Chapitre 3 : Village de Goma

Eloon et Elia s’avançaient vers le village de Goma, la fatigue de leur aventure dans la Forêt Noire encore ancrée en eux. La route serpentine les mena à travers un paysage composé de rochefeu, où la terre semblait pulser d’une énergie singulière. Les couleurs étaient vibrantes, les teintes de rouge et d’orange s’entremêlant dans une danse chaotique, presque hypnotique. Les maisons du village se dessinaient à l’horizon, des structures robustes construites à partir de pierres locales, à la fois belles et menaçantes, comme si elles étaient conçues pour résister aux flammes éternelles de la terre.

En approchant, Eloon remarqua la taille modeste du village. Les maisons, solidement ancrées dans le sol, semblaient s’unir en une communauté soudée, chaque bâtiment occupant une place bien définie dans l’agencement du village. À mesure qu’ils s’en approchaient, les cris joyeux des enfants et les rires des adultes parvenaient jusqu’à eux, apportant un souffle de vie dans cette atmosphère autrement silencieuse.

Elia, un sourire flottant sur ses lèvres, observa les habitants vaquer à leurs occupations. Des femmes discutaient autour d’un grand feu au centre du village, tandis que des hommes transportaient des charges de pierres. La vie semblait ici rythmée par une harmonie simple mais efficace, un contraste saisissant avec les peurs qui les avaient hantés dans la forêt.

— C’est magnifique, murmura-t-elle, admirant les détails des maisons, leurs façades ornées de gravures et de couleurs vives. Eloon acquiesça, son regard se perdant dans l'architecture impressionnante.

Cependant, alors qu’ils s’approchaient de l’entrée du village, une silhouette apparut soudainement devant eux. Un garçon d’environ l'âge d'Eloon, à la peau sombre et aux cheveux flamboyants, se tenait là, l’air vif et curieux. Ses yeux, d’un rouge intense, brillaient d’une lueur intrigante.

— Vous êtes des étrangers, n’est-ce pas ?  demanda-t-il, un sourire malicieux sur le visage.

Eloon, un peu surpris, hocha la tête.

— Oui, nous venons de la Forêt Noire. Je suis Eloon, et voici Elia.

— Je suis Igir, répondit le garçon en s’inclinant légèrement. J’ai vu votre livre, le Livre Mystère. Vous êtes venus ici pour une raison précise ?

La mention du livre éveilla immédiatement l’intérêt d’Eloon.

— Oui, nous… nous cherchons des informations sur ce qui se passe ici, sur la Montagne du Péril, en fait.

Igir, à l’entente de ces mots, sembla s’illuminer d’une nouvelle énergie.

— La Montagne du Péril ? Vous n’êtes pas les premiers à en parler. Suivez-moi, je vais vous montrer le village.

Sans attendre, il les entraîna dans les ruelles étroites du village, ses pas légers et vifs. Eloon et Elia se lancèrent un regard complice, se laissant porter par l’enthousiasme d’Igir. Ils passèrent devant des maisons aux couleurs vives, chacune ornée de motifs géométriques, témoignant d’un savoir-faire artisanal unique.

— Ici, à Goma, nous avons une relation très spéciale avec cette terre,  expliqua Igir en les guidant. Les maisons sont construites à partir de rochefeu, qui peut résister à des températures extrêmes. C’est ce qui nous protège des dangers qui viennent de la montagne.

Eloon se mit à écouter attentivement, conscient de la richesse des connaissances qu’Igir partageait.

— Est-ce que la montagne est vraiment aussi périlleuse qu’on le dit ?

— Pire que ça, confirma Igir, son ton devenant plus sérieux.  Elle est connue pour ses éruptions soudaines et ses éboulements. Mais il y a des trésors cachés là-haut, des cristaux et des minéraux aux propriétés incroyables. Les plus courageux y vont souvent pour en rapporter.

Elia, fascinée par les récits d’Igir, se pencha un peu plus en avant.

— Et vous y allez souvent ?

