Chapitre 4 : Spleen.


Joshua

Il y a une chose qui est récurrente depuis qu'elle est entrée dans mon univers. Cette chose, c'est mon obsession pour elle et ce dès le premier regard que j'ai posé sur celle.

Le manque d'elle que je ressens est intense, c'est comme si l'on m'arrachait un bras. Une part de vous, vous manque et c'est votre univers qui en est perturbé.

Nous avons raccroché il y a à peine une demie heure, je l'ai senti anxieuse, le ton de sa voix a déclenché en moi une sorte d'alarme, lorsqu'elle m'a parlé de son arrivée. Je sens qu'elle ne m'a pas tout dit, d'ailleurs elle a eu vite fait de continuer et elle s'est ensuite animée à l'évocation de sa mère.

J'ai conscience que pour Elyana, le simple fait de savoir qu'elle va dormir dans la chambre de jeune fille de sa mère revêt une importance toute particulière pour elle. Mon coeur se serre à la pensée de ce trou béant qu'il y a dans l'enfance de ma compagne. Moi qui ai grandit entouré d'une famille aimante, je n'imagine même pas ce que cela doit faire de grandir en étant orphelin.

Je crois que d'une certaine façon, Ely se construit petit à petit pêchant des morceaux de son histoire ici et là, à travers ses rencontres et les biens matériels que lui ont laissé ses parents, même si cela ne comblera jamais l'absence de famille, elle apprend à travers tous ses souvenirs à les connaître et j'en suis heureux pour elle.

Mon iPod branché sur sa station, je cours depuis un petit moment à une allure modeste, adaptant mon rythme à celui de la play list que je mets toujours en fond sonore lorsque je suis sur mon tapis de course, intensifiant mon allure, allongeant mes foulées.

Ce soir, je cours comme si ma vie en dépendait, je cours pour oublier mon inquiétude concernant la femme que j'aime, je cours pour m'épuiser physiquement dans l'espoir de trouver le sommeil.

Mes pensées sont toutes tournées vers Londres depuis que je me suis levé ce matin après une nuit aussi courte qu'agitée. Ce que j'aurais aimé prendre cet avion avec elle, seulement mes obligations professionnelles et cette crise à Portland me retiennent pour le moment à New-York et j'ai conscience qu'Elyana doit faire ce voyage seule, que même si elle n'en a pas pris la mesure, c'est quelque chose qu'elle doit accomplir par elle même.

Cela sonnera soit la fin de notre histoire, soit la renforcera. Et si elle se rendait compte finalement que l'Angleterre lui manque au point de ne pas vouloir rentrer? Et si notre couple, n'était pas assé fort pour survivre à cet éloignement, ou ses sentiments pour moi pas aussi forts que les miens vis à vis d'elle.

Je l'aime, je l'aime même à en crever, la savoir si loin renforce cette appréhension qui ne me lâche plus et trouble jusqu'à mon sommeil, que nous finirons par nous séparer. Je ressens cela depuis qu'elle a reçu ce courrier du notaire.

Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en Elyana, elle est ma lumière et d'une certaine façon le centre de mon monde, alors qu'avant elle, seule la C.C m'importait. C'est juste que cette situation m'angoisse. Peut être est-ce dû aussi au fait que je suis le seul de nous deux à avoir avoué ses sentiments à l'autre. Peut être lui ai-je dit que je l'aime trop vite, peut être que je l'ai effrayé tout autant que je suis effrayé d'avoir prononcer ces trois petits mots.

La tête me tourne de penser à tout cela, les muscles de mes jambes se tétanisent d'avoir tant courru. L'apaisement tant espéré ne vient pas quand j'arrête ma course effrénée. Qui de mon corps ou de mon esprit l'emportera, je n'en sais rien, je suis épuisé par les kilomètres parcourus sur mon tapis de course et par ce sprint par lequel ma course s'est achevée.

Je suis dégoulinant de sueur, maintenant que j'ai arrêté de courir, la transpiration coulant le long de mon dos et de mon torse nu, provoque la chair de poule. Je frissonne lorsque j'entre dans ma salle de bain, mon short tombant bas sur mes hanches atterri sur le carrelage en même temps mon boxer et la bouteille d'eau que je viens de boire.

J'entre dans la douche et allume le jet d'eau qui d'abord me glace le sang avant de me réchauffer. Mes mains appuyées contre le mur de chaque côté de la colonne de douche, je laisse l'eau coulée sur mon dos, faisant rougeoyer ma peau, pourtant je ne bouge pas. Combien de temps je reste immobile, avant de finir par me savonner et sortir je l'ignore, ma salle de bain ressemble à un sauna quand je me décide finalement à gagner ma chambre.

