chapitre 6 : Rencontre à Berkeley square gardens
Une fois rentrée, je monte directement dans ma chambre, pose le dossier que m'a remis le notaire et je me jette sur mon lit. Je suis là allongée à contempler les craquelures du plafond. Je reste longtemps ainsi, à ne rien faire , à ruminer une rancur naissante contre celle qui était sensée m'élever, me guider jusqu'à ce que je puisse voler de mes propres ailes.
Au bout de ce qui me semble une éternité, je parviens à sortir de cette léthargie qui m'a envahit et décide d'aller prendre l'air. Je ressens à présent le besoin de bouger, passé le choc des révélations du notaire, j'ai comme un trop plein de frustration à évacuer et ce n'est pas entre les murs de ma petite chambre que je vais pouvoir trouver de quoi apaiser mes émotions.
Mayfair est un quartier devenu huppé, calme et serein. La demeure de Lord Ashton se situe sur Mount Street au 120. Il y a un square dans la rue mais je préfère pousser jusque Berkeley square gardens, le parc y est plus grand et on y trouve des uvres originales disséminées un peu partout dans des massifs aux multiples couleurs..
Comme ce n est qu'à quelques rues de là , je fais un crochet par la cuisine et me prépare un sandwich, ce qui énerve Gordon qui n'apprécie guerre que l'on envahisse sa cuisine. Je marche machinalement sans faire attention à quoi que soit, un accident pourrait survenir sous mes yeux que je crois que je n'y prêterai pas attention. Je connais bien le trajet pour me rendre dans ce parc, j'y vais quand j'ai besoin de réfléchir ou tout simplement de me ressourcer.
Ce parc dégage quelque chose qui m'apaise, et qui me motive, toutes ses couleurs vives qui y sont à longueur d'année , mais ma période préférée pour y déambuler, reste l'automne avec toutes nuances d'ocres que prennent les feuilles des arbres.
A force de ne pas regarder où je vais, je finis par percuter quelqu'un, ou plutôt un landau poussé par une jeune mère qui accepte aussitôt mes excuses. Juste avant que je ne reprenne ma route cette dernière m'interpelle.
-Elyana ? c'est toi? Me demande t'elle?
Je relève les yeux et je fais face à cette femme qui visiblement me reconnait. Elle est plus grande que moi, blonde un physique élancé, cette voix, cet accent chantant me ramène loin en arrière, durant mes années de pension. Oh mon dieu, ne me dîtes pas que c'est Jeannie, mon amie que j'ai perdu de vue il y a bien longtemps.
-Jeannie? Jeannie Mac Arthy? c'est toi? Lui demandai-je?
-Oui, c'est moi, mais ce n'est plus Mac Arthy, c'est Blackwood maintenant; Me répond cette dernière.
-Tu es mariée, je suis contente pour toi.
Enfant Jeannie, souhaitait se marier et avoir au moins trois enfants, je constate que son souhait est déjà en partie réalisé. Et moi, quel est mon souhait? A quoi j'aspire aujourd'hui?
Jeannie me propose que nous allions nous asseoir sur un banc et que nous nous racontons ce qu'il est advenu de nous quand elle a quitté la pension. Jeannie était ma seule véritable amie, là bas, elle a bien changé depuis, la jeune fille un peu boulotte et rieuse est devenue une magnifique jeune femme, avec ce teint lumineux qu'ont les gens heureux.
Jeannie qui a deux ans de plus que moi, me raconte ce qu'elle a fait lorsqu'elle est partie de la pension. Elle m' apprend qu'elle a suivi des études pour devenir enseignante. Je me souviens qu'elle a toujours aimé, apprendre des choses aux autres, lorsque je rencontrais des difficultés dans une matière elle m'aidait à comprendre mes leçons ou à me corriger lorsque je faisais des erreurs en maths. Après son départ de la pension, bien que je m'étais un peu repliée sur moi même, j'avais tenu la promesse que je lui avais faîte, d'en sortir sur le tableau d'honneur et c'est ce que je fis.
