Chapitre 1

Ma chanson préférée de Francis Cabrel dans les oreilles, j'attends patiemment sur mon siège que l'avion se vide. Le vol a été plutôt rapide depuis Paris. J'étais plongée dans mes pensées durant tout le trajet en étant branchée à mes écouteurs. Je suis le genre de personne qui ne peut pas se passer de musique. Il ne se passe pas un jour sans que j'en écoute. C'est comme la nourriture pour moi, c'est vital.

Je me lève de mon siège et récupère mon sac dans le compartiment à bagages. Je traverse l'allée, salue les hôtesses de l'air et le commandant de bord et sors de l'avion. Je me dirige vers l'endroit où récupérer mes affaires et attend quelques minutes avant de voir apparaître mes deux valises. Je les sors du tapis roulant et pars en direction de la sortie, après avoir rangé mon téléphone et mes écouteurs dans la poche de ma veste en jeans.

Je n'ai aucune idée de qui est venu me chercher à l'aéroport. J'ai discuté avec la maman avant de décoller qui m'a prévenue qu'elle m'attendrait à la sortie. Mais je ne sais pas si elle est venue seule ou avec toute la petite famille.

Je sors d'un couloir et aperçois pleins de personnes trépignant d'impatience de retrouver leur famille. Je m'éloigne un peu de cet attroupement et découvre une femme avec une pancarte avec inscrit mon nom dessus. Je me dirige vers elle, les mains moites. Quand elle me voit arriver, elle me sourit de toutes ses dents.

-       Tu es Amy ? elle me demande avec un joli accent anglais.

-       Oui, c'est moi, je fais timidement.

-       Je suis Gwen, la maman.

J'allais pour lui tendre la main, mais elle balaye l'air devant elle et vient me prendre dans ses bras. Je lui rends gentiment son étreinte et me décolle quelques secondes plus tard.

-       On y va ? les filles ont hâte de te rencontrer.

J'hoche la tête, prend mes deux valises et lui emboîte le pas.

Je regarde le paysage défiler devant mes yeux. Les bâtiments ne diffèrent pas beaucoup de ceux de Paris. Seuls les fameux bus et cabines téléphoniques londoniens mettent un peu de couleur dans ce gris.

On quitte le centre-ville et tous les endroits touristiques pour arriver dans un joli quartier. Gwen s'arrête devant une grande maison blanche à deux étages. On descend de la voiture et chacune récupère une de mes valises. Elle se dirige vers la porte et entre sans regarder si je la suis ou pas.

-       Les filles ! Amy est arrivée ! s'écrie-t-elle.

J'entends des cris depuis l'étage et des bruits de pas dans l'escalier. J'ai à peine le temps de réaliser ce qu'il se passe que deux têtes rousses se bousculent pour me prendre dans leurs bras. Je me baisse, tout sourire et leur rend leur câlin. Heureusement que je suis très tactile, je crois que je suis tombée dans la bonne famille.

Je me relève et observe les deux filles qui sont arrivées. Les deux ont la même couleur de cheveux et se ressemble comme deux gouttes d'eau. À la différence de leurs yeux.

-       Alors voici Chiara, fait Gwen en désignant celle aux yeux verts, et là tu as Morgan, en me montrant celle aux yeux marrons.

-       Salut les filles, je suis heureuse de vous rencontrer, je fais en souriant.

-       Je suis sûre qu'elles le sont aussi, elles n'ont pas arrêté de demander quand est-ce que tu arrivais, fait un homme en apparaissant au bout du couloir. Allez les filles, laissez Amy arriver. Elle doit être fatiguée.

L'homme s'approche de moi et vient me faire la bise. Il a les cheveux blonds coupés courts et porte une barbe. De visage, il a l'air très sympathique et dégage quelque chose de positif.

-       Je suis Sam, le papa.

-       Enchantée.

-       Tu veux boire un truc, Amy ? me demande Gwen depuis ce que je présume être la cuisine.

Je laisse mes valises dans le couloir et me dirige vers sa voix. Je le trouve devant la bouilloire, attendant que l'eau chauffe.

-       Je veux bien de l'eau, s'il te plaît.

-       Assieds-toi à la table en attendant.

