15| Esmée et le flash-back
ESMÉE
Chose que j'aime chez-moi n°8 :
Mes yeux en amande
— Ne pars pas trop tôt.
Je jette un regard interrogateur à Benjamin à travers le combiné.
— C'est un conseil ou un ordre ?
— Un peu des deux, plaisante-t-il. Non mais sérieusement, je n'ai pas envie que tu passes un énième samedi soir toute seule. Pourquoi est-ce que tes parents travaillent autant ?
J'hausse les épaules, guettant la rue en parallèle du regard. Toujours aucune trace d'une grande asiatique – c'est rare, mais Sidonie est en retard.
— Pour qu'on puisse manger bio, réponds-je alors simplement. Et parce qu'ils pensent qu'en faisant ça, ils nous font un cadeau.
Et je le pense sincèrement. Depuis toujours, mes parents ont toujours été très sympas avec Clara et moi et nous ont toujours laissé sortir autant que nous le souhaitions. C'était principalement pour que nous puissions faire nos « propres expériences », mais je sais aussi qu'ils viennent tous les deux de familles très strictes qui les ont toujours un peu étouffés. Je pense qu'en vieillissant, ils étaient tous les deux d'accord pour créer un modèle familial très différent de celui qu'ils avaient connu : plus ouvert, tolérant, sans cris, sans larmes, sans disputes. Une famille sans jalousie, où chacun aurait sa place pour briller et où les projets de tous seraient soutenus. Enfin, en théorie...
— Et ta sœur, elle en pense quoi ? demande alors Benjamin, un léger pli creusé entre ses sourcils.
— Elle est d'accord avec ce mode de fonctionnement. Son internat en semaine est assez strict donc le week-end, elle a envie de décompresser. En général, elle ne passe à la maison qu'en coup de vent.
Mon meilleur ami me lance un regard désolé avant d'annoncer aller chercher un verre d'eau à la cuisine. Pendant qu'il se balade chez-lui, j'en profite pour le regarder du coin de l'œil : il a légèrement coupé ses boucles brunes la semaine dernière mais elles chatouillent toujours son front et il porte un t-shirt blanc à fines rayures. Il est bronzé toute l'année, ce qui m'agace énormément vu qu'il vit bien plus au nord de la France que moi.
Il m'a présenté sa copine Léna en face time, hier soir. Comme prévu, ça m'a fait mal – je vois mal comment j'aurais pu réagir autrement. Il la regardait avec un amour débordant mais surtout, surtout, une admiration sans borne. On aurait dit qu'elle avait littéralement inventé un truc incroyable la seconde d'avant et qu'elle sortait tout droit des cieux.
Il m'a regardée comme ça aussi un été en Bretagne, il y a deux ans. C'est cet été-là que j'ai réellement compris que les doutes que j'avais toujours eu sur nous deux étaient fondés, et que j'avais définitivement un truc pour lui.
C'était avant que je déconne et que toute ma vie parte en vrille... avant que je lâche la médecine, avant que j'aille au rocher. Avant que mes parents cadenassent le buffet du salon par peur de ce que je pourrais faire.
L'été d'après, je ne suis pas retournée en Bretagne pour la première fois depuis un an. J'étais au Cambodge et c'était dur de faillir à notre tradition, mais j'ai fait comme si ça ne m'atteignait pas.
À peine deux jours après être arrivé, il rencontrait Léna à une fête sur la plage qui, comme par hasard, vivait aussi sur Lille à l'année. Un putain de coup du destin.
Et moi j'étais là, à l'autre bout du monde, entourée d'orphelins qui me donnaient tellement d'amour et à la fois tellement seule.
— Je vais devoir te laisser, finis-je par annoncer, la gorge nouée.
— OK ! On s'appelle demain ?
Je papillonne des paupières. Il est en train de boire son verre d'eau, ne se doutant de rien.
— Ça marche.
