Chapitre 43

Daëri

On a dû se rendre en ville pour récupérer des matériaux électroniques, avec Atmos, Ena, Inoa et Raz, deux autres gardiens. Je n'arrive pas à croire que j'ai gagné ma bataille contre Exxio, pour avoir l'autorisation de sortir de cette cité.

Pendant notre pause entre des toits, un hologramme immense affiche une femme dont le visage me trouble. Elle est belle, d'âge moyen et a de longs cheveux sombres ondulés. Elle a des yeux noisette brillants. C'est censé être une Rebelle d'après ce qui est écrit. Je dis à Atmos:
-T'as vu ça?

Il se contente de mâcher sa pomme en répondant:
-Je la connais pas...mais elle a l'air bizarre.

Je continue de l'observer en disant:
-Elle est peut-être d'une autre faction, même si vous me le cachez je suis sûre qu'il y en a.

Atmos marmonne:
-Mais...

L'hologramme affiche un message nous informant que c'est une dangereuse criminelle qui a caché un mutant devenu un malfaiteur de plus chez Les Rebelles. La pomme d'Atmos tombe et il prononce:
-Putain de merde.

Je détache enfin mes yeux de l'écran pour le regarder et ça me gifle. Comment j'ai pu rater ça? C'est le visage que je regarde le plus dans ma vie et je n'ai pas capté que je le voyais dans ses traits.

Leur forme de lèvres malgré leurs tailles différente, ses sourcils sont une variation plus fine de ceux d'Atmos, la forme de ses yeux n'est que légèrement plus ronde que ceux d'Atmos. Je lui demande dans un souffle:
-C'est elle? C'est ta mère?

Il dit le regard perdu:
-C'est pas possible.

J'ignore Ena, qui s'agite en en parlant déjà aux autres. J'informe Atmos:
-Ils l'ont attrapé parce qu'ils te veulent.

Atmos dit doucement:
-Je sais pas quoi faire.

-Moi non plus...c'est ta mère.

-Donc je ne devrais pas la laisser. Mais je nous mettrais en danger, si je trouve le moyen de l'approcher et qu'on m'attrape.

-Comment? On a tous souffert au conditionnement pour ne pas parler.

-Il ne tient pas pour toujours. On ne peut pas résister infiniment, on a tous différents niveaux de résistance. On doit se tuer avant de craquer dans l'idéal, jusqu'ici ils ont tous réussi.

J'ordonne:
-T'y vas pas.

-Je peux pas la laisser mourir.

-Si tu pars, je pars.

-Daë...

-Tais-toi maintenant, on y va.

On parle de notre plan aux autres et à ma surprise ils sont pour. Ena parcourt son grand regard tombant noir sur moi et me demande:
-Est-ce que tu peux être utile pour une fois?

Je l'interroge du regard et elle me dit:
-Nous faire entrer.

Je lui réponds:
-S'ils n'ont pas changé les lecteurs d'empreinte, ou je vais devoir y aller.

Atmos demande:
-Qu'est-ce que tu veux dire par "devoir y aller"?

Je soupire et explique:
-Échanger ta mère contre moi, ou faire croire à Nyx que je suis de retour et vous laisser entrer en y retournant. Mais je doute que ce plan-là fonctionne, il le remarquera.

Atmos dit catégorique:
-On annule.

Je réplique:
-Tu peux pas faire ça.

Ena ajoute:
-Oui, c'est à mère et elle c'est juste l'aimant à problème que tu te tapes et q...

Atmos lui crie:
-Ferme-là putain!

On le regarde tous choqués et il dit:
-On a fini. On va nulle part.

Il s'éloigne, mais je le suis en l'appelant:
-Atmos, Atmos.

Mais il s'arrête soudainement et regarde autour avant de nous dire dans l'oreillette:
-Quelqu'un nous a entendus.

Je bouge et en voyant la petite forme courir je m'exclame:
-Un enfant!

Atmos crie:
-Courez! On s'en va!