J'ai un peu de peine avec le tutoiement, mais avant d'arriver elle m'a dit qu'il n'y avait aucune raison à ce que je lui dise vous. Alors il va falloir que je m'y fasse.

Elle hoche la tête et revient quelques secondes plus tard et me tend le verre. Je souris en découvrant des images de la reine de neiges dessus.

-       Désolée, on a que des verres comme ça. Ce sont les filles qui les ont choisis.

-       Ce n'est pas grave, j'adore Disney.

-       Ah oui ? on va souvent à Disneyland Paris pendant les vacances. Les filles adorent y aller.

-       Tu dois pouvoir y aller souvent, vu que tu habites à côté, renchérit Sam.

-       Oui, la première chose que je me suis achetée avec mon salaire de mon job d'été ça a été un passeport annuel.

-       Super, je crois que ça veut vraiment la peine.

-       C'est vrai, c'est vite rentabilisé.

J'avoue que c'est dur de me mettre à l'anglais, mais heureusement pour moi c'était ma matière préférée au lycée et j'avais pris en plus des cours particuliers ont jugés bon de m'offrir. Ils trouvaient ça plus utile que de faire du sport.

-       Sinon, tu as fait bon voyage ? me demande Gwen en s'asseyant en face de moi.

-       Ce n'était pas trop long ?

-       Non, ça a été. Le trajet en avion est assez court.

-       Est-ce que tes parents t'ont accompagné à l'aéroport ? tu ne m'as pas beaucoup parlé de ta famille.

-       Gwen ! intervient Sam, sur un ton de reproches.

-       Non, non, il n'y a pas de problèmes.

Je soupire, mais décide de leur en parler quand même. Il faudra bien qu'il l'apprenne un jour ou l'autre.

-       Mes parents biologiques sont morts quand j'avais dix ans et après ça j'ai été recueillie dans une nouvelle famille. Mais disons qu'on n'est pas en bon terme. On ne s'entend pas très bien.

-       Oh je suis désolée Amy. Je ne voulais pas être intrusive.

-       Non, ce n'est rien. J'ai l'habitude.

On ne dit plus rien pendant quelques minutes et je fixe mon verre d'eau.

-       Tu veux voir ta chambre, me demande soudain Sam, me sortant de mes pensées.

Je lui souris et hoche la tête positivement.

-       Super, on va prendre tes valises et on descend te montrer tout ça.

Il me fait signe de le suivre et je me lève de ma chaise pour le rejoindre dans le corridor. Il ouvre une porte sur la droite des escaliers que je n'avais pas vu en arrivant.

Il prend mes deux petites valises et je lui emboîte le pas dans les escaliers qui descendent. Sam allume la lumière et je découvre une grande pièce sans fenêtre, mais quand même bien éclairée. Il y a un lit deux places remplis de coussins roses. Une armoire trône en face du lit à côté d'un bureau. Un miroir est suspendu au-dessus.

-       Là, il y a la salle de bain, il fait en ouvrant la porte sur la gauche des escaliers.

J'entre et découvre une grande douche, des toilettes, ainsi qu'un lavabo et un petit meuble pour ranger mes affaires.

-       Ça te convient ? me demande Sam.

-       Oui, c'est parfait. Je n'en espérais pas plus.

-       Super, je te laisse déballer tes affaires. On est juste au-dessus, si tu as besoin.

-       Ça marche, je lui réponds.

Il me sourit, avant de disparaître dans les escaliers.

Je me détourne, pose mes deux valises sur le lit et les ouvre en grand. Je commence par les habits. Je sors les jeans, t-shirts, et pulls et les range dans l'armoire. Je prends mes deux peluches et vient les poser sur les coussins. Je mets mon ordinateur et mon carnet sur le bureau. Et j'enlève ma veste en jeans que j'accroche sur la chaise.

Je me pose cinq minutes sur le lit, pour regarder mon téléphone, mais je n'ai reçu aucun message. Ça ne m'étonne pas en fait. J'aurai quand même aimé en recevoir un de la part de ma mère, mais elle a sûrement d'autre chose à penser. Elle doit être occupée. Je n'en attendais pas de mon père, je sais qu'il s'en fiche. Mais ma mère a toujours été plus cool. C'est elle qui s'occupait de moi après ses passages. C'est elle qui me réconfortait. Elle a toujours été distante avec moi, je crois que c'était sa façon à elle de se protéger. Mais quand mon père quittait ma chambre, elle était là pour moi. Elle n'a jamais rien dit, mais c'est parce qu'elle le craignait autant que moi.