Sur ce, chacun dit « bisous » et je suis la première à raccrocher.
Je passe la minute suivante à reprendre mon souffle, les yeux sur la mer. Puis, Sidonie apparaît soudain dans mon champ de vision et elle se précipite vers moi avec un grand sourire.
— Hello hello !
Je m'empresse d'afficher un sourire.
— Eh, salut !
Elle se penche brièvement vers moi pour me faire la bise puis se recule, toute pimpante. Elle porte une robe rose pâle qui lui va à merveille sur sa peau toujours aussi pâle, claire comme de la porcelaine.
— Tu es officiellement une star, annonce-t-elle tandis que nous nous mettons en marche vers le restaurant dans lequel nous avons prévu de manger.
— Ah oui ?
— Depuis que Maxence sait que tu es revenu, il est comme un fou.
Je ne peux réprimer un sourire. Maxence est le frère de Sidonie. Il souffre d'un très sévère trouble autistique et il sort très peu de chez-eux, d'où le fait qu'il soit fou de moi depuis petite. Étant donné que j'étais la seule fille en dehors de sa sœur ou de sa mère qu'il croisait relativement souvent, il m'a toujours énormément aimée.
— Il s'occupe toujours d'Esmée 2 ?
Sidonie s'esclaffe.
— Toujours. Tu n'aurais jamais dû lui offrir cette plante, c'est littéralement devenu la prunelle de ses yeux.
— On aurait surtout dû le forcer à trouver un autre nom !
Nous rions en chœur avant qu'elle ne me lance un beau sourire, sa main posée sur mon avant-bras.
— Ah la la, Esmée... Il faut croire que personne ne veut t'oublier.
∞
Trois ans plus tôt.
— Tu es sûre qu'on ne peut pas emmener Maxence avec nous ? demandé-je pour la énième fois en me mordillant les lèvres.
Sidonie s'arrête net dans son mouvement, reposant aussitôt son gloss sur son bureau dans un geste brusque.
Bon, OK, elle a compris le truc.
Elle se lève d'un bond et fonce vers la porte de sa chambre avant de l'ouvrir en grand, se retrouvant nez-à-nez avec son frère.
— J'ai dit non, Max ! La musique sera super forte, d'accord ?
Je me sens un peu mal qu'elle ait compris qu'il nous espionnait à cause de moi, mais je me sentais obligée de demander encore une fois. Je l'ai vu se cacher derrière la porte tout à l'heure et quand il m'a mimé discrètement de demander à sa sœur de l'incruster à notre fête, je n'ai pas su dire oui. Seulement, Sidonie nous connaît tous les deux par cœur.
— Tu ne supportes ni la foule, ni la musique forte, ni les boissons gazeuses, ajoute-t-elle plus doucement en direction de son frère. Je sais que si tu viens tu n'auras pas envie de rester plus d'une heure et moi j'ai envie de m'amuser avec Esmée, tu comprends ?
Je suis obligée de détourner les yeux, honteuse. Je sais que Sid' a raison et que son frère regretterait son choix au bout de seulement quelques minutes, mais ça me fait trop mal de devoir le laisser ici tout seul. Leurs parents ne vont pas tarder à rentrer de chez leurs amis, mais tout de même.
— Il me brise le cœur, dis-je une fois que Sidonie a refermé la porte.
Elle a l'air complètement démunie quand elle murmure :
— Moi aussi.
Puis, elle entreprend de terminer son maquillage tandis que je la regarde du coin de l'œil, assise en tailleur sur son lit. Je ne regrette pas d'avoir refusé de porter sa robe – si je l'avais fait, on aurait vu ma culotte.
Soudain, elle ajoute :
— Il se fiche de la fête. Tout ce qu'il veut, c'est traîner avec toi.
Je secoue la tête, les joues brûlantes. Ce n'est pas un secret : Maxence est amoureux de moi depuis longtemps. Je le trouve très mignon et sincèrement j'aurais pu réfléchir à mes sentiments dans d'autres circonstances... Circonstances qui n'impliqueraient pas Benjamin, pour être tout à fait honnête.