Elle me raconte qu'elle enseigne aux enfants de première année de primaire. C'est d' ailleurs à l'école qu'elle a rencontré son époux Edward , dont le fils de 5 ans était dans sa classe. Edward Blackwood était veuf depuis deux ans et élevait seul son fils Mathew avec qui il rencontrait des difficultés. De fil en aiguille, ils ont sympathisé et ont finir par sortir ensemble et se marier. Edward a dix ans de plus qu'elle et est banquier, leur différence d'âge aurait put les séparer mais au contraire cela les a rapprocher. Jeannie me dit qu'elle considère Mathew comme son fils et que ce dernier est heureux d'avoir une petite soeur. Edward et Jeannie ont vu leur famille s'agrandir avec l'arrivée de la petite rose qui a aujourd'hui deux mois.
Je lui raconte ensuite mon parcours sans forcément entrer dans les détails, nous bavardons tant et si bien que ce sont les cris du bébé qui nous arrêtent. Jeannie devant rentrer chez elle, cette dernière m'invite à venir manger chez elle le lendemain midi et ainsi faire la connaissance de son mari. Je n'ai pas hésité longtemps avant d'accepter son invitation, nous étions très proches en pension, je suis ravie de la revoir aussi vite.
Le lendemain, je me rends à l'adresse que m'a donné Jeannie, cette dernière habite dans une maison qui côtoie le parc. Je m'arrête face au 1235 Berkeley Square, frotte mes mains nerveusement sur la jupe noire de tailleur que j'ai enfilé ce matin et mon chemisier blanc, ainsi que des ballerines noires. J'ai faillit me désister ce matin, bien que Jeannie et moi ayons réussi à renouer facilement, je me dis que nous ne sommes plus les jeunes filles de la pension, nos chemins se sont séparés et chacune à notre façon avons tracé une voie différente. J'ai peur que l'on ai tellement changé l'une et l'autre, que cette amitié que l'on avait et quelque part aimerait retrouver, ne soit à jamais perdue.
Jeannie a dut me voir arriver par la fenêtre car celle-ci m'ouvre grand la porte et m'accueille le sourire aux lèvres. Si tôt passé le pas le porte qu'elle me serre dans ses bras , en me disant comme elle contente que je sois venue.
Jeannie est simplement vêtue d'un short en jean et d'un top rose, je me sens sur le coup mal à l'aise, trop guindée que dis-je mal fagotée. Mais Jeannie est restée telle que je l'ai connue, pas un mot qui soit déplacé, je retrouve là l'amie que j'avais.
-Elyana!! Salut, entre! Je suis tellement contente de te voir, tu ne peux pas savoir à quel point! Me dit-elle en me trainant derrière dans l'entrée de sa maison.
-Bonjour, je suis contente moi aussi Jeannie.
-Viens, que je te présente à mes hommes!
Me voilà derrière elle, en train de la suivre vers ce qui me semble être à première vue une salle à manger. Tout en bavardant, elle m'explique que c'est la maison de son mari et qu'elle vient de finir de la faire rénover. Tout en me faisant le tour avant de me présenter à sa famille, elle me raconte qu'elle et Edward ont beaucoup hésité à garder la maison, mais voyant que cela faisait beaucoup de peine à son beau fils de la quitter, qu'ils ont fini par la garder. Nous finissons la visite par un tour dans le jardin, où je vois un homme en pantalon de lin et polo, jouer avec un jeune garçon. Lorsqu'elle les appelle, le père et le fils se retournent en même temps et me dévisagent.
-Elyana, je te présente Edward, mon mari et Mathew.
- Chéri, voici Elyana.