Il est une heure du matin lorsque je me glisse nu comme un vers entre les draps frais de mon lit. Mon téléphone en alerte, rechargeant sur ma table de chevet à côté de la photo de nous qu'Elyana m'a offert, photo que je contemple.

Poussant un profond soupir, je regarde le plafond de ma chambre, le sommeil se refuse à moi, à nouveau toutes mes pensées sont pour ma petite amie, est-elle en train de dormir?

Me contactera-elle si jamais elle fait de nouveau ces cauchemars qui la hantent. Je pensais qu'elle allait mieux, que les rêves de son agression étaient derrière elle. Qu'elle m'en parle sans que j'ai besoin de lui soutirer l'information, montre qu'elle craint vraiment de les voir surgir, à demi mots elle a laissé sous-entendre qu'elle en faisait encore, du moins pas quand elle est dans mes bras.

Je suis inquiet pour elle, à Noël quand je me suis rendu compte de ses cauchemars, je lui ai suggéré de voir un spécialiste avec qui en parler. C'était tellement puissant qu'elle avait eu du mal à en sortir, et le simple fait d'évoquer cette éventualité d'en parler, elle s'était fermée, bien qu'elle ai fini ensuite par m'en parler un peu.

Ce n'est pas comme ça que je vais finir par trouver le sommeil, avoir ce genre de pensées est tout sauf bénéfique. Progressivement, j'arrive à me détacher de ses images peu plaisantes et je revois ma douce Elyana, lorsque nous avons échangé notre premier baiser, je pense à la douceur de ses lèvres, à la fois où je l'ai surpris en petite tenue quand je lui ai ramené ses valises et à toutes ses petites choses qui font que je l'aime tant, ses petites manies, notamment celle qu'elle a de passer sa langue sur ses lèvres quand elle est nerveuse.

Puis je remémore ce message que j'ai reçu d'elle la veille, ce mot qui m'a permis de tenir toute la journée, ce mot qui me laisse penser que mon amour pour elle est réciproque. Je pense aussi à notre conversation de ce soir, à ce que je lui ai dit et qui était vrai. Que de penser à elle, à ses lèvres, le goût de sa peau, à son odeur, me fait bander.

Je nous revoie dans la suite à Portland, quand nous avons fait l'amour contre la baie vitrée, si bien que je suis maintenant dur. Ma main sur mon érection, je me caresse, en imaginant tout ce que je pourrais lui faire quand nous nous retrouverons, à l'effet que produisent sur moi ses petits gémissement lorsque je me glisse entre ses cuisses et que je souffle sur son intimité, à mes mains sur ses seins si généreux. J'accélère les mouvements de mon poignet, j'imagine que c'est sa bouche là sur mon sexe. Je vais de plus en plus vite et de plus en plus fort. J'ai besoin de jouir, mais surtout j'ai besoin d'elle, seule sa présence m'apaise, et pas que pour le sexe mais pour tout ce qu'elle m'apporte au quotidien.

J'ai fini par jouir seul dans un mouchoir, puis me suis levé, me suis nettoyé pour finir par recoucher non sans avoir regarder encore une fois cette photo de nous et le message qu'elle m'a envoyé me demandant de prendre soin de la part de son coeur qu'elle a laissé ici.

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J'ouvre les yeux, au son de mon réveil, mon corps est encore engourdi et douloureux de mes heures passées à courir sur le tapis de course. Je n'ai pas pratiqué d'étirements avant et après, si bien que j'en paie le prix ce matin. Je ne me souviens pas de la dernière fois où j'ai couru ainsi.
Je tends la main vers mon téléphone, ce dernier affiche un message et plein d'autres notifications.

Je le dévérouille et vois le visage d'Ely me sourire et je souris bêtement à sa photo. Ce n'est pas dans mes habitudes d'agir ainsi, moi Mr pragmatique, qui ne mets jamais de photo personnelle en fond d'écran pourtant je l'ai fait et en tire une certaine fierté. Cette photo me rappelle, qu'elle est mon tout, ma force et ma faiblesse à la fois. Cette photo je l'ai pris à son insu au bureau, un jour où la lumière était telle qu'Elyana semblait en être enveloppée.

Ce jour là, elle avait un tel sourire en travaillant que je l'ai trouvé magnifique. C'était juste avant qu'elle ne pénètre dans mon bureau et qu'elle me soumette une idée par rapport à un dossier sur lequel on planchait, c'était juste avant que je ne l'invite à aller voir le sapin du Rockefeller Center et juste avant que je ne l'embrasse pour la première fois.

