Chapitre 42
Daëri
On est enfin arrivé. L'endroit avait déjà une atmosphère douce, un ciel...et des plantes ayant poussé librement. Les enfants étaient excités pendant une bonne partie du trajet, mais commençaient à en avoir marre et voulaient rentrer chez eux. Ça me peinait beaucoup, mais maintenant j'en vois courir au milieu des herbes hautes.
Les gens sont trop occupés à s'installer pour me détester, même s'ils me laissent aider, mais de façon abrupte. Ena a tout fait pour ternir encore plus mon nom en renforçant les soupçons que notre migration était de ma faute.
Elle a eu l'intelligence de ne pas expliquer pourquoi, mais même, Zy m'a dit que le conseil lui est tombé dessus et qu'elle sera sanctionnée quand on sera installés. Ce sera peut-être des travaux, ou pire si elle continue.
Comme une assignation à résidence ou encore pire qu'un séjour en prison. Je ne sais pas et je n'ai pas envie de le savoir. Je préfère ignorer son existence quand je le peux.
Je lâche mon bipper et vais rejoindre Zy au pied du nouvel ascenseur vers la surface, en tenue de combat comme il me l'a indiqué. Je retrouve Atmos, qui tient Aelia dans ses bras, ils sont aussi habillés pour se battre.
Aelia lâche Atmos. Elle a l'air vraiment inquiète et me dit sur un ton voilé:
-C'est Jev. Il était en mission de renseignement. On nous a juste dit qu'ils l'avaient retrouvé et que je devrais aller le voir. Daëri, j'ai peur.
Elle se love dans mes bras et mon regard se perd. Je me sens mal parce que je ne ressens pas d'inquiétude pour lui, je suis juste ennuyée de voir Aelia comme ça.
Si ça avait été Zy ou Atmos, je sais que l'inquiétude me rongerait, comme de l'acide, mais là...
Aelia me lâche et inspire pour se calmer avant de penser tout haut:
-Si ça se trouve c'est rien...putain j'aimerais bien.
Exxio et deux autres gardiens arrivent. Il me regarde avec ses yeux azur contrastant avec ses cheveux bruns. Il demande:
-Elle aussi elle s'est ramenée?
Aelia lui dit catégorique :
-J'ai besoin d'elle.
Exxio réplique de sa voix forte:
-Et nous on aura besoin de plus de cercueils si on la capture et qu'elle parle.
Je lui rappelle:
-J'ai passé le conditionnement et vous avez pris ce risque la dernière fois, non?
Exxio reste interdit et j'ajoute:
-Si ça arrive, vous n'avez qu'à me tuer avant qu'ils puissent m'emmener, comme avant.
Exxio m'informe:
-Oh on n'a pas besoin que tu nous le dises pour nous en rappeler
Atmos demande contrarié:
-Vous avez fini?
Exxio ricane et Atmos lui dit:
-Si vous lui tirez dessus vous aurez un mutant en moins pour vos plans. Sans parler des armes à concevoir. Vous pourrez faire sans, mais je sais que ça va vous faire bien chier.
Exxio sourit et rétorque:
-T'es vraiment atteint Atmos.
Ce dernier ne lui répond pas et Aelia perdant patience lui dit:
-On peut y aller maintenant?
Il s'avance et on le suit. C'est la première fois que je vais être dehors depuis des jours. Le soleil a à peine le temps de me réchauffer la peau qu'Exxio nous ordonne:
-Rentrez dans les sphères putain!
Je m'exécute et le trajet est juste silencieux, même Zy n'a rien dit. Je n'aime pas ça. Quand on arrive, Aelia se jette sur l'ouverture. Je descends à temps pour la voir ralentir devant ce qui semble être un soldat tenu dans les bras d'un autre par terre. Le soldat tenu a taché une partie du sol sous lui en carmin. Exxio ordonne à Aelia:
-Tu ne bouges pas ou je ramène ton cul à la cité.
Exxio lève la voix pour demander:
-La zone est sécurisée?
Un autre soldat près des deux autres répond:
-Oui!
Exxio dit:
-Tu peux y aller Aelia.
