude sur la peau de mon cou. Quand il fait ses mouvements en moi, je manque de tomber en me tenant contre la vitre de mon ancienne chambre. C'est encore pire quand il ralentit ses coups de reins, mais se met à tirer mes tresses. Le plaisir violent est en train de m'enivrer quand il se calme, me retourne et me soulève. Il dépose des baisers sur mon épaule et mord mon cou avant de le lécher. Il me dit:
-J'aime beaucoup trop ton goût.
Sa langue joue avec la mienne et je réponds contre sa bouche:
-J'aime beaucoup trop ta foutue langue.
Il rit et, me tenant toujours, il me plaque contre la vitre pour continuer ce qu'il avait commencé en me faisant face. Mon souffle, commençant à être perturbée par ses mouvements, je lui dis:
-Je sais que ça t'excite...de me faire ça...précisément ici.
On rit puis il me lâche et me tourne encore, les mains contre la vitre je profite de ces coups de plaisir contre son corps chaud.
Plus tard, je constate que le sexe sous la douche est surclassé...mais ça ne veut pas dire qu'on a gardé nos mains loin du corps de l'autre. Je sors ma tête du casque à sécher et rattache mes tresses. Atmos s'amuse à y mettre de l'huile pour les cheveux qu'il a trouvée parmi mes affaires. Me souvenant des autres, je lui fais remarquer:
-Putain ils doivent penser qu'on est morts.
-C'est pas à ça près.
Je ris et étale de la crème sur son visage avant de lui sourire. Il m'embrasse et on s'en va hors de ce bâtiment dans lequel j'ai grandi. Une fois à la limite du périmètre je dis doucement:
-C'est fini...
Il s'approche et embrasse mon cou puis je monte sur le skate et le suis jusqu'au point de rendez-vous. Quand on arrive dans la nuit j'ai à peine touché le sol que sous les lumières nocturnes Aelia, dont la vue m'a réchauffé le cœur, m'étouffe dans ses bras. Ils ont la même odeur fraiche et fruitée. Elle me lâche et Zy la pousse pour me tirer dans son aura vanillée sauvage. Ils nous observent et Aelia semble remarquer quelque chose. Elle nous dit:
-Vous avez l'air...impeccables.
Zy ajoute confus:
-En plus, vous sentez bon. Vous puez pas d'habitude hein, mais là c'est juste...frais.
Je commence à avoir chaud de nervosité, tandis qu'Atmos leur dit:
-Quoi? On peut pas avoir une pause douche après avoir frôlé la mort?
Zy réplique:
-Oui, je suis sûr que vous avez compensé pour avoir frôlé la mort
On se met à rigoler malgré nous puis Zy ajoute:
-Bon on n'a pas que ça à faire, suivez-nous.
Je remonte sur mon skate et on les suit. On arrive devant une maison dans laquelle Havo et un homme nous font entrer discrètement. Au loin, j'entends un programme pour enfant à la télé, pendant qu'on prend des escaliers, provenant d'une ouverture camouflée dans un mur. Atmos chuchote avec Havo et l'homme, tandis qu'on descend.
Une fois en bas, on finit dans une sorte de salle de surveillance à l'air d'une grotte creusée dans le sous-sol. Elle a des écrans donnant sur les rues alentour. Il y a même une fenêtre qui doit être camouflée de l'extérieur. L'homme aux cheveux poivre et sel nous ayant fait entrer avec Havo nous dit avec son air à la fois charmant, mais espiègle:
-Pas besoin de paniquer les enfants, tout est par balle et camouflé de l'extérieur. Je suis Kelar et je suis aussi tellement honoré de vous rencontrer. Il parait que vous nous avez sauvés.
Havo, que l'on a retrouvé en descendant, l'interrompt:
-N'allons pas si loin pour l'instant. Nyx a peut-être une sauvegarde ou quelque chose dans le genre qui pourrait nous exploser à la gueule.
Je retiens ma respiration en y pensant, mais Atmos prend ma main, ce qui fait sourire l'homme. Avec un air décontracté accentué par sa chemise inspirée de ce que l'on appelait Hawaii, il nous dit:
-Eh bien on va espérer que ça ne soit pas le cas.
Je lui dis:
-Je doute que ça soit le cas.