Edward l'air sérieux, se dirige vers nous et vient se poster face à moi. Je me sens intimidée par lui, il est grand et massif, pour moi c'est un géant brun. Puis, quand il fini par me sourire, je me détends, et nous nous saluons. Mathew qui est vif et curieux vient lui aussi me saluer avant de commencer à me bombarder de questions, ce qui me fait sourire.
-Matt, laisse notre invitée tranquille s'il te plait! Ordonne Edward à son fils.
-Excusez - le Elyana, Jeannie était tellement excitée de vous avoir revue hier, que depuis elle ne tient plus en place et je crois bien que c'est contagieux.
-Ce n'est rien. Lui réponds-je.
Pendant que Jeannie est partie chercher de quoi boire, Edward me désigne le salon de jardin pour que nous allions nous installer à l'ombre du chêne qui trône au milieu de la pelouse. Comme à l'image de la maison, leur jardin est un espace chaleureux ou tout de suite on se sent bien. Une fois installés, nous regardons un moment Mathew s'amuser à chasser des papillons, puis le mari de mon amie reprend la conversation là où on s'était arrêté.
-Je suis ravi de faire enfin votre connaissance Elyana, Jeannie m'a tellement parlé de vous.
- Merci, je suis contente d'être venue.
-Vous savez Jeannie, ne vous a jamais oubliée, elle regarde souvent ses anciens albums photos, sur certains clichés vous apparaissez toutes les deux.
-Je....
-Ne soyez pas gênée, Elyana, Jeannie vous considérait comme sa soeur, quand elle m'a dit qu'elle était tombée sur vous hier et de la façon dont elle m'a parlé de vous, j'ai bien sentit que vous lui aviez manquer tout ce temps.
-Moi, non plus, je ne l'ai jamais oubliée...Lui réponds-je
-Qu'est-ce que tu n'as jamais oublié? demande Jeannie qui vient de revenir, un plateau chargé de verres et d'amuses bouche.
Me voyant rougir d'embarras, Edward prend la parole avant même que je n'ai le temps de dire quoi que soit.
-Toi, ma chérie, Elyana me disait que tu lui avais beaucoup manqué après ton départ de la pension.
Jeannie et moi nous regardons, aussi émues l'une que l'autre. Savoir que l'une comme l'autre n'avons jamais oublié cette amitié qui nous liait et se rendre compte que ce lien aujourd'hui est toujours présent, arrive à effacer toutes ces années de séparation, c'est comme si nous nous étions jamais quittées.
Je passe une excellente journée en compagnie de Jeannie et sa famille, son mari, ses enfants, tous m'ont accueillis comme si je faisais partie de la famille, si bien qu'à la fin de la journée, mon amie et moi avons rattrapé le temps perdu. Il y avait longtemps que je n'avais pas passé un aussi bon moment, détendue, heureuse.
Je sens au fond de moi que l'amie que j'avais perdue, est toujours présente, si bien que comme quand nous étions enfants, Jeannie se retrouve à être ma confidente. Je lui confie tout, mes blessures, les mauvaises expériences que j'ai put vivre, elle me raconte les siennes. Je finis même par parler de ma situation actuelle, de cette histoire d'héritage, je partage avec elle mes doutes et elle me conseille de vivre l'instant présent et de saisir la chance, de partir et de construire quelque chose de nouveau.
Comme elle dit , on a qu'une seule vie, alors il faut la vivre pleinement , faire des erreurs , plutôt que de rester à faire l'autruche, le bec dans le sable. Elle me dit qu'avec les nouvelles technologies, skype, les réseaux sociaux, que rester en contact est facile. Elle m'incite à me rendre à New-York et découvrir une partie de mes racines et qui sait, y construire une nouvelle vie.
Jeannie fini par me lancer une citation en latin qui résume tout ce qu'elle m'a dit .."le carpe diem, qui signifie littéralement, cueillir le jour" , soit vivre l'instant présent et saisir les opportunités qui se présentent au lieu de stagner.
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