et de cinq
- C'était la première fois que tu embrassais une fille ? demanda-elle.
-Oui, avoua le garçon. Avant, je me trouvais trop petit.
Dans sa vie, elle avait pas eu que des moments sympas. Elle avait grandie à moitié trop vite et à moitié trop lentement. Chez elle, elle devait tout faire. On lui disait de se débrouiller, qu'elle était assez grande. À l'extérieur, elle pouvait rien faire. On lui disait qu'elle était trop jeune, trop petite. Elle se demandait où était la vérité. Elle pouvait faire la cuisine toute seule pour cinq personnes, mais pas embrasser la personne qu'elle voulait ? Les adultes avaient des logiques bizarres, des logiques tordues. D'ailleurs c'était eux-mêmes des êtres tordus. Ils étaient trop fermés, emprisonnés à l'intérieur d'eux-mêmes. Et ils se rendaient triste. Elle, elle voulait juste vivre sa vie, embrasser qui elle voulait, puis partir quand elle ne voulait plus, vivre libre comme un oiseau. Mais les adultes voulaient la mettre elle aussi dans une case. Ils avaient cette manie de vouloir tout ordonner. Tout devait être bien droit, bien propre. Et ils déterminaient les cases des gens grâce à leur âge. Elle avait quinze ans. Les cases où les adultes voulaient la mettre, c'était le lycée, les études, la famille puis plus tard sa famille à elle. Elle voulait pas de cases. Elle voulait vivre en suivant son coeur. Elle n'aimait plus son petit ami ? Et bien, elle le quittait. Elle n'aimait pas l'école ? Et bien, elle n'y allait pas. C'était si simple. Pourquoi fallait-il se poser mille et une questions ? Pourquoi fallait-il s'enfermer dans des institutions ?
Il fallait qu'ils vivent, avant que la réalité ne reprenne le pas sur leurs rêves, avant que le jour se lève, avant que leurs obligations ne s'imposent à eux. Plus tard il serait trop tard. Le matin, il serait déjà trop tard. C'était maintenant qu'il fallait prendre une décision. C'était maintenant qu'il fallait vivre.
À l'instant même, elle se sentait assez grande pour décider de sa vie.
-T'as quinze ans et j'en ai quinze, fit-elle. À nous deux, on en a trente. À trente ans on est plus des enfants. On a bien l'âge de travailler, alors on a bien l'âge de s'embrasser.
Il sourit.
-Alors embrasse moi !
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