La brise fraîche de la montagne balayait les visages d’Igir et d’Elia alors qu’ils atteignaient enfin le sommet. La vue était à couper le souffle : les vallées verdoyantes s’étendaient à perte de vue, parsemées de rivières scintillantes sous les rayons du soleil. Mais leur émerveillement ne dura pas. Au centre de ce panorama majestueux se dressait une arène imposante, faite de pierres taillées avec soin, une construction qui semblait émaner une aura à la fois ancienne et menaçante.

— C’est ici, murmura Elia, le regard scrutant les alentours. C’est l’endroit où les épreuves se déroulent.

Igir hocha la tête, mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir une pression croissante dans l’air. Une inquiétude sourde se mêlait à son excitation. Avant qu’ils ne puissent avancer, une ombre surgit des profondeurs de l’arène. Une silhouette obscure, enveloppée de flammes vacillantes, émergea avec une grâce sinistre. C’était l’Ombre du Feu.

— Qui ose s’aventurer ici ? résonna une voix grondante, comme si le tonnerre lui-même se déchaînait. Vos âmes seront mon répit.

Elia, alarmée, recula d’un pas.

— Igir, faisons attention !

Mais avant qu’ils ne puissent réagir, un éclat lumineux entoura Elia. Elle tenta de résister, mais une force invisible la saisit et la tira dans l’arène. Igir, désemparé, tendit la main dans un geste désespéré.

— Elia !

La lumière scintillante s’évanouit, laissant Igir seul face à l’Ombre du Feu. Dans un coin de l’arène, il distingua une autre silhouette emprisonnée : Eloon, les bras enchaînés et l’expression marquée par la peur. Il avait également été piégé.

— Tais-toi, insecte, gronda l’Ombre. Tu as osé franchir les frontières de mon domaine. Prépare-toi à périr.

Igir fixa l’entité avec détermination. Il savait que la force de l’Ombre était immense, mais il ne pouvait pas abandonner ses amis.

—  Je ne reculerai pas, déclara-t-il, serrant les poings.

L’Ombre du Feu se mit à rire, un son qui résonnait comme des craquements de bois en flammes.

— Très bien, je vais te donner l’occasion de te battre.

Dans un mouvement rapide, l’Ombre s’avança, créant un chemin de flammes dans son sillage. Igir, surpris, se prépara. La créature avait un style de combat inverse au sien, chaque coup semblait anticiper ses mouvements. Alors qu’Igir se concentrait sur ses techniques de combat à mains nues, l’Ombre du Feu utilisait une combinaison d’attaques fluides et inattendues, comme si elle dansait avec les flammes.

Le premier coup fusa. Igir se baissa à temps, évitant une bourrasque de feu qui aurait pu le brûler vif. Il riposta avec un coup de poing, mais l’Ombre se déplaça latéralement avec une agilité déconcertante, utilisant la chaleur pour dévier l’attaque. Les flammes dansaient autour d’elle, et chaque mouvement la rendait encore plus redoutable.

— Tu es lent, se moqua l’Ombre.  Regarde comme le feu s’adapte.

Igir sentit une montée de colère en lui, mais il savait qu’il devait rester concentré. Il devait comprendre les mouvements de l’Ombre, saisir ses motifs. L’Ombre semblait utiliser les mouvements d’Igir contre lui, chaque attaque étant suivie d’un contre qui retournait l’énergie contre son propre porteur.

— Qu’est-ce que c’est que cette technique ? pensa-t-il, cherchant à appréhender cette danse ignée.

Il se souvint des histoires de guerriers du feu qu’il avait entendues, mais aucune ne semblait correspondre à ce qu’il voyait. L’Ombre ne se contentait pas de se battre ; elle était une incarnation du feu elle-même, évoluant avec une telle fluidité qu’Igir avait du mal à suivre.

Il avait besoin de changer sa stratégie. Il décida d’alterner ses mouvements, de feindre une attaque à droite avant de frapper à gauche. L’Ombre, cependant, avait anticipé ce mouvement. Elle para avec une flamme qui enveloppa le poing d’Igir, et dans un geste rapide, elle le propulsa au sol.