Elle court vers eux rapidement et en m'approchant, je l'entends lever la voix:
-Non putain! Non!
Elle sanglote à côté de ce qu'il reste de Jev. Je m'assieds près d'eux pendant que l'odeur de sang et de chair brûlée me prend. L'amant d'Aelia était beau, maintenant il a le visage partiellement brûlé et déformé. Mais ce n'est pas du feu. Peut-être de l'acide. Il lui manque aussi une partie d'un bras, ça doit être l'origine du sang, même si on dirait qu'ils l'ont stoppé. À Aelia, qui ne sait pas où poser ses mains, l'homme qui tient Jev dit:
-Il ne souffre presque plus avec les antidouleurs. Mais il lui a fait subir trop de choses.
Elle hoche la tête et prend doucement la main restante de son amant. Jev serre la sienne et je tends l'oreille pour l'entendre dire doucement:
-On ne lui a rien dit.
Exxio demande en s'approchant:
-Qu'est-ce qu'il dit?
Le soldat tenant Jev répète:
-Qu'ils n'ont rien dit à Nyx.
Exxio s'agenouille près de lui et je ne vois presque plus Jev même si je suis à ses pieds. Je l'entends continuer:
-Il m'a fait regarder, il les broyait comme de la viande.
Il respire difficilement et Aelia lui dit:
-Jev laisse tomber.
Mais ce dernier continue:
-Il les mettait dedans et les ressortait et recommençait. Ils hurlaient.
Il inspire longuement et poursuit:
-J'ai eu de la chance, on m'a juste envoyé comme exemple. Vous ne pouvez pas me ramener, je suis sûr qu'il m'a pucé.
Aelia lui dit:
-Arrête tes conneries.
Jev insiste:
-Je suis sûr que je m'en souviens. Il ne faisait pas que me couper.
Exxio a dû regarder le soldat le tenant parce qu'il lui dit:
-On a trouvé une puce, on a failli ne pas la repérer. Notre équipement ne connait pas ce modèle. Mais son système nerveux était tellement enflammé, que ça a fait réagir la puce trop fort de façon à ce qu'on la repère. On l'a trouvé dans un état parfait. On pourra l'étudier.
Aelia lui décoche un sale regard à cause de son manque de sensibilité puis Jev demande:
-Vous pourrez dire à tout le monde que je les aime? J'aurais aimé les revoir une dernière fois...
Je suppose que c'est à Aelia qu'il dit:
-Mais, toi, au moins t'es là.
Cette dernière crie:
-Jev?! Jev!
Je me penche et un homme approche avec une aiguille. Aelia paniquée crie:
-Qu'est-ce que vous faites?!
L'homme répond:
-Je lui donne plus d'antidouleurs. Il ne se réveillera plus Aelia. Ses organes sont dans un état catastrophique. On ne sait même pas comment Nyx a fait et on n'a pas le temps de chercher. Même si on le ramenait, le temps qu'on arrive il y a très peu de chances pour qu'il survive. Tout ce qu'on peut faire c'est calmer la douleur.
Il y a un silence pesant puis au bout d'un moment Aelia crève le calme en appelant paniquée:
-Jev? Jev?! Il respire plus, faites quelque chose, putain!
L'homme de tout à l'heure s'approche puis prend son pouls et déclare:
-C'est fini, il est mort.
Aelia crie, et son cri me choque plus que ce que Jev nous a raconté. Je me lève et recule, mais manque de tomber sur Atmos, qui m'entoure de ses bras. Diabolique, il est juste diabolique. Je me sens tanguer et j'entends juste vaguement Aelia nous crier des insultes. Je reviens un peu à moi quand elle est en train de hurler:
-C'est de votre faute! Vous n'avez rien foutu à cause de cette puce de merde! Ça m'étonnerait pas que vous l'ayez empoisonné!
Ses yeux me piègent et je me fige avant d'y répondre par:
-Vas-y, dis-le.
Je sais que c'est aussi de ma faute. Aelia se contente de se remettre à pleurer en se baissant sur Jev. On a dû attendre des heures pour réussir à la séparer de son corps.
