Chapitre 40
Daëri
Il va y avoir un nouveau combat. Celui pour lequel on m'avait soutiré des informations, la dernière fois dans la salle du conseil. Tout le monde a voulu me le cacher, mais j'ai entendu des gardiens en parler. Ils vont aller récupérer une puce dans un des centres de données de Nyx, à l'entrée du désert. Ils veulent récupérer les informations qu'elle contient sur Nyx et son fonctionnement. Mais logiquement, Nyx va la défendre ou il n'y aurait pas tous ces soldats engagés à partir.
J'ai révélé à Havo seulement que je savais en lui demandant de venir, mais il a refusé. Il ne m'a pas dit non plus pourquoi ils m'ont caché la mission alors que j'ai pu aider pour la dernière. Ils doivent vraiment flipper que je foire celle-là.
Au final, je me suis camouflée et je les ai suivis quand même sous la casquette de mon uniforme. Vu que mon ADN et mon empreinte sont dans le système avec une autorisation de niveau 2, qu'on m'a remise en place et que la mission est ouverte aux volontaires, je suis passée.
Une fois passée à la surface puis le trajet sur les véhicules blindés, j'en descends avec les autres soldats. Je me débarrasse aussi de cette fichue casquette. Le terrain est désertique avec une fine couche de sable d'un orange saturé. Les bottes de l'uniforme qu'on nous a conseillé de mettre sont équipées pour marcher sur le sable plus rapidement. Ça pourra être vital. Une partie de l'endroit a quand même un peu de végétation.
C'est des espèces de plantes apparues durant les vagues de chaleur intenses du passé. Inventées par les humains, longilignes et pleines d'eau. Elles pourraient former comme une forêt de bambous translucides. La contrainte est qu'elles ne peuvent pas pousser trop près les unes des autres. Leurs racines sont cannibales, donc ces plantes changent souvent d'endroit. Je reconnais aussi des cactus sans épines, mais avec des figues de barbarie. Derrière je regarde les nombreuses roches colorées tout comme le sable. Soudain, on m'attrape et mon coup est intercepté, par la personne me tenant, Atmos. Il me dit entre ses dents:
-Qu'est-ce que tu fous là?!
Je me dégage de son emprise et réplique:
-J'ai survécu la dernière fois.
Il me mitraille avec les lasers de son regard vert et dit:
-C'est pas un jeu et j'espère que tu sais qu'ils t'ont laissé venir pour t'utiliser comme rançon, te faire tuer ou je sais pas, le génie. Le conseil dit toujours la vérité, mais ils peuvent très bien faire semblant un moment et/ou la dissimuler avant.
-Eh bien peut-être qu'on dirait bien que Moya a menti quand elle a dit qu'ils me surveillaient.
Il me dit:
-Moya ne ment pas, elle reste silencieuse à la place. C'est pour ça qu'elle n'a rien ajouté. Justement, je viens de te le dire. Ils doivent avoir une bonne raison de prétendre qu'ils te garderaient à la cité pour te surveiller, puis te laisser venir ici. Ils doivent sûrement te surveiller ici aussi...putain tu devrais pas être ici. Tu te débrouilles super bien dans certains domaines, mieux que certains profs, mais dans d'autres c'est chaud.
-Je ne suis pas un robot spécialisé dans tout, j'ai pas non plus un cheat code pour être surdouée partout. De toute façon, on verra bien, et c'est trop tard pour poser des questions. On n'a pas le temps de s'occuper de tout ça. Tu devrais te concentrer sur toi, j'ai pas besoin d'aide.
Justement, Havo crie dans nos oreillettes:
-Ces déchets ne sont pas encore sortis de leur trou donc on va se rafraichir la mémoire. Et aider ceux qui ont raté le plan de mission ! Tirer en impro peut être fatal! Atmos et Ena! Venez!
On regarde autour de nous et repère Havo, debout sur un des véhicules. Je suis le mouvement de certains des autres, en me retournant complètement dans sa direction. Le reste sont sur leur position prêts à nous défendre. Je lâche la main d'Atmos qui exécute l'ordre de notre commandant en s'éloignant.
Quand ils l'ont rejoint, dans mon oreillette j'entends Havo leur dire:
-Ena et Atmos, je sais que vous n'êtes pas en bons termes dernièrement.
Il y a des rires et Exxio m'assourdit presque en hurlant:
-Fermez vos gueules!
Je l'ai même entendu sans l'oreillette. C'est silencieux et Havo se fait entendre, sans et avec l'oreillette pour les plus loin, en disant:
-Écoutez-moi bien, surtout vous deux!
Il doit parler à Ena et Atmos, il continue:
-Ils ont de nouveaux robots sans qui ont passé la frontière, mais surtout des humains maintenant! Toujours pas de drones! Mais ça ne sera pas simple.
C'est pour déstabiliser Les Rebelles, ce changement? Vu qu'ils se sont battus contre plus de drones que d'humains. Pourtant ils s'en sortent pas mal avec ça. Ou c'est une distraction, le temps d'envoyer des drones qui résisteraient au mur invisible des Rebelles, à l'entrée du désert? C'est pour ça qu'on nous a quand même laissé les bombes électrostatiques. Pourtant je ne crois pas que Nyx ait réussi à mettre ça au point. C'est encore trop compliqué à faire, même pour lui. Il y a un brouhaha reflétant mes questions et Havo poursuit:
-Ces humains ne sont pas nous et on n'est pas eux! On partage juste une espèce et ils ne sont pas de notre côté. On s'en fout de leur histoire! C'est juste l'ennemi! Et pour arranger les choses, ils ont trois mutants...