Le choc fit vibrer le sol, et Igir s’agrippa à la terre pour ne pas tomber. Il était en difficulté, mais il se redressa avec détermination. Il jeta un coup d’œil à Eloon, qui semblait désespéré.

— Eloon, reste fort ! Je vais te sortir de là !

L’Ombre du Feu s’avança à nouveau, cette fois avec une intensité renouvelée. Elle lança des boules de feu, qui fusaient comme des projectiles enflammés. Igir, grâce à son entraînement, esquiva les premières, mais il savait que la fatigue commençait à le rattraper.

— Pense, Igir, pense ! se répétait-il, cherchant une solution.

Il réalisa que la clé était de ne pas attaquer de front. Il devait profiter des temps d’accalmie entre les assauts pour trouver une ouverture.

Ainsi, il commença à jouer avec la distance, créant un espace entre lui et l’Ombre. Il feignait l’attaque tout en reculant, observant attentivement le comportement de son adversaire. À chaque esquive, il se rapprochait un peu plus d’Eloon, déterminé à le libérer.

L’Ombre, irritée par cette tactique, se mit à utiliser des mouvements de plus en plus violents, la chaleur émanant de son corps atteignant des niveaux dangereux. Les flammes dansaient autour d’elle, formant une tempête ardente. Igir savait qu’il devait faire attention à ne pas être consumé par cette fureur.

Finalement, une idée lui vint à l’esprit. Il observa les mouvements de l’Ombre et réalisa que, dans sa rage, elle négligeait parfois de couvrir ses arrières. Il se décida à créer une feinte : un faux mouvement vers la droite pour attirer son attention, suivi d’un déplacement rapide à gauche.

Il exécuta le plan, et l’Ombre, prévisible dans sa colère, mordit à l’hameçon. Igir profita de l’ouverture. Avec toute la force qu’il pouvait rassembler, il frappa le flanc de l’Ombre du Feu avec un coup de poing direct.

La créature vacilla, les flammes s’éteignant brièvement autour d’elle, une brèche s’ouvrant dans sa défense. Igir en profita. Il fonça vers Eloon, se dirigeant vers la cage magique qui le maintenait prisonnier.

— Eloon, je vais te sortir de là ! cria-t-il, concentré.

Mais l’Ombre, réagissant à sa bravade, se redressa rapidement, rétablissant son équilibre. Elle était en colère. Des flammes s’intensifièrent autour d’elle, menaçant d’exploser. Igir n’avait pas le temps de réfléchir. Il devait agir vite.

Il concentra son énergie, sentant la chaleur du combat envahir son être. Dans un ultime effort, il lança une série de coups rapides, un enchaînement de mouvements qui, espérait-il, désorienterait l’Ombre. Chaque coup semblait faire reculer le feu, lui permettant de se rapprocher encore un peu plus.

L’Ombre du Feu, maintenant hésitante, chercha à se défendre, mais Igir pressa l’avantage. Un coup de pied dans le torse l’envoya valser en arrière, ses flammes vacillant sous l’impact. Avec un cri de défi, Igir se tourna vers la cage et frappa de toutes ses forces.

Les chaînes magiques, au contact de son énergie, tremblèrent et se brisèrent. Eloon tomba à genoux, libéré de ses entraves.

— Merci, Igir, souffla-t-il, l’air reconnaissant mais épuisé.

— Pas encore fini, répondit Igir, déterminé à ne pas faiblir. L’Ombre, déjà redressée, se mit à rugir, la colère la consumant.

Le combat n’était pas terminé. Les flammes de l’Ombre se ravivèrent, plus puissantes que jamais, alors qu’elle préparait sa contre-attaque. Igir savait que leur victoire dépendait désormais de leur capacité à travailler ensemble. Ensemble, ils devaient briser le cycle de la colère et de la peur, et faire face à l’Ombre du Feu avec une force unie.

Alors que le duel atteignait son paroxysme, les flammes dansaient autour d’eux, créant un spectacle à la fois effrayant et majestueux. Igir se tenait prêt,