***
Pendant plus d'une semaine, Aelia n'a parlé à personne. Mais un jour à ma surprise c'est moi qu'elle a prise dans ses bras.
Aussi, dans le mois qui a suivi, on a passé des journées intenses pour s'installer, mais c'était vraiment rapide.
On en a fait plus de la moitié et du côté de nos baraquements, c'est presque exactement pareil, même l'herbe et les lumières qui flottent la nuit.
C'est rassurant. Il y a juste l'angle de la pente qui me semble plus haut, mais sinon l'endroit a l'air d'avoir été creusé pareil.
Je ne veux pas qu'on attaque cet endroit. Bizarrement, je veux vraiment le protéger. J'avais ressenti ça que quelques fois seulement. La première fois pour Atmos puis les autres, Blade bizarrement. Je voulais tout défaire et le sauver...de moi.
Les choses reviennent quand même à un semblant de normalité, car j'ai retrouvé Simon après des mois où l'on m'avait soit dispensée de corvée soit mise avec Aelia, Atmos ou Zy.
Sûrement pour éviter de me faire transpercer avec des outils de jardin, noyer dans la peinture, ébouillanter ou autre, par un gardien pensant comme Ena. Simon me demande:
-Tu comptes pas me parler?
-Oh, toi, tu sais comment faire pour me parler maintenant?
Il sourit avec ses fossettes et ses yeux bruns brillants. Il me rappelle:
-Daëri, ça va faire des mois.
-Oui justement ça fait des mois, mais je vais t'accorder que les raisons de me détester n'ont fait qu'augmenter depuis.
-Je te déteste pas
-Dis-moi, combien de personnes le font maintenant?
Il grimace, mais me répond:
-C'est plus divers que je le pensais, certains ont pitié de toi, certains pensent que t'as amélioré ton cas en te battant avec nous deux fois. Et il y a ceux qui te détestent tout simplement.
-Pourquoi de la pitié?
-T'as grandi avec cette chose, t'as pas de famille et en plus elle est à ta poursuite.
-Pfff, c'est des conneries.
Il sourit et me dit:
-Mais ça n'a pas d'importance
Je hoche la tête et il me fixe donc je demande:
-Il y a quelque chose sur mon vis...
Soudain, ses lèvres s'écrasent contre les miennes brusquement et j'ai des flashs désagréables, qui me reviennent, avant de le pousser violemment.
J'y ai mis tellement de force qu'il me regarde choqué, alors que c'est lui qui a fait ça. Il a forcé ses putains de lèvres sur moi. Je déteste ça, je ne supporte pas qu'on se permette de prendre avantage de moi. Je ne suis plus une enfant. Je sors ma dague pendant qu'il me dit:
-Désolé! Je sais pas ce que je faisais!
-Bien sûr que si, t'es pas un pantin! Pourquoi t'as fait ça?!
Au lieu de me répondre, il disparaît en courant, mais je ne sais pas pourquoi je le laisse partir. Après tout, ça n'arrangera pas les choses pour moi de faire du mal à quelqu'un. Mais il m'en a fait. Je dois le retrouver.
En m'approchant de la porte, j'entends des cris de plus en plus fort. C'est Atmos. Je le trouve en train de tenir Simon contre le mur en criant:
-Répètes fils de pute!
Passé le choc de voir Atmos dans cet état, je regarde autour de moi, mais il n'y a personne. Simon m'aperçoit le visage contusionné puis me sourit avec sa joue souillée de sang. Il regarde à nouveau Atmos et dit:
-Je viens juste d'embrasser ta copine et ses lèv...
Atmos le frappe et il est sur le point de continuer, mais je crie:
-Atmos arrête!
Simon en profite pour l'attaquer par surprise avec, mais Atmos bloque son troisième crochet, avec une version différente des combos que l'on nous a appris. Simon touché à l'estomac entre autres est plié en deux et gémis.
Atmos lui dit quelque chose que je n'arrive pas à entendre correctement. Simon ne répond pas, mais se lève avec difficulté et s'éloigne. J'approche Atmos et prends doucement son bras.
