* - Je me présente, James Evans, horloger depuis maintenant plusieurs décennies, auparavant meilleur ami et partenaire d'Isabelle Jonhson, mais également le pire ennemi de ton très cher père, Elsa. *

Pdv Elsa : 

Je suis abasourdie. 

L'homme qui se tient devant moi vient de décrire mes parents comme... Il serait donc véritablement l'ami de ma mère ? 

- Vous connaissiez donc mes parents ? 

James hoche de la tête à l'affirmative.

- Effectivement. En réalité, nous étions même très proches. 

Il fait le tour de son bureau et se rassied sur sa chaise. Cole et moi l'imitons et James reprend son explication.

- Ton père, Tom Forest, a été ce que l'on appellerait mon frère de cœur. On s'est rencontrés il y a maintenant plusieurs dizaines d'années, lorsque j'étais encore à l'université, et je crois que c'est avec lui et Chris que j'ai passé les années les plus trépidantes qui soient. Ensemble on a dû faire les quatre cents coups. 

Le coin de ses lèvres se retroussent légèrement mais son regard est nostalgique.

- C'était la belle époque... 

S'ensuit un moment de silence. Je repense à ce que James vient de nous dire. 

- Mais une seconde, dis-je, vous parlez de vous, de mon père, et d'un dénommé Chris. Mais qui est Chris ?

James se redresse sur sa chaise et se racle la gorge.

- Qui est Chris ? dit-il en riant. Et bien, c'était mon meilleur ami.                        À nous trois : Tom Forest, James Evans et Chris Young, on formait un trio inséparable. Partout où on allait, on nous surnommait " les Trois Mousquetaires". Non seulement parce qu'on était constamment fourrés ensemble, mais aussi parce qu'à chaque fois que l'un d'entre nous avait un problème, les deux autres étaient toujours prêts à prendre sa défense. C'est d'ailleurs à cause de cela qu'on s'attirait pas mal de soucis, généralement parce qu'on se battait. Mais bon, ça en valait la peine. Du moins, jusqu'à ce que la relation entre Tom et Chris devienne insoutenable et que Chris finisse par choisir de partir.

- Qu'est ce que vous entendez par là ? demandé-je.

James lâche un long soupir. 

-  Et bien, dans chaque groupe de trois, il ne peut pas y avoir de parfaite équité. Tu vois ce que je veux dire ? 

J'affiche une mine perdue en regardant James.

- Un trio reste un trio pendant un certain temps. Mais il arrive toujours, à un moment ou à un autre, que celui-ci implose. La raison ? Elle est très simple. Dans ce genre de cas, il y aura forcément deux personnes qui s'entendront mieux entre elles qu'avec le troisième. Et, c'est regrettable, car c'est ce qui s'est produit avec Chris. Tom et Chris étaient meilleurs amis. Tout comme Chris et moi. Seulement, j'étais plus proche de Tom que de Chris. Je te l'ai dit tout à l'heure, Tom était comme un frère pour moi. J'ai toujours veillé à faire en sorte que Chris ne soit pas mis plus à l'écart, mais c'était indéniable. Au bout d'un moment, l'écart est devenu trop important. Un jour, Tom et Chris se sont disputés. Violemment. Ce jour là, je savais que c'était fini. Que notre trio était terminé.                                                 
Et j'avais eu raison.
Chris est parti le soir même et ne nous a jamais recontacté.

Je reste silencieuse face au souvenir que vient de nous raconter James. Je suis sincèrement désolée pour lui et je peux comprendre ce qu'il ressent. 

Moi aussi j'ai eu du mal avec l'amitié. C'était toujours la même histoire finalement. J'intégrais un groupe, je restais avec ces personnes en m'y attachant et, du jour au lendemain, elles me plantaient des couteaux dans le dos. Alors souvent, je restais seule. Comme on dit :" Mieux vaut être seul que mal accompagné".
Seule une personne ne m'a jamais abandonné. Et c'est Cole. 

Tiens. Mais pourquoi Cole n'a pas parlé depuis le début ? Je le regarde, étonnée de son silence mais celui-ci à l'air complètement plongé dans ses réflexions. À quoi peut-il bien penser...
Je me le demande.
Tout ce que je vois, c'est qu'il a l'air grave. Et très sérieux. 

Sans pouvoir m'en empêcher, je lâche un bâillement de fatigue. C'est vrai que l'on discute avec James depuis maintenant vraiment longtemps. Et sans m'en rendre compte, je suis extrêmement fatiguée. Je tâtonne la poche de ma veste, cherchant mon portable mais ne le trouve pas. Ah oui ! C'est vrai. Je l'ai laissé sur ma table de chevet quand je suis partie courir.

Ça ne fait que trois jours que je ne suis pas rentrée chez moi et j'ai pourtant l'impression que cela fait quatre ans. Piètre notion du temps, je vous l'accorde.

- Il est bientôt trois heures du matin, me dit James, en souriant .  

Voyant que je suis exténuée après cette longue discussion, il nous lança :

- Je pense qu'il est préférable que vous dormiez un peu. 

Il se lève et nous intime de le suivre. Une nouvelle fois. 

Je me lève et le suis tandis que Cole part devant moi. Nous nous redirigeons dans le couloir par lequel nous sommes entrés. Enfin c'est ce que je croyais car après quelques instants, je remarque que le sol n'est pas plat, mais légèrement en pente. J'ai l'impression, qu'on est en train de s'enfoncer de plus en plus profondément sous terre. 

Finalement, le couloir ne débouche pas sur l'horlogerie, mais sur une sorte de chambre.

 À croire que c'est vraiment tout un réseau de tunnels en dessous de son horlogerie...

James passe une clé dans une serrure mais je n'entends que le cliquetis que cette clé fait, déjà entrain de somnoler. Je suis à deux doigts de m'écrouler par terre.

- C'est une chambre d'amis, je vous la laisse. Vous pouvez y dormir ce soir. 

Il ouvre la porte et j'aperçois juste à ma droite un lit. Sûrement pas aussi confortable que celui qui se trouve chez moi, mais je m'estime déjà chanceuse de ne pas dormir à même le sol. 

Sans plus attendre, je saute dessus, et je m'endors presque instantanément. J'ai dit presque. 

- Je crois qu'on devrait parler.