Sur le véhicule, Atmos regarde Ena sûrement aussi choquée que moi. Havo dit :
-Ena, Atmos, ne croyez rien de ce qu'ils vous diront! Ce ne sont pas vos amis ni votre famille, ils ne sont rien. Ils ont leurs camps et vous nous avez nous! Ne l'oubliez pas, ne nous trahissez pas!
Havo continue:
-L'un des mutants est une femme, elle a l'air Est asiatique...pour ceux qui ne connaissent pas ce à quoi correspond ce terme ancien, c'est-à-dire qu'elle a des traits similaires à ceux de Moya, par exemple. Par contre, elle a la peau un peu bronzée. Ses yeux sont noirs et ses cheveux roses. C'est Inara, elle arrive à transformer une certaine charge électrique en feu! C'est pour ça que nous n'avons pas pris les fusils laser et pris les anciens boucliers à champ magnétique, mais comme avec les électriques évitez la collision. C'est aussi pour ça que vous ne devez pas toucher les bombes, sauf au cas où des drones arrivent, car un miracle est arrivé à ce programme informatique de merde qui nous les brise, depuis des années! Bref, ne vous approchez pas des éléments électriques!
Il y a un brouhaha et Havo continue:
-L'autre mutant est blanc et brun aux yeux bleus, c'est Kill, Killian. Il a des habilités télékinésiques. Il peut bouger les choses par la pensée, faites attention! Mais il ne peut pas en bouger trop à la fois.
Après une courte pause, Havo reprend:
-Le dernier mutant est une autre femme. Elle est blanche, blonde, platine et s'appelle Dia. Elle a un pouvoir similaire à celui de Kill, mais contrôle les mouvements humains plus précisément que lui, si vous êtes assez près. Évitez de les approcher! Essayez de les avoir à distance! Quand nous aurons fini, vous allez éteindre vos oreillettes à cause de l'électricité. Restez attentifs!
Exxio dit:
-Comme on a dit, souvenez-vous du plan général. On doit briser leur ligne de défense! Aller ! On va se débarrasser de ces fils de putes et récupérer cette puce!
Ils se mettent tous à crier. Donc cette idiote de mutante s'est teint les cheveux en rose ? Elle doit être bien arrogante pour se foutre d'être reconnue facilement. L'autre s'est renommé Kill, pour camoufler son prénom pas crédible. Pourquoi Atmos doit tuer des gens qui lui ressemblent maintenant ? C'est horrible. Je le rejoins et Ena non loin dit pensive:
-Ça va être un bain de sang.
Elle a raison, les drones ne saignent pas. Les humains, si.
Au bout d'un moment, une masse apparaît au loin. Des hommes et des robots à bras et jambes dans lesquels des gens sont sûrement installés. Je crois en distinguer trois. Un peu tard, je m'arrête de regarder, pour prendre un fusil d'assaut et rejoindre la formation. Elle commence sûrement à se heurter à des soldats ennemis, ressemblant à ceux que je dirigeais. Je vise le premier soldat en combinaison blanche que je vois et fais gicler du sang de son front. Rien de spécial. À nouveau, je ne ressens pas cette envie de pleurer ni de culpabilité. Juste le besoin de survivre.
Je me remets à tirer viens à bout du bouclier de ce qui doit sûrement être ma sixième victime parmi les nombreux soldats ayant brisé notre formation comme des kamikazes. Je regarde le robot géant dans lequel Kill est assis et d'où il envoie des pierres venant des alentours, sur les soldats par la pensée. L'une d'elles pourrait m'écraser à tout moment. Je continue d'avancer en m'efforçant d'éviter des balles, pour ne pas endommager mon bouclier. Une femme à la combinaison numérotée fonce sur moi.
Je joue d'abord à celle qui ne l'a pas vue. Au dernier moment, je mets toute mon énergie dans le coup que je lui donne avec mon fusil. Un geste familier. Elle ne se relève pas, donc je lui arrache son arme à bouclier et lui tire dans les jambes, au cas où. Je la laisse derrière moi. Je me sens gentille pour l'instant.
Cheveux Roses semble s'être fait avoir à son propre jeu. Son robot qui lui servait, de lance-flamme est en train d'exploser. Les cris de joie de notre camp arrivent à traverser le bruit d'explosion. Malgré ça, il reste encore deux menaces dont une que je n'arrive pas à voir, car elle est à pied. Dia. Je ne sais pas pourquoi, maintenant je commence à sentir la peur affaiblir mes jambes. Dans quoi je me suis embarquée?
***
Atmos sent sa frustration monter face à l'inutilité de ses pouvoirs qu'il a décidé, d'ignorer, pour ne pas être envahi par la peur et la colère des autres soldats. Il cherche Daëri énervé de l'avoir perdue et inquiet. Le robot de Kill s'arrête plus loin, mais Atmos est distrait par la prochaine cible qu'il abat puis d'autres suivent. Soudain, il repère un homme aux cheveux sombres. Il est séparé par un espace suspicieusement large, entre lui et la cohorte des soldats s'affrontant. Un autre homme fonce dans la partie ouverte du demi-cercle de soldats entourant le premier.
Atmos le voit de dos se figer sur place avant de comprendre. C'est Kill, descendu de son robot. L'homme venant de tenter de l'attaquer s'approche maintenant de Kill avec une démarche mécanique et se place à côté de lui. Kill crie un ordre et Atmos ne le voit plus, car il devient carrément encerclé de soldats, repoussant les prochaines attaques. En visant pour suivre cette cible mouvante, Atmos tire une rafale de balles faisant sauter le bouclier d'un ennemi ayant essayé de profiter de sa distraction. Une fois, l'homme mort, Atmos se déplace pour continuer à observer la scène. Une voix grave décuplée par un appareil s'élève d'un coup:
-Les deux mutants ! Vous nous rejoignez ou on continuera de tuer vos camarades! Cette fois, je le ferais lentement, et la fois d'après aussi! Je veux que vous l'entendiez! Comme ça!