— On devrait quand même le laisser venir, insisté-je.
Sidonie me lance un regard noir à travers son miroir, son gloss en suspens au-dessus de ses lèvres.
— Très bien, laissons-le nous accompagner. C'est toi qui le calmeras quand il sera roulé en boule dans un coin parce qu'il y a trop de bruit ? Et quand il poussera des hurlements parce que l'odeur de la sueur le dégoûte trop, c'est toi qui géreras la situation ? Je ne crois pas, non.
J'ai rarement eu aussi honte de toute ma vie. Je reste comme paralysée au bord de son lit, l'embarras me dévorant le visage. Sérieusement, je crois que mes joues ont la même couleur que mes cheveux.
Finalement, nous terminons de nous préparer sans dire un seul mot, le silence seulement troublé par le fond de musique craché par son enceinte. Pendant qu'elle termine son maquillage, je fais un débrief' complet à Ben par messages, qui me conseille de la laisser respirer un peu puis de m'excuser. Sa sagesse m'énerve, alors je finis par le laisser en vu.
Quand les parents de Sid' arrivent, ils ont le sourire jusqu'aux oreilles. Sa mère nous assomme de compliments et de photos, puis son père annonce aller démarrer la voiture. J'enfile mes chaussures et jette un regard par-dessus mon épaule, pile à temps pour apercevoir Maxence s'enfuir dans le couloir. Quand je m'assieds dans le monospace, j'ai les larmes aux yeux.
La soirée a lieu chez Adrien, un garçon du lycée. Il a été en cours de volley avec Sidonie hors des cours et comme il nous connaissait toutes les deux, il nous a invitées à sa soirée. Il a un an de moins et est en première, mais tous les terminales le trouvent génial. Pour ma part, je dois avouer qu'il est sympa.
Dès que le père de Sidonie nous dépose devant chez-lui, je sens l'angoisse me serrer la poitrine. Je me sens soudainement super mal, un peu comme si je n'étais pas à ma place.
— Sid'... commencé-je tandis qu'elle s'avance vers la maison.
Elle s'immobilise, la main suspendue au-dessus de la poignée, puis me lance un regard las.
— Je suis désolée. Je ne pensais pas...
Ma meilleure amie secoue la tête, me coupant dans ma tirade.
— Je ne t'en veux pas. Tu as grandi dans une famille modèle, et je conçois totalement que tu ne puisses pas comprendre que ce ne soit pas le cas partout.
J'encaisse le coup, blessée.
— Je n'ai pas une famille modèle.
— Mais bien sûr, rétorque Sidonie en levant les yeux au ciel.
Indignée, je m'empresse de répliquer :
— Je peux savoir ce qui te fait dire ça ?!
— Je n'ai pas envie de me disputer avec toi maintenant, rétorque-t-elle d'une voix sans appel avant de frapper à la porte.
Un lourd silence s'abat sur nous deux, lourd des choses qu'elle n'a pas dites mais que je sais pertinemment qu'elle a pensé.
Il n'y a tellement jamais eu de problèmes chez-toi que tu t'es sentie obligée d'en créer.
Voilà ce qu'elle a pensé, voilà ce qu'elle a toujours pensé. Je sais pertinemment que tout n'est pas toujours rose chez-elle et que la situation de son frère est très compliquée, mais je ne pense pas qu'il faille décrédibiliser les problèmes des autres parce que les siens sont graves.
Au moment où je m'apprête à rétorquer, la porte d'entrée s'ouvre sur un Adrien souriant jusqu'aux oreilles. Il dit d'abord bonjour à Sidonie puis à moi, s'attardant légèrement plus sur mes joues. Il sent le parfum pour hommes à plein nez et le logo au crocodile cousu sur son polo se frotte contre ma poitrine quand il se penche vers moi, me laissant pantoise.
