8 : Oser le premier baiser

(27.02) éco : chapitres 12/13/14

               english : lbzqkbezkebbekjzbkjzekz (pas compris les devoirs oupsi)

JE T'AIME. MAIS GENRE, POUR TOUTE LA VIE QUOI. (-Clare)

...

Une semaine.

C'était le temps qu'il avait fallu à Elo pour se remettre de ses émotions, encore trop secouée par sa discussion avec Garance. Après tout ce qu'il s'était passé, elle avait décidé qu'elle méritait bien une petite semaine de repos. Et ensuite, elle affronterait la réalité et tous les problèmes qui allaient avec.

Elle avait évité son père avec brio, allant dessiner des croquis au parc quand il était là et restant à coudre dans sa chambre dans ses vapeurs de cigarette quand il travaillait. Il avait décidé de la rejeter, très bien ; Elo ne voulait pas d'un père homophobe, de toute façon. Tant qu'il agissait comme un gros con, elle préférait se contenter d'une mère et d'un frère. Ça lui était bien suffisant.

Cette semaine avait été réellement bénéfique pour Elo. Elle avait appelé Clare, et les deux filles s'étaient expliquées et pardonnées en deux minutes top chrono. Ensuite, Elo s'était mise à suivre des comptes de body positive et d'acceptation de soi sur Instagram -plus pour que la forme que le fond, mais peu importe. Elo savait qu'il était temps de changer des choses dans sa vie si elle voulait vraiment aller de l'avant, et les plus petits détails pouvaient faire la différence.

Elo jeta un dernier coup d'œil dans la caméra avant de son téléphone, plus pour penser à autre chose que pour réellement vérifier son apparence. Lorsque le bus s'immobilisa, Elo resta assise à regarder les gens descendre. Elle avait bien compris au fil des années que quatre-vingt-dix pour cents des passagers d'un bus étaient pressés et ne laissaient jamais passer ceux qui patientaient dans les rangées, aussi elle attendit la fin de sa chanson avant de se glisser dans l'allée.

L'air frais de février la prit aussitôt à la gorge et elle regretta de ne pas avoir pris de foulard. Mais peu importe, aujourd'hui elle était plus forte que ça. Aujourd'hui elle était plus forte que tout.

Elo pénétra dans l'enceinte de l'université tout en glissant ses écouteurs dans la poche de son trench-coat bordeaux. Quand elle releva les yeux, elle constata qu'un groupe de filles étaient en train de la regarder de travers, elle et sa jupe noire. Elo décida de ne pas baisser les yeux et leur adressa même une petite révérence avant de s'éloigner dans le couloir.

Le cœur battant, elle se força à garder la tête haute. Pourquoi est-ce que chaque fois qu'elle allait quelque part elle se sentait toujours jugée ? Épiée ? Critiquée ?

Elo trouvait que les filles étaient encore plus méchantes entre elles que les garçons pouvaient l'être, ces dernières ayant l'avantage de connaître les principaux points faibles de leur victime : le manque de confiance en soi et le physique. Rien de plus douloureux que de critiquer une personne sur quelque chose qu'elle n'arrive déjà pas à accepter elle-même.

Elo se sentit soudainement serrée dans sa jupe, comme si elle venait de rétrécir instantanément sur ses cuisses. Jupe qui, le matin même, semblait être la plus jolie pièce de son dressing.

-Elo ?

La brune se détourna, et tomba nez à nez avec Léo. Cela faisait un bon moment qu'elle ne l'avait pas vu, et il lui sembla différent. Plus fatigué, plus mince. Plus déterminé aussi.

-On peut se parler ? demanda-il sans détour.

Après tout, ils se connaissaient bien assez pour s'épargner les salutations d'usage.

La voilà, la réalité. Léo était la réalité. Celle qu'Elo avait fui, celle qu'Elo avait refusé d'accepter. Celle qu'Elo avait peur d'affronter.

-Ok, lâcha-elle, la gorge nouée.

Léo hocha imperceptiblement la tête avant de se mettre en marche. Il commença à traverser l'établissement d'un pas rapide, et Elo dut se presser pour réussir à la suivre.

Elo avait toujours eu un sens de l'orientation déplorable, et ne réussissait toujours pas à se repérer dans l'établissement malgré les six longs mois déjà passés ici. Pourtant, la jeune femme commençait à comprendre où est-ce que Léo l'entraînait : dans le placard à balais, celui dans lequel ils s'étaient retrouvés coincés.

-Après vous, dit-il d'une voix de gentleman exagérée en lui tenant la porte.

Elo esquissa un sourire et se glissa dans le placard, non sans trouver la situation étrange. Le cœur battant, elle se cala contre le même mur que l'autre fois puis regarda Léo caler la porte avec un balai avant de se mettre en face d'elle.

Puis, ils se retrouvèrent l'un en face de l'autre, et il eut un blanc. Un blanc interminable, pendant lequel chacun d'eux se demandait pas où commencer. Elo avait toujours pensé qu'il valait mieux se taire que de dire des idioties, mais là, elle pensait complètement l'inverse. Il fallait à tout prix trouver quelque chose à dire avant qu'elle ne meure étouffée par son malaise, et vite.

-Il fait vachement chaud là-dedans comparé à dehors, lâcha-elle alors.

Léo écarquilla légèrement les yeux, surpris de cette amorce.

-Oui, bon, désolée, je suis pas une professionnelle des discussions tendues, admit finalement la brune en plissant les yeux. Et puis d'abord c'est toi qui veux me parler, alors t'as qu'à parler !