Il y a des craquements et un cri de douleur retentit. Kill continue:
-Ce n'était que le poignet.
L'homme qu'il doit tenir hurle:
-Lâche-moi espèce de fils de p...
Atmos n'entend plus rien et Kill poursuit:
-J'ai paralysé sa langue, mais je pourrais très bien l'arracher!
Atmos se retient de se remettre à utiliser son pouvoir, mais c'est tout comme. Il imagine la terreur et la colère de l'homme. Kill crie:
-Alors?! Vous venez?!
Ena ne s'en soucie pas selon Atmos, mais lui, ça le déchire. Jusqu'au moment où à sa surprise un cri féminin se rapproche:
-Je vais y aller! Lâchez-le! J'y vais!
Atmos se dit qu'il devrait y aller aussi. Malgré tout, il ne sait pas si c'est de la lâcheté ou de la stratégie, qui lui dit qu'il ne peut pas les laisser les avoir tous les deux, même si Ena est la plus utile. Pourtant Havo serait capable de lui tirer dessus rien que pour éviter que Nyx ait une arme de plus, parce que c'est tout ce qu'ils cherchent à obtenir maintenant. Atmos envoie sa pensée à Ena:
-Reste là où t'es ou ils vont juste t'utiliser, si Havo ne te tire pas dessus avant.
Mais Ena continue d'avancer d'après l'énervement d'Havo quand il crie entre des tirs:
-Attrapez-la putain!
Ena crie au milieu des coups de feu ne s'étant pas arrêtés. Atmos s'assure qu'elle est encore en vie en ressentant sa colère. Il s'arrête immédiatement d'utiliser son pouvoir pour se concentrer sur sa propre survie, en se demandant quand même à quel point Daëri est loin.
Posté en haut d'une formation rocheuse géante du terrain, un des snipers a enfin une occasion cruciale, mais il doit faire un choix. Il finit par prendre une décision et elle paie, mais coute une vie de son propre camp. Une des deux balles tirées a tué Kill, l'autre a traversé son prisonnier. Le sniper brûlé par la culpabilité se lève, fixe le vide puis se jette dedans. Certains soldats remarquent la silhouette tomber. Parmi eux, les moins attentifs à leur entourage direct payent pour leur distraction de leur vie.
Dia enragée et informée qu'une mutante s'y trouvait, avance agressivement vers la zone où se trouve Atmos. Elle s'arrête et fait un nouveau prisonnier entre les doigts du robot dans lequel elle est assise. Elle crie à travers son micro:
-Vous avez tué mon frère et ma sœur! Donc vous comprendrez que je n'ai plus de patience!
Le prisonnier, maintenant debout et immobile sur la main ouverte du robot ne peut que hurler des injures. Soudain, il s'arrête et Dia continue plus calmement:
-Je vais reprendre le jeu de Killian, la différence étant que je suis beaucoup plus précise. Je peux lui exploser des organes aussi bien que des vaisseaux sanguins ou le faire s'arracher ses propres globes oculaires. Devant vous. Vous pourrez ne pas le voir, car trop occupés à éviter la prochaine balle, mais vous pourrez l'entendre.
Aussitôt, un cri retentit violemment, le son étant amplifié par le robot. Le cri s'affaiblit, mais ne s'arrête pas pour autant. Dia dit de sa voix posée:
-Je lui ai juste arraché les ongles, on a un sensible. Vous devriez couvrir vos oreilles, ou laisser les mutants me rejoindre. Je sais que vous le voulez. Je sais que vous ne voulez pas qu'il souffre.
Ena au loin crie:
-Fais surtout pas ça! Tu m'entends?!
Dia intriguée cherche a repérer Ena, mais est confondue par de nombreux soldats élevant la voix également à l'attention d'Atmos, rapportant le message initial partout où il pourrait être dans la formation. Dia crie:
-Silence! Fermez-la ou je lui arrache les dents une par une!
Le bruit diminue progressivement et Atmos s'énerve, en se rendant compte que les autres soldats sont maintenant déstabilisés et sous la coupe de Dia. C'est à cause de ce qui les lie, leurnsens de la loyauté envers les autres. Envers chaque soldat, même si Havo leur a appris à savoir sacrifier. Mais en fait, ils ne sont pas dépendant de Dia, mais de lui et d'Ena. Ils sont les seuls à pouvoir leur faire reprendre la main et cesser la distraction meurtrière qu'est Dia. Leur indécision, non son indécision, est déstabilisante. Dia poursuit:
-Je vais être gentille avec celui-là et sûrement en finir avant de passer au suivant. Vous savez à quel point c'est atroce de se faire étrangler? De sentir la vie vous échapper lentement? Mais imaginez quand c'est de vos propres mains. Je le laisserai peut-être bouger le reste de son corps pour voir ce qu'il va tenter.
L'homme qui laissait échapper des gémissements de douleur jusque là émet des bruits paniqués à défaut de pouvoir parler.
Atmos débat intérieurement, d'un côté il se dit qu'il doit arrêter d'agir comme un lâche. De l'autre qu'il ne peut pas tout jeter pour rassurer son égo. Malgré tout, ils sont une famille. Il connaît cet homme, tout comme celui que Kill tenait et qui n'est peut-être plus en vie. Celui-là peut être sauvé. Atmos émet un:
-Putain de merde.
