VI. Sous l'arche, la pénombre
Le garçon, victime des mystérieux assaillants du pont, était littéralement pétrifié devant la scène de combat atypique qu'il avait sous les yeux. Sous les conseils de l'homme pâle, Naelle se précipita vers le jeune homme pour l'exfiltrer au plus vite de la bataille qui faisait rage à quelques mètres d'eux seulement.
Mais alors que l'immense femme se ruait vers son objectif, un craquement électrique glaçant annonça une difficulté imprévue. Malgré la ligne de front allié, un des adversaires avait réussi à apparaître devant elle, lui barrant ainsi le passage vers le garçon.
Tout de noir vêtu, son visage était partiellement masqué par un foulard et une large capuche. Seuls ses yeux étaient visibles, et ce qu'elle vit dedans ne la rassura pas vraiment.
Trop occupés à contenir les offensives adversaires qui s'intensifiaient, les alliés de Naelle n'avaient même pas pris conscience de ce qu'il se passait dans leur dos. L'assaillant qui venait de percer leur défense, profita alors de l'effet de surprise qu'il avait créé pour se jeter vers le garçon, toujours immobilisé au sol.
L'attaquant ne comprit que trop tard, l'erreur qu'il avait faite en ignorant délibérément le danger que représentait Naelle, qu'il avait sans doute, à se grande infortune, sous estimé. Un mur, fait des mêmes pavés que le pont, s'était soudainement dressé entre lui et le garçon au moment où il s'apprêtait à tomber sur sa cible. Sa rencontre avec le rempart fut aussi inévitable que rigide. A tel point que son crâne se brisa sous la violence du choc.
Débarrassée de cet adversaire éphémère qu'elle avait sans aucun doute sur estimé, Naelle contourna le rempart qu'elle venait de faire apparaitre pour rejoindre le garçon qu'elle devait mettre en sécurité. Elle s'agenouilla rapidement pour saisir le bras du jeune homme et lança à son égard : « Accroche toi mon garçon », avant de disparaitre dans un crissement électrique.
Pendant ce temps, Sam n'avait toujours pas désobéit à ses ordres et était resté caché sous l'arche du pont, à l'écart de la bataille. Aux vues de son inutilité évidente à la résolution de la situation, il se demandait bien pourquoi elle l'avait embarqué avec elle. Il recommençait même à douter de la réalité de la situation tant elle était fantasque. Aussi, il ne réalisait que maintenant qu'il avait atterri à Paris, alors que quelques minutes plus tôt il était sur un balcon en train d'admirer le magnifique spectacle que donnait à voir une étrange ville. Et puis, ces éclairs qui traversaient le pont à l'horizontal, il n'avait jamais vu ça auparavant. Tout comme le mystérieux voile qu'avait répandu l'immense femme sur lui avant de disparaitre...
Mais ce flot de questions qui le submergeait fut subitement interrompu par un bruissement qui lui glaça le sang. Une épaisse fumée noire inodore était apparue à l'autre bout de l'arche. Lorsque de cette brume noirâtre émergea une silhouette dont il n'était possible de distinguer que ses deux pupilles caractérisées par deux points brillants.
Sam, pétrifié, n'osa plus respiré. La silhouette se rapprocha alors lentement du garçon. Le son que produisaient ses pas sur les pavés résonnait contre les parois de l'arche dans de sinistres échos espacés par de terrifiants silences. L'angoisse du jeune homme croissait à mesure que les sons se rapprochaient quand finalement la silhouette se figea dans la pénombre de la voute de l'édifice en pierre.
- Je sais que tu es là mon garçon, commença la mystérieuse silhouette.
Il laissa alors s'installer un long silence, certainement dans l'espoir de recevoir une réponse de la part de Sam. Mais le jeune homme était si terrorisé qu'il n'aurait même pas pu parler s'il en avait voulu.
- Tu peux me répondre, je ne te veux aucun mal, tu sais, continua-t-il alors, tout en lâchant un ricanement strident qui conforta définitivement Sam dans la décision de ne surtout pas répondre.
Tout ça, c'est nouveau pour toi, n'est-ce pas ? Tu es perdu ? Tu ne comprends pas bien ce que tu fais là ? Peut-être même as-tu envie que tout ça ne soit qu'un rêve ?
L'étrange silhouette ne put refréner un second ricanement, plus court cette fois. Puis repris aussitôt :
- Malheureusement, tu ne peux plus y échapper cher ami. Mais, je peux t'aider à surmonter tout ça si tu veux. Je pourrais même tout t'expliquer. T'expliquer la Vérité, et pas les balivernes qu'ils vont essayer de te faire gober.
Il avait dit cette dernière phrase sur un tout autre ton, qui laissait deviner un léger énervement dans sa voix.
- Sam, fais attention à eux, c'est un conseil. Ils ne sont pas là pour ton bien.
Le bruit caractéristique de la chute d'un objet sur les pavés retentit alors non loin de l'endroit où se tenait la personne qui parlait tout seul depuis quelques instants.
- Je te laisse ça. Si un jour tu décides d'en savoir plus. Tu trouveras comment le faire fonctionner, et nous pourrons alors échanger. Retiens une chose Sam : Rien ne sert d'appeler Dieu, lorsqu'en Enfer seul le Diable peut te sauver.
La sombre silhouette disparue alors dans la même brume noirâtre de par laquelle il avait émergé mystérieusement quelques instants plus tôt.
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