Il déverse le feu brûlant dans ses yeux sur moi et se dégage violemment. Je fais demi-tour et décide de finir notre tâche en espérant que Simon ne revienne pas.
En rentrant, Aelia et Zy me retrouvent et après que j'ai déposé les affaires de jardinage on va dans un cottoncair. Je tente de me calmer dans la douceur du cotton, mais Zy demande curieux:
-Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Atmos ?
Aelia ajoute contrariée:
-Il est énervé et il a des bleus ?
Zy, dont les yeux rieurs contrastent avec sa coupe blonde continue:
-Il a tapé sur qui encore hein?
Aelia lui dit:
-Encore? Tu parles comme s'il passait son temps à frapper les gens, comme un danger public.
Je souris presque et Zy, dont l'amusement fait briller le regard noir, répond:
-Admets que des fois il se prend pour un justicier.
Aelia soupire puis me fait un signe du menton en demandant:
-Alors?
Je réfléchis à raconter ce qu'il s'est passé. Je pense qu'Atmos ne sera pas content si ça se sait, mais là c'est Zy et Aelia et Simon va sûrement l'ouvrir de toute façon. Je leur dis:
-Le répétez pas, même si Simon le fera.
Zy me répond:
-Donc ils se sont enfin battus.
Je demande:
-Quoi?
Aelia explique:
-T'étais sûrement encore en train de faire tes belles affiches, mais durant l'entraînement ils arrêtaient pas de se provoquer. Au début, c'était des petits trucs et ça semblait pas important, mais à un moment je crois que Simon s'est vexé. Je crois que c'est quand Atmos a parlé de la façon dont il s'est fait rejeter il y a des jours. La fille avait dit qu'il était trop gentil.
Zy continue:
-La dernière chose qu'il a dite à Atmos, c'est qu'il va lui montrer s'il est gentil. Ils allaient continuer, mais on les a stoppés.
Aelia dit en fronçant ses sourcils impatiente:
-Qu'est-ce qu'il s'est passé maintenant?
Je leur raconte:
-Simon m'a embrassé et Atmos est arrivé dehors en même temps que Simon sortait. Quand je suis sortie, ils se battaient.
Zy ricane et dit:
-Je suis sûr qu'Atmos lui a cassé la gueule oui.
Aelia lui répond en plissant son regard bleu:
-C'est pas drôle.
Je continue:
-Il était tellement énervé et la façon dont il me regardait faisait peur. Et je pense en avoir vu des choses effrayantes. Je ne sais pas quoi faire maintenant. M'expliquer? Mais je ne sais même pas où il est. Ils n'ont toujours pas remis l'arbre aux cristaux, donc je ne sais pas...
Aelia dit en souriant:
-Alors c'est vous qui avez insisté pour le ramener, c'est mignon.
Je souris et Zy me propose:
-Il doit être au parc, je vais avec toi parce qu'il fait trop sombre.
Je lui réponds:
-Merci.
En entrant chez nous pour prendre ma veste, je trouve Atmos sur la chaise à bascule en train d'écouter de la musique les yeux fermés. J'expire de soulagement. Sans ouvrir les yeux, il met pause à sa musique, avec le bouton, pour me dire:
-Qu'est-ce que tu veux? Parce que tu fais trop de bruits avec tes putains d'émotions.
-Je pensais que tu pouvais allumer ou éteindre ce pouvoir non?
Il enlève ses écouteurs, ouvre les paupières sur un regard armé et répond sur un ton tendu:
-Je voulais juste savoir.
-Quoi?
-À quel point tu te sens bien après ce baiser.
Je serre les dents brièvement, puis dis prête à partir:
-Je vais pas jouer à ça.
Il se lève et je lui demande la colère montant:
-Qu'est-ce que tu veux Atmos?! Je savais pas que t'étais le genre à blâmer une fille pour ce qui lui arrive.
Il répond en me mitraillant de son regard vert:
-Ferme-la ok? Tu m'as pas dit un mot en sortant de cette putain de serre.
-Est-ce que tu te fous de ma gueule?! Je t'ai approché et tu m'as carbonisé avec tes yeux, espèce de connard.
-Si j'en suis un t'es une connasse.