Il se met à courir et les soldats à côté de lui crient son nom, tandis qu'Havo finit par hurler non loin:
-Atmos!
Dia repère Atmos dans l'amas de soldats et ordonne:
-Laissez-le entrer !
En donnant des coups de crosse et tirant, Atmos passe le plus rapidement possible au milieu du chaos pour éviter les tirs des hommes de son propre camp. Paradoxalement, il est aidé par les hommes de l'ennemi. Protégé par ses ennemis, il s'arrête devant la formation de soldats de Dia et lève les mains criant:
-C'est bon! Je suis là!
Dia ordonne:
-Laissez-le approcher!
La formation s'ouvre, laissant Atmos entrer, mais d'autres soldats de son camp trouvent le moyen de s'y engouffrer en attaquant l'escorte d'Atmos. Les camarades d'Atmos se font progressivement tuer en pénétrant le cercle. Une fois, le calme retombé, Atmos accroupi se relève. Il ignore la colère et la tristesse tentant de le submerger en voyant ces visages familiers sanglants et inanimés. Il s'approche du robot, mais soudain son corps se crispe. Son cerveau ordonne à ses membres de bouger, mais une force les paralyse. Seule sa tête est libre. Atmos crie:
-Putain!
Dia descend en riant et s'approche. Elle est beaucoup plus petite qu'Atmos et ses cheveux blonds platine sont attachés en une queue de cheval nette. Une tenue similaire à celle qui moulait le corps de Daëri, la première fois qu'il l'avait vue, recouvre la mutante. Son corps est plus athlétique que celui de l'amante d'Atmos, mais moins voluptueux. Malgré tout, elle est aussi belle que dangereuse. Pourtant quand il la regarde, Atmos lui ne ressent que de la colère et un désir de violence alimenté par sa paralysie. Il crie:
-Laisse-moi bouger!
Dia s'approche en souriant et l'observe, elle caresse sa joue en disant:
-T'es vraiment plus beau que ce à quoi je m'attendais.
Atmos dégage sa tête, seule partie libre de son corps. Il lui crache:
-Me touches pas espèce de déchet!
Elle lève les sourcils et rit surprise avant de commenter:
-Eh ben en général c'est le contraire. T'es dans le genre violent non? Même au lit?
Elle se mord la lèvre inférieure en souriant avec ses yeux noirs plissés. Atmos lui dit:
-Laisse l'homme partir.
-Ah oui excuse-moi, tu me fais oublier des choses
Dia tapote un écran sur la jambe du robot et la main le dépose par terre. Elle grimace et dit à Atmos:
-Je ne sais pas s'il va s'en sortir pour tirer, vu l'état des doigts.
Atmos enrage, se sentant stupide et trahi. Il garde néanmoins le silence en regardant l'homme disparaître hors de leur périmètre poussé par des soldats. Dia sourit et demande à Atmos:
-Donc tu es comme nous?
Il répond sur un ton acide:
-Oui, et toi et les autres, vous êtes et étiez avec celui qui faisait tuer les gens comme nous et vous aurait tué. Et si seulement vous saviez pour le reste...
Elle demande intriguée:
-Quel reste?
Atmos lui révèle:
-On n'est pas apparus comme une malédiction, on est une expérience dont ils ont perdu le contrôle.
Elle semble réfléchir, mais fronce les sourcils et secoue la tête avant de dire:
-T'essaies juste de me distraire avec tes conneries. Tu sais où est Daëri?
Il garde le silence et elle continue:
-Son père la recherche. Vous avez intérêt à la rendre avant que ça tourne mal pour vous.
Atmos se demande s'il aura l'occasion de le dire à Daëri. S'il en a l'occasion, est-ce qu'il le devrait? Cela la rendrait peut-être heureuse de savoir que cette chose se soucie de savoir où elle se trouve. Mais est-ce en bien ou en mal? Est-ce que Daëri voudra retourner avec s'il le lui dit?
Atmos regarde à nouveau la jeune femme le fixant et lui dit:
-Vous ne pouvez rien nous faire, vous ne nous ferez pas parler. Même avec vos outils.
-On a constaté ça avec ceux d'entre vous dont on s'est débarrassé.
-Vous êtes vraiment devenus des monstres.
-Comme Daëri?
Atmos décontenancé dit:
-Je ne vois pas ce que c'est censé vouloir dire.
-Elle n'est pas comme vous, elle est antipathique aux humains de ce qu'on a pu apprendre. Elle a sûrement dû essayer ou réussir à tuer certains d'entre vous. Vous l'avez sûrement enfermé quelque part si elle est encore vivante, ce qui serait dans votre intérêt. Vous devez la considérer comme un monstre non?
Atmos serre les dents agité. Dia continue:
-Rejoins-nous Atmos, j'ai perdu mon frère et ma sœur aujourd'hui. Fais que ça ne soit pas en vain. J'ai besoin de toi.
-Pour tuer?
-Tu le fais déjà avec eux non?
-J'ai une cause.
-Nous aussi, on essaie de construire un monde meilleur. Nyx évolue et apprend. On en est la preuve. Il t'écouterait toi. Tu pourrais nous aider.
Atmos demande moqueur:
-Pourquoi il vous a envoyé mourir ici hein? Pour que moi et l'autre mutante avec moi remplacions les deux dont il voulait se débarrasser? Pour qu'il ait de la chair fraiche?
Dia grimace et répond:
-Non, on a insisté pour venir vous chercher. On est tous comme des frères et sœurs, on est pareils que vous.
-Non, vous n'êtes pas mes frères et sœurs, je vous connais pas. Tout ce que je sais sur vous, c'est que vous tuez les gens qui m'ont vu grandir, avec qui j'ai grandi et que je vois grandir. Et quand Nyx aura terminé, il vous fera la même chose.
