chapitre 3: Chez le notaire.


Il m'aura fallut une bonne semaine pour prendre la décision de contacter le notaire après avoir reçu son courrier. Une semaine à rassembler mon courage et pour quel résultat? Juste une prise de rendez-vous et j'ignore toujours pourquoi il souhaite me voir. C'est rageant, cela me rend nerveuse, je n'aime pas ça!

Nous sommes Lundi 24 août, il est dix heures et me voilà devant l'étude de Maître Hollinger. L'étude du notaire est située sur Brompton road au numéro 1983 dans le quartier très animé de Kensington. Je m'arrête un instant au bas des marches de l'imposante bâtisse à la façade de style victorien, puis pénètre dans un hall d'accueil aux murs clairs et au sol pavé de dalles polies par les ans et les multiples passages.  Aux murs sont accrochés plusieurs tableaux représentants des paysages de la campagne anglaise et au fond du hall on distingue un grand escalier et plus loin encore deux portes menant vers d'autres pièces.

Je suis assez étonnée de ne distinguer aucune porte annonçant un salon ou un bureau, mais il est vrai aussi que dans beaucoup de demeures anglaises, les pièces à vivre se situent dans les étages. En fait je ne sais pas trop à quoi je devais m'attendre, est-ce que comme dans un cabinet médical, il y aurait une salle d'attente. Les études notariales se ressemblent elles toutes? Voilà où mon esprit fatigué par toutes ces interrogations a dérivé ces derniers jours.

Au centre de ce hall, trône un énorme bureau en arc de cercle, à la façade claire et au comptoir en marbre noir. Juste derrière, non moin imposante se tient une femme âgée et au regard sévère qui me dévisage, les lèvres pincées. Pour ce rendez vous j'ai passé mon tailleur le plus récent. Il est noir avec une veste un peu ample à col rond, dissimulant mes rondeurs et ma poitrine qui me complexent. Il est porté sur une jupe noire droite tombant en dessous du genou.

À première vue, je n'ai pas l'air de passer l'inspection du dragon qui me fait face et qui est visiblement près à cracher du feu. Gênée d'être le point de mire du cerbère qui me fait face, je déglutis péniblement et m'avance parlant si doucement que la secrétaire doit me demander de me répéter. Je suis si timide que je me demande comment je fais pour être capable de répondre au téléphone et de gérer le planning de Lord Ashton.

-Bonjour, je suis Elyana Spencer, j'ai rendez-vous avec Maître Hollinger.

La secrétaire me fusille du regard et me désigne du regard le sofa de cuir marron qui se situe sur ma gauche sous l' une des peintures suspendues tout le long de l 'entrée. Je me dirige vers le sofa quand j' entends la secrétaire annoncer mon arrivée au notaire et s'adresser à moi.

-Maître Hollinger, est prévenu de votre arrivée, je vous prie de vous mettre à l'aise, ce dernier viendra vous chercher dès qu'il sera disponible.

Je m'assois sur le sofa, qui n' a pas que l'air glacé, le cuir est froid et ce dernier peu confortable. Au bout de quelques minutes, je sors un livre de mon sac histoire de faire passer le temps, c'est à cet instant que le notaire fait son apparition. Ce dernier doit être âgé d'une soixantaines d' années, son crâne est dégarni et les quelques rares cheveux qui lui restent son gris. Son visage ridé, me semble jovial,( du moins plus amical que celui de sa secrétaire), il est plutôt grand portant un embonpoint assez conséquent et se déplace avec une canne, dont je n'arrive pas à savoir si elle lui est nécessaire ou si elle est juste un accessoire. Ce dernier m' accueille avec un sourire aimable, se présente et me demande de le suivre à l'étage où se trouve son bureau.

Maître Hollinger me précède dans le grand escalier qui mène au premier étage de l'étude. Arrivés sur le pallier, il s'arrête près d'une porte qui se situe sur sa droite et je pénètre dans ce qui me semble être son bureau. Il s'agit d'une grande pièce lumineuse, dont les murs sont recouverts de bibliothèques remplies de livres dont je ne distingue pas les titres. D' un côté de la pièce je vois un coin salon avec un canapé en cuir marron et deux fauteuils club de la même teinte que celui se trouvant dans le hall (pourvus qu'ils soient plus confortables).

À l'opposé se trouve un grand bureau en bois ancien recouvert d'un sous main en cuir noir rehaussé par un liseré d'or. Visiblement l'étude de Maître Hollinger marche plutôt bien. Tout respire le luxe.

-Melle Spencer? Je me présente, je suis Maître Henry Hollinger. Je suis le notaire de Melle Helen Stacks , votre grande tante.

-Enchantée, maître. Lui répondis-je.

-Je vous en prie ma chère, prenez place. Me dit il en désignant l' un des sièges faisant face à son bureau.