-Toi t'es doublé d'une pute.
Il me demande outré:
-Moi, une pute?
-Oui, tu t'es sûrement tapé toute la cité.
Il esquisse un sourire en coin me donnant envie de lui arracher les lèvres. Il me dit:
-Tu vas me la ressortir toute ma vie celle-là, tu le supportes pas.
-Tu sais quoi on peut égaliser, je peux aller me taper Simon.
Il rit et me répond:
-T'en serais pas capable.
-J'en serais totalement capable si t'allais pas lui éclater le visage. Là, j'aurais quelqu'un d'autre contre moi. Et un homme énervé peut faire les pires choses pour se venger, j'en ai fait les frais pour ma mère petite.
Je me mords la lèvre et mon regard se perd. Je sens Atmos s'approcher et recule en lui disant:
-J'ai détesté ça, son baiser. Je déteste qu'on me prenne par surprise comme ça...quand on n'est pas proches.
J'inspire et continue:
-Les gens qui te forcent à les embrasser, les tenir comme si tu les aimais. Tout ça pour leur vendre un rêve qui est juste un cauchemar pour toi. Ça m'a rappelé ça. Ça m'a pas fait plaisir comme ta pensée étroite peut le penser. Tout ne se résume pas qu'à ça.
-Putain je suis désolé Daëri je...je me suis souvenu de quand tu parlais à Simon alors que tu me supportais pas. Il y a peu de gens que tu laisses t'approcher donc quand c'est le cas, c'est important.
Je lui réponds ennuyée:
-Les amis, j'aurais pu seulement pu être son amie.
-Oui, j'aurais pas dû me sentir menacé. Mais j'ai fait tourner tout ça autour de moi alors que c'est toi qu'il a fait revivre ça. Mais ce que t'as dit...je le laisserais pas te toucher Daëri. Je veux plus que personne te fasse du mal. Je ne comprends pas pourquoi personne ne t'a protégé.
-J'aime croire qu'elle le cachait bien, mais je sais que les gens préféraient regarder ailleurs. Se dire que quelqu'un d'autre allait me sauver. Peut-être que j'étais pas censée l'être. J'aurais jamais fini ici.
-J'aimerais vraiment que tout ça ne te soit pas arrivé. Mais je dois avouer qu'une partie de moi ne peut pas s'empêcher d'avoir mal en l'imaginant. Que je ne t'aurais jamais connu. Tu penses être un monstre, mais c'est pas toi en fin de compte.
Je l'approche et prends sa tête dans mes mains. Mon regard survole son visage où des taches de rousseur sont dessinées gracieusement. Je l'embrasse et lui dis doucement:
-On était pas censés finir ici tous les deux, mais on est là, c'est l'important.
Il hoche la tête et me dit:
-Daëri, je sais que t'as évité le psy après t'être coupé la jambe, mais on aurait pas dû te laisser sortir comme ça.
Je fronce les sourcils et il continue:
-T'as encore vraiment mal à cause de tout ça.
Je réplique:
-C'est parce que j'ai mal réagi quand on m'a embrassé de force que tu dis ça? Ça aurait été quoi une réaction normale, hein? Répondre à son baiser?
-Non parce que t'as jamais eu d'aide et que ça doit te faire mal.
-Tu le sais absolument pas ça. Et puis comment tu peux te permettre de me dire ça alors que t'as jamais eu d'aide pour régler le fait qu'on t'ait abandonné?
Son visage se ferme et je lui dis:
-Pardon...je, je vais y aller si c'est ce que tu veux.
Il me contredit:
-Non, tu dois le vouloir, toi.
Je m'assieds sur le lit et il m'imite. Je le regarde et lui dis au bord des larmes:
-Je veux pas m'en souvenir.
Il me prend dans ses bras et me rassure doucement:
-Je pourrais y a aller avec toi.
-Tu peux?
-Oui, je pense...et j'ai déjà eu de l'aide il y a des années pour mes parents. Quand on me l'a dit.
Je dis doucement:
-T'as de la chance, moi mon p...Nyx aussi m'a aidé, mais je ne sais pas pourquoi tout semble remonter ici.