-Tu es sûr de ne pas vouloir nous rejoindre? Tu pourrais stopper tout ça. Stopper cette bataille puis travailler avec nous, pour mettre fin à cette guerre.
Atmos sait qu'elle ment, mais une partie de lui voudrait tellement que ça soit vrai. En plus de cela, il pourrait au moins arrêter cette bataille. Il se calme, se concentre et envoie mentalement à Dia:
-Écoute-moi, juste écoute.
Elle écarquille son regard sombre et Atmos se concentre le plus possible, pour essayer ce qu'il n'avait jamais fait correctement, avec quelqu'un d'autre que Blade. Partager des images, des souvenirs. Il n'est pas prêt à mourir, mais ça ira. Il lui aura montré la vérité au moins avant. Quand il ouvre les yeux essoufflé après avoir réussi difficilement, Dia inspire profondément les yeux grands ouverts et brillants de larmes. Elle lui dit doucement:
-Pars Atmos.
Il sent qu'il a de nouveau le contrôle de son corps, mais ne bouge pas. Elle lui répète:
-Atmos pars vite...merci, vraiment.
Il recule lentement, tiraillé par cette envie de la sauver, de ne pas laisser quelqu'un comme lui derrière. Mais c'est trop tard, le destin a choisi son camp et le sien ne la laissera jamais entrer. Ce n'est pas comme avec Daëri, c'est beaucoup plus compliqué et il doit se concentrer sur Daëri. Elle compte plus que tout ça.
Les soldats laissent Atmos sortir, mais d'autres hommes de Dia, extérieurs à la formation tirent sur Atmos non armé et donc sans bouclier. Il se baisse et bouge rapidement. Il est vite couvert par les soldats de son camp, mais a pris une balle.
***
Daëri
Je frappe le soldat numéroté avec mon arme. C'est satisfaisant de finalement sentir ma crosse heurter une cible. Il ne me domine plus de sa taille en tombant déjà blessé par balle. Je mets toute ma force dans mes coups finaux, jusqu'à sentir un craquement. Je me rends compte seulement après que j'aurais juste pu tirer, mais bon. Je me concentre rapidement sur mes alentours et verrouille mon regard sur ma prochaine victime, parmi le nombre diminuant de soldats dans la zone où les balles volent et s'écrasent contre les boucliers. Il m'a aussi repérée. Un petit brun musclé.
Je bouge et me tourne pour éviter son laser, qui pourrait commencer à endommager le bouclier généré par l'arme de leur camp, que j'ai volé à un cadavre. Maintenant que Cheveux Roses est morte, on peut utiliser tout ça sans risque. Je gagne du terrain au fur et à mesure qu'il tire sans succès. Je sais que ça ne durera pas quand il aura brisé ma protection. Je n'essaie pas de savoir quand le bouclier va lâche. De toutes les façons, ce que je pense faire maintenant est un peu équivalent.
L'homme a l'air confus pendant que je me rapproche. Connaissant les armes de leur camp, nous savons tous les deux que si nos boucliers se heurtent violemment, ils vont se désactiver dans une aéroexplosion, contrairement à ceux du camp des Rebelles. Ce sera la roulette russe et je ne sais absolument pas pourquoi j'ai décidé de jouer la suicidaire. Trop tard pour reculer. Je fonce sur lui du côté de mon épaule et le choc quand on se touche fait effet.
Je me fais projeter et m'écrase par terre sur une zone libérée par les autres soldats fuyant notre explosion. Trop secouée par le besoin de survivre j'ignore la douleur sur le côté où je me suis écrasée contre le sol où j'ai eu la chance de partiellement glisser. Je récupère une arme sur un cadavre tout près pendant que mon adversaire se relève et trop tard pour lui ma balle l'atteint. Je sens quelqu'un derrière moi et me tourne rapidement prête à tirer, mais change ma trajectoire à temps pour tirer à côté du soldat. L'un des nôtres. La montagne de muscles d'un blond sali se relève de l'endroit où il a sauté. Il crie:
-Putain détends-toi! Réessaie pas cette connerie sauf si tu veux crever, la meurtrière!
-Tu veux essayer? Vous voulez tous ma peau de toute façon, ça m'étonne que je sois encore en vie!
-On n'a pas le temps pour ça, couvre-moi je veux avoir les deux là-bas!
Je vais pas stopper son ambition. En ramassant un autre pistolet laser, je lui crie:
-Vas-y!
Je vais tenter ça, heureusement que ceux-là sont légers. J'active les boucliers et tends mes deux bras armés avec le corps tourné de façon à voir devant et vers derrière. Je regarde l'homme se battre de façon impressionnante contre deux gars, dont un que je vise. Il le pousse plus loin et je peux l'abattre. Je le laisse se débrouiller pour rejoindre mon prochain chéri.
Je bouge pour mieux le voit courir vers moi en tirant comme un idiot. Je fais de mon mieux pour esquiver rapidement pour ne pas foutre en l'air mon bouclier puis lui tire dessus. J'atteins son bras à ma surprise, il est blessé. Je continue et effectivement mes balles ne font pas s'afficher la surface transparente et fluide d'un bouclier. Il n'a pas de protection. Je pourrais me rapprocher et tirer au lieu de jouer au jeu des zigzags que je déteste, mais ai appris à maîtriser, à cause de cet endroit sans abri. Je ne ferais pas ça, j'ai envie de changer un peu.