— Je suis content que vous soyez venues, dit-il en se reculant.
Je lui réponds d'un grand sourire, sourire qui s'efface dès qu'il se détourne pour refermer la porte. Les mots de Sidonie – ou plutôt ceux qu'elle n'a pas dit – sont clairement restés en travers de ma gorge, et je sais d'avance que je ne vais pas les oublier de sitôt.
— Je vous sers quelque chose ? propose Adrien en désignant la table sur laquelle il a aligné les boissons.
J'ouvre la bouche pour accepter quand Sidonie rétorque :
— Je vais prendre un peu l'air ; vas-y avec Esmée.
Bouche-bée, je la regarde s'éloigner vers les portes vitrées dans un tourbillon de tulle violet, me laissant seule avec Adrien dans la salle à manger.
— OKKK... rétorque celui-ci, visiblement un peu mal à l'aise. C'est moi ou elle est de mauvaise humeur ?
Je continue de fixer les portes vitrées qui mènent au jardin, les poings serrés. Sérieusement, j'ai littéralement le sang qui boue dans mes veines.
— Elle me saoule. On va boire un truc ?
Adrien me lance un petit sourire avant de m'attirer vers la fameuse table-bar. Nous trinquons tous les deux autour d'une vodka-coca, qu'il présente comme sa « spécialité ». Je ne trouve pas ça spécialement bon mais je me force à en boire deux grands gobelets simplement parce que je sais que sans Sidonie, je suis entièrement seule à cette soirée.
Le fait est qu'il n'y a que des premières partout, et que je n'en connais aucun. Bien sûr, je reconnais des tas de visages ; mais je n'ai jamais dit ne serait-ce qu'un simple bonjour à tous ces gens. Aussi, histoire de me cacher un peu et de faire mine d'être occupée, je rôde autour de la table-bar et enchaîne les cocktails.
Mojitos, margaritas, spritz's et même shots de tequila accompagnés de sel et de citron : tout y passe. C'est la première fois que je me fais autant plaisir sur l'alcool mais bon sang, je dois dire que ça fait du bien. Plus je vide mon verre, plus ma colère semble s'atténuer. Toutes mes émotions se calment et ma tête semble enfin vide.
Pendant plusieurs heures, j'oublie que je suis moins bien que Clara. J'oublie aussi que je ne vais probablement jamais réussir à entrer en médecine alors que j'en ai tant rêvé, et que je vais décevoir mes parents. J'oublie aussi ma dispute avec Sid' et même mes sentiments pour Ben. Oui, pendant ces quelques heures, j'oublie tout et il ne reste que moi.
Et putain, ça fait du bien d'être un peu égoïste.
Au bout d'un moment, je commence à me sentir un peu faible sur mes jambes. Aussi, je récupère la bouteille de vodka qui traîne, vérifie qu'elle n'est pas encore vide et me détourne en direction des portes vitrées, décidée à aller prendre un peu l'air. Mais au moment où je m'apprête à sortir, je me prends de plein fouet un type qui allait entrer en même temps que j'allais sortir.
— Merde, désolé ! s'exclame-t-il en voyant qu'une partie de son verre a atterri sur mes jambes nues, là où la robe n'est pas assez longue pour les planquer.
Je pousse un grognement agacé en essuyant rapidement mes cuisses tout en lui jetant un petit regard à la dérobée. Il a les cheveux châtain, les yeux bleus et des traits basiques, très passe-partout. C'est typiquement le genre de gars qu'on croit avoir déjà vu quand on le rencontre la première fois alors que non, on ne le connaît pas du tout.
Mais lui, je crois le connaître. Enfin, je crois qu'on s'est déjà croisés au lycée. Il me semble que c'est un première.
— Pardon, lâché-je en voyant qu'il ne dégage pas de mon chemin.