Je range mon téléphone dans la poche arrière de mon jeans et remonte au premier étage rejoindre la famille. Je découvre Sam et les deux filles dans le canapé posé devant la télévision, et Gwen assise à la table de la cuisine devant un ordinateur.

-       Ah tu es là Amy, tu as pu ranger toutes tes affaires ? me demande la maman.

-       Oui merci.

-       Cool. Tu veux venir avec moi faire les courses ? je pourrai te montrer en même temps où se trouve l'école des filles.

Je me tourne vers le père qui me fait signe d'accepter.

-       Oui, je veux bien, je réponds.

-       Super, on y va ? ou tu as besoin de prendre quelque chose avec toi ?

-       Non, c'est bon, on peut y aller.

-       Ok. À toute à l'heure les filles !

Elles se détachent des bras de Sam et viennent faire un câlin à Gwen et à moi par la même occasion.

-       À tout de suite, je leur dis en souriant.

Elles me font un signe de la main et retournent sur le canapé. Je rejoins la maman dans le corridor et enfile mes fameuses converses blanches. Ça doit faire au moins deux ans que je les ai, et il faut avouer qu'elles commencent à être usées, mais je les mets toujours aussi souvent.

On sort de la maison, et Gwen se dirige à gauche sur le trottoir, je lui emboîte le pas. Cinq minutes plus tard, elle traverse la route et tourne sur la droite, on continue une centaine de mètres.

-       L'école est juste là, elle fait en m'indiquant de la main un bâtiment en briques grises.

-       Oh ce n'est pas loin de la maison.

-       Non, c'est facile à trouver. Tu arriveras à refaire le chemin ? au pire les filles connaissent la route.

-       Oui, je pense que ça devrait aller.

On traverse la route dans l'autre sens et on se dirige vers le magasin. La route est toute droite, je crois que j'arriverai facilement à me repérer.

Avant de rentrer dans le supermarché, Gwen se tourne vers moi.

-       Je voulais te dire, pour tout à l'heure, je suis désolée si j'ai abordé un sujet difficile avec tes parents.

-       Il n'y a pas de problème, mais j'évite d'en parler, c'est tout.

-       D'accord, je n'en parlerai plus alors.

-       Merci, je lui fais un petit sourire, qu'elle me rend.

Je prends un panier et me retourne pour rentrer dans le magasin, quand je me fais bousculer. J'en lâche ce que je tenais dans la main. La personne ne s'arrête pas et continue son chemin.

-       Tu pourrais au moins t'excuser ! je m'écrie, furieuse.

Le jeune homme se retourne et vient ramasser le panier que j'ai fait tomber. Quand il relève la tête et croise mon regard, sa bouche s'ouvre toute seule. Il semble surpris. Il porte une casquette noire, ce qui m'empêche de bien voir son visage, mais de ce que je peux en voir il a l'air assez mignon. Il a une barbe de quelques jours et sa chemise ouverte sur les derniers boutons laisse apercevoir quelques poils sur un torse musclé. Sa voix rauque me sort de ma contemplation.

-       Excuse-moi, tu n'as pas eu mal ? il me tend le panier.

-       Non, je vais bien.

-       Ok.

Il me sourit et tourne les talons. Je remarque une petite queue de cheval sortir du trou de sa casquette.

-       Ça va Amy, la voix de Gwen me fait me retourner dans sa direction.

-       Oui tout va bien.

Elle me sourit et nous entrons dans le supermarché.

Je joue tranquillement dans le salon avec les filles pendant que Gwen prépare le dîner. Je lui ai gentiment proposé mon aide, mais elle a rapidement décliné mon offre.

-       À table les filles ! s'écrie la maman.

Je fais un signe de la main à Chiara et Morgan pour les inciter à se lever et nous nous mettons à table. Le repas se passe dans la bonne humeur, ça me change de chez moi. Et j'en suis plutôt contente.

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