Comme l'idiote que je suis, j'accroche mon arme à l'arrière de ma ceinture et lui fonce dessus. Il tire, mais j'ai un bouclier et je me fous de le conserver pour l'instant. Au lieu de fuir, il continue de tirer parce que je ne suis pas armée. À première vue. Comme prévu bien avant qu'il ne me lâche, je suis assez près, mais il tente maintenant de me frapper avec son arme. Ses coups ont l'air énergiques, s'il m'atteint, je suis finie. Le bouclier ne protège que contre les projectiles d'une certaine taille.
Il va me faire ce que j'ai fait aux autres.
N'arrivant pas à exécuter mon plan, je commence à le regretter en évitant les coups et recule. Il me suit donc je prends le risque de perdre de la vitesse, en sortant mon pistolet, mais à mon soulagement il s'éloigne rapidement. Je ne pourrais pas l'avoir comme la gloutonnerie de ma dague le voudrait. Énervée, je tire sur lui, mais contrairement aux soldats rendus confiant par leurs boucliers, il bouge avec la rapidité que l'adrénaline servant à assurer sa survie lui donne. Je ne sais pas comment je vais l'avoir et on s'est éloignés de l'amas. Un vrai duel.
Je m'arrête de tirer et il prend le risque de ne plus bouger. Il a pris une de nos armes, il va pouvoir tirer longtemps et quand il n'aura plus de balles, son laser va durer, maintenant qu'on les a débloqués. J'ai un de leurs pistolets moins endurants. La logique voudrait que je m'enfuie dans l'amas et au minimum change d'arme, mais je ne veux pas. Je dois réfléchir et vite. Putain j'aimerais avoir un pouvoir là. Il porte sa main à sa blessure au bras. Ça commence vraiment à le déranger, bientôt je suis sûre qu'il ne pourra plus tenir son arme correctement.
Je m'approche et notre jeu du zigzag recommence. Je ne dois absolument pas faire sauter mon bouclier ou on sera égaux. Je reste à bonne distance pour éviter ses éventuels coups de fusil, mais tire un peu pour le provoquer. Après un moment, je commence à être essoufflée et mon bouclier vient de lâcher. Je suis dans la merde. Je recule énergiquement pour ne rien laisser paraître. Il doit être confus. Quelques minutes après, je reprends du courage, me risque à approcher et constate qu'il ne tire pas, mais recule.
Je ne sais pas s'il a compris ce que je fais en essayant de fatiguer son bras blessé ou s'il a compris trop tard et ne peut plus tirer. Je le fais et il bouge rapidement, mais ne tire pas. Il pourrait courir dans l'amas de soldats, mais il me fait quand même face. Il a du courage, je dois lui accorder ça. Ok, il sait bouger vite aléatoirement, donc je ne peux pas prévoir ou tirer. Ce sera un jeu de précision et de chance. Qui va vivre? Je m'approche en tirant et il bouge. Ce jeu frustrant continue un moment et c'est à moi d'avoir mal au bras. Je baisse le bras.
Il s'arrête et je le relève le plus vite possible et tire. Oh putain, ça a marché cette fois! Il titube et tombe. Je ne sais pas pourquoi, mais, comme un chasseur avec sa proie, je cours vers lui et m'accroupis pour le regarder. Ses yeux verts foncés sont rivés sur moi et il halète. Je suis sûre que ce n'est pas sa blessure. Je n'ai pas le pouvoir d'Atmos, mais je sens sa peur. Le genre qui te donne l'impression que ton cœur va se désintégrer à force de s'agiter.
Le genre que j'ai ressenti la première fois que ma mère m'a livré, quand j'ai compris que cet homme ne me voulait pas de bien, contrairement à ce qu'il prétendait. Non, ça ne m'a pas fait de bien. Je ramène mes yeux au présent. L'homme a aussi une peau qui contraste avec mon paradis blanc et qui se rapproche de la mienne et de celle de Blade. Il faut que je repense à lui maintenant, quelle malédiction.
Mon ennemi continue de me fixer, mais s'est calmé. C'est le moment juste avant. Quand on se dit qu'on accepte la mort, avant de se remettre à se chier dessus parce que c'est terrifiant de ne plus être dans une réalité que l'on connait. D'habitude, je tue. Je tue et je ne fais pas attention à tout ça ou ça me rendrait folle. Pourtant, là ça me prend. Putain. Je peux tuer facilement quand c'est violemment et rapidement pour ne pas penser, mais là je ne sais pas. Il a l'air jeune, plus jeune que moi. Je me lève et me tourne. À ma surprise, sa voix s'élève et il crie:
-Non, attends! Pitié! Attends!
J'hésite, mais me remets près de lui. Est-ce que c'est trop tard? Même si je l'épargne, il va mourir et ne veut pas mourir seul? Il me dit:
-Tue-moi, pitié. J'ai aucun avenir et je ne veux pas voir ce que Nyx va faire à ma famille, pitié.
-Tu t'es bien battu et tu dois continuer
Sa voix se brise quand il me dit:
-Mais je suis fatigué de me battre, pitié.
Je ne sais pas pourquoi mes larmes montent et je déglutis. J'inspire pour me calmer et lui demande doucement:
-C'est vraiment ce que tu veux?
-Oui
Je ne peux pas. Je ne peux pas recommencer ce que j'ai fait à Blade. Tuer quelqu'un sur qui j'ai mis un visage. Quelqu'un que je vois vraiment. Je ne sais pas pourquoi je lui dis:
-La dernière fois que j'ai tué quelqu'un qui me parlait, ça m'a fait du mal, beaucoup. Je ne peux pas recommencer.
-Tu ne le fais pas pour toi, mais pour moi. Je mourrais de toutes les façons. Lentement ici ou avec Nyx parce que je suis endommagé. Pas blessé, endommagé. On est ses machines maintenant.