-Je te comprends, certaines périodes font ça. Je devrais peut-être y retourner aussi...pardon pour tout Daëri. Je t'aime, j'espère que tu le sais.
Je souris et réponds:
-Oui, je sais, moi aussi...pourquoi tu pensais que j'allais faire quoi que ce soit avec Simon?
Je le sens soupirer et il me lâche avant de me dire:
-C'est même pas Simon. Des fois, j'ai l'impression que tu voudrais peut-être te trouver quelqu'un de plus...
-Diabolique?
Il rit doucement, puis me corrige:
-Non juste plus, je sais pas. Par exemple, t'es confiante et combative et je ne sais pas...
-Atmos, t'es confiant aussi. Et je suis tellement chiante que t'es obligé d'être aussi combatif parfois, et puis je m'en fous de ça. Mais je préfère me disputer avec toi tout le temps qu'avec une espèce de parodie d'un loup-garou, juste parce qu'on est aussi malfaisant l'un que l'autre.
Il sourit en soupirant et me dit:
-Je voulais pas dire ça.
-Je sais, c'est juste ton subconscient. En plus, j'ai oublié que tu tapais sur les gens aussi. T'es assez cinglé aussi.
-Je, ils le méritent donc...
-Ok Superman
Je continue:
-Je te veux toi, seulement, et j'ai pas l'impression que ça va changer. Même si je te connais que depuis des mois seulement j'ai l'impression que ça fait beaucoup plus longtemps. Je se ne sais pas pourquoi...
Atmos répond en souriant:
-Je sais, je sais.
On s'embrasse puis je dis contre son front:
-J'espère que tu te lasseras pas de moi.
Il fronce les sourcils et répond:
-Arrêtes tes bêtises mon amour.
Je rigole, j'aime tellement comment il dit ça. Il m'embrasse et je me blottis contre son cou. Il me dit:
-J'aime beaucoup quand tu fais ça, comme un chaton.
Je rigole avec lui.
***
La femme aux cheveux blonds contrastant avec son regard opaque brun me dit:
-À nouveau, j'apprécie ton courage pour être venue Daëri. Maintenant qu'on a parlé de ce qui te fait te sentir bien maintenant et dans ton passé, on peut-on parler de ce qui te perturbe? Est-ce que tu serais prête à revisiter cette période lointaine de ta vie, ou c'est trop pour l'instant?
-Je peux parler.
-Je veux que tu te souviennes que tout ce qu'il t'est arrivé n'est pas ta faute Daëri, tu n'étais qu'une enfant que l'on devait protéger.
Je serre la main d'Atmos pour ne pas pleurer et hoche la tête. Elle continue:
-Tu as le contrôle, on s'arrête quand tu veux et tu dis ce que tu veux. Que ce soit beaucoup ou peu, d'accord?
Je hoche la tête et elle continue:
-Que s'est-il passé de perturbant? La première chose dont tu te souviens.
Je regarde Atmos et elle me rappelle:
-Il peut sortir si tu veux.
Je lui réponds:
-Non je...je ne sais pas s'il veut entendre tout ça.
Atmos serre ma main et me dit:
-Si t'as besoin que je sois là, je reste.
Je hoche la tête, regarde les yeux bruns de la psychologue et commence:
-J'avais cinq ans, ma mère m'avait appelé pour me donner des bonbons et j'ai couru. Mais quand elle a fermé la porte derrière moi en partant j'ai su que quelque chose n'allait pas. Il y avait un homme avec des cheveux sombres et grisonnants, mais il n'avait pas l'air vieux. Il souriait. Il avait l'air gentil à première vue, mais je le détestais déjà. J'ai essayé d'ouvrir la porte, mais c'était verrouillé. Il s'est arrêté de sourire quand il a compris que je me fichais de ce qu'il racontait et m'a tiré plus loin. Il me broyait le bras.
J'inspire et poursuis:
-Il s'est baissé et avec ses yeux bleus froids il m'a dit "Tu vas m'écouter et faire exactement ce que je te dis ou tu vas avoir très mal. Ta mère m'a interdit d'aller trop loin, mais je peux te faire mal sans en avoir besoin. Après il s'est relevé et...