Comme d'habitude, j'ai tout un tas de notifications m'indiquant que j'ai un nombre impressionnant de mails à traiter et de rapports à parcourir. La vie d'un chef d'entreprise n'est pas de tout repos. Bien que je délègue énormément de tâches, que j'ai réorganisé le fonctionnement de nos bureaux de façon à pouvoir travailler de façon efficace, ma charge de travail n'en a pas moins diminuée, bien au contraire elle s'est accrue progressivement. Diversifier la C.C a été une bonne chose, cela nous a fait prendre un nouvel essor, nous a donné une nouvelle dynamique et stimuler les équipes. Je suis fier de ce que nous avons accompli depuis le décès de mon grand père, fier de continuer à porter haut les couleurs de la famille. Diversifier nos activité était pour moi une façon de construire quelque chose de plus grand, de ne pas être juste là parachuter à la place de PDG et me contenter de maintenir la société au rang au qu'elle occupe.

Une douche et la préparation d'un solide petit déjeuner plus tard, je commence à compulser mes mails comme à mon habitude. Des rapports, des demandes de financements, des demandes encore et toujours. Plusieurs mails retiennent mon attention toutefois. L'un d'entre eux et du détective que j'avais chargé d'enquêter sur Johnson et sur le détournement de fonds. Ce dernier m'informe qu'un nouveau rapport m'attendra sur mon bureau dans la matinée. Il m'indique qu'il a trouvé de nouveaux éléments concernant Johnson qui pourront sûrement êtres utilisés contre lui au moment de son procès. Je prends note mentalement de l'appeler et de le remercier, ainsi que de contacter la DRH afin de voir où cela en est de l'histoire des sommes détournées.

Les autres mails sont d'Ely, je les ouvres et vois qu'elle me les envoyés tôt dans la matinée, pendant qu'ici il faisait encore nuit noire. Ses mails, contiennent des photos dans lesquels se glissent quelques mots. Elle partage avec moi ses découvertes, son environnement, cela me réjoui autant que cela me fait mal et je ressens de nouveau cruellement son absence. Puis j'ouvre enfin le dernier mail qu'elle m'a envoyé et apparait devant moi une photo d'elle, un selfie, la représentant m'envoyant un baiser. La photo est orientée de telle façon qu'elle me permet de voir qu'elle porte la broche que je lui ai offert, avec en commentaire un " Elle ne me quitte plus".

Alors que je me sentais mal, juste avant, voir cette photo, son sourire me rassure un peu et me voilà à sourire moi aussi face à mon écran de téléphone. Un seul sourire d'elle et me voilà regonfler à bloc. Mon petit déjeuner avalé, je me prépare à descendre au bureau quand je me souviens que je n'ai pas regardé les textos que j'ai reçu. Il y en a trois en tout, l'un est de ma soeur Vanessa, qui me demande si Elyana et moi sommes disponibles pour venir dîner chez elle. Les deux autres d'Elyana, je regarde l'heure à laquelle je les ai reçus et m'étonne de n'avoir rien entendu lorsqu'ils sont arrivés. Le premier je l'ai reçu à trois heures et quart ce matin, avec le décalage horaire, je calcule qu'elle l'a fait partir à sept heures et quart. Je l'ouvre et le lis, en grimaçant.

De Elyana 7h15 :

Salut!
Il doit être très tôt à New-York, j'espère que tu as put dormir! J'ai... J'ai fait un cauchemar cette nuit, je ne parviens pas à me rendormir, cela fait deux heures que je suis réveillée. Ne te fâche pas, je sais que tu m'as demandé de t'appeler si cela produisait, je voulais le faire, puis j'ai serré contre moi la broche et ai relu cette lettre magnifique que tu as écrit et je me suis sentie mieux. E.

Le second m'est parvenu les coups cinq heures du matin, je l'ouvre et le lis attentivement.

De Elyana 9h :

C'est encore moi ;)
C'est bête mais je suis presque contente que tu ne m'aies pas répondu, au moins je sais que tu as dormi. J'ai rouvert les yeux il y a dix minutes, j'ai finalement fini par me rendormir un peu et puis j'ai regardé au dehors et le soleil est présent aujourd'hui. Je t'ai envoyé quelques photos par mail, j'aimerais tant que tu sois là, tu me manques. Passe une bonne journée, je t'embrasse. E.

Suite aux photos et aux SMS qu'Ely m'a envoyé, l'idée de la rejoindre au plus vite s'impose à mon esprit. Je sais que cela demandera que je m'organise, que je passe à la vitesse supérieure pour que je puisse partir plus vite, mais rien ne m'empêchera de rejoindre la femme que j'aime, pas même un océan.

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