Dire que c'était moi qui voulais qu'on utilise des humains. Ce n'est pas possible. Tremblant, il attrape ma main. Je ne la retire pas et inspire. Je lui demande:
-J'ai une dague et le pistolet...choisis.
Il me sourit et dit:
-La dague, pour que tu restes près de moi.
Je retiens à nouveau des larmes. Je sors mon arme tremblante. J'ai achevé quelques soldats avec assurance, en l'utilisant tout à l'heure, mais là je ne sais pas si je vais y arriver. Je lui demande:
-Comment tu t'appelles ?
Il me dit la voix s'affaiblissant:
-Omaro.
Je souris et dis:
-Je t'oublierais pas Omaro, c'est promis.
Il étire les lèvres et ma larme tombe sur son visage. Il serre ma main et demande:
-Merci, comment tu t'appelles?
-Si je te le dis, tu vas me détester
-Je sais que tu es sa fille, mais je n'écoutais pas pendant le brief. Je ne regardais pas. Je voulais être ailleurs. Mais, toi, maintenant tu es libre. T'as changé, tu vas tout changer. Je le sais, mais je ne peux pas attendre de le voir. C'est trop tard pour certains.
Je lui dis en pleurant:
-Je m'appelle Daëri.
-Il faut pas pleurer Daëri, c'est pas fini. C'est jamais fini.
-Certaines choses doivent l'être pourtant.
Il me répond doucement:
-C'est juste une transition, c'est ce que ma grand-mère disait.
Je souris. J'aurais aimé en avoir une. Il dit:
-Je suis prêt.
Je hoche la tête. Je dépose un baiser sur son front et rapidement je lui tranche la gorge. Je le regarde, le sang s'écoule et fait des giclures ocre. Il tremble et émet des bruits comme s'il s'étouffait, en serrant ma main. Heureusement, ça ne dure pas et sa main se desserre, en même temps que son corps s'endort pour toujours. Je serre sa main et ferme ses yeux évoquant une verdure, où j'espère qu'il se promène maintenant.
J'essuie mes larmes avec les parties de ma main qui ne sont pas tachées de sang tiède. Je le fixe encore un moment, pour me souvenir de son visage, puis me lève. Au fur et à mesure que je m'approche de la masse de combattants, ma colère monte. J'entre à peine que quelqu'un me soulève par derrière, mais je me débats. À quoi il joue putain?! Je lui lacère les mains et il me lâche. Je me tourne et aussitôt il me donne un coup de tête. J'ai trouvé, mon jumeau, des attaques aussi originales que stupides.
Je ne laisse pas la douleur me distraire et recule. Il doit crever. J'avais aucune envie de tuer Omaro, mais c'est pas pour ça que je vais les épargner. Comme il l'a dit, "ils ne sont que des armes" condamnés, ils se battent pour rien. S'ils sont comme mes soldats, ils vont même tous mourir s'ils perdent. Je ne laisse pas ma douleur brûlante et battante à la tête me distraire.
Ce gars est amnésique, ignorant ou suicidaire, j'ai un de leurs pistolets. Si mon bouclier était encore là, on risquerait à nouveau de crever, pas comme on a atterri gentiment tout à l'heure, vu la proximité du choc. Je doute que ma chance de kamikaze se répète, nos têtes auraient sauté. J'appellerais ça un baiser mortel. Je continue mes mouvements pour éviter les balles entre certains soldats m'imitant ou à découvert. Putain je serais bientôt à bout de souffle. Je ne suis pas habituée à me battre aussi longtemps. On s'en fout, je ne vais pas crever comme ça.
Je l'évalue. Il est armé d'un fusil de chez eux, il tire et je me déplace rapidement. Je suis dans la merde. Je me dépêche de trouver un cadavre armé et me sers rapidement et discrètement. J'ai un de leurs pistolets. Il a dû comprendre que je n'ai pas de bouclier, enfin officiellement maintenant. Il m'approche et je tire et bouge, mais il s'en fout et accélère en tirant.
Il sera bientôt assez proche pour voir l'aura de mon bouclier. Ok, je sais. Je cherche des yeux et trouve un de nos fusils d'assaut. Super, il est chargé. Je fais ce que j'ai tellement aimé faire tout à l'heure. Une surprise. Je range le pistolet à ma ceinture et bientôt la balle de la fonction fusil à pompe fait sauter son bouclier. Avant qu'il ne comprenne, la deuxième balle crée une explosion de sang dans son ventre en l'envoyant voler plus loin.
Voilà. Après une seconde de trop passée à le fixer en me calmant, je regarde autour de moi alerte. À ma confusion, il n'y a que nos soldats debout, tirant sur nos ennemis au sol ou les poignardant. C'est quoi, ce bordel? Ils sont tous tombés comme des mouches ou quoi?
Normalement s'ils perdent tous ils explosent chacun. Nyx a déjà changé les règles, malgré tout les soldats de mon camp s'éloignent et je les suis. J'inspire et m'arrête de me poser des questions. Je n'arrive pas à croire que j'ai survécu, entre le combat et les balles perdues qui ne m'ont pas atteinte quand je n'avais plus de bouclier.
J'étais pas mal en simulation et je m'en suis sortie en ville contre les drones, mais un vrai combat est toujours pire que ce que l'on peut imaginer. Je m'arrête dans la foule libre de cadavres et entends soudainement un brouhaha s'élever jusqu'ici. Un soldat m'approche et je me tends par réflexe, mais il me dit seulement:
-T'es Daëri non?
Je hoche la tête et il continue:
-Ils te cherchent devant au Nord.
