Chapitre 4
3 ans après La Brûlure
Quand Jali revint près de la crevasse, elle n'entendit rien et se mit à courir, espérant percevoir des cris en s'approchant. Il y eut seulement le silence écrasant sa poitrine. Elle trouva pourtant son bébé au même endroit et ouvrit un peu plus sa combinaison pour constater que la petite poitrine du bébé se soulevait et redescendait doucement pendant que ses yeux étaient fermés. Pour se rassurer et suivre son instinct, elle enleva le haut de sa propre combinaison et le prit dans ses bras. La chaleur réconfortante du bébé la rassurait tout comme elle-même rassurait sûrement le nouveau-né. Elle le nourrit, l'habilla et le plaça dans le sac à dos qu'elle avait modifié et le testa. À l'intérieur, tout était fait pour le confort de son fils et les données s'affichaient bien sur la précieuse tablette de Jali. Elle avait acheté cet objet interdit au marché noir pour aider à la mise au point de ses inventions. Finalement, cela lui permettra de sauver son fils.
Le bruit interne du sac était étouffé pour ne pas atteindre l'extérieur, mais Jali pouvait tout entendre dans ses oreillettes.
Le sac à dos pesait bien son poids, contrairement à son sac de voyage gisant à ses pieds. Ce dernier même plein de provisions et d'affaires ne pesait rien grâce à la technologie. Jali voulait pouvoir sentir son fils bouger un peu malgré l'épaisseur du sac à dos les séparant, pour sa sécurité. Elle devait sentir tous ses mouvements, un peu comme ces neuf derniers mois, quand il était réfugié dans son corps. La décision de Jali était de la folie, mais la seule qu'elle avait pu trouver. La seule alternative à la mort dans ce monde était une vie dans un autre.
On disait que Les rebelles vivaient dans une des oasis géantes au milieu de nombreuses autres. Une au milieu de centaines, peut-être de milliers dans ce désert commençant aux bords de la cité. Ce désert qui a été gardé, pour des raisons inconnues lors de la construction du mur. Soit on chuchote du bien sur Les Rebelles, soit on déclare qu'ils sont capables de choses horribles et veulent juste provoquer la colère de Nyx sur eux tous.
Mais Jali était tellement désespérée qu'elle devait essayer.
C'est comme cela que des semaines après être entrée dans le désert, elle avait atteint sa cinquième oasis. Ce soir en face du feu brillant plus fort que les étoiles lointaines, elle pensa pourtant abandonner. Elle se mit à regarder son fils se lovant dans ses bras et ça lui redonna des forces comme à chaque fois. Elle continua donc ce cycle de chasse, cueillette, feu...
Finalement des jours plus tard elle se dit que même si elle le voulait elle ne pourrait pas rentrer. Est-ce que ce sera ça, sa nouvelle vie? Au moins, elle aura sauvé son fils d'un enfer.
Un jour vers sa septième semaine, Jali entendit soudainement des voix et éteignit le feu en espérant que cette odeur de brulé n'alerterait pas ces gens. Mais elle se dit aussi que c'était le moment. Les yeux emplis de larmes, elle plaça le sac contenant son bébé dans le creux au pied du chênier. Un des arbres hybrides entre ce que l'on appelait un chêne et le palmier ayant survécu à tous ces évènements, tout comme elle espère que son fils le fera aussi. Peut-être que cet arbre lui portera chance. Mais le bébé ne pleura pas. Jali attendit des heures que son fils muré dans son silence fasse savoir sa présence, mais comme s'il jaugeait les propriétaires de ces éclats de joie il n'émit aucun bruit. Voyant ça comme un signe, Jali bougea pour aller le chercher, mais soudainement son fils se mit à crier comme il en a l'habitude, avec une force contrastant avec sa taille. Au bout de quelques minutes, une silhouette avec un faisceau de lumière maintenant dirigé vers le sac se mit à crier avec une voix de femme:
-Hey, j'ai trouvé! Tu vois, je t'avais dit que j'avais senti le feu!
Bizarrement, le bébé se calma et en se baissant d'après le mouvement de son faisceau, la femme dit plus bas:
-C'est quoi, ça?
La silhouette d'un homme éclaira rapidement le bébé qui hurla à nouveau. Pour ajouter à l'agitation, d'une voix grave, l'homme cria trop tard:
-Touche pas! C'est peut-être une bombe...