— J’y suis allé quelques fois, mais je préfère rester ici. La sécurité du village passe avant tout. Il s’arrêta un instant, scrutant les visages des villageois qui les observaient. Et puis, il y a tant de choses à découvrir ici.

Le groupe continua son exploration, passant devant un marché où les villageois vendaient des fruits exotiques et des objets artisanaux. La variété des couleurs et des senteurs était envoûtante. Eloon et Elia s’arrêtèrent un moment, émerveillés par la vitalité du lieu. Ils virent des enfants jouer avec des jouets en bois, des femmes discuter joyeusement, et des hommes débattre des derniers événements liés à la montagne.

— Nous avons une belle communauté ici,  affirma Igir, visiblement fier. Goma est un endroit où chacun a sa place.

La visite se poursuivit, Igir les menant jusqu’à une grande place centrale, où un immense feu brûlait, crépitant joyeusement au milieu des rires. C’était un point de rencontre pour les habitants, un lieu de partage et de convivialité. Eloon et Elia s’installèrent sur un banc en bois, observant la scène avec un sentiment de calme et de sécurité.

— Ce feu est le cœur de notre village,  expliqua Igir. Chaque semaine, nous nous rassemblons ici pour raconter nos histoires, partager nos peurs et nos joies. C’est une tradition très importante pour nous.

— Ça a l’air merveilleux, répondit Elia, touchée par la chaleur de cette communauté. Je n’ai jamais vécu quelque chose de similaire.

— C’est ce qui rend Goma unique, ajouta Igir avec un sourire. Mais il y a aussi des défis. La montagne nous rappelle constamment que la nature peut être à la fois belle et cruelle.

Après avoir passé un moment à discuter et à découvrir la place centrale, Igir se leva.

— Maintenant, je vais vous emmener voir le chef du village. Il saura certainement vous donner plus d’informations sur la Montagne du Péril.

Intrigués, Eloon et Elia se levèrent également. Ils suivaient Igir à travers les ruelles, écoutant attentivement les histoires qu’il racontait sur les traditions de Goma. Il leur parla des fêtes, des rituels et des légendes qui entouraient la montagne. Leurs pas les menèrent vers un bâtiment plus imposant, décoré de gravures élaborées représentant des scènes de la vie du village.

— C’est ici que vit le chef, expliqua Igir en les conduisant à l’intérieur. L’intérieur était sombre, mais chaleureux, avec des torches qui illuminaient les murs ornés de tapisseries colorées.

Au fond de la pièce, un homme âgé, à la stature imposante, se tenait assis derrière un grand bureau en pierre. Ses cheveux grisonnants et son visage marqué par le temps dégageaient une sagesse profonde. Il leva les yeux en les voyant entrer, son regard perçant balayant Eloon et Elia.

— Que puis-je pour vous, jeunes aventuriers ? demanda-t-il d’une voix profonde et résonnante.

— Bonjour, chef, répondit Igir. Voici Eloon et Elia. Ils viennent de la Forêt Noire et cherchent des informations sur la Montagne du Péril.

Le chef plissa les yeux, son intérêt éveillé.

— La Montagne du Péril, vous dites ? C’est un sujet délicat. Que voulez-vous savoir ?

Eloon prit une profonde inspiration, sentant le poids de la responsabilité de ses paroles.

— Nous avons entendu des rumeurs sur des trésors et des dangers qui y sont liés. Nous avons besoin d’informations pour savoir comment aborder cette expédition.

Le chef hocha la tête, semblant peser ses mots.

— La montagne attire de nombreux aventuriers, mais elle ne pardonne pas l’imprudence. Les trésors qui s’y cachent sont protégés par des épreuves que seuls les plus sages peuvent surmonter.

Elia, impatiente, intervint.

— Quels types d’épreuves ?

Le chef les observa un moment, puis commença à expliquer.

— La montagne est vivante. Elle réagit aux intentions des personnes qui s’y aventurent. Ceux qui cherchent uniquement la richesse peuvent être confrontés à des illusions, à des pièges mortels. Mais ceux qui s’y rendent avec un cœur pur, dans le but de découvrir et de respecter, peuvent trouver des trésors, mais aussi des révélations sur eux-mêmes.