-Figure-toi que moi non plus je pas un pro, répliqua-il. Je sais pas trop comment te dire que je suis désolé, que je ne voulais pas t'annoncer mes sentiments comme ça l'autre fois, que je suis super nul d'avoir fui la situation dès qu'il y a eu mon ex et que putain tu me manques super fort !

Nouveau silence. Implosion du cerveau d'Elo. Ventre complètement retourné. Peur maladive de ce qui va arriver.

-Pourtant c'était plutôt pas mal comme explication, murmura finalement la brune.

Les yeux rivés sur ses Converse, elle était en train d'envisager comment s'enfuir d'ici au plus vite tant la situation la mettait mal à l'aise.

-Ça a pas l'air de te faire beaucoup d'effet, remarqua alors Léo en croisant les bras, visiblement blessé.

-Oh crois moi ça m'en fait, rétorqua Elo. C'est juste... Je comprends même pas pourquoi tu t'excuses.

Léo lui décocha alors un regard perdu, comme si lui-même était en train de se poser la question. Après tout, qu'avait-il fait de vraiment mal ?

-Ben, parce que on s'est engueulés et qu'ensuite je t'ai dit que j'avais des sentiments pour toi, hésita-il.

-T'as pas à t'excuser pour ça. Je comprends pas trop pourquoi tu ressens des... Fin bref, je comprends pas, mais tu devrais pas t'excuser de ressentir ça, se coupa Elo elle-même. T'es humain, quoi.

Les deux jeunes se regardèrent quelques instants sans rien dire, puis Léo demanda :

-Si j'ai pas à m'excuser, alors qu'est-ce que je dois faire pour que tout redevienne comme avant ?

Elo haussa une épaule. Comment pourrait-elle le savoir ?

-Je ne sais même pas si je veux que ça redevienne comme avant, expliqua-elle.

Léo eut alors un léger mouvement de recul, comme s'il venait de se prendre une baffe.

-Ah ouais ? Donc on peut même plus être potes ?

Elo se mit à chercher les bons mots, et prit visiblement trop de temps à le faire puisque Léo poussa un gros soupir avant de se détourner. Une main sur la poignée, il était en train de partir quand Elo lâcha :

-Je me demande si moi aussi, j'ai pas des sentiments pour toi.

Et elle le pensait. Très fort.

Ça faisait plusieurs jours qu'en se couchant, elle pensait à Léo. Elle l'imaginait lui prêter son briquet, la faire rire, lui ébouriffer les cheveux, lui pincer les joues. Elle l'imaginait envoyer des snaps interminables pour lui raconter ses rêves étranges, mettre du ketchup sur son riz, porter ses sweat beaucoup trop grands, faire des pyramides avec des clopes, souffler sur les doigts d'Elo pour la réchauffer, mettre sa casquette à l'envers. Et quand elle songeait à Léo, Elo avait beau essayer de se convaincre que ce n'était qu'amical elle sentait bien que quelque chose différait. Son cœur battait plus vite, et son ventre dansait la salsa. Elo avait déjà été amoureuse, très fort, très vite, et là ce n'était pas pareil.

En réalité, Elo n'avait pas peur d'aimer Léo. Elle avait peur de ne pas l'aimer assez.

-Hein ? dit-il en se détournant. Mais je croyais que j'étais juste ton pote nullos, celui que tu friendzone en deux secondes en disant à tes autres potes que tu l'aimes bien parce qu'il est 'gentil'.

Elo ne put s'empêcher de rigoler.

-T'es belle quand tu ris, remarqua Léo sans hésiter.

Nouvelle salve de papillons dans le ventre. Nouveau coup au cour. Nouvelle vague de chaleur dans tout le corps.

Léo s'approcha légèrement d'elle. Ils étaient maintenant tout près l'un de l'autre, et leurs mains se touchaient presque. Elo avait l'impression d'être au bord de l'AVC.

-T'es pas 'juste' mon pote nullos, dit alors Elo, les joues brûlantes. T'es mon pote nullos, mais genre plus plus.

-Une sorte d'évolution Pokémon super cool ?

-On peut dire ça, ouais.

Alors Léo se mit à sourire, un grand sourire, un énorme sourire, un long sourire.

Un sourire infini.

Leurs mains se touchaient réellement désormais, et le brun entrelaça délicatement les doigts fins de la jeune femme avec les siens. Il avait les mains aussi immenses et la peau aussi rugueuse qu'Elo avait de petites mains douces. Il était le jour, elle était la nuit. Il était entier, elle était brisée.

Et dans cette histoire, Elo espérait que ça ne serait pas lui qui finirait brisé.

-Je crois que ton pote nullos plus plus a envie de t'embrasser, murmura Léo.

Il était si près que son souffle caressa les joues d'Elo. La brune avait l'impression d'être hors du temps, comme si ce placard n'était plus dans l'université et qu'ils était loin de toute réalité.

Alors, Elo prit son courage à deux mains. La réponse qu'elle allait donner allait tout changer, et ce n'était pas le moment de dire un truc foireux.

-Il n'a qu'à essayer.

Léo marqua un temps de pause, comme s'il lui fallait une bonne minute avant de bien comprendre ce que la jeune femme voulait lui dire. Puis, il s'avança doucement et ses lèvres rencontrèrent celles d'Elo. Ils restèrent bouche contre bouche sans bouger pendant quelques secondes, puis le brun posa sa main sur la hanche de la jeune fille et elle glissa ses bras autour de son cou.

Leurs lèvres se décollèrent un bref instant, puis Elo n'hésita pas et l'embrassa de nouveau. Elle en avait marre, des hésitations.

Et vu la réponse que lui donnait Léo, il en avait marre aussi.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top