Sans un mot de plus, il lève les deux mains en l'air en guise d'excuse et me dépasse, me laissant enfin le champ libre jusqu'à l'extérieur.
Je ne vois plus très clair et l'éclairage du jardin est assez faible, mais j'arrive tout de même à dénicher une sorte de pot de fleurs près de la haie qui semble parfait pour accueillir mon fessier. Mes chevilles se tordent toutes seules au moindre pas mais à part ça, je crois que je gère.
Une fois assise, je prends une longue gorgée de vodka. Ça ne me brûle plus la gorge, à force. Vu tout ce que j'ai bu, je crois que je vais pisser de l'alcool demain.
Une nausée me prend soudainement quand je repense à l'air agacé de Sidonie devant la porte d'entrée tout à l'heure. Elle avait presque l'air de m'en vouloir... comme si elle était en colère que j'ose foutre en l'air la famille stable qu'elle n'a pas eu la chance d'avoir.
Mais moi je n'ai pas choisi cette vie, pensé-je, la mâchoire serrée.
J'ai eu un bol monstre à la naissance, et je ne le nierai jamais : des parents blancs, de la classe moyenne plutôt – très – haute, aimants, amoureux, pas divorcés et qui m'ont toujours donné à peu près tout ce que je voulais – incluant une petite sœur. Je sais que c'est beaucoup plus que ce des tas de gens ont, j'en suis parfaitement consciente... Mais on dirait que dans ce monde, parce qu'on a plus d'argent que la plupart des gens, on ne peut pas avoir de problèmes.
Mes parents ont tellement travaillé pour gagner tout ça que je ne les ai pas beaucoup vus. On partait en vacances à l'autre bout du monde une fois par an et oui, c'était incroyable, mais je me suis presque élevée seule le reste de l'année. J'ai eu des tas de baby-sitter et de nounous qui s'occupaient de moi après les cours – et même une jeune fille au pair londonienne, une fois.
Alors oui, j'avais tous les jouets que je voulais. J'ai eu mon premier skateboard à huit ans, un ordinateur à onze et un portable dernier cri à treize. Mes vêtements sont de marque parce que c'est « plus éthique et que ça se garde plus longtemps » selon ma mère, mes cheveux sont chouchoutés chez le coiffeur une fois par mois alors que ce n'est pas du tout nécessaire et chaque foutu aliment que j'ingère est issu d'une agriculture biologique et durable. C'est vrai, vu comme ça j'ai une chance inouïe.
Mais ces choses-là, j'en ai profité seule. Tous ces trucs ont finalement été gâchées par l'absence des personnes que j'aimais le plus sur Terre qui n'en ont jamais profité avec moi.
Je prends une nouvelle gorgée de vodka en jetant un œil au ciel noir, qui me semble tout proche. Ma nausée est de plus en plus forte et mon estomac me hurle de tout régurgiter, mais je tiens bon. Je ne veux pas redevenir sobre et devoir reprendre ma routine.
Mon téléphone bipe dans ma poche arrière et je suis à peu près sûre que c'est Benjamin, mais je ne veux pas lui répondre.
Il ne comprendrait pas. Lui aussi a toujours pensé en secret que je ne pouvais pas m'empêcher de foutre ma vie en l'air quand tout allait trop bien. Il ne me l'a jamais dit, mais je le voyais dans ses yeux quand je refusais les goûters que me préparait ma grand-mère.
C'est en pensant au mot « goûter » que j'ai un réel haut-le-cœur, le premier vrai de la soirée. Il est bientôt suivi par un deuxième puis un troisième, qui me poussent à me remettre tant bien que mal sur mes pieds.
Puis, à bout de nerfs, je me penche en avant et déverse le contenu de mon estomac dans le pot de fleurs sur lequel j'étais assise, mes cheveux roux scintillant sous les étoiles...
... et le pire c'est qu'à ce moment-là, je ne réalise même pas que c'est le début de la fin.
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