Chapitre 4 Partie 2


An 2883. Six mois après le début de la guerre civile d'Obériande


Reid avait parlé de sa visite à Kal. Il avait parlé du fait qu'elle voulait qu'il s'introduise dans le palais d'Adalgon. Pour le commandant, il était hors de question que Reid ne coure un tel risque en se faisant prendre dans la capitale. De plus, il ne pouvait plus passer inaperçu ; ces derniers mois, il s'était fait un nom parmi les résistants. Il était un des meilleurs guerrier, un elysien de surcroît. Beaucoup le reconnaîtrait.

-Elle est folle si elle croit pouvoir te faire faire une chose pareille. Sans te dire ce qu'elle veut, par dessus le marché ! S'était emporté Kal.

À ce moment-là, ils étaient tous les deux en train de parcourir les bois aux alentours du village. Le son de l'eau ruisselant d'une rivière qui coulait non loin de là, leur indiqua qu'ils n'étaient plus très loin de leur destination. Ils s'arrêtèrent alors qu'ils rejoignaient la clairière dans laquelle ils avaient prit l'habitude de s'entraîner ensemble.

Pour l'instant, Kal était le seul ayant connaissance des rencontres qu'il avait avec l'elysienne. Reid n'avait pas osé en parler à qui que ce soit d'autre. D'ailleurs le jeune commandant n'aurait sans-doute pas encore été au courant, s'il n'avait pas un jour surpris son amant en train de parler dans ses rêves, alors qu'il était en pleine discussion avec elle. Il avait été très compliqué pour le jeune homme de lui expliquer la situation. Au départ, Kal s'était montré très inquiet. Mais au fur et à mesure que le temps passait, il se rendait compte de l'aide qu'apportait l'elysienne, en échange des informations qu'elle cherchait directement dans le cerveau de Reid. Ce qu'elle faisait pouvait au premier abord apparaître comme une terrible violation de l'esprit, pourtant, Reid ne serait même plus de ce monde sans elle. Il n'avait pas été en aussi grand danger toutes les fois où elle l'avait aidé, avant qu'il ne se retrouve face à Lirokin. C'était la première fois qu'il risquait réellement de mourir sur le champ de bataille. Jamais auparavant, il n'avait été aussi proche de la mort.

Concernant l'affaire de l'infiltration dans le palais, Reid n'était pas certain d'avoir réellement le choix. Au fond de lui, il savait qu'il finira tôt ou tard par se retrouver à Adalgon pour y dérober ce que l'elysienne prétendait lui appartenir.

Cette histoire le perturbait. Il avait l'étrange pressentiment qu'il devait impérativement découvrir ce qu'elle voulait qu'il trouve dans le palais. C'était presque un besoin. Un besoin qu'il devait refouler s'il ne voulait pas se précipiter inconsciemment dans les quartiers royaux de la capitale.

-Ce n'est peut-être pas si impossible que ça, finalement, supposa Reid.

Kal se mit à le fixer, abasourdi.

-T'es pas sérieux, là ?

Reid haussa les épaules.

-Il faudra bien que je le fasse un jour, alors au lieu de me lamenter, je ferais mieux de réfléchir à un moyen de réussir à lui prendre ce qu'elle veut.

L'expression de Kal avait changé, il le regardait avec sérieux et inquiétude. Mais Reid continua :

-Quand on y pense, ce serait encore plus compliqué de ne pas le faire. Si je n'y vais pas de moi-même, elle saura trouver le moyen de me forcer à m'y rendre.

-Mais Reid, elle est déjà en train de te forcer.

Le jeune homme soupira. Il ne savait pas comment il pouvait expliquer son pressentiment à Kal. Il y avait en lui, une sorte d'urgence à vouloir découvrir de quoi il s'agissait. Qu'est-ce que Keder pouvait bien cacher, pour qu'une elysienne aussi puissante en vienne à lui demander de l'aide pour le dérober ?

-Le moyen le plus simple d'entrer dans le palais est de manière visible, annonça subitement le commandant.

Reid se tourna vers lui, surpris.