Assez rapidement, on se faufile au milieu des maisons, aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, pendant que le chaos nous suit. Une fois aux bordures de la cité j'ignore la brûlure irradiant ma jambe et sors ma montre, pour appeler des sphères invisibles. Mais comme je le conclus en regardant derrière moi, ça sera trop risqué de tenter de les attendre. Elles pourraient arriver des secondes trop tard. Je suis Atmos vers les motos qu'on avait garées au cas où, pendant que les gardiens s'éloignent sur les autres. J'ai enfin le réflexe d'activer mon bouclier et traverse rapidement la pluie de balles. Je suis sur la moto pendant qu'Atmos crie dans les oreillettes:
-Point 1!

Je suis paradoxalement reconnaissante à Nyx de m'avoir appris à conduire autrement qu'en ligne droite, pour éviter les tirs linéaires des drones. Je soupire de soulagement en passant le point à l'entrée du désert, où les drones ne passent pas. Je tape les coordonnées du Point 1 parmi les nombreux que l'on a appris pour cette mission et suis l'itinéraire. J'arrive la dernière et Atmos me sourit. Raz dit à Ena:
-Commence pas, on a pas le temps.

Inoa ajoute:
-On ne peut plus y aller Raz, le temps qu'on arrive il fera trop sombre.

Atmos lui dit:
-On peut pas rester là, c'est pas un point sécurisé c'est juste un lieu de rendez-vous derrière une dune. C'est trop près de la limite du désert. Il a des robots qui peuvent entrer maintenant. En plus, on n'est même pas dans une oasis, mais entre deux et il n'y en a pas des masses dans cette zone, c'est facilement répérable.

Inoa dit:
-On n'a pas le choix, on devra faire des tours de garde.

Atmos râle:
-Putain.

Ena commente:
-Ne mettez pas Romeo et Juliette ensemble, ils feront tout sauf surveiller.

Inoa a un léger sourire et Raz grimace. Je l'ignore et descends, mais la douleur se ravive intensément dès que je pose le pied. Je ne peux pas retenir un gémissement sourd. Atmos me regarde et j'essaie de détendre mon expression, mais il s'approche et m'observe, avant de dire en regardant ma jambe:
-Merde.

Mon uniforme sable n'a pas pu camoufler le pourpre s'échappant du trou que la balle a fait à l'arrière de ma jambe. Atmos me soulève doucement et me couche sur un des tapis confortables, que Raz et Inoa ont décompressé. Je me rapproche un peu du feu, malgré la douleur me faisant suer un peu maintenant qu'elle bat plus fort dans ma chair. Ils s'assoient autour des flammes bleues et me regardent. Je les informe:
-Ils ont utilisé des balles en plus du laser, comme nous aujourd'hui. Juste au cas où ils se ratent, elles peuvent ricocher.

J'inspire profondément et continue:
-S'ils atteignent leur cible du premier coup c'est plus de dégâts.

Inoa découvre sa chevelure noire en enlevant sa casquette et passe sa main dans ses boucles. Raz s'approche et scanne ma blessure au mollet, dont le sang s'écoule, avant de dire:
-T'as de la chance la balle n'est pas allée profondément, mais on doit l'enlever.

Je marmonne:
-Putain ça va faire mal.

Inoa me rassure:
-On va t'endormir.

Je secoue la tête, je n'aime pas qu'il m'arrive des choses sans que je sois là. Je leur dis:
-Je veux pas dormir.

Raz me prévient:
-Tu pourrais avoir plus de problèmes à cause de la douleur

Je propose:
-Anesthésie locale?

Raz m'apprend:
-Non, on avait pas pu fabriquer à temps les produits pour celle-là avant de partir.

Je réplique:
-Ah oui parce que c'est logique de pratiquer toute une anesthésie générale, à la place.

Raz me dit avec une irritation qui ternit son regard couleur brume:
-On n'a pas des trucs forts, juste assez pour que tu te réveilles après quelques heures. Et en général, les gens n'aiment pas trop être éveillés pendant qu'on les soigne et doivent se reposer après de toute façon.

Je demande:
-Et vous faites quoi si on vous attaque? Que le plus fort survive? Ou le plus éveillé non?

Raz réplique:
-Ça a peu de chances d'arriver quand on est dans un point sécurisé. Mais les sphères ne sont pas là pour décorer.

Je réponds:
-Ah oui? Elles sont où là?

