Journal
PARSIFAL
Wer ist der Gral?
GURNEMANZ
Das sagt mich nicht;
doch, bist du selbst zu ihm erkoren,
bleibt dir die Kunde unverloren.
Und sieh'!
Mich dünkt, dass ich dich recht erkannt:
kein Weg führt zu ihm durch das Land,
und niemand könnte ihn beschreiten,
den er nicht selber möcht' geleiten.
PARSIFAL
Ich schreite kaum, -
doch wähn' ich mich schon weit.
GURNEMANZ
Du siehst, mein Sohn,
zum Raum wird hier die Zeit.
PARSIFAL
Qui est le Graal ?
GURNEMANZ
Ceci ne peut être dit ;
Mais si tu es appelé toi-même à son service,
Ce savoir ne te sera pas retenu.
Et vois !
Je crois que je te reconnais bien.
Aucun chemin terrestre n'y mène,
Et nul ne pourrait s'y rendre
Que le Graal lui-même n'aurait pas guidé.
PARSIFAL
Je marche à peine,
Mais il me semble être arrivé si loin.
GURNEMANZ
Vois-tu, mon fils,
Le temps ici devient espace.
Richard Wagner, Parsifal
Journal de voyage, 6e jour
Le sixième jour, l'altimètre nous indiqua que nous dépassions les trois mille mètres.
Une tempête se levait, affirmait notre guide. Nous devions nous hâter pour rejoindre le temple. Il n'était plus question de s'arrêter.
Le matin, nous montions sur une pente enneigée qui nous semblait peu stable. Le Soleil se levait à l'Est et découpait dans les monts , en négatif, des fractales lumineuses.
Il me sembla entendre une musique agréable chantée par la montagne – tout ce que pouvait délirer un cerveau mal oxygéné...
Je me souviens de m'être arrêté quelques secondes face à cet inconnu lointain. J'étais devant ces monts comme face au mystère de l'existence, dans le même dénuement que tout homme. Dans la même incompréhension que celle qui avait déclenché mon voyage – j'avais marché, certainement, mais je n'avais pas bougé en réalité. Je contemplais la vie du même point.
Notre guide continuait de marcher devant nous et je m'empressai de le suivre, taisant la fatigue et la douleur.
« Maintenant nous avons tout vu, dit un ami à côté de moi. Nous avons vu le monde. Nous nous sommes tant rapprochés de la lumière que tout le reste disparaît dans les ombres.
— Tout vu du monde ? Je trouve que tu exagères un peu. Et quand bien même. Si tu as tout vu, moi j'ai vécu, ou plutôt tenté de vivre. Et qu'en avons-nous compris ?
— Je n'ai jamais compris les hommes, ils me l'ont bien rendu.
Je crus qu'il me laisserait sur cette sentence, mais il attaqua de nouveau.
— Que penses-tu trouver ici ? Que veux-tu trouver ?
— L'évolution a sélectionné notre capacité à trouver ce qui nous affaiblit et ce qui nous tue, et à nous défendre. Il était naturel que l'être humain cherche sans cesse à comprendre d'où venait la mort elle-même. Comprendre et expliquer, avant de pouvoir combattre.
Je respirai difficilement.
Mais si l'on peut comprendre et expliquer, on ne peut pas faire plus pour autant. Ce sentiment d'impuissance est si fort que nous avons invoqué les dieux pour venir à notre secours. Toutes les religions du monde sont nées de la mort.
De la même façon, je sais que tous mes doutes sont nés de la mort.
— Dieu est mort.
— Lequel ? Le tien, le mien ?
— Il est temps de vivre sans ces mirages pour te soutenir. Il est temps de grandir.
— Contrairement à toi, je pense que les croyances ne sont pas des jambes de bois dont l'humanité pourrait se passer.
— Tu t'enfermes dans des illusions. Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être. »
J'arrivai à laisser là, sur sa citation de Goethe, cet ami inconstant, pour rejoindre le guide qui nous précédait.
Il voulait sans cesse avoir raison sur tout. Toute la pertinence que pouvait avoir ses propos était dissoute dans ce défaut parmi les plus grands.
C'était un ami qui me soutenait dans mes moments difficiles, mais en vérité, il était toxique. Et sans doute ne vivait-il que pour revenir sans cesse, provoquant mes troubles et mes maladies de l'âme par les mêmes propos avec lesquels il les soignait ensuite.
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