Chapitre 7 Partie 4
An 2882. Nelmas. Quelques jours après l'attaque de Letariv.
Dans le rêve de Reid.
Dalika les mena vers l'île la plus étendue. Ils plongèrent au cœur d'une forêt luxuriante, aux plantes multicolores. Les deux voyageurs traversèrent des couches d'immenses feuilles d'arbres teintées de turquoise et d'indigo. Les couleurs des plantes que voyait Reid tiraient principalement sur le bleu. Des fleurs de toutes les tailles et formes, aux nuances allant du bleu au pourpre, en passant par le vert et jaune d'or, formaient un merveilleux parterre de désordre fantaisiste. Ce lieux était absolument magnifique. Les rayons de ce soleil, parvenant difficilement jusqu'au sol de cette forêt ; Reid se demanda d'où toute cette ''verdure'' tirait son énergie. La vie semblait émerger de manière si différente ici. Il remarquait, par exemple, que la plupart des tiges des plus petites fleurs étaient teintées de mauve, ce qui ressemblait à de l'herbe et des fougères arboraient également ces couleurs. L'île sur laquelle ils se trouvaient, avait tout d'un paradis. En était-il de même sur tout le reste de la planète ?
Ils déambulèrent dans un couloir de fleurs et d'arbres s'entremêlant ; une symbiose parfaite s'exposait au yeux des deux marcheurs. L'air était humide, mais chargée de parfums exotiques ; des odeurs que Reid n'aurait jamais imaginé sentir. Ils avançaient lentement, et en silence, jusqu'à ce que l'écoulement turbulent d'une rivière ne parvienne à leurs oreilles.
Au fur et à mesure de leur avancée, le son caractéristique de clapotis d'eau sur des galets se fit plus net, jusqu'à résonner dans la petite clairière dans laquelle ils débouchèrent. L'eau était limpide et claire, d'un vert lumineux, dans laquelle se reflétait le bleu des plantes alentour. Un bassin naturel s'était formé au centre, délimité par des roches arrondies par le temps.
Dalika s'immobilisa au bord de la clairière, et invita Reid à passer devant elle. Il s'avança jusqu'à se retrouver quasiment les pieds dans l'eau, et regarda autour de lui. Le lieu était magnifique, une aura mystique planait autour d'eux ; cet endroit était plus que ce qu'il paraissait. Au bout de quelques secondes Reid aperçut de petites bulles remonter à la surface de l'eau, comme si on la faisait bouillir. L'eau s'agitant de plus en plus, le jeune homme décida de se mettre en retrait.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? Demanda-t-il à Dalika.
-Tu verras.
Il n'aimait pas ce genre de réponses qui ne voulaient rien et tout dire à la fois. Il n'avait d'autre choix que d'attendre. La situation n'était-elle pourtant pas urgente ?
Le niveau d'eau grimpait lentement, tout en projetant de grandes gerbes vers les deux visiteurs. D'innombrables ondes s'entremêlaient les unes aux autres, créant des vagues de plus en plus grandes ; la surface auparavant calme et lisse dans ce bassin, était devenue chaotique. Des geysers grimpaient dans les airs ; de plus en plus haut, avant de retomber avec de grands fracas. Que se passait-il ?
Si l'eau était effectivement en train de bouillir, Reid ne devrait-il pas sentir la chaleur ? Même s'il était dans un rêve ; celui-ci n'était pas ordinaire, et jusqu'à présent, il avait eu l'occasion d'expérimenter plusieurs ressentis ; ce qui n'arrivait communément pas dans les rêves.
L'atmosphère était humide et fraîche. L'eau montait régulièrement en colonnes de plusieurs mètres de haut, avant de décrire des arcs de cercle, s'entrechoquant les uns aux autres, puis retombait dans le bassin éclaboussant les roches et les plantes alentours, tel une fontaine sauvage.
Au bouts de plusieurs minutes, le jeune homme sentit, enfin, un changement s'opérer en lui. Il commençait à faire chaud, et la clairière s'illumina soudainement. Il mit un certain temps avant de comprendre que cette lumière provenait d'une gigantesque sphère qui s'élevait lentement du bassin. L'eau s'écoulait tout autour d'elle, en d'épais filets s'enroulant à la surface du globe lumineux. On aurait dit des anneaux planétaires, sauf que ces anneaux-ci, filaient dans toutes les directions, et changeaient constamment de sens. La sphère, projetait elle-même, de temps en temps des jets lumineux dans toutes les directions.
Reid eu du mal à déterminer si elle était solide ou liquide. Peut-être gazeuse ? Ou rien de tout cela à la fois. En tout cas, elle vibrait tout en émettant un ronronnement profond dans la forêt.
Le jeune homme crut avoir en face de lui, la version miniature d'un soleil ; une étoile, en plein milieu de la forêt tropicale d'une planète extraterrestre, sur laquelle, il n'était pas réellement. Il ne faisait que marcher dans un songe, suivant une créature qui semblait tout aussi irréelle.
Qu'est-ce que tout cela voulait dire ? Que faisait-il là ? En quoi cela allait-il l'aider ?
-Tu as en face de toi, ce que nous appelons la Source, lui indiqua Dalika.
Reid se retourna vers elle.
-C'est ici qu'on été crées les premiers elysiens, continua-t-elle.
-''Crées'' ? Répéta le jeune homme abasourdit.
-Ce serait trop long à t'expliquer.
Encore une fois, on le laissait avec des informations incomplètes.
-Ce que je peux te dire par contre, c'est que des dizaines de milliers d'années auparavant, des individus ayant des capacités similaires à ces premiers elysiens sont nés un peu partout dans la galaxie. Cela nous a beaucoup étonnés ; nous ne comprenions pas ce qu'il se passait. Mais peut-être s'agissait-il d'une volonté de la Source.