Il appuie sur l'écran de sa montre et une partie du paysage se transforme en sphère chromée avant de reprendre son apparence camouflante. Raz me demande ennuyé:
-On ne va pas te laisser crever derrière, rassurée?

Je secoue la tête et demande:
-Vous ne pouvez pas fabriquer de l'anesthésiant local?

Il ricane avant de me dire:
-Non. On n'a pas le matos ni les capacités pour l'instant.

J'inspire pour supporter la douleur et marmonne:
-Tu parles d'une éducation complète.

Il me demande sur un ton narquois:
-Toi, tu le peux?

Je réponds:
-Avec des ingrédients et des instructions qui sont surement dans votre base de données, là logiquement.

Inoa dit:
-Comme n'importe lequel d'entre nous. Mais tu ne veux pas jouer les cobayes, je me trompe?

Je réplique:
-Je peux le faire, j'ai déjà fait des médicaments avec des cobayes contrairement à vous.

Raz provocateur demande:
-Des humains?

Ena ajoute:
-Ça ne me surprendrait pas.

Je grimace à cause de la brulure me démangeant la jambe et réplique:
-Non idiot, je ne voulais aucun d'entre vous sacs à viande près de moi.

Raz continue en demandant:
-T'as bien tué tous ces gens à l'entrée du désert ou Blade, c'était ta première victime?

Atmos s'exclame:
-Raz!

Je souris à Raz en disant:
-C'est bon, et non. J'ai bien tué quelques-uns d'entre vous quand on m'a capturé.

Il soupire et Ena me demande:
-Qu'est-ce que ça t'a fait?

J'y réfléchis comme je peux avec la douleur battant dans ma tête. À ce moment-là, je ne sais pas ce que je ressentais. Je dis tout haut:
-Je sais pas.

Elle répond:
-Menteuse, je sais que t'as adoré ça comme t'as adoré tuer Blade.

La rage m'envahit et je suis prête à ramper malgré ma souffrance pour tenter de lui en mettre une, mais Inoa crie:
-Ferme ta gueule Ena!

En même temps, Atmos crie :
-Tu vas la fermer?!

Ena le mitraille du regard, mais se contente de répondre:
-Laissez-la se faire opérer ou laissez-la crever, quoique j'aimerais la dernière option. On aura peut-être la chance de la voir mourir d'une crise cardiaque à cause de la douleur.

Je réplique:
-Ça peu de chances d'arriver pour commencer et je supporte la douleur sûrement mieux que toi.

Elle ricane et me contredit avec son regard assombri par sa méchanceté:
-Tu mens, t'as jamais connu la moindre douleur dans ton château.

-J'ai pas toujours vécu dans un château pauvre idiote

Je continue par-dessus son début d'insulte:
-Et tu m'as frappé récemment, t'as la mémoire courte? Et maintenant, j'ai cette saloperie dans la jambe et c'est comme si c'était des lames brûlantes donc ferme ta putain de gueule ok?! Et vous enlevez ça putain!

Atmos, qui nous regarde en silence depuis tout à l'heure, leur ordonne calmement:
-Immobilisez-la et anesthésiez-la juste.

Je crache:
-Va te faire foutre.

Inoa lui dit:
-On n'a pas de masque et je ne sais pas comment piquer quelqu'un qui se débat, même avec une sangsue.

Je dis moqueuse:
-Ça fait beaucoup de choses que vous n'avez pas. Vous avez des pansements au moins?

Inoa répond:
-Me donne pas envie d'essayer de te piquer.

Je le mitraille du regard et après un moment de silence Atmos dit:
-Faites-le, enlevez la balle.

Ena commente avec son air de poupée maléfique:
-Ça va être intéressant

J'expire tremblante. C'est pour le mieux. Raz me demande:
-Tu peux soulever ton t-shirt? Je te mets le capteur.

Je m'exécute en tentant de rester calme malgré ces mains étrangères sur moi. Le tout sous les ricanements de cette gamine d'Ena. Quand Raz a fini je respire à nouveau et regarde Atmos qui me sourit. Raz commente moqueur:
-Ça commence déjà bien avec les battements. Essaie de te calmer.

Je réplique:
-Je fais de mon mieux, juste finissez-en.