Le regard cristallin d'Havo s'accroche à moi et il demande:
-Pourquoi?
Je réponds brièvement:
-Parce que.
Havo me dit irrité:
-Ma jolie, est-ce que je dois te rappeler qu'on ne peut pas miser la vie des gens sur un "parce que"?
Atmos lui lance:
-Havo.
Ce dernier lui demande piqué:
-Oui, quoi Atmos?
Avant que ça ne dégénère, je dis:
-Ok, ok, je vais parler, mais ne me fusillez pas après.
Havo me dit plus doucement:
-On ne ferait jamais ça, sauf si tu prévois de nous faire tuer et qu'on le découvre.
Je hoche la tête puis explique:
-Nyx m'a dit que c'était fini pour lui, c'est comme s'il s'était tué. Il m'a laissé faire et il...il a dit qu'il voulait que ce soit moi la prochaine. Moi qui dirige. Mais je ne peux pas faire ça, je ne sais pas,je...
Havo répond:
-Je comprends, je comprends. On verra ça plus tard. Pour l'instant, la tour est sous surveillance et on va attendre de voir comment les choses évoluent. Vous devriez manger et tout le bordel.
Il s'éloigne en emmenant Zy et Aelia, de notre côté Atmos demande à Kelar:
-Est-ce qu'il y a eu beaucoup de résistants avant ceux d'aujourd'hui?
Kelar nous répond:
-Oui beaucoup. Pas autant que tous ceux qui nous ont rejoints, avant que vous Les Rebelles décidiez de ressortir du désert et surtout après cela, mais il y en avait. Malgré toutes les périodes de calme de Rebelles, je n'ai jamais perdu la foi et la volonté.
Je demande:
-Même avec vos enfants ici? Vous avez pris le risque?
Il me corrige:
-Arrière-petits enfants
Face à mon air étonné, il laisse échapper un rire et me dit:
-Je vieillis plutôt bien n'est-ce pas?
On sourit et il ajoute:
-J'essaie justement de leur donner une chance. Mon père m'a dit de ne jamais arrêter le combat. C'est le message qu'il m'a laissé avant de me confier à une famille bébé. Ils m'ont donné sa lettre que j'ai parcoeurisée, puis brûlé. Il savait que Nyx s'attaquerait à moi s'il apprenait qu'il avait eu un fils. Mon père fut exécuté comme le sien durant les débuts de l'ère de Nyx. Il voulait faire disparaître notre lignée.
Je demande:
-Alors...est-ce qu'il y avait vraiment cette dictature pourrie jusqu'à l'os?
L'homme esquisse un sourire avant de me raconter:
-Ils formaient une communauté, mais comme toujours les gens essaient de manger plus que leurs voisins. Ce n'était pas une dictature, mais les gens pouvaient voir l'augmentation de la corruption. C'est pour ça qu'ils ont laissé Nyx faire. Vous pouvez aller voir ça dans la salle là-haut. Et bien sûr, ils n'étaient pas cannibales.
Atmos rit doucement et je lui souris puis dis en m'éloignant:
-Je vais voir.
Je prends les escaliers vers une nouvelle galerie. Je finis dans une pièce qui, malgré les efforts pour lui donner un air moins rustique avec la peinture, a une odeur de terre. Sans compter l'irrégularité des murs et le plafond en dôme. Sa lumière chaude la rapetir encore plus, déjà qu'elle est seulement concentrée autour de ce petit autel au milieu et du bureau, plus loin. Sur l'autel, il y a une pile de choses. Un vase avec de fausses fleurs et de très vieilles chaussures. Il y a aussi un masque anti-sable avec une version différente du drapeau des rebelles, où le soleil n'est qu'un point jaune sans rayons.
Je souris puis observe une ceinture...non, je me baisse vers les objets ayant cette odeur âcre laissée par le temps et prends ce que j'observais. Un collier de chien. L'année après, qu'il m'ait trouvé, Nyx a tué tous les animaux de la ville avec une maladie qu'il prétendait ne pas avoir causés. Je n'y ai pas fait attention, mais je pense même en être responsable, après que le chiot qu'il m'ait offert fut assez grand pour me mordre douloureusement. Après cela, il a disparu. C'était peu avant que l'épidémie ne commence. Je soupire et repose le collier de "Lola", plus attirée par le vieil ours en peluche beige terne.