-Attendez ; parce que ça a une conscience ce truc ? Demanda Reid en désignant la sphère de lumière blanche.
-''Ce truc'' comme tu l'appelles n'est qu'une image établit par mes souvenirs. La véritable Source ne se trouve plus sous cette forme. Trop d'êtres malintentionnés ont tentés d'en utiliser le pouvoir. Des guerres s'en sont suivies. Des mondes se battant les uns contre les autres afin de s'en emparer. Mais la Source n'est pas seulement cette gigantesque sphère lumineuse que tu vois ; elle sent l'univers, elle vit ce qu'il s'y passe. Alors peu à peu, nous, artériens, avons compris que nous n'étions plus en mesure de la protéger. La Source, ayant conscience de cela, finit par se disloquer, et propagea son essence, telle une onde de choc, à travers toute la galaxie. Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Encore de nos jours, nous trouvons, dans quelques mondes, des bribes élémentaires de la Source.
-Vous les recherchez, comprit Reid.
-Si nous ne le faisons pas, quelqu'un pourrait s'en servir et l'utiliser pour faire de terribles choses. Cela a déjà faillit se produire. La guerre des Tungs n'était qu'un prétexte pour conquérir tous les mondes et y retrouver le plus de morceaux possible.
-Mais, si la Source a une conscience, elle peut se cacher ou quelque chose comme ça, non ?
Un sourire se dessina sur les lèvres de Dalika.
-Tu n'es pas bête toi. Figure-toi que c'est ce qu'elle fait. Elle se cache ; à l'intérieur même de certains êtres vivants : nous appelons ces derniers des Réceptacles.
-Mais si un Réceptacle meurt, qu'est-ce qu'il se passe ?
-C'est simple : la partie de la Source contenue dans le réceptacle trouve un nouvel hôte. Souvent, les personnes concernées sentent qu'il y a une chose spéciale en eux. Ils peuvent alors opérer un transfert vers un proche. Dans le cas, où un Réceptacle n'a pas conscience de son état, il est moins évident de comprendre ce qu'il se passe alors.
Cela faisait vraiment beaucoup de choses à assimiler. Il avait découvert tellement de choses ses dernières heures. Il n'était pas certain de pouvoir tout retenir.
-Ne t'inquiète pas ; avec la pratique, tu finiras, facilement par tout assimiler, le rassura Dalika.
Reid lui jeta un regard outré.
-Vous venez de lire dans mes pensés !
En dehors du fait d'être un pouvoir très puissant qu'il était certain de ne jamais totalement maîtriser, il trouvait cela extrêmement malpoli.
-Nous sommes dans un rêve, Reid, nous lisons déjà les pensés de l'un et de l'autre.
Le jeune homme se renfrogna.
-Ouais, enfin bon ; je le gardais pour moi, ça.
Un silence s'établit entre eux ; laissant toute la place au vrombissement de plus en plus puissant de la Source.
-Mais qu'est-ce que tout ça a à voir avec mon état ? Demanda-t-il finalement.
Dalika se tourna face à lui, son expression neutre ayant reprit place sur son visage. Elle plaça une de ses mains sur la poitrine du jeune homme.
-Ça, dit-elle simplement, avant de le pousser dans le bassin.
Reid eut à peine le temps de pousser un petit cris de surprise, avant que son corps ne fut entièrement happé à l'intérieur de la sphère.
C'était étrange ; il ne sentait rien : ce n'était pas humide ou solide, il n'avait percuté aucune surface, alors que le décor de la forêt artérienne avait entièrement disparu. Il ne touchait rien : il semblait flotter au milieu d''une atmosphère opaque blanche. Par contre, il avait chaud. Il transpirait. Il brûlait, mais cela ne lui faisait pas mal ; c'était simplement désagréable. Il respirait normalement, il pouvait bouger ; ses bras et ses jambes s'agitaient comme s'il se trouvait au milieu d'une étendue d'eau où il n'avait pas pied, sauf qu'il restait bloqué dans cette boule d'énergie.
Elle le retenait prisonnier. Était-il réellement dans de simples souvenirs de Dalika ? Même s'il ne savait pas encore exactement ce qu'était la Source, il sentait que c'était bien à l'intérieur d'elle qu'il était ; et pas simplement dans une représentation provenant de la mémoire de l'arterienne.
Reid s'agita de plus en plus ; il ne pouvait pas rester ici : il devait en sortir. Mais comment ? Son corps restait sur place, ou du moins, c'est ce qu'il lui semblait. Il ne pouvait pas réellement le savoir ; tout était blanc et sans bords autour de lui.
Au bouts de quelques minutes d'efforts inutiles, il se mit à jurer. Qu'était-il censé faire ? Pourquoi n'obtenait-il que des bribes d'informations avec Dalika et la ''Femme en noir'' ? C'en était frustrant. L'alien aurait au moins pu lui dire ce qu'il devait faire !
C'est alors que cette pensée traversa son esprit qu'il se sentit chuter.
Il se réveilla en sursaut sur le sol de bois rugueux et froid de la cabane de Kal. Reid se massa le crâne en se redressant ; il avait légèrement mal à la tête : heureusement, c'est tout ce qui n'allait pas. Le reste de son corps ne le faisait plus atrocement souffrir : il semblait être guérit. Mais comment ? Ses souvenirs après avoir atterrit dans son cauchemar sont brouillés, et s'évaporent au fur et à mesure qu'il regagne son énergie. Il essaie d'en retenir quelques bribes, mais en vain ; peu à peu, il ne lui reste plus rien ; il a beau fouiller au tréfonds de sa mémoire, ce qui s'était passé durant son rêve à bel et bien, totalement, disparut de son esprit.
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