Ils me placent correctement et nettoient la surface à opérer, ce qui me fait tressaillir à cause de la douleur quand ils s'approchent et touchent ma blessure. Raz prend une sorte de pistolet contenant un cylindre avec une sorte de ventouse au bout, je crois que c'est un aspirateur chirurgical. Putain. Je me remets à trembler et la peur se balade de ma poitrine à mon estomac, me paralysant. Atmos s'approche et prend ma main. Je serre la sienne et tente de me concentrer sur sa chaleur. Raz me dit doucement:
-On va commencer.

Je n'ai même pas le temps de dire quoi que ce soit que j'émets des gémissements étouffés en sentant la machine pomper le sang qui noyait la chair déchirée de ma blessure. Elle provoque mes nerfs alimentant la douleur me brulant. Inoa me dit:
-Ne regarde pas.

Bien sûr, je fais le contraire et mon cœur rate un battement en le voyant, avec un pistolet dont dépasse une fine barre en métal, se finissant par une spirale et un bout pointu. Comme un tournevis. Je déglutis doucement et ma douleur reléguée au second plan par la peur, je demande:
-C'est pour quoi, ça?

Raz me dit la voix adoucie:
-Entrer dans la balle et l'enlever. Ça va faire plus mal.

Je demande sûrement pour gagner du temps:
-Comment ça fonctionne?

Inoa soupire et dit:
-Ça tourne rapidement pour l'extraire

Comme une putain de foreuse qui se fraie un chemin à l'envers, sauf que c'est dans ta chair. Atmos me rappelle doucement:
-Ils t'avaient dit de pas regarder.

Je réplique:
-Tu regarderais pas ce qu'ils foutent avec ton corps?

Inoa dit:
-On doit se dépêcher ou on va devoir recommencer.

Je leur dis:
-Allez-y

Je regarde ailleurs et m'accroche à Atmos. Je sens le métal aussi froid que mon corps est chaud à cet endroit. Il pénètre dans ma blessure centimètre par centimètre brulant, écartant et déchirant mes tissus, qui tenaient à peine ensemble après la traversée de la balle.

J'émets déjà des bruits entre des gémissements et des sanglots, alors que l'on a à peine commencé. Je sens qu'on tient ma jambe fermement et une partie de moi voudrait tout arrêter et demander une anesthésie. Mais c'est trop tard. D'un coup, il y a le bruit, la brûlure s'intensifiant et je sens la balle tourner en déchirant ma chair. Ça me brûle et c'est tellement douloureux.

Je m'accroche à Atmos en criant. Je ne peux même pas leur prononcer de s'arrêter. J'ai l'impression que ça dure une éternité, que je commence à payer pour tout ce que j'ai pu faire. Finalement, quand je me sens faible et tremblante, je sens le corps étranger quitter le mien.

Je sens du froid passer sur la zone incendiée par la douleur, mais progressivement ça se calme. Ça brûle toujours, mais comme des picotements de douleur. C'est le paradis à côté d'il y a des secondes. C'est aussi comme si c'était protégé de l'extérieur. Je ne sens pas le vent l'irriter. On me met un bandage et Raz dit joyeusement:
-Voilà c'est fini.

Atmos se baisse sur moi et dépose un baiser sur ma tête. J'essuie mes larmes puis dis doucement:
-Me...merci les gars.

Inoa dit sur un ton choqué:
-Wow, j'ai cru qu'elle allait exiger qu'on la remercie parce qu'elle nous a fait l'honneur de la soigner.

Raz émet son rire lent et grave avant de me répondre:
-Ce fut un plaisir de t'avoir sauvé la vie. Bizarrement, t'es beaucoup plus courageuse que je le pensais.

Inoa dit:
-C'est sûr que toi, tu te serais chié dessus.

Raz réplique:
-Je m'occupe du matos pointu me provoque pas.

Je me régale de l'odeur d'Atmos, mais me souviens de ce que je dois faire et me tourne à contrecœur en disant:
-Raz! Attends! Recycle pas la balle! Je veux la voir.

Inoa demande:
-Pourquoi?

Je perds patience dans mon état second et exige:
-Montre la putain de balle!

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