Il est un peu plat et il lui manque un œil. Pourtant, pour je ne sais quelle raison il me fait sourire, même s'il doit être recouvert de poussière ancienne et qu'il y ai des chances pour qu'il me refile un truc. On n'est pas à cela près. L'ours sous le bras, je me dirige vers le bureau où je le pose à côté de l'appareil provoquant mon excitation. Un ancien ordinateur, encore plus ancien que ceux du début de la guerre, un de ceux avec une unité centrale et un moniteur classique. Je l'allume et un champ de verdure avec un ciel bleu que je reconnais des documents de mes cours d'histoire de l'informatique s'affiche. Ça me fait sourire. Il date de vraiment longtemps, même avant l'époque préguerre.
Je m'amuse à naviguer dans les programmes. Après avoir gagné une partie d'échecs et peint des formes géométriques, je vais enfin dans les fichiers. Il y a de très vieilles photos de l'ancienne communauté dont viennent tous les ancêtres des gens de la cité. Je regarde leurs portraits au milieu du paysage désertique qu'offre, le monde à l'extérieur de la cité qui n'existait pas encore. Certains ont les cheveux qui dépassent d'une capuche, le visage découvert ou le regard protégé par des lunettes.
Ils ont parfois aussi des masques antisable. Leurs tenues sont un mélange d'équipement technologique et de tissus légers, allant des teintes sableuses aux nuances sombres. Même si ce n'est pas en nombres égaux, il y a des gens de plusieurs origines, mais leur appartenance au même groupe est claire. Sous ces photos où les gens posent de façon décontractée et même parfois amusante, il y a des noms d'un autre temps comme Mary, Jack, Lucie, Thomas.
Je change de fichier et mon sourire disparaît quand je comprends quel genre de vidéo j'ai commencé. Depuis le milieu d'une foule, l'objectif se focalise sur les personnes à genoux sur la plateforme surélevée devant. J'entends une voix différente et plus dure que celle de Nyx dire:
-Il est maintenant temps de mettre fin à l'élite empoisonnant notre communauté!
"Notre" communauté? Je regarde le groupe se faire abattre sous le brouhaha de la foule mélangeant des acclamations et des cris d'horreur. En colère je passe à une autre vidéo où je vois le mur immense de la cité, se faire construire par des machines. Dans la vidéo suivante, la caméra suit une famille qui entre dans l'une des premières maisons vides de la cité on dirait, d'après le nom de la vidéo. Ils ont l'air joyeux et non effrayés. Comme s'ils avaient oublié, comme si l'exécution qui n'était sûrement pas la seule n'était pas arrivée. La voix de la personne tenant la caméra demande à la petite fille aux cheveux bouclés noirs:
-Alors Alice? Comment tu trouves ça?
Elle dit de sa voix mélodieuse:
-Super! C'est mieux que la tente!
Je mets pause et me concentre pour communiquer mentalement à Atmos à travers les murs:
-Atmos, tu dois venir voir ça.
Assez rapidement, il apparait dans l'embrasure de la porte avec un air entre le choc ou la confusion accompagnant ses joues rougies. Je demande inquiète:
-Il nous a retrouvés? Il s'est réveillé?
Il prend ma main et me tire en disant:
-Non, tu dois voir ça.
Je le suis en demandant:
-Voir quoi? Atmos.
Il ne me répond pas et après avoir remonté les escaliers on sort de la maison. Dehors les bruits d'acclamations que j'ai commencé à percevoir sont plus distinctifs. La première chose que je vois en me tournant, c'est la tour principale au loin. Elle s'effondre sur la deuxième dans une explosion crevant l'obscurité avec des nuages de feu.
Je n'en ai pas le droit, mais mes larmes montent. Tout ce que j'ai été jusqu'à récemment avait grandi là-bas, c'était chez moi, chez nous. Je m'efforce de respirer profondément et Atmos me retourne contre lui en me disant:
-Viens Daëri.
Je respire son odeur et ça se calme un peu, pendant que mes larmes s'échappent. Il embrasse doucement mon cou puis dépose un baiser sur ma tête avant de me serrer plus fort. On l'a battu, on a repris Emissen.
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