Chapitre 35
Daëri
J'entends des "bip" et cligne des yeux, pour m'habituer à la lumière m'attaquant. Je regarde la chambre aseptisée blanche, puis la perfusion retenant ma main. J'enlève le cathéter en faisant un peu bouger l'aiguille en moi douloureusement. Aussitôt, une alarme bippant plus rapidement se déclenche, avec de la lumière rouge sur l'écran de mes constantes. Je l'ignore et regarde autour de moi avant d'appeler faiblement:
-Atmos?
Moya qui n'était pas dans mon champ de vision, me fait sursauter en disant:
-Il viendra plus tard. Il est trop occupé à se faire punir.
Je fronce les sourcils par rapport à Atmos. Moya me surprend en remettant mon cathéter rapidement à l'aide d'une fonction automatique. Ils ont le matériel avancé similaire à la sangsue pour les perfusions aussi. Elle me dit:
-Tu verras bientôt pour ton homme.
Moya plante sur moi ses yeux noirs affinés par le pli distinctif à leur coin. Elle me menace presque:
-N'enlèves pas la perfusion à nouveau. Tu dois récupérer le sang que ta stupidité t'a fait perdre. Et tu dois ne pas non plus le gaspiller. Heureusement pour toi, on a un stock maintenant. Mais ça ne te donne pas le droit d'en gaspiller. Donc reste à ta place avant que ça tourne en hémolyse.
Face à mon regard confus, elle explique:
-Que le sang tourne en gros.
Je hoche la tête et demande:
-Pourquoi je suis en vie?
Moya ricane et dit:
-De rien. Et c'est parce qu'on vaut mieux que toi. Malgré les sacrifices, la vie a de la valeur pour nous.
-Mais j'ai tué...
-Les sacrifices. Tu as exceptionnellement réussi à passer à travers les mailles du filet avec nos lois, pour commencer, donc tu n'es pas condamnée. Et on a l'éthique de ne pas te laisser saigner à mort.
Elle sourit puis me raconte:
-Tu sais il y a cette histoire sur l'ancien monde, où un meurtrier s'est coupé la gorge. Ils l'ont sauvé, recousu et soigné, juste pour l'envoyer se faire exécuter par injection léthale.
Je ne peux pas m'empêcher de sourire un peu et Moya commente:
-Je savais que ça te ferait sourire.
Je réplique:
-Comme toi.
Elle lève un sourcil, ce qui me fait sourire plus. Elle fait rouler ses yeux au ciel ennuyée. Elle a raison, ils sont meilleurs que moi. S'ils faisaient du mal à Atmos comme je l'ai fait à Blade, j'essaierais de tous les mettre en pièce. À ma surprise, Aelia apparait et mes lèvres s'étirent. Moya disparait sans même me dire quoi que ce soit, mais fait signe à la nouvelle venue. Je soupire. Aelia s'approche avec un sourire réchauffant ses yeux, aussi clairs que sa chevelure couleur soleil. Mais soudain, elle me pince. J'émets un:
-Aïeuh!
Maintenant, avec un regard menaçant et glacé, elle me dit:
-Ne refais plus jamais cette connerie.
Je soupire et regarde ailleurs, un peu énervée et honteuse. Je pose à nouveau mon regard maintenant menaçant sur Aelia, qui m'observe avec un air amusé. Celui à qui je pensais autant revient dans ma tête, et je demande angoissée:
-Où est Atmos? Il est en colère contre moi?
Aelia hoche la tête empirant mon moral. Elle répond:
-Oui, et il a passé sa vie ici, jusqu'à ce qu'il devienne tellement enragé, qu'il est allé chercher un moyen de s'attirer des problèmes. Il est parti en une sorte de vendetta, contre les gens qui t'ont poussé à faire ça. C'est après qu'ils se soient dénoncés en s'en vantant, auprès de tout le monde. Il les a tabassés en les retrouvant un par un. Enfin sauf les poufiasses, il n'est pas enragé au point de perdre son sens moral. Même si...je devrais le faire. Bref. Il a même eu Zy.
J'ouvre un peu plus les yeux et elle confirme en riant:
-Oui.
J'ai encore plus gâché la vie d'Atmos. Aelia continue plus sombrement:
-J'arrive pas à croire que Zy t'ai fait ça.
Elle se reprend et me raconte:
-Mais quand il a trouvé le cinquième, il était avec le sixième...et Ena. Elle avait senti Atmos les épier pas loin avec son pouvoir. Elle les a prévenus, et ils en ont profité pour l'attaquer. Le connaissant, Atmos a dû bien se défendre, vu qu'il n'a pas été trop amoché. Mais même si Ena ne l'a pas attaqué, ils étaient quand même deux contre un. Comme des lâches.
Elle rit doucement avant de dire:
-L'amour est vraiment aveugle, il a eu un cocard.
Elle continue de rire tandis que mon visage se tend. Je demande à Aelia:
-Il est où?
-Dans une cellule à côté des leurs, sûrement en train de se disputer avec eux aussi. Je devrais aller voir ça. Ils pensent à tous les poursuivre en justice ou les laisser partir après 72 heures.
-Ça fait combien d'heures là?
Elle regarde son bipper et répond:
-64, on saura bientôt.
Je soupire et murmure presque:
-J'espère qu'ils le laisseront tranquille, ou j'irais à sa place.
Aelia rit et me dit:
-T'es trop bête.
Je soupire avant de fixer ma perfusion écarlate.
Dans la même journée, des rêves oubliés après, je me réveille en entendant la voix d'Atmos. Je me demande donc, si je ne me suis pas replongée en plein songe en fait. Mais à quelques mètres près de la porte, je le vois se disputer avec Aelia. Elle lui dit:
-Non, tu dois rester pour la voir.
Atmos répond:
-Je veux pas qu'elle me voie comme ça. Je vais attendre dans le couloir. Je resterai avec elle, mais de loin. Elle me verra pas.
Aelia ricane et réplique:
-Elle va sortir à un moment, tu vas l'éviter aussi?
Je m'assieds et la chambre s'allume automatiquement. Ils me regardent surpris et je dis plus bas que je le voudrais:
-Atmos, s'il te plait, me quitte pas. Je suis désolée, pardon je...
Je soupire puis essaie de descendre, mais il court presque et me recouche, en ordonnant:
-Reste là.
Je pose les yeux sur son beau visage, maintenant coloré de teintes violettes et roses. Je regarde son œil qui est moins ouvert que d'habitude. Il n'est plus aussi gonflé qu'avant, je suppose, mais tout violet. Malgré tout, il est éclairé par le beau vert s'échappant de son regard. Mais il y a aussi de la tristesse dans ses yeux. Je ne lâche pas son bras et de ma voix encore affaiblie, je lui dis comme je peux:
-Je suis désolée. Je voulais pas te faire du mal. Mais moi, ça me faisait tellement mal, tout ça. Je...
Il me coupe en m'embrassant tendrement. Contre mon visage, il me dit:
-Je sais.
Il rit doucement, puis continue:
-Je sais que ce monde peut être froid. Mais il n'y a pas de moi, sans nous deux Daëri.
Je lui souris puis rigole réchauffée, avant de lui demander:
-Comment, ou plutôt où t'as trouvé cette phrase, Atmos?
Il étire ses belles lèvres et me répond:
-J'ai juste pensé quelque chose comme ça en te regardant, quand tu dormais encore. T'as beaucoup dormi, tu sais?
Je souris avant de le tirer, pour me réfugier contre son cou. Comme je le fais souvent.
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