Une atmosphère sombre et froide exacte à celle d'une grotte au sommet d'une montagne régnait dans la rue éclairée par les rayons lunaires.
Le vent jouait avec les feuilles mortes sur le sol et les girouettes sur les toits des habitations. Il zigzaguait, tournait, piquait, et ce, pour réussir à ressentir un sentiment de plénitude.

Le vent le ressentait lorsque que ses bourrasques soulevaient les cheveux multicolores des passants et les chapeaux de toutes de formes des têtes des promeneurs. Il riait tandis que ses caresses frôlaient habilement les visages des enfants et gloussait quand il faisait frémir les moustaches des hommes. Il prenait un malin plaisir à faire voler les journaux et papiers de la ville.

Malgré sa malice, le vent était un élément important de la vie. Regardez les fleurs, grâce à qui peuvent-elles danser ? Grâce à qui les arbres peuvent-ils communiquer avec les bruissements de leurs branches ?
Grâce à qui de nombreuses personnes ont vu leurs vies changer ?
Qui est-ce qui nous aide à transporter nos messages secrets ?

Les bateaux voguent sur l'eau tandis que leurs voiles sont gonflées par les ricanements aigus. Les avions sont les seuls véhicules qui osent s'aventurer dans le domaine de notre amie si imprévisible. Car malgré la gaieté de celui-ci, si son humeur est farouche, il peut très vite se laisser emporter par une fougue invisible que seul lui peut ressentir.
Et c'est ainsi que naissent les tornades, les typhons et que sais-je de plus, c'est aussi lui qui déchaîne les cieux, qui permet aux éclairs divins de descendre sur la surface terrestre.

Aeryn gardait les bras le long de son corps pour éviter que le vent ne soulève un pan de sa robe. Une expression de déception était gravée sur son visage cachait par ses cheveux qui, soumis au contrôle du vent, lui fouettaient le visage. Ses yeux argentés reflétaient dans la nuit lumineuse.

Et oui, ici, dans ce monde de merveilles et de magie, la nuit n'était pas aussi obscure que dans les livres lorsque que les protagonistes se retrouvent par enchantement dans une forêt lugubre au milieu de la nuit.
Dans ce monde mystique, la nuit était signe de pureté et de vie. Les bébés qui étaient nés en pleine nuit étaient considérés comme bon vivant.

La jeune femme rentrait une nouvelle fois bredouille d'informations. Pourquoi cet homme avait répondu si agressivement ? Elle lui avait juste demandé où est ce qu'il avait acheté son chat ailé. Mais l'échec de ce matin lui revint à l'esprit. Encore un homme qui lui avait répondu très violemment pour partir sans lui donner de réponses. Était-ce si compliqué de lui répondre gentiment ? Elle ne demandait que ça.

- Savez-vous que c'est assez dangereux de se balader seule la nuit ? Susurra une voix rauque dans son oreille.

La jeune femme eut juste le temps de se retourner pour apercevoir un homme au visage empli de désir. Elle se fit plaquer au mur avec force. Un hoquet de surprise sortit presque sans bruit de la cage thoracique compressée de la blonde. Les doigts de la main libre de l'homme caresserent sa joue.

Se tenait devant elle un Aveuglé. Ses yeux rouges luisaient dans la nuit et reflétaient le visage impassible de la blonde. Ses cheveux qui avait pu être blond à un certain moment de sa vie étaient désormais recouverts d'une graisse qui rendait ses cheveux gris. Sa peau mate était recouverte de cicatrices et marques en tout genre.
Aeryn avait tout de suite reconnu que l'être qui se tenait face à elle était un Aveuglé et cela, grâce au tatouage magique qui marquait son visage.

- Lâche moi, cracha -t-elle à la figure de l'Aveuglé. Le mépris était présent dans sa voix.

- Sais-tu ce qui peut apaiser ma douleur ?! Cria t'il en pointant la marque rouge sur son visage.
Sais-tu ? J'ai besoin de voir quelqu'un d'autre souffrir...souffrir et que je l'entende me supplier d'arrêter en hurlant !

La vue de cet immonde personnage répugnait la jeune femme. Il ne pouvait que s'en prendre à lui même. Son énergie magique lui avait été retirée tandis que son esprit avait été altéré avec la Lumière. Cette étrange clarté qui venait d'un sort puissant connu de peu des êtres magiques. En d'autres termes, il divaguait.