Quand je finis de raconter cet épisode horrifique, je me sens comme si j'avais tremblé et j'ai lâché Atmos, qui me broyait la main. J'ajoute:
-Pendant un moment, je ne supportais pas les pièces fermées, donc Nyx laissait toujours la porte ouverte j...
Atmos se lève les poings serrés et s'en va. Je dis au Docteur Innza:
-Je l'ai dégoûté.
Elle répond:
-Non, non, c'est ce que cet homme et ta mère t'ont fait qui l'a rendu furieux.
J'inspire longuement et elle me demande:
-Tu as pu parler de tout ça avec Nyx?
-Oui parfois quand ça n'allait vraiment pas, il m'a appris à guérir de beaucoup de choses. Mais il y a des choses comme ce que je te raconte là, que je n'étais pas encore prête à dire, avant d'en être séparée. Je ne voulais pas qu'il me voie différemment.
-Il te manque?
Le cœur serré en repensant à mon enfance à la tour, je réponds:
-J'ai pas envie d'en parler, j'en ai assez pour aujourd'hui.
Justement, Atmos revient et il me tire pour que je me mette debout avant de me prendre dans ses bras chauds et ambrés. Il me dit:
-Désolée, je devais me calmer. Je voudrais tuer cet homme.
Je réponds:
-Je sais, c'est passé.
Je caresse ses joues et lui souris. Il m'offre la douceur de ses lèvres et on se rassied. Je le regarde à nouveau et demande:
-Tu veux que je parte pour ta séance?
Il secoue la tête et me dit:
-Non.
Il continue pour le Docteur Innza:
-Elle peut hein?
Elle lui répond:
-Bien sûr. Nous pouvons commencer?
Atmos lui dit:
-Oui.
Le docteur poursuit:
-Je veux te rappeler que, comme Daëri, tu peux t'arrêter quand tu le veux.
Atmos lui dit:
-D'accord.
Elle lui demande:
-Comment vas-tu?
Il soupire et lui dit:
-Bien avec tout ce qui a pu se passer tout ce temps, je vais surprenamment bien. Je suis venu, mais là je ne vois plus trop pourquoi. J'ai passé des années à te voir petit quand on m'a raconté la vérité pour mes parents, je ne vois pas ce qu'il y a à ajouter.
Elle lui demande:
-La mort de Blade, la découverte de la vérité sur les mutants, la fission de ta relation avec Ena? Tout ça, ce n'est rien?
Je regarde Atmos qui contracte sa mâchoire. J'ai causé la majorité de tout ça. Atmos dit:
-Je ne veux pas inquiéter les gens avec mes problèmes, je suis pas faible non plus.
Le docteur lui explique:
-Partager tes émotions n'est pas une faiblesse Atmos. Daëri, est-ce qu'il te parle?
Je souris et lui réponds:
-Oui beaucoup, mais je sais qu'il y a des choses qu'il ne me dit pas. La majorité des choses qui lui font mal. Parce que je les ai causées.
Atmos tente de me contredire en commençant:
-Daëri.
Je secoue la tête et lui dis:
-C'est rien, Atmos.
Docteur Innza lui demande:
-Tu parles avec quelqu'un d'autre de ça?
Atmos garde le silence puis dit:
-Vous allez penser que je suis fou, mais je parle toujours à Blade des fois.
Je me retiens de pleurer en clignant des yeux et elle lui répond:
-Ça t'aide?
Il lui dit:
-Oui, j'aime bien faire ça parfois. Mais c'est pas bon hein?
Le docteur lui explique:
-Si cela ne t'isole pas et ne t'obsède pas non plus, ça ne semble pas poser problème. Notre objectif est de t'aider à gérer tes émotions. C'est un travail collectif et je suis ici pour te guider le long du chemin comme je l'ai déjà fait par le passé. Maintenant peux-tu me parler d'Ena?
J'inspire et écoute Atmos parler de son enfance, avec celle qui avait presque l'air d'être sa jumelle, malgré ses quelques années d'avance que j'apprends, maintenant.
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