Eloon et Elia échangèrent un regard. Les paroles du chef résonnaient profondément en eux. Ils savaient que leur voyage ne se limitait pas simplement à une quête de trésors, mais à une exploration de leurs propres peurs et de leur amitié.

— Que nous recommandez-vous de faire ? demanda Eloon, la détermination dans sa voix.

— Écoutez votre instinct, et n’oubliez jamais ce que vous avez appris ici, à Goma. Ne laissez pas la cupidité obscurcir votre jugement. Si vous êtes prêts à affronter les défis de la montagne, alors vous pouvez y aller, mais en restant vigilants. Je vous conseille aussi de vous entourer de ceux en qui vous avez confiance. Vous n’êtes pas seuls dans cette quête, et le soutien des autres est précieux.

Eloon et Elia hochèrent la tête, absorbant chaque mot du chef avec une attention respectueuse.

— Merci, chef, dit Elia. Nous ferons de notre mieux pour nous rappeler de ces conseils.

Le chef sourit légèrement, une lueur d’approbation dans ses yeux.

— Vous avez le cœur d’aventuriers, je le sens. Mais rappelez-vous, la montagne ne révèle ses secrets qu’à ceux qui savent écouter. Ne laissez pas vos peurs vous contrôler.

À ce moment-là, Igir, qui avait écouté en silence, s’avança.

— Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner jusqu’au pied de la montagne. Je connais quelques sentiers et je peux vous montrer les endroits les plus sûrs.

Eloon, touché par la proposition, acquiesça.

— Ce serait formidable, Igir. Merci beaucoup.

Le chef, en entendant cela, hocha la tête.

— Très bien, prenez votre temps pour vous préparer. Je vous donne ma bénédiction pour votre voyage. Mais sachez que la nuit approche, et la montagne change de visage à la tombée du jour. Ne tardez pas.

Eloon et Elia remercièrent une fois de plus le chef avant de sortir du bâtiment. L'air frais et vivifiant les accueillit à l'extérieur, et le ciel commençait à se teinter de nuances de rose et d'orange, annonçant la fin de la journée.

— Je n’ai jamais vu un village comme celui-ci, murmura Elia, admirant les détails des maisons qui brillaient sous les derniers rayons du soleil. Les gens ici semblent si unis.

— Oui, répondit Eloon, son esprit encore hanté par les paroles du chef. Il y a une force ici, une sagesse. Cela nous aidera dans notre quête.

Igir les guida à travers le village, leur montrant divers aspects de la vie à Goma. Il leur présenta des artisans au travail, des herboristes, et même des conteurs qui captivèrent les villageois avec des histoires de la montagne et des héros d'antan. Chaque coin du village révélait une nouvelle facette de la culture et de la vie quotidienne, et Eloon et Elia étaient émerveillés par la simplicité et la beauté de tout cela.

— Vous devriez essayer le ragoût de racines de feu,  proposa Igir en les entraînant vers un petit stand où une femme préparait un plat fumant. L’odeur épicée les envahit, et Eloon sentit son estomac gronder.

— Ça a l’air délicieux, admit Elia, un sourire sur le visage.

Ils s’arrêtèrent pour goûter le plat, et le goût chaud et épicé éveilla leurs sens. Igir leur raconta que le ragoût était préparé avec des racines qui poussaient près de la montagne, un symbole de la connexion entre le village et les dangers qui l’entouraient.

Après avoir fini leur repas, Igir les mena vers un petit groupe d’enfants qui jouaient. L’un d’eux, une fille avec des cheveux bouclés et des yeux pétillants, courut vers eux en riant.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle avec enthousiasme.

— Ce sont des amis d’Igir, répondit la femme qui préparait le ragoût. « Ils viennent de loin.

— Vous allez grimper la Montagne du Péril ? demanda la petite fille, fascinée.

— Oui, répondit Eloon avec un sourire.  Nous espérons y trouver des trésors.