- Je te conseille de la lâcher immédiatement ou sinon, tu risques de prendre vraiment la tête sale Aveuglé, commenta une belle femme drapée dans un manteau d'un bleu aussi profond que le ciel nocturne.

- Une nouvelle proie ! S'exclama l'elfe déchu.

Un Aveuglé perdait toute sa gloire et son honneur au sain de l'ordre royal. Tous les prisonniers elridiens ou humains qui se faisaient juger par la justice elridienne écopait de ce traitement, voilà pourquoi Elridia se vantait de ne contenir de peu de prisonniers dans ses geôles.Un conseil, tels que les Mondiaux, qui comprenait un membre de chaque espèce et qui se devait de juger les crimes magiques. On parlait alors du fameux Tragedy, le conseil qui faisait aussi sensation chez les mortels.

Et visiblement, celui qui tenait fermement Aeryn avait dû commettre plus d'une faute pour se retrouver dans cet état car une trop longue utilisation de ce sort sur quelqu'un pouvait arriver à envoyer son esprit dans les plus profonds recoins de sa tête, là où se cachent les peurs et les angoisses les plus importantes.

- Ne me considère pas comme une proie, je suis bien plus supérieur à toi, répliqua la nouvelle venue avec dégoût.

Ses yeux argentés brillèrent dans la nuit et virent rejoindre les rayons clairs de la Lune. Une forte odeur de café empli l'air lorsque les mains gracieuses de la femme se levèrent tandis qu'une lueur blanche emplissait la ruelle sombre.

- Retire tes sales mains d'elle! Ordonna t'elle d'un ton menaçant.

L'Aveuglé eut un sourire des plus terrifiants. Ses doigts se resserrent sur la gorge fragile de la blonde l'empêchant de respirer. Il se lécha la lèvre inférieure et ses yeux se posèrent sur la main de la jeune femme.

- Tu ne fais qu'un mouvement de plus et ta copine arrête de vivre, choisis bien, ricana le fou.

Il ne reçut qu'un hochement de sourcils comme réponse mais n'eut pas le temps de rétorquer quelque chose d'autre avant qu'une éclaire blanc ne lui tranche la jugulaire. Il tomba raide mort sur le pavé sombre sans un bruit.
La blonde posa une main sur sa poitrine essayant de se calmer pour respirer normalement.

- J'avais déjà entendu qu'un trafic d'Aveuglés s'était établi à Elridia dans le quartier marchand, mais je n'en étais pas sûr... Enfin jusqu'à aujourd'hui, s'expliqua la jeune femme dans son long manteau bleu.

- Cilah... Merci d'être intervenue..., remercia Aeryn.

- Sans moi tu ne serais plus à l'heure qu'il est, je te regardais de loin et visiblement, tu as encore besoin de beaucoup plus de pratique, j'espère au moins que tu as des informations au sujet de l'opération WCW  pour te faire pardonner.

La blonde baissa la tête honteuse. Un soupir de mécontentement parvint à ses oreilles. Elle savait pertinemment qu'elle décevait la femme face à elle.

- Bien, nous en reparlerons plus tard, j'ai à faire, alors tâche de glaner des informations importantes et de ne pas te faire tuer en chemin, répliqua le mentor avant qu'Aeryn ne puisse dire quoi que ce soit.

Elle partit sans se retourner laissant la jeune licorne seule dans la ruelle. Elle leva la tête, les sens à l'affût. Que venait elle d'entendre ? De la fumée aussi noire que l'encre d'une pieuvre s'élevait haut dans le ciel et une forte odeur de brûlée se propageait avec.

Un incendie ? Ce n'était pas une hypothèse valable, pourquoi aurait elle entendu une énorme détonation... Comme une explosion... Un son qu'elle connaissait trop bien...
Une seule solution  apparue comme une évidence à ses yeux. C'était l'œuvre d'un attentat.

Elle se devait d'aller voir pour vérifier. Elle se mit à courir dans les rues, à tourner précipitamment pour ne pas se tromper de chemin. Ses pieds foulaient le sol avec une rapidité sans nom. Voilà l'avantage d'avoir été habitué à courir sur des kilomètres sous forme mystique et humaine.

La blonde arriva rapidement sur le lieu incendié. Le paysage faisait peine à voir. L'ancien bâtiment qui se tenait au centre de ce sinistre événement n'était plus que cendres et débris carbonisés.
Les forces magiques anti-catastrophes se tenaient déjà en place à essayer de retrouver des survivants.