Je me mets à courir dans la direction qu'il indique, entre les soldats qui s'écartent. Ils me frustrent en me ralentissant, donc je prends le risque de passer par la zone libre jonchée de cadavres tentant de me faire tomber, dans une ultime revanche. Choisis ton poison, les hommes te ralentissant ou les morts.
J'arrive à bout de souffle et au loin à gauche je vois une silhouette à genoux dominée par des gens armés. Je m'approche, Havo tient un soldat en joue. Ils ne sont pas tous tombés par terre? Ou il a eu la chance de se relever à temps. Je regarde le menacé. Un brun avec un visage sculptural et deux cicatrices au visage, lui donnant un air moins jeune et innocent. Il porte une combinaison bleue, contrairement aux autres. Dessus je lis le nombre 80.
C'est sûrement un des miens, même si je ne le reconnais pas. Havo tient un sac beige tâché de sang, d'où réussis à émaner une très forte lumière bleue, comme une aura, et ce, malgré le soleil. Elle bat comme un cœur. La puce, on a gagné. Ils sont allés assez loin pour la récupérer durant le combat comme on avait prévu. Mais mon sourire s'échappe quand Havo me regarde durement. Il m'ordonne:
-Approche!
Je m'exécute, maintenant plus craintive que quand je risquais ma vie au milieu d'hommes et de femmes, prêts à me tuer sans hésiter. Havo me dit:
-On dirait qu'il a été mal pucé ou quelque chose du genre parce qu'il a échappé à leur manque de coordination général. En plus, il est habillé différemment, il y en avait plusieurs d'autres comme ça. J'ai seulement pu mettre la main sur celui-là vivant. C'est un de tes soldats?
Je hoche la tête et réponds:
-Je sais que les miens sont pucés, leur puce a un explosif. Si elle n'a pas marché, c'est pas une erreur, j'ai rarement vu le matériel de Nyx défaillir.
Havo plisse ses yeux clairs à cause du coup de vent chaud et me communique:
-Je crois que je comprends, il a dit qu'il voulait te parler. À personne d'autre
Je m'approche de l'homme qu'on a réduit au numéro 80 et lui dit:
-Je suis là.
Havo me coupe en hurlant:
-Recules putain!
Je me souviens des explosifs et calme mon irritation en reculant. Je regarde Havo plus proche et lui dis:
-Et toi?
Il réplique:
-On a pas que ça à foutre Daëri!
Je hoche la tête et demande à l'homme aux cicatrices:
-Qu'est-ce que tu as à me dire?
Il pose ses yeux bronze limpides sur moi et inspire. Il a l'air effrayé. Je suis un peu confuse puis réalise que c'est peut-être ses dernières paroles. Peut-être qu'il va sauter, après m'avoir transmis un quelconque message, ou qu'Havo va l'exécuter. Il va l'exécuter. Numéro 80 m'appelle d'une voix évoquant de la douceur:
-Daëri.
Il continue comme désolé:
-Ton père sait où tu es.
J'ai l'impression que mon corps se désagrège. Est-ce qu'il vient enfin me chercher? Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce que je devrais faire? Qu'est-ce que je ressens? Secouée, je regarde Havo me fixant l'air aussi choqué que moi. Je dis d'une voix étranglée:
-Je veux voir Atmos...
Havo dit:
-T'as de la chance.
Soulagée par ses paroles, je suis son regard et me mets à courir comme si ma fatigue avait disparu. Atmos m'attrape dans ses bras chauds et puissants. Je le serre aussi fort que je peux en ressentant des sauts dans mon estomac. En fondant dans ses bras, où un noyau ambré est resté accroché à son odeur de combat primal, je lui dis:
-T'es vivant.
Son beau rire retentit et il me répond:
-Bien sûr, j'étais plus inquiet que toi, pour l'idiote que j'ai perdu pendant le combat.
Je rigole et il continue:
-J'essayais de te retrouver, mais c'était compliqué parce que je devais faire de mon mieux pour ne pas mourir. T'aurais sûrement été vraiment énervée que j'essaie de te protéger.
Je me remets à rire au milieu des larmes et on se tient un moment avant que je réussisse à le lâcher. Aussitôt, je remarque son t-shirt sanglant et grimace en disant:
-T'es blessé, oh non...pourquoi t'as rien dit? J'ai dû te faire mal en te serrant et...
Des larmes coulent, parce que je suis terrifiée à l'idée que quelque chose lui arrive et je déteste qu'il souffre. Il prend mon menton et ses lèvres me réconfortent. Il lève son t-shirt et me montre presque sur le côté, entre ses côtes et ses hanches, un amas de sang où la chair est altérée par un creux sanglant bougeant avec sa respiration. Je tente de rester calme et il me dit:
-Je ne pense pas que ça ait touché un organe. Ça brûle comme pas possible, mais on ne peut pas m'avoir. Parce que je suis Atmos. Parce que je dois retourner auprès de toi.
Il m'offre à nouveau de la douceur aves ses lèvres et murmure:
-Pleures pas, je suis là.
Je hoche la tête, mais m'y remets en repensant à ce que j'ai causé et que je dois lui annoncer. Entre mes larmes, je lui dis:
-Tu vas me détester Atmos.
-Non Daëri, qu'est-ce que tu racontes? Qu'est-ce qu'il se passe?
-Il sait...il sait où tu es...à cause de moi. Il sait où vous êtes.
J'ajoute, en grimaçant, les larmes réchauffant mon visage:
-J'ai ruiné votre sanctuaire, c'était tellement beau et maintenant...
Il me serre contre lui et embrasse ma tête en disant:
-Ça ira Daëri, ça ira.
Non, je vais devoir le quitter. Les quitter. Parce que je suis une cible mouvante qui va attirer la mort.
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