— Mon père dit que la montagne garde les plus grands secrets,  ajouta un garçon, un peu plus vieux. Il faut être très prudent !

— Oui, nous savons, confirma Elia, partageant un regard complice avec Eloon.  Nous avons écouté les avertissements.

Les enfants se mirent à discuter des légendes de la montagne, partageant des histoires d’anciens aventuriers qui avaient tenté leur chance et des créatures fantastiques qui habitaient les pentes. Eloon et Elia se laissèrent emporter par l’enthousiasme contagieux des enfants, se remémorant leur propre aventure.

Le temps passa rapidement, et alors que le soleil se couchait complètement, une légère brise commença à se lever. Igir les avertit que la nuit tombait, et qu’il était temps de se préparer pour leur voyage.

— Je vais vous montrer où vous pouvez dormir pour la nuit, proposa-t-il. Le voyage vers la montagne commencera à l’aube.

Ils suivirent Igir à travers le village jusqu’à une petite maison, où il leur indiqua un espace pour passer la nuit. La chambre était simple, mais confortable, avec des tapis colorés et des coussins moelleux. Eloon et Elia remercièrent Igir avant de se préparer pour la nuit.

Alors qu’ils s’installaient, Eloon ne pouvait s’empêcher de repenser à tout ce qu’ils avaient vécu jusqu’à présent. La traversée de la Forêt Noire, les peurs qui les avaient hantés, et maintenant, la promesse d’une nouvelle aventure. Il se tourna vers Elia.

— Tu es prête pour demain ?  demanda-t-il, un sourire léger sur les lèvres.

— Je suis prête, répondit-elle avec assurance.  Je sens que nous sommes sur le point de vivre quelque chose de grand.

La nuit s’étira, et alors qu’Eloon fermait les yeux, il se laissa envelopper par le calme du village de Goma. Le doux bruit du vent et le crépitement des feux se mêlaient à ses pensées. Il rêva de montagnes, de trésors cachés et d’amis fidèles.

Le lendemain matin, l’aube se leva sur le village, baignait tout de ses premières lueurs dorées. Les chants des oiseaux résonnaient, et l’atmosphère était chargée d’excitation. Eloon et Elia se réveillèrent, prêts à embrasser cette nouvelle journée.

Igir les attendait à l’extérieur, un sourire éclatant sur le visage.

— Prêts pour l’aventure ? s’écria-t-il.

— Prêts ! répondirent-ils en chœur.

Ils se mirent en route vers la Montagne du Péril, suivant un sentier étroit qui serpentait à travers le paysage rocheux. La vue était à couper le souffle, chaque pas révélant des panoramas époustouflants. La montagne se dressait devant eux, majestueuse et intimidante, comme une sentinelle silencieuse.

Igir, marchant devant eux, partageait des anecdotes sur la montagne, tout en veillant à ce qu’ils restent prudents sur le chemin. Eloon et Elia prenaient tout cela à cœur, déterminés à respecter les traditions de Goma et à affronter les défis qui les attendaient.

À mesure qu’ils avançaient, le paysage devenait de plus en plus sauvage, les rochers prenant des formes étranges et fascinantes. Les couleurs des pierres variaient, des nuances de rouge et d’orange aux tons plus sombres et inquiétants.

— C’est ici que les épreuves commencent,  déclara Igir en s’arrêtant au pied de la montagne. Rappelez-vous ce que vous a dit le chef. Écoutez votre instinct.

Eloon et Elia se regardèrent, un mélange d’excitation et d’appréhension dans les yeux. La Montagne du Péril se tenait devant eux, imposante et pleine de mystères, prête à dévoiler ses secrets à ceux qui étaient assez courageux pour les chercher.

— Ensemble, nous y arriverons, déclara Eloon, sa voix remplie de détermination.

Elia hocha la tête, son regard fixé sur la montagne.

— Ensemble, répéta-t-elle.

Et ainsi, ils se préparèrent à franchir le seuil de la Montagne du Péril, les cœurs battant à l’unisson, prêts à affronter les défis qui les attendaient, confiants que leur amitié les guiderait à travers les épreuves.

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