S'installant à son tour derrière son bureau, il m'informe être le notaire et le gestionnaire de tante  depuis plus de trente ans et qu'il a eu l'occasion de rencontrer ma mère avant son mariage avec feu mon père. S'il est le notaire de ma tante depuis tout ce temps, c'est que cela doit être lui qui s'est occupé de mon placement et de tout ce qui me concerne depuis que je suis pour ainsi dire sans famille.

-Je vous ai fait venir, pour vous informer que votre tante est souffrante. M'annonce -t il.

-Vous m'en voyez navrée maître...

Je n' ai pas le temps de finir ma phrase qu'il m'interrompt.

-On a découvert à votre tante une tumeur au poumon, cette dernière est à l'heure où je vous parle hospitalisée dans une clinique privée de Londres et ne souhaite aucunes visites. Elle m'a expressément demandé, de vous dire qu'elle ne souhaite pas que vous alliez la voir. Elle m'a aussi demandé puisque vous êtes aujourd'hui âgée de vingt et un an , de vous transmettre l'héritage que vos parents vous ont laissé avant de mourir.

"-Un héritage!. Je suis complètement abasourdie.

-Je n' en savais rien, dis-je au notaire, j'ignorais que mes parents aient put laisser quelque chose derrière eux, je sais juste que tante Helen a fait en sorte que je ne finisse pas à la rue. Poursuivis-je.

-En effet, ma cliente par mon intermédiaire a fait en sorte que vous ne manquiez de rien et que vous receviez une éducation qui vous permette d'être indépendante rapidement. Me dit-il.

-Toutefois, vos parents avaient des biens ici et aussi aux états unis , ainsi que quelques avoirs dans de petites entreprises en Angleterre et des parts dans la société qui employait votre père à New-York. Quand ils sont décédés , votre tante m'a demandé d'administrer leurs biens et m'a demandé de vendre leur maison de Notting hill , ainsi que les parts qu'ils avaient dans différentes sociétés. Ceci fait, j'ai fait placer les fonds recueillis sur un compte épargne dont vous pouvez aujourd'hui entrer en possession.

Je regarde le notaire, sans rien dire, je ne trouve pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Je finis toutefois par relever que Maître Hollinger n' a fait que de parler des biens de mes parents en Angleterre, mais qu' en est-il des biens mentionnés à New York et des actions dans cette société où il aurait été employé?

-Vous m'avez parler de la maison de Notting hill et de leurs placements ici, mais qu'en est il de ceux qu'ils avaient aux États-Unis? Dans quoi travaillait mon père? Demandai-je au notaire.

-Votre père travaillait pour une entreprise New-Yorkaise de transports. La COLLIN'S Corporation qui compte à ce jour plusieurs bureaux en Europe, et qui a aussi diversifié ses activités. Votre père y occupait un poste de chargé d'études, il avait été mandaté pour étudier une éventuelle implantation de COLLIN'S Corp en Angleterre, suite à cela il avait été mandaté pour trouver les locaux et installer les bureaux londoniens et recruter du personnel compétent.
Devant faire régulièrement le voyage entre les deux pays, vos parents avaient investis dans deux logements afin de construire un foyer de chaque côté de l'océan.

-Dans ce cas qu'en est - il de leur logement à New-York et de leurs actions dans la COLLIN'S Corp? Le questionné-je
Maître Hollinger, me répond que du fait de l'éloignement des deux pays, qu'il a contacté à l'époque le PDG de COLLIN'S Corp, Joshua Collin, et que ce dernier par respect et en mémoire d' un bon collaborateur s'est porté gestionnaire du patrimoine laissé par Beth et Emerson Spencer pour leur fille. Tout ceci m' apprend t- il a bien entendu était fait avec l'accord de Melle Stacks.

-Mais pourquoi maintenant? Demandai-je au notaire.

-Votre tante est malade et âgée, et vous êtes majeure que ce soit ici en Angleterre et aux États-Unis où la majorité est fixée à 21 ans. Vous êtes donc aux yeux de la loi considérée comme étant suffisamment mature pour entrer en possession de vôtre héritage; Vos parents n'ayant pas laisser de testament. Me répond -il.

-A ce jour grâce à la vente de la maison et l'argent retiré de la vente des parts de vos parents , le solde du compte se monte à 250 000 livres sterling. Pour ce qui est du patrimoine confié à la charge de Mr Collin, il vous faudra prendre contact avec lui, m' informe Maître Hollinger.

Nous nous entretenons encore pendant quelques instants et convenons de prendre rendez - vous dans quelques jours afin de remplir toutes les formalités pour mon entrée en possession de mon héritage. Je n'en reviens toujours pas, je ressens tout un mélange d'émotions contradictoires, de la joie, de la tristesse, de la pitié et de la compassion pour tante Helen.
Ce rendez-vous n'aura duré qu'une heure et demie, et pourtant il va probablement changer le cours de ma vie...



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