Mais la femme inconnue lui passa sa lampe pour mieux tenir le fils de Jali tandis que cette dernière reteint sa respiration tremblante à l'idée qu'ils pourraient lui faire du mal. Jali commença même à regretter son choix et considéra courir chercher son fils. La femme tenait le nouveau-né sous les jeux de lumière artificielle des lampes et d'ombres de la végétation sauvage. Ces plantes vert profond rendaient la chaleur plus accrue la journée, mais n'avaient maintenant aucune responsabilité pour la température faisant bouillir Jali. Après avoir essayé de calmer le bébé, en vain, la femme amusée dit à l'homme:
-T'as déjà vu une bombe qui pleure comme ça, toi?
L'homme lui dit:
-Putain Moya, mais pose-le!
Une autre voix masculine plus légère se révéla pour faire remarquer:
-Nyx fait tuer des bébés Moya. Tu crois vraiment qu'il hésiterait? C'est même l'idée parfaite.
Moya répondit:
-On n'a toujours pas explosé non? Il est tellement petit...baissez l'intensité de vos lampes, non?
Jali les vit s'exécuter en y voyant moins ce qui augmenta encore plus son anxiété.
L'homme à la voix légèrement grave fit remarquer:
-Vous avez vu les grands yeux verts qu'il a?
L'homme à la voix rauque du début dit plus calmement:
-T'attaches pas Havo, il est venu nous tuer.
Moya répliqua:
-Je pense pas. Sinon la femme là-bas se serait sûrement déjà barrée pour éviter l'explosion. Ou venue nous faire une déclaration inutile avant de sauter.
Jali d'abord tétanisée se mit à paniquer et Moya continua:
-Mais on pourrait utiliser l'idée du bébé qui saute.
Jali courut vers Moya, mais malheureusement pour elle les deux hommes la retinrent. Malgré tout, elle se débâtit de criant:
-Vous ne pouvez pas faire de mon fils une arme!
Par-dessus les cris du bébé, Moya répliqua:
-On est tous des armes. Tu l'as laissé ici parce que c'est un mutant, je me trompe?
Jali, effrayée et confuse par le faisceau de lumière de Moya garda le silence.
La rebelle dit avec ce que Jali pensait être un sourire:
-On pourrait le rendre utile. Soit tu acceptes soit tu refuses et tu meurs avec lui.
Jali submergée par les émotions ne réussit qu'à bafouiller:
-Mourir?
L'homme qui avait parlé des yeux de son fils lui expliqua:
-Tu connais un de nos camps de repli, on ne sait jamais. Ça pourrait guider le four qui vous sert de maître vers nous. Mais si on a ton bébé...après tout ce que tu as fait pour l'emmener jusqu'ici, je suppose que tu y tiens. Donc on peut avoir la garantie que tu ne diras rien sur nous. T'as vu? On est plutôt cléments.
Jali se doutant qu'ils étaient plus intéressés par les pouvoirs de son fils que par la clémence, elle se mit à pleurer et leur dit:
-S'il vous plait, jurez que vous ne lui ferez rien.
En berçant le bébé qui était en train de se calmer, Moya répondit:
-Si tu tiens ta part du marché, tout se passera bien. C'est juré. Contrairement à ce que vous aimez raconter, nous ne sommes pas des sauvages. Nous n'avons qu'une parole.
Les hommes lâchèrent Jali, qui soupira en s'efforçant d'y croire et se répéta que ça allait bien se passer avant de leur dire:
-Il s'appelle Atmos.
Le premier homme à la voix basse hocha la tête dans l'obscurité. L'homme à la voix légèrement grave dit aux deux autres:
-On peut pas la laisser ici, elle ne pourra jamais rentrer.
Sous les faisceaux des hommes et le regard de Jali dont la scène déchirait le cœur, Moya s'éloignant avec Atmos lança:
-Elle a très bien survécu jusqu'ici. Elle n'a pas besoin de baby-sitter, elle.
Sachant qu'elle n'aura pas la même force nécessaire pour la motiver à trouver sa voie jusqu'à son foyer, Jali repensa à son mari et à Sar, désolée de les avoir abandonnés. Peut-être pour toujours.
Les rebelles disparurent le lendemain en lui laissant la route jusqu'à la ville sur une carte éphémère et une source d'inquiétude qui durera une vie.
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