-Je sais très bien que je n'arriverais pas à te faire changer d'avis. Alors autant te donner des conseils.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l'elysien.

-Mais ça ne veut pas dire que je suis d'accord, le prévint le soldat.

-Kal, commença Reid, je t'adore.

-Oui, surtout quand ça t'arrange.

Le sourire de Reid s'agrandit.

-Je t'adore tout le temps.

L'expression du commandant s'adoucit. Il était impossible pour lui de résister, et Reid le savait très bien.

-Qu'est-ce que tu proposes alors ? Demanda-t-il.

-Eh bien, ce sont les hauts dignitaires d'Obériande qui ont accès le plus facilement au palais.

-Ça je le sais très bien, objecta Reid, si c'est ça ton aide, ça ne m'avance pas à grand chose.

Kal le prit par la taille, avant de poser sa tête sur son épaule. Il était clair que cette conversation l'agaçait déjà très légèrement. Il était partagé entre l'envie d'aider Reid et de le protéger, même contre lui-même. Mais d'un autre côté, il savait qu'il pouvait entièrement lui faire confiance ; ainsi qu'à son instinct sur-développé d'elysien ; si celui-ci sentait qu'il devait vraiment se rendre à Adalgon, c'est que ce devait être d'une grande importance, même si pour l'instant, la raison semblait encore obscure.

-Réfléchis un peu, murmura-t-il ses lèvres frôlant l'oreille de l'autre homme.

Reid ne voyait toujours pas où il voulait en venir.

Kal soupira. Il allait devoir lui donner plus d'explications.

-Ma tante.

-Laquelle ? Demanda Reid. Celle que tu ne vois presque jamais depuis qu'elle a été élue reine de Karianis.

À peine eut-il terminé sa phrase qu'il comprit.

Kal acquiesça.

-On pourrait toujours trouver un moyen de te faire passer pour un de ses assistants, ou un garde du corps. Tu ferais un très beau ..., je veux dire bon garde du corps.

-Les deux, affirma Reid. Je suis à la fois beau et bon.

Kal leva un sourcil.

-On parle toujours de la même chose ?

-Oui, ce n'est pas fini ; il faut toujours que je me rende à Adalgon.

Kal parut déçu.

-Très bien, continua-t-il néanmoins. Je vais essayer d'entrer en contact avec ma tante. On pourra peut-être organiser une rencontre et parler de tout ça. De toute façon, ça fait un moment qu'elle voulait te rencontrer.

-Ah bon ? Qui dit ça ?

-Elle-même. Tu commences vraiment à te faire connaître.

-Donc, je vais rencontrer la reine de Karianis en personne ?

Kal se redressa, puis toucha de son front celui de Reid.

-Il va falloir se rendre à Taram. Quand je pense à tout le trajet qu'on va devoir faire ! Se lamenta-t-il.

Taram était la ville principale de Karianis. C'est là bas que se déroulaient les conseils des clans. Chaque clan dirigeait une ou plusieurs communautés, divisées en villes ou villages.

-Ça ne devrait pas prendre plus que quelques heures en utilisant un transport.

-Il faut tout de même traverser la moitié du pays ! Ce qui nous éloigne de la frontière. Et Merildis pourrait attaquer pendant ce temps-là !

-Et tous les résistants de Nelmas peuvent bien s'en sortir une journée sans toi, lui assura Reid.

Kal ne sembla pas convaincu.

-Ouais, bouda-t-il, avant de se reprendre. Bon, à l'origine, on était venu ici pour s'entraîner.

-C'est vrai, commença doucement Reid en entoura ses bras autour des épaules de Kal. Mais je commence à me dire que ça fait vraiment longtemps qu'on n'a pas eu de moments à nous seuls.

Le soldat laissa échapper un rire.

-Toi, tu es doué pour obtenir ce que tu veux de moi, dit-il, ce qui fit sourire Reid.

-Si je suis vraiment si doué, susurra-t-il, raffermissant la prise de ses bras autour de la nuque de Kal, pour une fois, on laisserait tomber l'entraînement pour une autre activité.

-''Pour une fois''? Je ne les compte même plus tes ''Pour une fois''.

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